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Critiques de Jean-Pierre Obin (9)
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Comment on a laissé l'islamisme pénétrer l'école

"Comment l'école laïque, l'école républicaine, notre école publique, a-t-elle pu ainsi laisser prospérer, voire nourrir en son sein une idéologie aussi opposée à ses valeurs ?"



"Les instituteurs, les professeurs, les responsables institutionnels et politiques n'ont-ils donc rien vu venir ?"



"Ce livre se veut un cri d'alarme".



Voici en substance comme débute cet essai de Jean-Pierre Obin. Il y exprime ce constat, que pendant 20 ans, "les aveugles et les couards ont permis à l'islamisme de continuer à pénétrer et à contaminer notre école".



Il y conteste ou pour le moins relativise les chiffres officiels du Ministère concernant les signalements d'atteinte au principe de laïcité et observe une véritable augmentation de la revendication d'une différentiation entre les musulmans et les autres, en matière de moeurs, de style vestimentaire, de contenu des cours… y compris à l'école primaire et y compris de la part des parents, plus seulement des élèves. Et celle-ci est manifestement favorisée par la perméabilité croissante des jeunes musulmans de France à l'islamisme.



Il s'interroge également, à coup d'exemples vécus par des enseignants, sur les raisons pour lesquelles nos hommes politiques, de droite comme de gauche ont été si aveugles ou permissifs, au point de générer chez certains enseignants une véritable autocensure, délétère pour la laïcité.



Il propose alors des pistes pour revenir à une situation plus républicaine, pour finalement conclure que "pendant longtemps le déni du danger de l'islamisme a dominé notre pays, en particulier dans l'école. Cela est peut-être en train de changer, mais les secteurs de la société et du monde politique qui refusent de regarder la réalité en face sont encore légion".



A mon avis :

Il faut bien reconnaitre que, ayant attaqué la lecture de ce livre la veille de l'assassinat de Samuel Paty, il ne pouvait pas être plus d'actualité.



Sans entrer dans les débats sur la laïcité, la liberté d'expression, l'islamisme, l'angélisme politique… trop larges pour être évoqués ici (et c'est une chronique littéraire, pas une tribune politique), on ne peut que s'étonner de cette dérive communautaire, même si, de loin, on en perçoit l'existence, mais souvent de façon relative.



Pas de relativité dans ce récit donc. du brut, des exemples parlants, nombreux semble-t-il, qui font naitre un véritable sentiment d'appréhension quant à la dérive de notre système éducatif et aux contraintes que subissent nos enseignants et nos enfants dans ce qui devrait être un sanctuaire.



Personnalité de gauche, inspecteur général de l'Education nationale et rédacteur d'un rapport en 2004 sur "les signes et manifestations d'appartenance religieuse dans les établissements scolaires" (rendu au moment des problématiques sur le voile islamique à l'école), Jean-Pierre Obin établit dans cet essai le constat de l'évolution de la situation depuis toutes ces années. Et s'il n'est pas catastrophique, il est pour le moins alarmant.



Construit à partir de l'interprétation des chiffres du Ministère de l'Education Nationale et sur un fonds documentaire assez large, cet essai a le mérite d'être sans concession. Il porte un jugement sans distinction des partis au pouvoir, chacun ayant selon Jean-Pierre Obin participé à sa façon à cette bérézina de l'Education nationale.



Même si l'accumulation d'exemples ne fait pas forcément la règle, il laisse néanmoins un gout amer et une certaine inquiétude au lecteur.





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Comment on a laissé l'islamisme pénétrer l'école

Généalogie d’une lecture... l’auteur vient de sortir un rapport sur la laïcité très critiquée par « Vigie laïcité », une association qui met en exergue cette très belle phrase de Condorcet : « Nous ne voulons pas que les hommes pensent comme nous, nous voulons qu’ils apprennent à penser par eux-mêmes. »

Voici ce qu’ils disent de ce rapport commandé par le liquidateur du baccalauréat, le ministre actuel de l’éducation nationale, le très récréatif M. Blanquer :

« L’orientation générale proposée par le rapport de M. Obin est particulièrement problématique. Elle substitue à l’idée de formation fondée sur le droit, les outils d’une véritable « police de la pensée » en contradiction avec l’idée même d’une « République indivisible, laïque, démocratique et sociale »

Ayant de la sympathie pour les Obins (Pirouette et Cacahuète) de la série de roman de J.Scalzi, je me décidais à voir ce que pensaient les Babéliotes de la production littéraire du représentant humain du même nom. En deux avis, je comprenais que c’était polémique, je me devais de me le procurer (pas de l’acheter, déjà que la fonction publique rémunère assez grassement ces fabricants d’idées recyclées...)

Dès l’introduction le ton est donné : Charlie Hebdo. Si vous « n’êtes pas Charlie », c’est que vous êtes un islamiste radical, un ennemi de l’école. Je suggère de lire l’excellent ouvrage d’Emmanuel Todd « Qui est Charlie ». Lui-même serait surpris par la phrase qui ouvre le livre :

« Monsieur l’inspecteur général, je dois vous dire que mes deux derniers élèves juifs ont quitté mon établissement cette semaine. »

Donc, en toute logique, nous sommes invités à comprendre que les collèges et les lycées fabriquent de l’antisémitisme par ce que l’auteur appelle « l’excuse sociologique » sans vraiment expliquer ce que c’est, mais qui doit se rapprocher si on suit le raisonnement et que l’on compte les occurrences des mots employés de « l’Islamogauchisme », mot très à la mode dans l’univers médiatique mainstream.

Le chapitre deux commence par une citation qui stipule que «Cette théorie pseudo scientifique absurde, la théorie de l’évolution, contredit en tout point le Coran et la sunnah du Prophète ». Sous-entendu, la vérité c’est l’évolution, le reste, c’est l’islamisme radical. On est en devoir de dire que d’autres religion, dont la chrétienne que je connais bien, dit à peu près la même chose je crois et sans connaître les autres plus exotiques sous nos latitudes aujourd’hui (mes excuses à leurs adeptes pour ma méconnaissance du Zoroastrisme et autres religions créationnistes...) on en va quand même pas reprocher à un chrétien de croire que Dieu a créé l’Homme ! Sauf si (et en fait c’est cela) M. Obin est adepte d’une autre religion, celle de la « Laïcité de combat » qui considère qu’on a le droit de penser comme il faut, c’est à dire comme soi.

l’auteur n’oublie pas qu’un jour au moins, il a « été de gauche » en fustigeant assez gratuitement ses anciens adversaires : « Cependant, c’est un fait : la vieille droite légitimiste reste nostalgique de l’Empire, sournoisement revancharde et discrètement xénophobe », genre de morceaux de phrases qui ponctuent chaque chapitre et sous chapitre, n’apportant rien à l’essai mais permettant à l’auteur de « se positionner » sans frais puisque ce genre d’affirmation essentialisante ne repose sur aucun chiffre sérieux.

Les chiffres, ce n’est pas la tasse de thé de l’auteur. Ainsi par exemple, il annonce : « 13 % des enseignants déclarent avoir été confrontés à des contestations d’élèves lors des moments de recueillement organisés à la suite des attentats de janvier et novembre 2015 »

On se dit ; tiens, on a des chiffres remontés de l’éduc nat ...mais non mon bon monsieur. La source : sondage ifop... On rêve ! sur un sujet aussi polémique ! Dans un essai ! Sondage BB dans le lycée de mes enfants : 0% de problème, que l’on soit Charlie ou pas Charlie.

Et le triste mathématicien de conclure : « Derrière ces exemples, on discerne les causes majeures de la difficulté de l’école publique à porter de façon efficace le flambeau de la laïcité : d’un côté le manque de compétences des professeurs, un défaut de formation adaptée à de nouvelles formes de contestation, et d’un autre la confusion idéologique et l’absence de consensus qui règne dans le corps enseignant sur ce qu’est le principe de laïcité et sur ses implications déontologiques. »

Je discute assez souvent avec des amis de cette notion si difficile de Laïcité, et je me demande à la lecture de M. Obin comment on peut en arriver à être si sûr de détenir l’interprétation ultime. A travers mes enfants, j’ai toujours eu l’impression que les enseignants et l'institution éducation nationale essaient souvent (comme partout, il y des ratés) de promouvoir la liberté, l'égalité, la fraternité et donc la lutte contre les discriminations, le racisme...

Je ne suis pas le seul à me poser cette question car un article récent du « café pédagogique » dresse le même constat :

« Ce qui est plus nouveau c'est le rapport Obin. Reposant sur aucune argumentation, le rapport prévoit de changer en profondeur la conception traditionnelle de la laïcité qui s'est installée dans l'Ecole et généralement l'Etat. C'est une définition très négative. La laïcité n'est pas définie. Ce qui est désigné ce sont les adversaires et les idées ennemies. Le rapport est ainsi lardé de remarques fielleuses. »

C’est exactement cela, fielleux.

Un exemple sur la carte scolaire : « Jusqu’en 2007, date à laquelle le président Sarkozy assouplit le système, certaines familles avaient développé des stratagèmes, des « combines » plus ou moins frauduleuses, traquées par l’administration, pour parvenir à inscrire leurs enfants dans un autre établissement public que celui du secteur : domiciliation chez un grand-parent, fausse facture d’électricité, prétendue nécessité de soins, etc. Les enseignants, collectivement opposés à ces tricheries par la voix de leurs syndicats, se sont avérés individuellement très efficaces pour faire profiter leurs propres enfants de ce petit jeu du chat et de la souris. »

Les gentils : l’administration qui traque, M. Sarkozy qui assouplit.

Les méchants : Les enseignants qui trichent.

Fiel.

Le monde en trichromie de M. Obin : « Dans ce contexte, le choix de la « bonne école » ne se traduit donc pas de la même façon pour une famille juive, une famille musulmane ou une famille de « petits Blancs » déchristianisés. »

« Mais l’action de Marie se heurte bientôt à l’activisme d’une femme très engagée, propagandiste et prosélyte islamiste, vraisemblablement liée aux Frères musulmans. Mme K. est l'une des représentantes de la principale organisation de parents du lycée, la FCPE. »

Association de : Fréres musulmans et FCPE (fédération de parents d’élèves jadis plutôt « de gauche »). Fiel toujours.

J’arrête, cet essai est un bon éditorial bien polémique qui mérite la une d’un grand journal mainstream mais qui ne peut prétendre à l’appellation d’essai car il n’y a aucun travail sérieux d’analyse sous-jacent. D’exemple en exemple (ils existent vraiment, personne n’en doute) il tisse sa toile en désignant sournoisement les ennemis du progrès qu’il représente, lui et son ministre bien aimé.

On sait (car les « vrais chiffres » inconnus de M. Obin existent, et bien qu’imparfaits ils surclassent les sondages des amis du ministre) que le nombre "d'incidents" remontés au ministère est infime (un millier pour 12 millions d'élèves) et qu'il n'évolue pas malgré tout le racolage pour donner de l'importance à de menus faits.

Pour faire triompher le bien, il a sa méthode : « il faudra écrémer les formateurs actuels pour ne garder que ceux qui sont conformes (à lapenséejeanpierreobin). De même il appelle à mettre dans les jurys de recrutement des enseignants de "nouveaux profils de personnes" (conformes à lapenséejeanpierreobin.) »

Inquiétant ce néoinquisiteur.

Peut-être que dans son obsession pour éduquer les professeurs à la vraie laïcité, il en oublie la vraie force de l’éducation nationale, celle qui justifie qu’on se batte pour elle si on ne fait pas partie de la petite élite scolarisée ailleurs et qui n’a que faire du destin des gens ordinaires : elle est là pour permettre ce que naguère on appelait l’ascenseur social. Les valeurs émancipatrices ne sont pas découplées des valeurs de promotion sociale. Quand on est sûr de ses valeurs, on n’a pas besoin de les faire entrer à coup de massue dans la tête des récalcitrants, comme au bon vieux temps des missions civilisatrices. Mais si ces valeurs, c’est être exploité laïquement en se taisant et en servant des repas chauds en moins de dix minutes à un rédacteur d’éditorial bien trop payé pour les lignes qu’il produit, ne vous étonnez pas qu’il vous renvoie votre laïcité à la figure. Au nom d’Allah, de Jehovah, de Jésus, de Marx ou de Bouddha selon les latitudes et les époques.
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Les profs ont peur

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Renoncer à enseigner la laïcité, fermer les yeux sur un certificat de complaisance exonérant de sport, s'abstenir de sanctionner par peur de stigmatiser…



C'est, aujourd'hui, le quotidien de nombreux professeurs. Plus d'un enseignant sur deux déclare s'être déjà censuré par peur d'incidents, révélait l'Ifop dans l'enquête « Les enseignants face à l'expression du fait religieux à l'école et aux atteintes à la laïcité », en décembre 2022 et février 2023.



Ces chiffres, « particulièrement préoccupants », ont poussé l'ancien inspecteur général de l'Éducation nationale Jean-Pierre Obin à investiguer et à publier "Les profs ont peur".



Et nous aussi.





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Comment on a laissé l'islamisme pénétrer l'école

Si j'avais dû placer un titre en tête de chronique, j'aurais probablement hésité entre une formule de pitié; « comment a-t-il pu tomber si bas ? », et une autre de colère; « Obin où les relents d'un racisme anti-musulman à peine voilé ». J'ai navigué entre ces deux sentiments (pitié et colère) en lisant ce livre.

Il est bien évident que je ne m'attendais pas à un éloge de la religion musulmane. Mais, rien ne m'avait préparé à un ouvrage sans nuances, dégoulinant de préjugés et de généralisations excessives; une sorte de vade-mecum pour les électeurs du Rassemblement national. Non, je n'exagère pas !



Ce n'est pas parce qu'il existe des comportements déviants relevant d'une méconnaissance de l'islam (623 signalements sur plus de 12 millions d'élèves, soit 0, 000051 % de la population scolaire) qu'il faut faire de la religion musulmane l'épicentre des problèmes de l'Education nationale, voire de la société française. Monseigneur Obin devrait plutôt utiliser son temps et son intelligence à se poser des questions pertinentes: pourquoi le « mal être enseignant » augmente ? Comment endiguer le suicide des enseignants (rappelons qu'un professeur se suicide chaque semaine en moyenne dans notre pays) ? Quelles pistes pour lutter contre les inégalités et les injustices scolaires ? Comment aider les « décrocheurs » ou éviter les décrochages (dont le nombre a explosé depuis le premier confinement) ? Comment transmettre des savoirs (et des savoirs faire) à des élèves du XXIème emprisonnés dans un système éducatif poussiéreux et inadapté aux réalités contemporaines ?

Monseigneur Obin gagnerait plutôt à se pencher sur les causes; notamment sur les politiques de rationalisation et de leurs conséquences désastreuses (sur les enseignants, sur les parents et sur les élèves) Car, je l'écris et je le crie, ce n'est pas l'islamisme qui gangrène l'Education nationale, ou la société française, mais bien le néo-libéralisme qui tue les enseignants et le plaisir de transmettre. Or, Mgr Obin n'en dit mot dans son brûlot. Même ses pseudo-pistes de combat contre l'islamisme sonnent faux et montrent à quel point il semble ignorer ce qui se passe dans ces quartiers où sont concentrés ces élèves musulmans, comprenons par là; ces élèves colorés et épicés.



Sorti de ma colère, je me dois maintenant de donner quelques références pour comprendre ce qui se passe dans notre sacro-sainte école républicaine.

Pour ce faire, j'ai pour habitude de dire que tout livre à son antidote. Alors, si vous souhaitez être vaccinés contre la rhétorique réactionnaire ambiante qui se fixe sur cette croyance en une islamisation galopante de la société française et de l'école républicaine, il faut lire au moins trois ouvrages. D'abord sur l'école, lisez le dernier livre de Nathalie QUINTANE; « Un hamster à l'école ». Ensuite, sur l'islamisation, prenez un peu de temps pour lire « Le mythe de l'islamisation » de Raphael LOGIER. Enfin, dernier ouvrage, un classique incontournable pour comprendre la rhétorique d'un Obin et consort, lisez « L'idéologie raciste. Genèse et langage actuel » de Colette GUILLAUMIN.

Cette médication intellectuelle vous permettra d'éviter, ou de sortir, de l'abêtissement des idées facilement consommables sur l'islam et les musulmans en France.
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Les Etablissements scolaires entre l'éthique ..

« Les établissements scolaires entre l’éthique et la loi » date de 1998 et a connu une nouvelle édition en 2005. Construit comme un manuel pour aider et donner des repères de management aux chefs d’établissement (du second degré), il est malgré tout à la portée d'un large public d'acteurs éducatifs, les parents d’élèves compris. Tous les sujets essentiels sont abordés : le rôle du chef d’établissement scolaire, la profession d’enseignant, le vivre ensemble dans le cadre scolaire, l’école et ses valeurs, … Tous les chapitres sont agrémentés d’études de cas et d’illustrations, ce qui donne à ce livre son côté boîte à outils.
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Les profs ont peur

Ce bouquin fait froid dans le dos car il reflète une réalité dont on entend peu parlé (sauf pour l'assassinat de Samuel Paty bien sûr, les médias adorent ça.)

Les témoignages des enseignants sont effrayants car ils sont terrorisés par les élèves , les parents d'élèves et leurs convictions souvent religieuses qui vont à l'encontre du principe de laïcité . Un livre à mettre entre toutes les mains car l'école ne devrait pas être un lieu ou l'on a peur.
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Les profs ont peur

Quel triste constat … des enseignants qui ont peur , oui , parce que leur hiérarchie ne les soutient pas ! Qui osera dire et surtout faire enfin ce qu’il faut pour que l’école redevienne le sanctuaire qu’elle a été …des enquêtes officielles en 2018 , 2020, 2022 pour quels résultats ???

Protéger les élèves , protéger les professeurs, protéger les savoirs et la culture , la tâche est immense tant le laisser-aller et le laisser-faire ont été grands …

J’ai surtout apprécié les témoignages de ce livre et les non dits sont encore plus forts quand on a appartenu à ce milieu on sait ce que cela sous entend …

A ne pas lire si vous pensez que l’éducation nationale se porte à merveille …!

« Un point c’est tout. »
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Comment on a laissé l'islamisme pénétrer l'école

Le rapport Obin (2004) a subi le même sort que "Les territoires perdus de la République" (2002).

- Sous le tapis,

- Aux oubliettes,

- Mais de quoi parlez-vous ?

- Encore un livre d'extrême droite, les fachos sont partout...

Et pourtant les signaux étaient bien là, notamment depuis1989, année du fameux épisode dit "du voile" et du bottage en touche "courageux" du Ministre de l'Education Nationale, Lionel Jospin.

Il a fallu 15 ans pour que fut enfin promulgué une loi sur le port de signes religieux ostensibles (2004) et 24 pour la première charte de la laïcité à l'école (2013).

Donc, personne ne s'est précipité, tout le monde a pris le temps de la réflexion, y compris la droite, tant elle était tétanisée par la peur d'être taxée de racisme ou d'islamophobie.

Jean-Pierre Obin n'y échappe pas, un chapitre étant consacré à sa profession de foi nous assurant qu'il est bien de gauche...

L'auteur dresse un constat factuel de l'emprise de l'islamisme aussi bien au sein des établissements scolaires que dans les lieux de formation des enseignants et propose des pistes, pistes qui seront étudiées puis (peut-être) mises en oeuvre quand elles seront devenues notoirement insuffisantes.

Et donc, voilà où on en est...

Et tous les yeux ne sont pas dessillés, il suffit de voir l'accueil que certains ont réservé à cet ouvrage.







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La carte scolaire

Écrit par deux auteurs particulièrement qualifiés pour évoquer le sujet, à savoir une sociologue renommée et l’Inspecteur général qui a rédigé un rapport récent pour le ministère sur la question, lequel n’a pas vraiment plu en haut lieu, ce livre aborde un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre : la carte scolaire.

En fait, la carte scolaire engage la question de la régulation de l’offre et de la demande scolaire sur le territoire. Le maillage du territoire s’est accompli au cours du XIXe siècle et du XXe, notamment avec la loi Guizot (1833), qui oblige les communes à avoir une école primaire. Le secondaire est nettement moins organisé. En 1959, avec les CEG/CES de la réforme Berthoin qui porte la scolarité obligatoire à 16 ans, un effort énorme de construction est réalisé par la nation : « un collège par jour » en est le slogan, assez réaliste. Cela nécessite une juste répartition des élèves et une gestion rigoureuse du flux des élèves. La carte scolaire accorde un territoire à chaque établissement, dans la conception d’un État contraignant, tuteur des citoyens, qui leur impose l’école de leurs enfants. Les premières tentatives d’assouplissement de la carte scolaire seront organisées par Alain Savary. Elles correspondent pour la gauche à une volonté de conquête des classes moyennes, classes moyennes qui ont commencé à inventer des stratégies diverses pour s’exempter de cette contrainte. La « liberté de choix » des familles vient se mettre en travers de l’égalité républicaine et interagir sur l’offre, alors que ces dernières devraient idéalement rester indépendantes. Cette liberté de choix est très appréciée, même par ceux qui ne s’en servent pas. Ces interactions croisées entre l’offre scolaire et la stratégie des familles (ou son absence) aboutissent à une ségrégation scolaire, sociale et ethnique, supérieure parfois à la ségrégation urbaine (p. 80).

Le président Sarkozy a voulu organiser des aménagements ayant pour but la suppression de la carte scolaire en 2010. Des circulaires de 2007 et de 2008 ont établi des règles concernant les dérogations qui relèvent d’un changement copernicien : ce ne sont plus les vœux des familles qui servent de base à la décision mais des critères objectifs qui font apparaître pour la première fois des caractéristiques sociales : les « élèves boursiers » sont prioritaires. L’objectif d’une amélioration de la mixité sociale est affirmé. La mise en place de tels critères ne s’est pas toujours bien faite. Elle rencontre des résistances locales des acteurs de terrain (chefs d’établissement, service académique, équipes) (p. 42), au mécontentement des familles de classes moyennes et supérieures (p. 85/86)... Les parents sont parfois partagés entre une volonté d’être bons citoyens et mauvais parents ou bons parents et bons citoyens (p. 78/79). Cependant, parfois, une application stricte des dispositions des circulaires a augmenté la mixité sociale.

La répartition des élèves gérée par la carte scolaire se heurte, en France, à l’existence d’un secteur privé confessionnel qui n’y est pas soumis. Il y a là une incohérence, une possibilité incontrôlable de contournement de la volonté de l’État, un impensable...

Au niveau international, on peut distinguer quatre types de régulations pratiqués dans les pays de l’OCDE : carte stricte (un sur dix, surtout asiatiques, en Europe, la Grèce) ; carte avec dérogations (le cas le plus fréquent) ; liberté régulée et liberté totale. Or, dans tous les cas, les établissements scolaires sont mis dans une concurrence locale que l’on peut appeler quasi-marché et mettent en place des stratégies pour recruter les meilleurs élèves. Côté parents, les classes aisées habitent des quartiers « aisés » et ne sont pas réellement concernées et les classes moyennes recherchent un « entre-soi » et savent se faire entendre si besoin... La carte scolaire représentait l’action de l’État vers une offre scolaire homogène, brassant les origines sociales dans une idée d’école contribuant à la disparition de ces classes. Elle est devenue la régulation d’une demande sociale des familles qui postule en même temps l’égalité des citoyens et la liberté de choix. Il faut quitter les idées reçues : il y a un gros « écart entre le choix théorique et le choix réel » et carte scolaire ou liberté totale « s’avèrent l’un et l’autre ségrégatifs et inégalitaires ». (p. 115)

Même si on est un peu gêné par un plan pas toujours bien clair, on lira avec profit ce livre qui, selon la tradition de la collection, fait bien le tour de la question.
Lien : http://www.cahiers-pedagogiq..
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