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Critiques de Jean-Pierre Rioux (22)
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La France coloniale sans fard ni déni

Même si sa renommée médiatique n’égale pas celle d’un René Rémond ou d’un Michel Winock, Jean-Pierre Rioux fait partie des historiens contemporains les plus influents. Il a exercé des fonctions d’autorité à Sciences Po Paris, à l’Institut d’histoire du temps présent, à l’Inspection générale de l’Education nationale. Ses manuels sur la IVème République ou l’histoire culturelle de la France sont un passage obligé du cursus d’une khâgne. Il consacra de nombreux livres et articles au fait colonial, au premier rang desquels un impressionnant Dictionnaire de la France coloniale (Flammarion, 2007) qui fait autorité.

La quinzaine d’articles regroupés dans son dernier ouvrage brosse un panorama rapide mais complet de la France coloniale, depuis Ferry jusqu’à De Gaulle. Au risque de quelques redites, Jean-Pierre Rioux consacre de longs développements à la guerre d’Algérie. Manifestement, l’usage de la torture questionne non seulement l’historien mais aussi l’homme « qui eut vingt ans dans les Aurès » (p. 7) : ce n’est pas un hasard s’il préfaça la réédition du témoignage choc de Henri Alleg (La question, Minuit, 1958).

Comme l’annonce le titre de ce recueil, Jean-Pierre Rioux n’entend faire ni le procès ni l’éloge du colonialisme. On peut être frustré par ce refus de s’engager dans la polémique ouverte par le vote hasardeux de la loi du 23 février 1905 sur l’opportunité de valoriser les « aspects positifs de la colonisation ». On peut au contraire saluer la pondération de Jean-pierre Rioux qui, jusque dans ses engagements militants les plus récents (il a rejoint les rangs du MODEM), a toujours entendu défendre une approche équilibrée.



Ce qui frappe surtout, ce qui revient d’article en article, au risque parfois de délégitimer l’entreprise intellectuelle de construction d’une « France coloniale », c’est l’affirmation paradoxale de son périphérisme. Le constat a déjà été fait de l’absence de politique coloniale organisée et planifiée : elle resta « un mélange de coups de têtes et de coups fourrés, de pressions discrètes et d’immobilisme » (p. 15). Relativisant l’étude pourtant lumineuse de Raoul Girardet (L’idée coloniale en France, La table ronde, 1972), Jean-Pierre Rioux insiste sur « l’indifférence bienveillante » (l’expression est de Gaston Doumergue) dans laquelle l’aventure coloniale a été menée. La colonisation n’a jamais enthousiasmé les foules sauf peut-être à l’occasion de l’Exposition coloniale de 1931. La guerre d’Indochine ? la France la subit plus qu’elle ne l’a vécu selon le mot du général Catroux. La guerre d’Algérie ? les Français s’y sont montrés hostiles dès que sa violence a menacé de s’exporter en métropole. Quant à l’anticolonialisme, il resta l’apanage de quelques communistes. Cela explique que, sauf en 1958, l’histoire de l’outre-mer ne joua aucun rôle dans l’histoire de France.

Jean-Pierre Rioux a raison d’affirmer que la colonisation à la française ne fut jamais vécue pour elle-même, en fonction du rapport à l’Autre. Les raisons de cet échec sont doubles. D’une part la vocation universaliste du colonisateur français (clamée haut et fort par Jules Ferry dans son célèbre discours du 28 juillet 1885) a « dénié la singularité du colonisé et nié la violence de sa mise sous tutelle » (p. 159). D’autre part – et c’est là un point capital largement sous-estimé – le francocentrisme de la colonisation l’a réduite au surplus de puissance qu’elle pouvait amener à la métropole : les « tâches roses du planisphère » ne furent jamais à tout prendre que le « prolongement ultramarin d’une vocation du pré carré défendu pour nourrir à jamais la puissance et la gloire historique » (p. 160).

Cette marginalisation du fait colonial ne peut être refoulée plus longtemps. Si la grande masse des Français de métropole – qui approuvèrent par référendum à plus de 90 % les accords d’Evian – tournèrent « sans perplexité particulière et assez cyniquement » (p. 170) la page algérienne, l’absence de mémoire nationale de la guerre d’Algérie n’est plus tenable dès lors que « dix millions de personnes en France métropolitaine aujourd’hui entretiennent un rapport d’intensité inégale mais en prise directe avec cette guerre et ce pays » (p. 169).
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Jean Jaurès

Une biographie de Jaurès, cet homme politique atypique assassiné comme on le sait ne peut qu’attirer celui qui aime l’histoire. Mais attention ce livre raconte plus ce qui a influencé l’homme que son action, C’est plus un essai sur les idées jaurésiennes que sur le personnage en lui-même. Mais comme un peu de politique philosophique ne fait pas de mal surtout en ces temps d’ultra démagogie, il vaut le coup de le lire. Cela permet de recentrer l’important : l’homme et non l’argent.
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