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Citations de Jean-Pierre Otte (119)


« Le papillon, qu’il soit de jour ou de nuit, ne songe qu’à l’amour, n’est conçu et constitué en définitive que pour l’intrigue, les fêtes galantes, les rendez-vous clandestins, à la poursuite des proies amoureuses qui exaltent un parfum capiteux pour dire assez qu’elles sont dans les meilleures dispositions d’accueil. »
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Jean-Pierre Otte
La déférence qu’une société témoigne ou non à la femme, l’estime ou la mésestime dans laquelle elle la tient, la liberté qu’elle lui cède ou pas dans la reconnaissance ou la non-reconnaissance de ce qu’elle est, montre mieux que toutes les enquêtes et tous les sondages le degré de vitalité de cette société, son degré de civilisation, en même temps que son ouverture et son rapport vivifiant à la vie.
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Il n'y a pas d’autre dessein que de se conjuguer au présent de l’indicatif. Celui-là qui explore et exploite ses propres possibilités, devient l’artiste de sa vie.
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Nous sommes dans une intrigue fertile dont nous parvenons progressivement à définir, expliquer, relier les figures, mais le secret initial semble éternellement préservé ou perdu à jamais. Peut-être même n’y a-t-il aucune énigme, n’y en a-t-il jamais eu. Dans ce cas, s’il n’y a rien, comment voulez-vous, étant quelque chose, le comprendre ? disait un poète chinois du XII siècle. Sur un mode poétique, le secret personnel, c’est la pierre de touche, le talisman établissant l’homme au centre de son être, l’amulette concentrant toutes ses forces, son cristal de Bohême dans l’âme. Dans l’aventure amoureuse, l’erreur est toujours de chercher à percer le mystère intime de l’autre ou de se montrer soi-même sans ombre.
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Jean-Pierre Otte
Ce fut ensuite, errant le long du rivage, que j’observai mon ombre. N’est-elle pas la preuve indéniable de la présence, ou un prolongement qui échappe au piège du dedans pour se manifester dans le champ extérieur ? Si je me penchais sur elle comme pour me fondre, je ne réussissais qu’à l'amoindrir et, à l’instant de la jonction, elle disparaissait, absorbée par la chair ; il ne restait que moi, pour moitié. Elle évoluait dans une danse ondoyante, fidèle à mes mouvements (ou moi, articulé à elle), si librement désinvolte que j’eus le sentiment que l’ombre n’est pas liée à nous ; c’est nous, au contraire, qui lui sommes obligés. Je continuai de marcher au hasard, de-ci de-là, pour la voir onduler, s’allonger, s’incliner, se précipiter parfois sans laisser de traces, et obtenir ainsi une idée calligraphique de moi, errant le long d'un rivage.
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…Et à l’instant de franchir la frontière
qui n’existe pas entre les mondes,
il faut que la vision s’évanouisse,
que l’idée soit dissoute,
et que le désir se transforme en don.
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Et si tout n'était que dans une disposition d'esprit ? Que les paroles qui nous parviennent à travers le temps ne nous demeurent pas extérieures ! Sachons les pétrir avec nos préoccupations présentes, nos malaises et nos malentendus ! Les rivages d'Homère - qui de nous n'a pas le sentiment d'être en exil dans sa propre existence ? - sont en nous et les mythes mêmes avec leur matière et leur miroir. Rien ne pourra les souiller, les éventrer. Ils demeurent intacts et s'offrent à nous dès que nous savons, dans un ralentissement de la respiration, obtenir la transparence de l'être aux temps présents, quand la bonne voie est dans l'absence de nostalgie et d'espérance.
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Comme on les aime et les adore ces femmes! Elles sont fraîches, fortes, fertiles! Leurs cous blancs comme une lampe posée, leurs bras blancs, leurs bras de lait, leur gorge lumineuse, leurs hanches rondes. Femmes en fleurs et en fruits, femme-fenil, femme-bouleau, agiles, alertes, belles comme du lait reposé :

Ma femme est un cabri,
Une ablette, une pomme d'api...

Elles sont voûtées, déformées par les grossesses, les encorbellements du ventre, le travail des champs et celui du ménage ; leurs mains sont potelées, plissées, usées comme la pierre de l'évier ; leur visage est noble, avec l'empreinte des joies, des douleurs et des drames.
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Quand j'étais enfant, les hautes maisons que nous habitions à liège - rue Bois-l'Evêque et rue Louis Fraigneux - accusaient de sourdes secousses et se fendillaient. Les plafonds se lézardaient, les murs s'ouvraient sur des apocalypses de plâtre, poussaient des flammes sombres, fuyantes, furtives. C'était des moments brefs et terribles où la terre tremblait et ma grand-mère - celle-là devenue Frédine chérie dans Julienne - me parlait de forêts mortes et d'un grand remue-ménage dans le sous-sol, loin en dessous de nos caves. Un peuple d'ombres s'affairait, havait avec des foreuses, des rivelaines et des pics autour des gisements noirs : des chevaux herschaient des wagonnets dans les ténèbres avec des tintements, des sonneries intermittentes : des lampes louvoyaient ; l'eau suintait comme des langues livides ; le grisou était tapi sous le grain serré de la terre, dans des poches qu'un coup de pioche suffisait à percer. Tout ce monde souterrain me faisait rêver comme un voyage au centre de la Terre.
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Au moment où mon grand-père, Julien Colin du Burnontige, file en douce avec juste ce qu'il faut de toux pour mourir, j'éprouve le besoin d'écrire avec les bouts et les rimes qui traînent, les refrains, les souvenirs inouïs, les péripéties d'une vie formidable, une ode pareille à l'orange qu'après avoir soigneusement écorcée on ouvre subitement : un jet d'acide jaillit de la déchirure ; on a des braises d'or dans les mains!
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Il découvre l'écriture, la calligraphie dans les cahiers à trois lignes. Il trempe le bec de la plume dans l'encre noir-bleu, la fait glisser contre le goulot pout faire couler le trop-plein ; il la lève, la presse à peine contre le papier, pose les l comme de petites ailes, trace la barre des t, arrondit les voyelles : le o goulot, leu des vallées et des cuves, le e espace de silence, le i droit et stoïque, petite baïonnette. Il arrondit certaines consonnes, les jambages des m et des n. Il sait lever le j majuscule, enfler légèrement le f petite elfe, pointer légèrement en les penchant le p et le q, dessiner le x comme deux coquilles collées. Il s'applique comme un artisan joaillier. Il descend en lui-même par la rondeur et la régularité des lettres.
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Le monde est à portée de main, dit-il, le firmament est en nous dès que l'on ferme les paupières.
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Nous montions par cette route qui ravine dans le Trou de Ferrières, longeant la rivière, puis coupant au court, à travers les taillis, jusqu'à un pommier avec ses fruits tombés dans les herbes. Une odeur forte nous prenait aux poumons, cherchant en nous une poignante réponse, une ardeur à se dissoudre sur les champs, les éteules passées au peigne fin, les sillons de terre moite et remuée où sourdait une brume comme une laine cardée.
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C’est le printemps qui perce, dit Firmin. C’est vent et sève. Si on collait son oreille contre la terre, on entendrait des bruissements, des bouillonnements, des raclements de racines.
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C’est la métamorphose des mécréants, des incrédules, des saint Thomas à la langue bien pendue, des sceptiques avec une pincée de sel dans la bouche, des libres penseurs qui font bonne chère pour combler le vide ! Venez à moi mes brebis, paix mes agneaux ! Ils adorent passionnément Marie, Sainte Marie, dans chaque pétale de verre fleurie d’œillets et de roses mis closes, les fenêtres autels avec leurs napperons, leurs bougeoirs, leurs saints de plâtre, les trottoirs parsemés, estampillés de pétale et de farine douce ! Les gens s’agenouillent, se penchent pour mieux se recueillir, toucher à l’ineffable. Voilà pour le sacré, et pour le profane, il y a Jean-Denys qui porte à bout de bras le bouquet aux milles fleurs, escorté d’une fanfare de clarinettes, de trompettes et de tambours. Ils visitent les demeures, donnent l’aubade devant chaque étal, chaque entrée de café ; ils dansent la valse et la polka avec les vieilles et les chipies ; ils mangent de petites crêpes chiffonnées et s’arrosent goulûment le gosier ; c’est la pentecôte des petits blancs.
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Avec l’âge nous vient le projet de composer,

dans une baie inconnue accolée au cœur,
un esquif de fortune où l’on réunirait les figures
des filles et des femmes que l’on a connues, passantes
d’une nuit ou compagnes de plus longues escapades.
Au prisme des souvenirs nous revisitons
en pensée leurs géographies charnelles,
étonné de les retrouver sans ombre,
avec des détails charmants, quand la chair
délicieusement indiscrète, laisse voir
des splendeurs comme au col des coquillages marins.
Toutes ces images réunies des amours furtives
nous habitent l’intime ; on en vient insensiblement
à ne plus habiter qu’en elles. C’est alors la tentation
de prendre place dans l’esquif de fortune que l’on
s’est créé et de se laisser aller au gré du courant,
le regard seulement accroché au sillage

que l’embarcation sans bruit tire derrière elle.
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Les répétitions de La Passion reprennent. Dans la salle du patronage, l'énorme poêle - un gros bonhomme en fonte noire, bouddhique, lippu, ventru - ronfle et refoule, par instants, des bouffées grises, grimaçantes. Dehors, le jour est pris dans l'ampoule pelue du gel. Ceux qui entrent ont les doigts gourds, les oreilles rouges, les yeux larmoyants. Sous leur caban, les femmes ont le bout des seins dur, gonflé comme le bouton des géraniums.
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Ce mouton fut si heureux de voir la guerre terminée, qu'il en devint fou, de la même folie qui s'empare des bêtes à la repousse du printemps, mais plus fou encore. On le vit bêler au vent, cabrioler, gambader, ruer des sabots, foncer de la tête, rouler sur la pente des montagnes. Finalement il se lança tout seul dans les airs. Il flotta longtemps, se laissa porter indolemment par les courants narguant les hommes et les oiseaux, avant de s'enflammer dans l'atmosphère.

On raconte à mots couverts que ce mouton a fini par tuer le Verbe, et qu'ainsi il est devenu le roi du monde. Il a fixé les lois de tout, ordonné la marche de la terre et les circonvolutions des étoiles. Il est devenu plus particulièrement le dieu de la foudre.
De temps à autre, le mouton réapparaissait sous la forme d'une comète de feu, et dévalait sur la terre pour lutter contre quelques-uns de ces énormes arbres qui n'avaient pas brûlé pendant la guerre, notamment l'arbre Mlanjzi, qui lui avait toujours résisté et qui s'opposait à son pouvoir avec une indifférence altière.
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Jean-Pierre Otte
Il arrive que, certaines nuits de lune,
l'on s'en aille, étourdi, le regard éperdu,
camper au bord de la mer de la Tranquillité
sans prendre garde que là, il n'y a pas de vague,
qu'on y est fort libres en état d'apesanteur,
que les rivages sont des reliefs effacés dans l'âme
et que le silence est ce que l'on entend vraiment
quand, ma foi, il n'y a plus rien à entendre.
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Jean-Pierre Otte
Naguère - il faut s'en souvenir -
nous avions la fièvre et nous étions en délire;
l'expérience nous a laissés prostrés,
ainsi qu'un épileptique après l'accès.
Jusqu'à ce que, par une ébriété magnifique,
avec des femmes en liesse au milieu des vignes,
notre vie nous redevienne une bonne aventure.
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