AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean-Pierre Otte (118)


«Je me méfie de tous les paradis que l'on ne porte pas d'abord en soi-même.»
Commenter  J’apprécie          180
La femme, même dévêtue, reste vêtue d’elle-même et des signes de sa vie. Elle s’offre à la lecture ; il faut apprendre du bout des doigts à lire et à déchiffrer ce solfège. On peut la dévêtir d’innombrable fois en étant assuré de la découvrir toujours.
Commenter  J’apprécie          170
C’est seulement dans l’effacement de soi, que l’on peut, par empathie, percevoir la réalité de l’autre.
Commenter  J’apprécie          160
La soirée se passa ensuite à parler de littérature. Antoine citait ses auteurs favoris, Balzac, Faulkner, l’idiot de Dostoïevski ou le Pays de neige de Kawabata ; il parlait des livres qui l’avaient bousculé, se rappelait avec passion tel passage ou tel personnage, et déclamait des poèmes.

- ce que j’aime par-dessus tout, dit-il, c’est a phrase musicale dont chaque syllabe détache les notes de l’harmonie, celle, profonde, qui emmène l’homme tout entier vers lui-même, et l’autre, légère, qui l’emporte loin du tortillard des questions existentielles. LE vers parfait qui jamais ne s’érode, la phrase à sucer entre les lèvres, celle cinglante qui coupe court au romantisme, le bon mot chargé de trois étages de sous-entendus, le trait qui gifle, l’emphase juridique dans un mouvement de manches, ma péroraison politique, les stances de Saint John Perse, la simplicité de Prévert, l’élégance de Mallarmé.

A ses yeux, c’est en peignant, en écrivant, en composant qu’un artiste doit se sentir le plus en vie, parce qu’ il y a alors en lui la condensation et l’ivresse, parce qu’il y a dans l’œuvre qui s’élabore l’alcoolisation de son propre vécu et du grand vécu évolutif du monde. L’écrivain qui importe vraiment, c’est celui qui parvient à transformer progressivement le miroir qui le réfléchit en une fenêtre ouverte sur les temps présents.

Commenter  J’apprécie          140
J'ai compris que par la lecture on pouvait aller ailleurs, voyager dans l'espace et le temps, se glisser dans la peau des personnages, voir par d'autres yeux, à la faveur d'autres appétits ou d'autres passions, se créer en soi-même un univers parallèle, sans pourtant se couper du réel et de tous les impondérables du quotidien.
Commenter  J’apprécie          130
Comme on les aime et les adore ces femmes! Elles sont fraîches, fortes, fertiles! Leurs cous blancs comme une lampe posée, leurs bras blancs, leurs bras de lait, leur gorge lumineuse, leurs hanches rondes. Femmes en fleurs et en fruits, femme-fenil, femme-bouleau, agiles, alertes, belles comme du lait reposé :

Ma femme est un cabri,
Une ablette, une pomme d'api...

Elles sont voûtées, déformées par les grossesses, les encorbellements du ventre, le travail des champs et celui du ménage ; leurs mains sont potelées, plissées, usées comme la pierre de l'évier ; leur visage est noble, avec l'empreinte des joies, des douleurs et des drames.
Commenter  J’apprécie          110
Pouhon bleu la veillée


Extrait 1

Table de hêtre.
Tabac blond, cruche de vin chaud,
bourses de marrons ou de faînes,
genièvre et soleil aigre à gorgées menues.
Un lait d'épicéa
lave les vergers dans les grandes gourdes,
les fourrures cousues suspendues aux solives.
Sommeil des poutres. Entre lampes et langues,
une plaine de jeux pour récréation de mots,
avec balançoires et rotules d'eau,
craies d'oiseleur, genoux maraudés, carrousel rouge.
On peut se rafraîchir derrière le préau,
parmi les châtaignes, les pupitres, les sarraus.


p.25
Commenter  J’apprécie          110
Mauvaises herbes, mauvaises pensées : elles ravagent obscurément, elles apparaissent périlleuses, d'une insidieuse stérilité. Entendez par là : indésirables, inconvenantes, subversives, contraires à l'ordre établi, à la culture autorisée. De mauvaise graine, elles ne conduisent qu'à nous marginaliser. Pourtant, dans l'impasse où nous sommes, dans l'étiage même de l'existence et la stagnation du temps, ne conviendrait-il pas d'avoir recours à ces "mauvaises herbes" et à ces "mauvaises pensées" ? Ne faut il pas marcher vers ces marges que la culture n'a pas atteintes et corrompues, nous aventurer dans la broussaille, la friche, la flache, l'îlot sauvage, le jardin à l'abandon, et nous retourner vers les sources que nous avons bannies, emmurées, exclues, proscrites (p. 74-75).

Commenter  J’apprécie          110
Si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence, alors tais-toi – Proverbe arabe
Commenter  J’apprécie          100
Il me cite alors un proverbe arabe:"Si ce que tu as à dire n'est pas plus beau que le silence, alors tais toi!"
Commenter  J’apprécie          100
Si tous les livres lus sont autant d'échappées belles sur les routes du monde,écrire, c'est s'inventer des chemins vierges.
Commenter  J’apprécie          90
Sans parler d'utopie, dit Maylis, revenant à des propos que nous avions échangés lors de la séance du "plaisir d'exister", nous manquons vraiment de livres qui soient une célébration de la vie quand partout on ne fabrique plus aujourd'hui que des catastrophes, des exploits sportifs, des attentats, des grippes aviaires, des crises boursières, partout de la maladie et de la mort, dans une tendance morbide à toujours tout négativer. Le monde n'en finit pas de sombrer; les êtres n'en finissent pas de s'avilir dans le mépris de soi, mais quand donc vont-ils se décider à larguer les amarres?
Commenter  J’apprécie          90
« en fait, conclut-il, il n’a y pas vraiment de passage de la lecture à l’écriture, comme une traversée ou un cheminement. Il y a une logique. Les yeux sur les mots entraînent la cavalcade des doigts sur le clavier. Si tous les livres lus sont autant d’échappées belles sur les routes du monde, écrire, c’est s’inventer des chemins vierges.



Commenter  J’apprécie          90
Il est à remarquer au passage que l'on éprouve naturellement - et cela, peut-être entièrement à tort - plus de facilité à se glisser dans la peau d'un papillon ou sous la carapace dorée d'un cétoine, que dans le corps d'un cachalot ou d'un éléphant de brousse par exemple. Nous avons plus d'aisance à nous réduire. La grandeur nous fait souvent éprouver des gouffres impossibles à combler. De la même manière, à la plupart d'entre nous, l'infini d'une fourmilière semble plus à notre portée, et à la mesure de notre compréhension, que l'infini des galaxies (p. 52).
Commenter  J’apprécie          80
Si tous les livres lus sont autant d’échappées belles sur les routes du monde, écrire, c’est s’inventer des chemins vierges.
Commenter  J’apprécie          80
Jean-René, l’avocat, se retourna alors vers moi, et demanda, comme au nom de tous, ce que, pour ma part, je voudrais emporter dans l’éternité. Je m’entendis dire, sans réfléchir, que j’aurais voulu que ce cercle de lecteurs se prolongeât dans l’au-delà, bien évidemment dans une odeur de châtaignes grillées, en partageant sans fin les paroles et le vin. J’avais l'impression que nous étions tous sortis d’un livre, du Grand Livre jamais vu, jamais nommé, et qui rassemble tous les autres. J’imaginais à mon avantage l’éternité comme un labyrinthe où seraient disposés sur d’invisibles rayons les livres de tous les temps et de tous les lieux, ceux du présent, du passé et de l’avenir, ceux-là même qui n’étaient pas encore écrits, ne le seraient peut-être jamais, ou alors, tracés à l’encre sympathique et attendant l’effet d’une autre chaleur pour que leurs caractères se révèlent à nous.
Commenter  J’apprécie          80
Je suivais ses moindre gestes avec le pressentiment d'un secret, retrouvant le fil ineffable qui m'échappait dans l'écriture et me fascinait outre mesure. Comme un lien essentiel.
Commenter  J’apprécie          80
Quand j'étais enfant, les hautes maisons que nous habitions à liège - rue Bois-l'Evêque et rue Louis Fraigneux - accusaient de sourdes secousses et se fendillaient. Les plafonds se lézardaient, les murs s'ouvraient sur des apocalypses de plâtre, poussaient des flammes sombres, fuyantes, furtives. C'était des moments brefs et terribles où la terre tremblait et ma grand-mère - celle-là devenue Frédine chérie dans Julienne - me parlait de forêts mortes et d'un grand remue-ménage dans le sous-sol, loin en dessous de nos caves. Un peuple d'ombres s'affairait, havait avec des foreuses, des rivelaines et des pics autour des gisements noirs : des chevaux herschaient des wagonnets dans les ténèbres avec des tintements, des sonneries intermittentes : des lampes louvoyaient ; l'eau suintait comme des langues livides ; le grisou était tapi sous le grain serré de la terre, dans des poches qu'un coup de pioche suffisait à percer. Tout ce monde souterrain me faisait rêver comme un voyage au centre de la Terre.
Commenter  J’apprécie          70
Ce ne sont pas nécessairement les "bons livres", dit Maylis, ceux que nous pouvons estimer être bons parce qu'ils ont une écriture, un style, une épaisseur, une profondeur sous les phrases ou au revers des pages, qui nous font évoluer le plus. (p.142)
Commenter  J’apprécie          70
Ce qui, dès le départ, m’avait plu dans le cercle, c’est que la conversation, le dialogue, l’échange étaient préférés à tout débat, celui-ci supposant que l’on a toujours quelque chose à transmettre, et plus encore imposer : un discours, une vérité, un sentiment ou une mission. Tandis que dans la conversation rien n’est dicté, prescrit ni structuré par avance. Chacun partait de son point de vue, l’exprimait et l’expliquait à sa manière, avec ses mots, sa mesure et son rythme, et si certains prenaient plus souvent la parole, les autres les écoutaient, pour sans doute se forger par métissage d’autres idées à partir de ce qui se disait, des motifs de réflexion,des perspectives qu’ils entrevoyaient soudain et qui les inspiraient, comme si la réalité que l’on pouvait croire une, indivisible et immuable s’entrouvrait alors sur d’autres réalités touts nouvelles pour eux.
Commenter  J’apprécie          60



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Pierre Otte (214)Voir plus

Quiz Voir plus

Hearstopper tome 1/2/3/4

Qui est l'ex de Charlie ?

Ben
Harry
Tao

6 questions
3 lecteurs ont répondu
Thème : Heartstopper, tome 1 : Deux garçons. Une rencontre de Alice OsemanCréer un quiz sur cet auteur

{* *}