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Citations de Jean Renoir (69)


Il y avait aussi l'officier en retraite qui arrivait avec un faux Renoir et un sourire de désarmante honnêteté.
" Monsieur Renoir - on l'avait prévenu que l'expression maître mettait mon père de mauvaise humeur - monsieur Renoir, je viens d'acheter ce tableau de vous! Toutes mes économies y ont passé, j'ai même emprunté sur ma pension et pris une hypothèque sur ma petite famille à Etampes! Seulement, voilà! Il n'est pas signé!"
Le tableau était criant de fausseté. Renoir dit: " Laissez-le-moi. Je vais y faire quelques retouches."
Et il le repeignit complètement, le signa: c'est tout juste s'il n'acheta pas un cadre pour l'escroc qui repartit avec une petite fortune sous le bras.
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Le retour fut accompagné de chansons. Notre préférée était "Gastibelza l'homme à la carabine, paroles et musique de Victor Hugo. C'est l'histoire d'un Espagnol romantique trahi par sa belle. Celle-ci n'a pas hésité à donner "sa beauté de colombe"...
"Pour l'anneau d'or du comte de Cerdagne,
Pour un bijou.
Le vent qui souffle à travers la montagne
Me rendra fou..."
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Berthe Morisot était un aimant d'une espèce particulière. Elle n'attirait que ce qui était de qualité. Elle avait le don d'arrondir les angles. "Auprès d'elle, même Degas devenait gracieux."
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Chez Fournaise, mon père rencontrait parfois Maupassant. Les deux hommes sympathisaient mais admettaient qu'ils n'avaient rien en commun. Renoir disait de l'écrivain: "Il voit tout en noir!". Et ce dernier disait du peintre: "Il voit tout en rose!"
Ils s'accordaient sur un point. "Maupassant est fou!" disait Renoir. "Renoir est fou!" disait Maupassant.
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Le modèle de Renoir, Angèle, lui avait parlé d'un petit logement pas cher avec un jardin dans lequel il pourrait peindre. Renoir avait été voir. Un vieux pommier duquel pendait une balançoire d'enfant l'avait conquis, et il avait loué sans se préoccuper du voisinage. Un soir qu'il rentrait chez lui, il fut attaqué par des rôdeurs. Il essaya de fuir, mais malgré ses bonnes jambes fut rattrapé et acculé contre une barrière. Soudain l'un des mauvais garçons le reconnut.
"C'est M. Renoir!"
Mon père se rengorgeait, tout fier d'être aussi célèbre.
L'autre proposa: "Je vous ai vu avec Angèle. On ne va pas faire le coup du père François à un ami d'Angèle... ", il ajouta: "Le quartier n'est pas sûr. On va vous accompagner chez vous!"
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Celui des exposants qui s'en tirait le plus mal était mon père,
ayant été le moins insulté. On le jugeait trop insignifiant pour l'attaquer.
" On m'ignorait. C'est très inquiétant d'être ignoré!"
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Mon père passa de longues périodes dans le château des Bérard en pays de Caux. Là aussi il trouva une abondance de modèles bénévoles. Il n'arrêtait pas de peindre. Quand il n'avait plus de toile ou de papier, il peignait les portes et les murs, au grand ennui de la bonne Madame Bérard qui ne partageait pas l'admiration "aveugle" de son mari pour la peinture de leur invité.
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Quand Renoir peignait, il était tellement pris par son sujet qu'il ne voyait plus ni n'entendait ce qui se passait autour de lui. Un jour Monet à court de cigarettes lui demanda de quoi fumer. N'obtenant pas de réponse, il fouilla dans la poche où il savait que son ami enfouissait son paquet de tabac. En se penchant, sa barbe chatouilla la joue de mon père qui regarda vaguement ce visage à quelques centimètres du sien, et ne s'en étonna nullement. "Ah! c'est toi" et il continua le mouvement de son pinceau, à peine interrompu.
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Jean Renoir
L’ennui, c’est que tout le monde a ses raisons. (cité par Philippe Labro, Le flûtiste invisible)
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Edmond savait percevoir le ridicule et le souligner d'un trait aigu. Mon père disait qu'il était "caustique". Lui-même se méfiait de l'esprit. "Pour un bon mot on démolit une amitié. C'est très dangereux les mots. Ils vous entraînent dans de fausses directions et surtout ils cachent l'essentiel."
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Renoir avait à peu près dix-huit ans. La fin de l'atelier de porcelaine l'ennuya plus qu'elle ne le frappa. "On peut toujours gagner sa vie. Mais j'ai horreur de prendre des décisions. Le bouchon... tu sais..."
J'ai déjà fait allusion à cette théorie du bouchon: "Tu suis le courant... ceux qui veulent le remonter sont des fous ou des destructeurs. De temps en temps tu donnes un coup de barre à gauche ou à droite, mais toujours dans le sens du courant."
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Cette idée que la vie est un état et non pas une entreprise me semble essentielle dans l'explication du caractère , donc de l'art de Renoir.
J'ajoute que pour lui cet état était un état joyeux, dont chaque étape se marquait par des découvertes émerveillées. Chaque regard sur ce monde lui procurait un étonnement sincère, une surprise qu'il ne cherchait pas à dissimuler. J'ai vu mon père souffrir le martyre. Je ne l'ai jamais vu s'ennuyer.
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Le nom de Renouard avait des porteurs à Limosges. Il devait échoir à l'enfant trouvé (François, le grand-père de Renoir), pour quelles raisons, on l'ignore.
Nous savons que vingt-trois ans plus tard, en 1796, François épousa une certaine Anne Régnier. Le scribe des mariages accepta le nom du conjoint sur simple déclaration verbale et l'inscrivit sous la forme de Renoir.
Les époux ne remarquèrent pas ce changement d'orthographe. Ils étaient illettrés. C'est donc la fantaisie d'un scribe qui inventa littéralement le nom de notre famille.
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Pierre-Auguste Renoir naquit à Limosges en 1841. François Renoir, son grand-père, mort à limoges en 1845, affirmait être de naissance noble, précisant que le nom de Renoir lui avait été donné par un sabotier qui l'avait recueilli quand il était bébé. (...)
Charles Leray, mari de ma tante Lisa croyait taquiner mon père en l'appelant Monsieur le Marquis. Renoir ne l'entendait même pas.
La lumière et les arbres de l'Île-de-France le préoccupait plus que les plaisanteries familiales. Il avait reçu le don précieux de surdité opportune. Beaucoup prenaient cela pour de la distraction. C'était plutôt la faculté de choisir les impressions et de couper le contact avec ce qui lui paraissait inutile. Il était le contraire d'un rêveur éveillé; disons que ses rêves étaient basés sur l'observation aigüe de la vie et que, pour mieux percevoir cette réalité, il limitait cette observation à quelques points précis.
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En cette année 1900, le gouvernement de la République décida de lui donner la Légion d'honneur. Cette distinction l'ennuya profondément.
En acceptant, il semblait pactiser avec l'ennemi, reconnaître l'art officiel, le Salon, les Beaux-arts, l'Institut. En refusant, il faisait ce qu'il haïssait le plus au monde, un geste théâtral.
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Une fois de plus je dois revenir à l'étrangeté involontaire de Renoir. Sa tenue effacée n'arrivait pas à dissimuler cette anomalie, monstrueuse aux yeux non habitués, le génie. On se faisait à tout. On se faisait très vite à Renoir. Mais le premier choc était surprenant. Sa personne était aussi peu conventionnelle que sa peinture. C'est l'éternelle histoire du vilain petit canard.
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Jean Renoir
La seule chose que je puisse encore donner dans ce monde cruel et privé de sens, c'est mon amour.
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Commune, empereur ou république, cela ne dissipait pas le brouillard qui s'étend entre la nature et les yeux de l'homme. Aussi Renoir continuait-il à travailler à la seule tâche qui lui importait : dissiper ce brouillard. Il peignait.
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Les destructeurs sont ceux qui, ne reconnaissant pas la marche du temps, veulent appliquer des solutions anciennes à des problèmes nouveaux.
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Jean Renoir
c'est avec des détails, des détails qui ont à voir avec la chair, avec les sens, avec les gens, avec la vue, avec l'odorat, avec la joie sensuelle de sentir les formes, les couleurs ; pas avec des idées, pas avec le cerveau. Après tout, le cerveau, c'est une vieille prostituée. Le cerveau, qu'est-ce qu'il fait ? Mais il profite exactement de ce que les autres sens ont honnêtement accumulé. Il le prend pour lui et se l'attribue. Eh bien ! Il faut lutter contre cela, mes chers amis. À bas le cerveau, vivent les sens !
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