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Critiques de Jean d` Ormesson (960)
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Album Chateaubriand

Un album bien documenté sur un homme qui a traversé plusieurs époques avec ses contradictions et surtout avec ses amours. Le texte de d’Ormesson est rempli de son admiration, avec ce ton inimitable qui rend sa lecture très agréable. Que retenir de cette vie et de ce parcours improbable ? Certainement ses amours/passions qui ont jalonnés toute sa vie.
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Album Chateaubriand

Cet album de la Pléiade, paru en 1988, est à ma connaissance le seul album écrit par un auteur qui devait figurer lui-même, quelques années plus tard, au catalogue de la la prestigieuse collection : Jean d'Ormesson.

L'album Chateaubriand est de fait un album un peu à part. L'auteur ne s'appesantit pas sur les origines de son héros, ni sur les dates. Il ne profite pas non plus de l'occasion donnée pour faire une œuvre personnelle. Un commentaire biographique, fait de quelques événements clefs et de rencontres importance suffit à mettre en lumière les paradoxes de l'homme et la grandeur de l'écrivain. Peut-être d'ailleurs est il préférable d'avoir lu les Mémoires d'Outre-tombe pour mieux mesurer le décalage entre l'homme et son œuvre.

A ce commentaire admiratif, mais loin d'être hagiographique, s'ajoute une iconographie riche et intéressante.

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Au plaisir de Dieu

Jean d'Ormesson, l'homme j'aime bien

Mais j'ai du mal à accrocher ses livres,

la seule chose que j'apprécie dans son style c'est l'utilisation de la virgule, qu'il utilise pour mettre de la viitesse dans sa prose



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Au plaisir de Dieu

Très bon livre.
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Au plaisir de Dieu

Le meilleur des d'Ormesson ! Drôle, lèger, émouvant, fascinant...
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Au plaisir de Dieu

A travers ce livre, Jean d'Ormeson nous livre le déclin d'une famille bourgeoise au fil des siècles.

Une histoire racontée par un narrateur dont on ne sait rien, vouant une très grande admiration pour son grand-père .

Ce livre nous permet de revivre, à vitesse grand V, le XXème siècle et notamment les deux grandes guerres. Et de voir comment, bien qu'ayant des avis divergeant, la famille restera toujours unie.
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Au plaisir de Dieu

A découvrir
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Au plaisir de Dieu

Ce n'est pas mon préféré de Jean d'Ormesson, mais quelle prouesse littéraire : les lieux, les personnages, le niveau d'écriture, toute cette combinaison laisse rêveur. On entre dans la pure tradition aristocratique française. C'est un peu une palette de toutes les situations familiales possibles à une certaine époque. Allergiques aux grandes familles et aux arbres généalogiques célèbres, fuyez ! Amoureux de la langue française, savourez !
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Au plaisir de Dieu

J'arrive pas du tout à rentrer dans ce livre...trop d'informations je perds le file....
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Au plaisir de Dieu

Un voyage dans le temps, l'histoire, la vie, la mort... Une prose délicate qui vous prend par la main, dire :"viens voir comme la vie était facile", les idées, les convictions évidentes. Il faut rattraper le temps, l'Histoire et rien ne va plus, tout se délite, de plus en plus vite.

En une cinquantaine d'années, tout est parti, tout s'est érodé. Tout va trop vite comme notre ère industrielle, et tout se perd...
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Au plaisir de Dieu

Un roman que j'adore et que j'ai lu plusieurs fois avec le même plaisir... Ecriture exceptionnelle ! C'est avec délice que j'ai savouré ce livre non seulement pour l'histoire de la famille mais également pour son contexte historique et artistique. J'ai fort apprécié cette fresque du XIX et XX ème siècles et les changements de plus en plus rapides de notre monde européen.
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Au plaisir de Dieu

Je suis du genre à finir coûte que coûte un bouquin même s'il ne me plaît pas plus que ça. Mais Au plaisir de Dieu sera un des rares livres que je ne finirai jamais. trop descriptif, trop indigeste...j'ai encore sur l'estomac toute cette généalogie interminable!
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Au plaisir de Dieu

Le texte ne m'a pas accroché et j'ai failli abandonner plusieurs fois la lecture. Après plusieurs tentatives, j'ai enfin réussi à le terminer. Est-ce la saga familiale qui me déplaît ou le fait que l'œuvre raconte la vie d'une aristocratie attachée à ses prérogatives héritées d'une époque révolue ? Je ne sais que répondre ! Mais, à choisir, je préfère et de loin, ''les misérables'' de Victor Hugo ou ''Germinal'' de Zola ou encore, dans le genre saga familiale ''Des grives au loup'' de Claude Michelet ..........
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Au plaisir de Dieu

Jean d'Ormesson choisit dans ce livre de raconter l'histoire d'une famille (dont on ne saura pas le nom) de 1900 environ à 1970 (1975 est la date de parution de ce livre). Sans être l'histoire de sa propre famille, il semblerait que celle-ci l'ait largement inspiré. Au travers de la vie de cette famille noble, il nous fait découvrir les changements de la société qui vont s'opérer à travers ce siècle (de la naissance du narrateur) en passant par deux guerres mondiales, une crise non moins mondiale et un après-guerre turbulent. L'histoire s'accélère et la famille se disperse....

Le parti pris n'est pas de raconter sa vie ; le narrateur est un simple spectateur, ne parle pas de ses sentiments, n'a pas de réelle chair .....un témoin plutôt. Il se pose en rapporteur d'un climat, d'une évolution dans la vie de cette famille et par là même de la société. (je n'ai pas lu ce livre avec la couverture que l'on trouve sur Babelio mais je la trouve adaptée : une personne observe (contemple ?) l'évolution de ses contemporains.

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Le fil conducteur reste le grand père du narrateur, patriarche d'une nombreuse famille. Lui aussi évolue tout au long du livre : d'abord farouchement royaliste et anti républicain, il finit par devenir patriote et défend les valeurs républicaines.

Après un bref rappel de l'origine de la famille, qui remonte aux croisades, le narrateur commence par l'entrée de cette famille dans le monde que l'on appelle moderne : l'oncle Paul épouse la belle Gabrielle et ses millions. Les quatre fils de Paul et Gabrielle (le narrateur est leur cousin) évoluent, se marient, ont des enfants, prennent position dans un siècle qui traverse de nombreuses crises.



Le père du narrateur meurt au front pendant la première guerre mondiale et celui ci est élevé dans le château familial avec ses trois cousins. Vers ses quinze ans, un précepteur Mr Comte est engagé pour l'éducation des quatre cousins. Il va leur ouvrir les yeux sur le monde extérieur, forger leur caractère et leur faire découvrir la littérature.



De nombreux évènements sont évoqués, l'art , l'économie, l'argent.

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En filigrane, on suit cette famille à Paris mais surtout à Plessis-les-Vaudreuil, qui sera vendue, faute d'argent pour entretenir cette propriété, cette vente sera le symbole de l'éclatement de la famille et du triomphe de l'individualisme.

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En conclusion : un livre intéressant qui traverse un siècle d'événements nombreux et la fin d'un monde (pas uniquement pour cette famille). La partie qui m'a le plus intéressée est celle entre 1930 et 1945 où on voit comment les quatre garçons élevés ensemble évoluent très différemment et prennent des chemins totalement séparés : certains soutiennent le maréchal Pétain et d'autres s'engagent dans la résistance. J'ai également aimé l'humour et le recul de l'auteur sur la baisse d'influence de Dieu dans le destin familial. Une annexe à la fin du livre présente les différents et nombreux personnages par ordre alphabétique et à l'entrée "Dieu", on peut y lire (je cite de mémoire car j'ai rendu le livre à la bibliothèque) "Dieu , vieil ami de la famille, l'a un peu laissée tomber vers la fin".
Lien : http://l-echo-des-ecuries.ov..
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Au plaisir de Dieu

Quel plaisir de lecture!Et dire que certains pensent que ce livre est une saga familiale type feuilleton d'été,ce qu'il a d'ailleurs été aussi.Mais avant il me faut dire un mot de Papy Jean d'Ormesson.Nous sommes très liés,je l'appelle Papy,il aime pas ça,ce séducteur patenté très tenté.A la télé on voit beaucoup de cabotins.Certains pensent que Jean d'Ormesson en est un exemple.Et ils ont raison.Seulement voilà,il arrive que les cabotins aient un grand talent et c'est bien son cas.Les yeux qui pétillent,sur un plateau on voit qu'il "attend son tour".Il a même fait récemment ses débuts au cinéma dans le rôle d'un autre cabotin notoire,non sans talent non plus.Jean d'O.,c'est avant tout un homme d'une culture étonnante,assez classique mais il y a longtemps que la culture classique est par sa rareté même devenue avant-gardesque.Ce débat nous entraînerait trop loin et il me faut revenir à ce remarquable roman qu'est Au plaisir de Dieu que Valentyne a partagé avec moi.A l'heure où j'écris je n'ai encore aucune idée de sa réaction.



Formidable conteur,et d'un humour assez caustique qui a l'élégance de s'exercer en premier lieu aux dépens de sa propre famille,Jean d'Ormesson fait précéder son roman,du moins dans l'édition que j'ai lue,d'un arbre génalogique,très utile,car la lignée est touffue,mais aussi fantasque,arrogante,émouvante,et surtout tout aussi querelleuse que dans d'autres milieux.L'aristocratie m'a toujours passionné,surtout celle qui,tout en ayant l'air de s'isoler dans ses bastides,en l'occurence son château sarthois de Plessis-lez-Vaudreuil,lutte,enrage et participe à la vie d'un pays,la France.La France est aussi l'héroïne d'Au plaisir de Dieu et tous les membres de cette famille en ont une conception parfois très différente.Ancêtres bourbonophiles ou bonapartistes,dreyfusards ou antisémites,pétainistes ou résistants,parfois cela dépendait de la semaine.



Courant jusqu'aux barricades de mai l'histoire de cette famille somme toute comme les autres est toujours emballante. L'humour d'Ormesson n'exclut nullement l'émotion,parfois picaresque, parfois un peu artificielle et gonflée.Les rapports entre maîtres et serviteurs sont particulièrement fins.On se prend à aimer Plessis-lez-Vaudreuil,nef invraisemblable,trouée et battue des quatre vents. Dame, c'est que,très souvent,les châtelains ne roulent pas sur l'or,et que fortune est volatile.Enfin de son grand talent le malicieux écrivain nous dépeint une telle galerie du genre humain,dans le sillage de la figure centrale,le grand-père Sosthène, charnière du récit.Presque prêtre gaulliste,héros de la Grande Guerre, presque star de Hollywood,partisan de Vichy et de l'O.A.S., etc...On les aime tous,y compris Dieu,qui semble guetter ça de toute son insolence.Ils font tellement partie de notre histoire,contée par un narrateur qui ressemble tant à un académicien précieux d'un vert bien peu académique...

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Au plaisir de Dieu

L’écrit tient plus du documentaire que du roman; il n’en reste pas moins que celui-ci cerne un aspect intéressant de la noblesse française et de son évolution lors du dernier siècle.

A quel point ce texte relève de l’autobiographie et de mémoires de la famille de l’auteur, c’est difficile à dire, mais l’on aimerait que tout soit véridique : en plus d’un bon moment de lecture, on pourrait le considérer comme une référence de l’histoire de la sociologie.
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Au plaisir de Dieu

Au plaisir de Dieu/Jean d’Ormesson de l’Académie Française

Cette chronique de la vie d’une vieille famille aristocratique française nous est conté par le cadet des petits enfants de Sosthène, le grand-père donc, né en 1856 et mort en 1951.

Ce grand-père, symbole de la tradition, est en fait le personnage central, celui autour de qui tout gravite, celui qui est de tout temps le chef, le centre de la famille et qui à travers les orages et les séductions, a tenu bon, comme un de ces vieux chênes parmi lesquels il aura vécu foudroyé et indestructible pendant près de cent ans. (1856-1951)

Dans un style magnifique digne de Chateaubriand , son idole à qui il fait penser, Jean d’Ormesson écrit des lignes riches d’un souffle, d’un rythme et d’une amplitude rares.

« Aussi loin que je regarde en arrière, mon enfance m’apparaît calme, heureuse, limpide, protégée, tout encombrée de ce que les miens y déposaient, jour après jour, de souvenirs toujours vivants et d’inquiétudes encore lointaines …Plessis-lez-Vaudreuil, avec sa table de pierre, m’apparaît dans le souvenir comme un havre, comme une île, comme un rocher de délices qu’auraient battu les flots, non de la mer, mais du temps. La vie dans le monde moderne était venue à bout, peu à peu, de la cohérence de la famille. »

Bien formaté par des siècles de domination et de mépris du peuple, le narrateur, au nom de sa famille, nous livre ses réflexions sur ce qui fut et ce qui est.

Les idées nouvelles font leur chemin parmi les hommes et ce cheminement suspect où des philosophes socialistes voient avec satisfaction un progrès de la conscience, au contraire angoisse les grandes familles qui devinent comme un forage souterrain, un lent travail de sape et de mines sous les cathédrales menacées de leur caste.

Au rythme des saisons comme à Combourg, le temps s’écoule et « nous entrions dans l’été comme dans une saison sans rivages, sans début et sans fin. Nous nous réfugiions coupés du monde, au sein de la famille. Nous quittions le temps qui passe et nous nous installions dans le temps qui dure…Le temps apportait avec lui tout ce qui nous détruisait et que nous redoutions : l’usure, l’avachissement, le changement, le déclin et l’oubli. Nous n’avions plus assez de force pour nous mettre à construire. Alors nous nous étions établis conservateurs de ce qu’avaient édifié jadis ceux dont nous gardions le souvenir à travers l’hostilité des révolutions et des siècles. »

Le goût et la passion de la lecture vont être inoculés à notre narrateur adolescent par un jeune précepteur merveilleusement cultivé :

« Un poison était entré dans nos veines. Nous avions besoin de notre drogue. Chaque ouvrage, chaque écrivain nous renvoyait à d’autres ouvrages et à d’autres écrivains. Un monde imaginaire s’édifiait autour de nous : une espèce de puzzle géant qui n’existait que sur papier et dont, par un paradoxe de bonheur ou de malheur, nous manquaient, au fur et à mesure que nous avancions dans le jeu, des pièces toujours plus nombreuses. »

Devenu adulte, il ne peut que constater l’évolution et les dégâts, et il est à présent convaincu que « la culture, un jour, exigera d’être sourd et l’intelligence de cesser de lire. »

Et curieusement il s’interroge sur l’avenir et le jugement des hommes à venir :

« Personne ne saura jamais si les gens étaient plus ou moins heureux sans voitures et sans télé, sans nouvelles, sans argent, sans besoins et sans ambitions, sans grandes espérances, mais sans illusions, sous le regard d’un Dieu qui leur disait de se taire, au sein d’un ordre immuable, dans l’absence du changement. »

Autour de lui, le bonheur se confond avec le progrès. Son avis comme celui d’un certain nombre de penseurs va à l’encontre de ce point de vue ; en effet « même ceux qui ne contestent pas les triomphes du progrès doutent maintenant avec violence de ses liens avec le bonheur. Le bonheur de nos jours consiste pour beaucoup à fuir d’abord le progrès, et à le condamner. »

L’espoir était né mais fut vite déçu :

« Le rôle formidable du socialisme a été de donner à la masse des hommes une espérance du bonheur. Que les fruits du socialisme, du communisme, du stalinisme, aient tenu la promesse des rêves, des espérances et des fleurs, c’est une autre question et dont la réponse est douteuse. Je me demande si les hommes n’ont pas été dans la situation de ces fiancés fous d’amour qui rêvent de leur avenir avec la femme qu’ils aiment. Jamais le mariage n’est aussi beau que les fiançailles. Le socialisme aura constitué, pendant un siècle, les fiançailles de l’humanité avec le bonheur…L’extrême gauche, qui arrivait au pouvoir dans la Russie des Soviets, renonçait à la liberté puisqu’elle aspirait à la dictature au nom de valeurs tout aussi totalitaires et exclusives que l’étaient jadis les nôtres. Et nous, vaincus, réduits à la défensive, freinant de toutes nos forces la montée des croyances nouvelles, nous nous instaurions les défenseurs de la liberté individuelle qui devenait notre seul salut. Telles étaient les contradictions du monde moderne, et les nôtres. »

Il y avait l’ordre établi par une aristocratie dédaignant ceux sans particule et méprisant la République, et puis vint le changement avec l’amour du soleil, de la vitesse, de la nudité et la naissance du tourisme de masse.

Et c’est là que les grandes familles vont voir leurs liens séculaires se distendre au risque de se déchirer et se rompre. Les cousins du narrateur en sont l’exemple type : en cette période d’avant guerre où l’Europe se trouve divisée en fascistes et antifascistes, Philippe va adhérer aux idées les plus à droite et Claude à celles du parti communiste. Tous deux idéalistes convaincus vont se retrouver volontaires chacun dans son camp au cours de la guerre d’Espagne, sans se haïr pour autant.

Nous arrivons aux années précédant la guerre et pendant que le Front Populaire propose le bonheur et les loisirs aux Français, Hitler offre aux Allemands les bombardements en piqué et la percée des chars !

Plus tard, à la fin des hostilités, vont s’opposer par un destin cruel Pétain et De Gaulle.

« D’un côté, la terre natale, le sol, le bon sens paysan, le regard et les yeux, le réalisme, le passé, l’immédiat, l’obéissance et le oui : le maréchal, à Vichy. De l’autre, la mer, l’exil, l’aventure, la voix et l’oreille, la rêverie foudroyante, le futur, le pari, la révolte et le non : le général, à Londres. Une page extraordinaire s’ouvrait dans l’histoire de la France. Les deux principes élémentaires, où la mémoire obscure des hommes, dans quelques millénaires, verra la lutte mythique d’une épopée de légende dont les protagonistes, aux yeux des esprits forts, n’auront jamais existé, se combattaient à mort, se déchiraient, s’excommuniaient, se condamnaient mutuellement à la peine capitale, entrainant derrière eux des milliers et des milliers de partisans fanatiques qui avaient confié leur existence et leur honneur à l’un ou l’autre des deux chefs de guerre. »

Des lignes tout à fait magnifiques de ce récit qui se poursuit durant des pages sur ce thème tragique et dramatique du sens de la patrie et de la gloire ressenti de façon différente par deux hommes que des liens profonds unissaient cependant au sein de la caste militaire.

Le grand père du narrateur tout empreint d’une sagesse privilège de l’âge et d’un bon sens attaché au terroir, s’exprime sans détour pour dire qu’en cette période d’après guerre où tous les comptes se règlent, la justice ne se contente pas seulement d’être bafouée quand elle est faible, mais qu’elle cesse d’être juste quand elle devient forte.

Tout au long de ces belles pages que nous offre l’immense talent de Jean d’Ormesson, dont on ne peut que déguster la saveur des mots, est déroulée une chronique du temps qui passe avec un sentiment de fin d’un monde. Pour dramatiques que s’annoncent les jours à venir, l’humour et la tendresse ne désertent pas ces pages sublimes et nostalgiques.

Et plus grave :

« L’idée de destin, qui hante les hommes sous mille formes, j’imagine qu’elle provient de cette étrange coalition des forces de la destruction, de cette impossibilité d’arrêter ce qui roule sur les pentes de l’abîme… Il n’y a rien à faire contre l’usure, il n’y a rien à faire contre le temps. Nous nous étions appuyés sur lui pour édifier notre puissance : il se retournait contre nous en nous rejetant dans ce passé que nous avions tant aimé. Il reconstruisait ailleurs des théories nouvelles, des visions fulgurantes, des espérances admirables…Nous ne retrouverions plus jamais la saveur délicieuse mais perdue - délicieuse et perdue, délicieuse parce que perdue - des poires de Plessis – lez – Vaudreuil. »

Et puis le style, oui le style encore sous cette plume magique de poésie et de sensibilité :

« Je regardais les vieux arbres, la pièce d’eau au loin, les tilleuls, la table de pierre, tout ce paysage si familier et si calme qui s’étendait sous nos yeux depuis des siècles et des siècles. C’était l’heure où se faisait un grand silence, où les oiseaux se taisaient. On les voyait passer, sans un bruit, assez haut dans le ciel d’où les nuages s’écartaient. Nous étions liés à ces lignes si douces, à ces couleurs un peu fondues, à cette odeur incomparable qui montait jusqu’à moi. »

600 pages d’histoire familiale, contée avec humour, émotion et nostalgie par le narrateur, simple observateur qui dépeint la lutte de ce qui s’obstine à rester stable contre les fluctuations de la mode, du progrès et du temps, et le triomphe du temps sur l’éternité de sa caste. Tel une espèce de vigie qui regarde ce qui se passe et juge les personnages avec une tendresse de tous les instants et une grande humanité sachant bien que toutes les créations humaines sont de toutes façons éphémères.





À noter que le château de Plessis - lez - Vaudreuil existe vraiment. Construit en 980, son vrai nom est Château de Saint - Fargeau, situé dans l’Yonne. Il appartint aux Boisgelin, ancêtres maternels monarchistes et réactionnaires de Jean d’Ormesson. C’est là que Jean d’Ormesson passait les étés avec ses parents et il s’en inspira pour écrire ce récit.

Il n’est pas douteux que certains traits du récit sont autobiographiques avec certes un décalage dans les dates, l’auteur n’étant pas né la même année (1904) que le narrateur.

La bonne idée aussi est d’avoir précédé le récit d’un indispensable arbre généalogique qui permet de situer les nombreux personnages.

Enfin reconnaissons à Jean d’Ormesson un immense talent de conteur en plus d’être un homme de grande culture classique. Un livre à lire et relire, même en ouvrant les pages au hasard.

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Au plaisir de Dieu

En hommage a la mémoire de son grand-père,symbole de la tradition,contraint de s'eloigner a jamais de la terre de ses ancêtres,le cadet d'une vieille famille francaise enfermee dans l'image du passe,raconte ce qui a été et qui acheve de s'effondrer.L'histoire du xxe siecle avec ses situations paradoxales,precipite la mutation de la decadence d'une famille qui avait su,a travers tous les cataclysmes,maintenir ses privilèges et conserver son charme.

Une famillebde l'aristocratie comme tant d'autre,perdue dans la tourmente de la vie;tres beau livre,qui se lit avec beaucoup de facilite et qui est toute en delicatesse;on vit au cote de cette famille,la decadence et l'echeance inevitable du vieu monde bourgeois
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Au plaisir de Dieu

Jean d'Ormesson prend la plume d'un narrateur afin de nous faire vivre les grandes heures de l'Histoire à travers une famille bourgeoise française.

Le grand père, clé de voûte de ce roman, fidèle au Passé, réfractaire au Progrès et aux changements vit dans son château de Plessiz Les Vaudreuil.

Cette chronique familiale est tantôt gaie, tantôt amère, souvent réaliste. Les références à la table en pierre du jardin, où bon nombre de conciliabules, de discussions, de disputes ont vu le jour sont nombreuses.

Ce roman nous décrit la déchéance d'une famille qui n'a pas su suivre l'évolution de la Société.



Dans un style magnifique digne de Chateaubriand, son idole à qui il fait penser, Jean D'Ormesson écrit des lignes riches, d'un souffle, d'un rythme et d'une amplitude rare.
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Au plaisir de Dieu

Il ne faut pas oublier, quand on lit "Au plaisir de Dieu", qu'il a été écrit alors que Pompidou était président, dans une France qui sortait de mai 1968, pour laquelle la guerre était hier et qui pensait que l'URSS pourrait enterrer le monde sous les bombes.

Ceci pour expliquer l'omniprésente nostalgie d'avant (l'avant d'avant, celui de la monarchie) qui baigne ce récit, quoi que le narrateur dise (répète, même) pour s'en distancier.

Outre le fait que l'écriture (surannée) de Jean d'Ormesson est agréable à lire, très fluide, et que sa culture (volontiers étalée - ce livre est écrit alors que Jean d'Ormesson rejoint l'Académie Française) inspire le respect, ce livre captive par la leçon d'histoire de France qu'il constitue : vu de l'intérieur d'une famille de grand noblesse, comment nous sommes passés en très peu de temps (en gros, de 1914 à 1968) de l'agonie de la monarchie à la naissance de la république).

Ce livre a beau être un roman, on se dit en le lisant que l'on n'est sans doute jamais très loin de l'auteur, lui-même fils d'un ami de Léon Blum et d'une monarchiste proche de l'extrême-droite d'alors, deux influences qui divisent la famille mise en scène dans "Au plaisir de Dieu".
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