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Citations de Jean d` Ormesson (2585)


J’ai été condamné à l’espace et au temps. Je domine l’un, l’autre me tue et m’empêche de mourir. Je suis l’esclave du temps, j’attends qu’il passe et finisse et je ne m’occupe que de lui, le temps.
Je ne vous parle jamais de rien d’autre que le temps…
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Penser le tout
qu'ai-je donc fait ? pas grand-chose. Fourmi d'humeur égale et plutôt portée à l'insouciance, j'ai joué aux dames, aux échecs, à la belote, au croquet, je suis allé déjeuner dans des restaurants thaïlandais, j'ai un peu lu Oscar Wilde et Toulet, et les Jeeves de Wodehouse qui m'ont fait beaucoup rire, j'ai traversé au printemps des villages minuscules qui sortaient à peine de la neige, j'ai fat pas mal de bétises et j'en ai écrit quelque-unes. De temps en temps je m'asseyais pour penser. Mais le plus souvent je m'asseyais seulement. Assis ou debout, il 'est arrivé de penser quelques instants au monde qui m'entourait.
Les chats, les chiens, les phoques, les dauphins, les éléphants bien sûr
, on m'assure les rats et les scorpions, ah ! les fourmis aussi et les abeilles et les oies sauvages chères à Karl Von Frisch et à Konrad Laurenz, je suis tout disposé à m'émerveiller de leur intelligence. Il paraît qu'ils savent compter, qu'ils s'organisent entre eux, qu'ils sont capables de retrouver leur chemin et de l'indiquer aux autres. Je ne sais plus qui m'a juré avoir vu, de ses yeux vu, un chat monter dans un tramway et en descendre plusieurs stations plus loin pour entrer chez son maître.
Ah bravo ! très bien. Mais pour doués qu'ils soient, je doute qu'un chien, un rat, une oie sauvage, une abeille aient jamais pensé à l'origine et au sens de l'univers autour d'eux. Ces sont les hommes qui pensent le tout.
p. 252
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Penser le tout
qu'ai-je donc fait ? pas grand-chose. Fourmi d'humeur égale et plutôt portée à l'insouciance, j'ai joué aux dames, aux échecs, à la belote, au croquet, je suis allé déjeuner dans des restaurants thaïlandais, j'ai un peu lu Oscar Wilde et Toulet, et les Jeeves de Wodehouse qui m'ont fait beaucoup rire, j'ai traversé au printemps des villages minuscules qui sortaient à peine de la neige, j'ai fat pas mal de bétises et j'en ai écrit quelque-unes. De temps en temps je m'asseyais pour penser. Mais le plus souvent je m'asseyais seulement. Assis ou debout, il 'est arrivé de penser quelques instants au monde qui m'entourait.
Les chats, les chiens, les phoques, les dauphins, les éléphants bien sûr
, on m'assure les rats et les scorpions, ah ! les fourmis aussi et les abeilles et les oies sauvages chères à Karl Von Frisch et à Konrad Laurenz, je suis tout disposé à m'émerveiller de leur intelligence. Il paraît qu'ils savent compter, qu'ils s'organisent entre eux, qu'ils sont capables de retrouver leur chemin et de l'indiquer aux autres. Je ne sais plus qui m'a juré avoir vu, de ses yeux vu, un chat monter dans un tramway et en descendre plusieurs stations plus loin pour entrer chez son maître.
Ah bravo ! très bien. Mais pour doués qu'ils soient, je doute qu'un chien, un rat, une oie sauvage, une abeille aient jamais pensé à l'origine et au sens de l'univers autour d'eux. Ces sont les hommes qui pensent le tout.
p. 252
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S'il y a un Dieu, il est caché, il est ailleurs, il est hors du temps, il n'obéit pas à nos lois et nous ne pouvons rien dire de lui. Nous ne pouvons décréter ni qu'il existe ni qu'il n'existe pas. Nous avons seulement le droit d'espérer qu'il existe. S'il n'existe pas, notre monde est absurde. S'il existe, mourir devient une fête et la vie, un mystère.
Je préfère, de loin, le mystère à l'absurde. J'ai même un faible pour le secret, pour l'énigme, pour un mystère dont la clé nous serait donnée quand nous serons sortis de ce temps qui est notre prison. Kant parle quelque part d'une hirondelle qui s'imagine qu'elle volerait mieux si l'air ne la gênait pas. Il n'est pas impossible que le temps soit pour nous ce que l'air est pour l'hirondelle. Tant pis ! Je prends le risque. Si tout n'est que néant, si les portes de la nuit s'ouvrent et que derrière il n'y a rien, être déçu par ma mort est le dernier de mes soucis puisque je ne serai plus là et que je n'en saurai rien. J'aurai vécu dans un rêve qui m'aura rendu heureux.
Je m'amuse de cette vie qui se réduit à presque rien s'il en existe une autre. Les malheurs , trop réels, les ambitions, les échecs, les grands desseins, et les passions elles-mêmes si douloureuses et si belles, changent un peu de couleurs. Avec souvent quelques larmes, je me mets à rire de presque tout. Les imbéciles et les méchants ont perdu leur venin. Pour un peu, je les aimerais. Une espèce de joie m'envahit. je n'ai plus peur de la mort puisqu'il n'est pas interdit d'en attendre une surprise. Je remercie je ne sais qui de m'avoir jeté dans une histoire dont je ne comprends pas grand-chose mais que je lis comme un roman difficile à quitter et que j'aurai beaucoup aimé.
J'ignore s'il y a un Dieu ailleurs, autre chose après la mort, un sens à cette vie et à l'éternité, mais je fais comme si ces promesses étaient déjà tenues et ces espérances, réalisées. Et je souhaite avec confiance qu'une puissance inconnue veille, de très loin, mais beaucoup mieux que nous, sur ce monde et sur moi.
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au cours des siècles, nous étions souvent morts.
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Chaque matin, je perds deux heures à lire des lettres souvent délicieuses, à répondre par quelques mots, à feuilleter des manuscrits déjà refusés un peu partout et qui ne me concernent pas, puisque je ne suis , grâce à Dieu, ni critique ni éditeur. Je ne pense pas beaucoup au grand-père ni au père de Fatima, ni au sort des harkis abandonnés par les miens et dont le sang retombera sur nous, ni aux souffrances des hommes. Je peste contre le temps perdu qui pèse lourd à mon âge et je me promets d'opublier le précepte de ma grand-mère : "Toute lettre mérite réponse".
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J’ai cessé d’espérer. L’orgueil, le plaisir, le mal ont pour eux des charmes que je ne peux plus combattre. Je n’ai aucune intention de les abandonner à un mal que je n’ai pas vaincu pour rien. Je me propose d’arrêter le temps et de détruire le monde pour supprimer du même coup et les hommes et le mal. (page 31)
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