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Critiques de Jeff Lemire (688)
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4001 A.D.  Beyond New Japan

Ce tome regroupe des épisodes servant à étoffer l'événement de l'année 2016 publié par Valiant : 4001 A.D. écrit par Matt Kindt et illustré par Clayton Crain. Il comprend les épisodes 4001 AD X-O Manowar, 4001 AD Bloodshot, 4001 AD Shadowman, et 4001 AD War Mother, tous initialement parus en 2016, et chacun réalisés par une équipe créative différente. Il n'est pas besoin d'avoir lu la minisérie 4001 A.D. pour comprendre ces épisodes, ni de disposer d'une connaissance préalable des personnages. La magnifique couverture a été réalisée par David Mack.



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- 4001 AD X-O Manowar - Scénario de Robert Venditti, dessins et encrage de Clayton Henry, mise en couleurs de Brian Reber & Andrew Dalhouse



Dans 100 ans, une intelligence artificielle aura déterminé qu'il est temps de sauver une partie de l'humanité, en bâtissant et peuplant un continent artificiel, mis en orbite au-dessus de la Terre et appelé New Japan. Ce lancement a des conséquences sur le reste de la Terre et les gouvernements décident de se préparer à attaquer New Japan, en tentant de faire de la rétro-ingénierie à partir de l'armure de X-O Manowar.



Aric Dacia, le porteur contemporain de l'armure, n'apparaît pas dans cette histoire. En 22 pages, le scénariste propose d'apporter une réponse à la présence d'une variante de l'armure de X-O Manowar, découverte par Rai dans sa série mensuelle. Venditti s'intègre donc complètement dans la chronologie développée par Matt Kindt. Le lecteur peut donc lire cet épisode comme un complément bienvenu pour expliciter la présence d'une version de l'amure en 4001 AD. Cet épisode peut également se lire de manière autonome. Les quatre premières pages expliquent la situation découlant du lancement de New Japan. Les suivantes racontent une histoire de science-fiction, une sorte de fable sur la collaboration entre nations contre un ennemi commun. De ce point de vue il s'agit d'un récit d'anticipation à haute teneur en action spectaculaire, avec une résolution (déjà connue de certains lecteurs) qui ouvre sur une dimension mythologique bien amenée.



Clayton Henry dessine de manière descriptive, avec des traits de contour assez fins, une légère simplification des formes, et une volonté d'aboutir à des cases rapidement lisibles en évitant de es surcharger. Ce dernier point va à l'encontre de la densité de la description. Il est compensé par une mise en couleurs elle aussi naturaliste avec une utilisation raisonnée des effets spéciaux et des dégradés pour habiller ces surfaces un peu simples par moments. Au final les dessins rendent bien compte de l'énormité des situations, de la puissance de feu de l'armure de combat. Il n'y a que la manifestation de l'intelligence artificielle de New Jaman sur Terre qui relève vraiment d'une forme naïve.



Ce premier épisode contentera la curiosité des lecteurs de la série Rai, et constitue une sorte de fable d'anticipation bien construite. 4 étoiles.



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- 4001 AD Bloodshot - Scénario de Jeff Lemire, dessins et encrage de Doug Braithwaite, mise en couleurs de Brian Reber



En 4001 A.D. sur Terre, une intelligence artificielle se réveille. Elle n'a pas l'ampleur de Father, celle de New Japan. Elle retrouve progressivement la mémoire de ce qu'elle a été précédemment et de l'hôte qui l'abritait. Une mission de pillage a réactivé les nanites de Bloodshot qui ont été séparées depuis plusieurs années de tout corps biologique.



Comme pour l'épisode précédent, c'est le scénariste attitré de la série qui s'occupe d'écrire cet épisode très particulier. Le lecteur de la série Bloodshot reborn a déjà pu constater que Lemire sait tirer des futurs alternatifs pour faire ressortir une particularité ou un trait de caractère de son personnage. Ici, il s'acquitte de sa tâche de donner toutes les informations nécessaires pour être compris de tous les lecteurs, également en un faible nombre de pages. Puis il raconte une aventure de Bloodshot dans un état inhabituel en utilisant au mieux l'environnement de 4001 AD. Comme Robert Venditti, il sait raconter une histoire complète en 22 pages, par contre elle est plus centrée sur le personnage principal que ne l'est celle du premier épisode. Il réussit donc à concocter une version inédite de Bloodshot, à donner un éclairage supplémentaire sur le lien qui existe entre ses nanites et lui , tout ça sur fond d'aventures spectaculaires à souhait.



Doug Braithwaite réalise des dessins qui donnent parfois l'impression d'être à mi-chemin entre crayonnés et encrage définitif, du fait de traits de contour parfois encore grisâtre et un peu affadis par la mise en couleurs. Cette dernière se base sur une approche naturaliste, mais avec une palette un peu restreinte. Brian Reber compose une teinte très particulière pour le corps très particulier de Bloodshot (Lemire a imaginé une drôle de méthode pour la fabrication de ce corps), ce qui lui donne une grande présence sur la page. Comme à son habitude, cet artiste joue avec la disposition des cases sur la page pour rendre compte des mouvements ou de l'ambiance générale d'une séquence avec des bordures irrégulières, des cases en trapèze qui se chevauche. Cela permet de bien contraster les moments plus calmes avec les séquences d'action.



Ce deuxième épisode constitue un récit de science-fiction original, avec des pages bien construites, même si quelques cases éparses manquent un peu de saveur. Le lecteur de la série Bloodshot reborn apprécie cette nouvelle variation apportant un point de vue supplémentaire. Le lecteur de passage découvre un personnage complexe, dans une histoire qui charrie beaucoup de sous-entendus. 4 étoiles.



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- 4001 A.D.Shadowman - Scénario de Jody Houser, dessins et encrage de Robert Gill, mise en couleurs de Michael Spicer



En 4001 AD, la ville de Gethsemane est devenue un point d'accroche avec la cité Sanctuary qui est située dans une autre dimension appelée Deadside. Cette année, comme toutes les précédentes, les habitants de Gethsemane doivent sacrifier 3 orphelins pour la cérémonie du Sacrifice. Ils doivent passer de l'autre côté du mur qui sépare les 2 dimensions. Les précédents ne sont jamais revenus, ou alors fous. Mais cette année le maire de Gethsemane a fait en sorte que les 3 orphelins aient été entraînés au combat. Ils ont pour mission de semer le désordre de l'autre côté, pour que les soldats de Gethsemane puissent intervenir.



Jody Houser se montre tout aussi ambitieuse que ses collègues en se lançant dans une histoire complète sur la base de la mythologie de la série Shadowman. Le lecteur remarque d'entrée de jeu que sa narration est plus dense à la fois dans les phylactères et dans les cartouches de texte. Les pages de Robert Gill contiennent également plus de cases, avec des plans un peu plus éloignés pour rendre compte de tous les événements qui se produisent. Il dessine lui aussi dans un registre descriptif avec des expressions de visages moins nuancées, et une difficulté à maintenir des informations dans les arrière-plans, souvent mangés par de la fumée ou de la poussière qui masque tout.



Le lecteur plonge dans un environnement moins familier que celui des 2 épisodes précédents, avec des personnages moins marquants d'un point de vue visuel. Il découvre une mythologie rappelée au pas de charge. Par contre il découvre également des cases plus complexes dans ce qu'elles décrivent, et un récit dense, avec des scènes plus abruptes parce que la scénariste veut faire parcourir beaucoup de terrain à son récit, en toujours seulement 22 pages. Il en résulte une narration plus heurtée dans laquelle il est difficile de se projeter et de se sentir impliqué. 3 étoiles.



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- 4001 A.D. War Mother - Scénario de Fred van Lente, dessins et encrage de Tomás Giorello, mise en couleurs de Brian Reber



Sur Terre dans un village, Sylvan, le responsable, voit une partie de New Japan tomber et s'écraser non loin. Comme il est de coutume la tenante du titre War Mother (en l'occurrence une jeune femme appelée Ana) doit se rendre seule sur place pour estimer ce qui peut être récupéré. Elle est armée d'un fusil doté d'une intelligence artificielle limitée, qu'elle a surnommée Ana. Arrivé sur les lieux du crash, après avoir exterminé quelques pillards plus primaires, elle découvre la présence d'un jeune garçon. Problème : les règles de la communauté de Sylvan interdisent l'intégration de tout nouvel arrivant.



Fred van Lente hérite de la tâche peu enviable de développer un nouveau personnage à partir de spécifications, dans le cadre de 4001 AD. Il respecte bien les caractéristiques dudit environnement et déroule une histoire linéaire, avec des éléments informatifs sur les règles du village, sur le système d'éducation sur New Japan, et sur le caractère bien trempé de War Mother. Tomás Giorello réalise des dessins à la croisée de ceux de Frank Frazetta et de Gene Colan. Comme Doug Braithwaite, ses traits de contour donnent parfois l'impression de ne pas avoir été encrés et la mise en couleurs à tendance à les affadir par endroit. Le résultat final ne manque pas de panache, mais la lisibilité s'en trouve parfois amoindrie. C'est criant quand on observe les 7 pages en noir & blanc présentes dans les pages bonus en fin de volume, bien plus parlantes.



Le récit de Fred van Lente débouche sur une conclusion attendue évoquant la nécessité pour toute communauté de s'ouvrir aux autres sous peine de se scléroser. Les dessins de Tomás Giorello ont évoqué les jungles parcourues par Conan dont il a d'ailleurs dessiné plusieurs histoires écrites par Timothy Truman. Mais le lecteur éprouve des difficultés à maintenir son intérêt éveillé pour un personnage qu'il ne reverra peut-être jamais, avec une histoire un peu convenue. 3 étoiles.



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- Après lecture des 4 épisodes, ce tome n'apporte pas de complément indispensable pour l'histoire de 4001 A.D., et le lecteur ne rate rien en en faisant l'impasse. Il peut s'avérer intéressant pour les lecteurs de la série Rai, en expliquant d'où vient l'amure Vine, et pour les lecteurs de la série Bloodshot reborn, avec une itération originale de ce héros.
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A.D. After Death

Mes Chers Vous,



La première chose à dire sur ce superbe livre, c’est plus un roman plus qu'un comics, une BD, même pas un roman graphique.



Quasiment toutes les pages sont des textes sublimement illustrés, des dessins, parfois même des tableaux, c’est vous dire.



L'histoire d’un anti-héros, le genre de type que l’on qualifierait de banal.



Il se souvient de sa mère faisant un malaise. Sa vie entière tourne autour de cette angoisse, il est obsédé par ça. Chaque moment est axé sur cette réminiscence dans ce monde futuriste, presque aseptisé, puisque la mort n’est plus, elle a été vaincue.



Sauf que lui, il veut savoir, ce qui se passait quand on mourrait, ce qu’il y avait ensuite, une fois que le grand saut avait été fait.



Ce rêve d’immortalité que beaucoup ont d’ancré en eux, est un véritable cauchemar pour lui. Vivre toujours les mêmes souvenirs, pas forcément rose, voir plutôt noir.



Une lecture différente, pleine de spleen, de dessins, l’introspection d’un anti-héros, tout simplement.



Stanislas Petrosky.
Lien : http://cecibondelire.canalbl..
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A.D. After Death

Véritable OVNI, totalement abouti, A.D. After Death dénote et marque l'esprit. Appartenant à la collection Urban Graphic (Deux frères de Gabriel Bà et Fabio Moon, C'est un oiseau etc.) il démontre, si besoin était, l'extrême richesse créative de la scène américaine actuelle.
Lien : https://www.bdgest.com/chron..
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A.D. After Death

Ce tome comprend une histoire complète indépendante de tout autre. Il regroupe les 3 épisodes, initialement parus en 2016/2017, écrits par Scott Snyder, dessinés, encrés et peints par Jeff Lemire. Chaque numéro comportait environ 70, aussi des pages de bandes dessinées traditionnelles, que des pages de texte avec une illustration.



En 1986, les parents de Jonah Cooke (6 ans) l'emmènent passer quelques jours de vacances en Floride. Sa mère fait un malaise alors qu'ils se sont arrêtés en voyant un objet brillant dans le ciel. Il s'agissait d'un groupe de ballons de baudruches portant un ticket pour un lot gagnant. Au temps présent (dans un futur indéterminé), un individu adulte progresse dans une jungle de plantes inconnues (peut-être d'origine extraterrestre) en se frayant un chemin à la machette. Il transporte un énorme sac rectangulaire sur le dos. Il répond à une voix hachée et pleine de parasites dans sa radio. Il se fait attaquer par des créatures violettes, peut-être végétales, peut-être animales.



En 825 AD (AD = After Death), 3 ou 4 humains sont en train de s'occuper d'un troupeau de vaches paisibles sur un haut plateau de la cordillère des Andes. Jonah Cooke indique à l'un des présents qu'il va bientôt partir pour effectuer son service. À l'insu des autres, il a dérobé un veau qu'il a baptisé Darwyn, et qu'il a mis sur le plateau de son pick-up, sous une bâche. Il l'emmène dans son entrepôt où se trouvent de nombreux objets hétéroclites qu'il a également volés, allant d'un piano à queue à une toile de maître en passant par une armure médiévale, une barque en bois, etc. La narration repasse alors à des pages de texte dans lesquelles le narrateur évoque sa jeunesse, et la première fois qu'il a volé un objet, en l'occurrence un lecteur de cassette audio en 1990.



Scott Snyder a acquis une forte notoriété en écrivant la série mensuelle Batman. Jeff Lemire a d'abord acquis sa renommée pour ses œuvres indépendantes, avant d'écrire aussi pour des superhéros mais plutôt pour Marvel, puis pour Valiant. Le lecteur est à la fois intrigué par l'association de ces 2 créateurs à la forte personnalité et par l'étrange couverture cryptique. Il feuillète le tome pour se faire une idée. Il remarque qu'il s'agit bien des dessins si particuliers de Jeff Lemire, mais aussi que l'ouvrage contient un nombre de pages de texte significatif, près de deux cinquièmes du total. À partir de là, il sait qu'il s'agit d'un récit à la forme originale. Pour beaucoup, des pages de texte dans une bande dessinée constituent une hérésie rédhibitoire : décider de se lancer dans la lecture d'une bande dessinée, ce n'est pas pour se taper des pages de livres. Donc pour une partie du lectorat, les pages de texte font de cet ouvrage un anathème, issu d'une alliance contre nature, et il est alors hors de question de se lancer dans une telle abomination. De la même manière, pour un lecteur de roman, ces dessins pas très jolis aux contours pas très assurés ne font pas très sérieux, et le résultat est également contre nature. Il ne reste donc plus que les lecteurs aventureux se demandant s'il est vraiment possible de réconcilier ces 2 modes narratifs, et les lecteurs éprouvant une forte attirance pour les créations de l'un ou l'autre des auteurs.



Effectivement, l'amalgame entre les pages de texte et les pages de bandes dessinées ne se fait pas. D'ailleurs, c'est comme si Snyder & Lemire avaient fait en sorte d'opposer les 2 modes narratifs. Les pages de texte disposent d'une illustration, mais celle-ci semble le plus souvent inutile car elle ne fait que représenter un élément déjà présent dans le texte. Plus surprenant, les auteurs ont fait en sorte que les pages de bandes dessinées ne comportent que le strict minimum en termes de mots. Elles se lisent donc très rapidement, le lecteur n'ayant besoin que de saisir ce qui est représenté. Le contraste est donc très fort entre les textes nécessitant du temps pour les lire, et les bandes dessinées se lisant très vite. Jeff Lemire dessine comme à son habitude, en donnant l'impression que ses cases ont été réalisées très rapidement, avec des traits délimitant grossièrement les contours, sans jolis arrondis, avec des traits approximativement jointifs. Les personnages disposent de visages marqués par des plis peu flatteurs. Les lèvres et les yeux sont dessinés de manière grossière. Les vêtements semblent dessinés à la va-vite. Les éléments de décors sont représentés à l'emporte-pièce, sans beaucoup de détails, sans finition, sans texture.



Néanmoins le lecteur constate que les pages de bande dessinée se lisent toutes seules, très rapidement, sans aucun doute sur ce qui est montré ou sur ce qui est en train de se passer, malgré l'absence de toute explication, de toute phrase qui serait redondante par rapport aux images. L'avancée à la machette dans l'étrange jungle montre une progression pénible et dangereuse, mais avec une densité d'informations visuelles assez faible. Du coup le lecteur lit tout aussi rapidement les passages se déroulant dans ce futur approximatif, après la Mort (AD), sans trop s'y investir. Après coup, il finit par prendre conscience que tout aussi rapidement qu'ils semblent avoir été exécutés, les dessins comprennent finalement des informations autres que le simple fait de montrer ce qui se passe, et que ces informations revêtent un caractère utile pour le récit. De la même manière, Jeff Lemire donne l'impression de remplir ses cases à grand coup de pinceau pour appliquer des couleurs à l'aquarelle, juste pour habiller les dessins, pour qu'ils semblent moins vides. Mais au fur et à mesure, il apparaît qu'il ne s'agit pas que de peinturlurer les cases, et qu'il y a une complémentarité étonnante entre les traits encrés et les couleurs, malgré l'apparence simpliste, presqu'enfantine, de leur association. Le lecteur reste un peu moins convaincu par l'intérêt des illustrations accolées aux pavés de texte, sauf peut-être comme rappel visuel de l'existence des pages de bandes dessinés avant et après celles de texte.



Une fois entamé l'ouvrage, la promesse de pages de bande dessinée se lisant rapidement constitue comme une récompense pour le lecteur, et l'aide à conserver sa patience pendant les pages de texte. La prose de Scott Snyder s'inscrit dans un registre utile et factuel. Il ne s'attarde pas trop sur les sentiments de ses personnages, préférant raconter, avec de temps à autre une remarque sur l'état d'esprit de Jonah Cooke. Le lecteur comprend assez vite que les pages de texte correspondent à la narration de Cooke avant la suppression de la mort. Il découvre donc son histoire personnelle au travers de faits marquants comme les pertes de connaissance de sa mère, et l'acquisition de compétences en matière de vol. Les auteurs ont décidé de jouer avec la chronologie des faits, que ce soit dans le passé, dans le présent, ou dans le passé proche. Ils n'abusent pas de ce dispositif et le lecteur peut facilement identifier à quelle époque se déroule quelle scène. Par contre cela aboutit à une découverte désordonnée des causes et des conséquences.



Au fil des différentes séquences, le lecteur découvre comment un groupe d'individus a réussi à retarder l'effet de la vieillesse, jusqu'à rendre une communauté virtuellement immortelle. Il s'agit plus d'un récit de science-fiction que de réelle anticipation. Le scénariste fait des efforts pour essayer de rendre la chose plausible, en évoquant des maladies comme un désordre de la néoténie, ou la fibrodysplasie ossifiante progressive (FOP), mais les dessins montrent des éléments tellement étrangers qu'ils réduisent à néant la vraisemblance de ce qui est raconté. Snyder sait y faire pour capter l'attention du lecteur, par exemple avec les vols organisés de Jonah Cooke, portant sur des tableaux, du beurre, et allant jusqu'à voler la veste mortuaire d'un chanteur de country, une malade dans un hôpital, ou même une couleur encore jamais vue. Il développe la sensation d'étrangeté en limitant les contacts humains de Jonah Cooke, en lui faisant évoquer des personnes qui n'apparaissent pas sur la page. Il maintient la curiosité du lecteur avec l'évocation de choses diverses et variées comme le veau Darwyn, un paillasson de bienvenue, la recherche d'un groupe appelé Forager, ou encore l'examen des vêtements de qualité de monsieur Errant possédant une grosse fortune.



Sa curiosité ainsi titillée, le lecteur se laisse balader de séquence en séquence, en se disant que tout ça finira bien par former un tout cohérent. Il apprécie quelques observations dénotant des idées aussi décalées qu'horribles, comme la possibilité que l'humanité ait atteint le stade de développement correspondant à la vieillesse et qu'elle s'achemine vers sa mort naturelle, ou comme l'idée que la capacité de la mémoire d'un humain est limitée. Il finit par se laisser surprendre quand l'histoire justifie cette forme si bizarre de pages de texte sur les faits passés, d'une manière naturelle et organique. Il éprouve plus de difficultés à faire passer d'autres éléments comme la survie de Claire, quand même peu probable vue sa maladie et la manière dont Jonah Cooke la transporte. Au final, il apprécie d'avoir lu une histoire complète et cohérente à la fois dans son intrigue et dans sa forme.



Effectivement, ce tome constitue une expérience de lecture originale, sortant de l'ordinaire. Pour l'apprécier, il faut que le lecteur accorde sa confiance aux auteurs sur le fait qu'il s'agit d'une structure découlant de l'intrigue, et non pas d'un montage artificiel avec lequel les auteurs ont voulu se faire plaisir. Il finit par tomber sous le charme un peu primitif des dessins. Il se rend compte qu'il ne lui faut pas fournir beaucoup d'efforts pour lire les paragraphes de texte, même si l'écriture de Scott Snyder manque un peu de charme. Il apprécie que les auteurs aient raconté un récit de science-fiction en mettant à profit les conventions du genre pour regarder l'évolution de l'humanité sous un autre angle. Il termine sa lecture, content de la qualité narrative des pages de bandes dessinées, vaguement insatisfait de l'intrigue pour laquelle la forme prend un peu trop régulièrement le dessus sur la forme.
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A.D. After Death

Cet album est un mix entre une BD et un roman. En effet, le récit alterne entre textes et bulles. Cela permet de fournir un récit dense et  passionnant. 

L'histoire mélange des éléments de science-fiction, de fantastique et de drame, créant ainsi un récit stimulant sur l'immortalité et la condition humaine.

Le rythme peut paraître lent du fait de l'alternance de proses et d'illustrations, la partie bd se lisant beaucoup plus vite que les parties texte mais c'est ce qui fait l'originalité de cette album. 

Les illustrations à l'aquarelle sont magnifiques, c'est d'ailleurs ce qui m'avait attiré lors de mon achat. 



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A.D. After Death

Bien que difficile d’accès au premier abord, les éléments du puzzle se mettent en place à mesure que le récit avance et le plaisir de lecture s’intensifie du début à la fin.
Lien : http://www.bdencre.com/2018/..
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All new Hawkeye, tome 1

Je suis plutôt fan du travail de Jeff Lemire, mais en acceptant de reprendre les commandes de la série Hawkeye après l’excellent run de Matt Fraction et David Aja, le garçon s’attaquait à du très lourd. Il faut dire que les deux avaient réussi à remettre l’archer sur le devant de la scène grâce à une série particulièrement originale, primée aux Eisner Awards.



Pour la suite des aventures de Clint Barton et Kate Bishop, Jeff Lemire développe deux trames narratives qui se font écho au fil des pages. La première invite à suivre une mission secrète de Kate Bishop et Clint Barton dans une base de l’Hydra. La seconde se déroule dans le passé et revient sur la jeunesse de Clint et de son frère Barney, lorsque les deux gamins s’enfuient de leur foyer d’accueil afin de rejoindre un cirque. Etant donné que l’arme secrète sur laquelle travaille l’Hydra est un trio d’enfants aux capacités surprenantes, les deux récits se répondent intelligemment, donnant à Clint l’occasion de secourir des enfants, comme il fut aidé dans le temps.



Si Lemire excelle une nouvelle fois dans la caractérisation de ses personnages et qu’il développe à nouveau un récit particulièrement humain, Ramón Pérez s’en sort également très bien au niveau du visuel. Si sur la partie dédiée au présent il conserve un style qui se rapproche encore de celui de David Aja sur le run précédent, ce sont ses planches à l’aquarelle dédiées au passé de Clint qui font surtout mouche. Ces flash-backs aux teintes pastelles restituent en effet à merveille la sensation d’imprécision que peuvent avoir les souvenirs d’enfance.



Well done Jeff !



Retrouvez d’ailleurs cet album dans mon Top comics de l’année !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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All new Hawkeye, tome 1

Un album certes plaisant, mais qui souffre pour l’instant de la comparaison avec le rouleau compresseur que constituait la série au temps de Matt Fraction et David Aja.
Lien : http://www.actuabd.com/All-N..
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All new Hawkeye, tome 1

Après l’excellent Hawkeye (Vol. 4) servi par le duo Matt Fraction et David Aja entre 2012 et 2015, un autre duo prend le relais : Jeff Lemire et Ramón Pérez. Le présent tome contient les cinq parties de « Wunderkammer » qui forment All-New Hawkeye (Vol. 1) de 2015.



L’occasion de retrouver Clint Barton, Kate Bishop et le chien Lucky pour une aventure urbaine initiée par le S.H.I.E.L.D., sur les traces de l’Hydra et d’enfants mutés. Cette suite au run Fraction/Aja, inclus une alternance entre le passé des frères Barton et le présent d’une mission en-deçà de ce que présentait les précédents auteurs.



Niveau dessins, Pérez créé une continuité avec le style d’Aja mais aussi une rupture pour distinguer souvenirs et temps de l’action, passé et présent. L’enfance des Barton se reconstitue au pastel, sur des tons principalement mauve et orangé.



Si le présent récit est « complet », il appelle tout de même une suite anticipée par Marvel et qui deviendra All-New Hawkeye (Vol. 2), l’année suivante.
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All-New X-Men HS nº3

Avant d'entamer la saga IVX (Inhumans vs X-Men), plongez vous dans ce hors série d'All-New X-Men qui nous dévoile beaucoup de choses sur l'avenir des mutants et des inhumains.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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All-new X-Men, tome 1 : Refuge-X

Dès ce premier épisode, nous avons envie de lire la suite. Avec le dessin de Greg Land, nous ne sommes pas en reste.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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All-New X-Men, tome 3 : Égratignures

Avec All-New X-Men, Hopeless signe des histoires plus légères et plus fun. Mais, cela reste du bon divertissement. [...] Mark Bagley fait un boulot honnête au dessin, c'est propre et efficace.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Animal Man, tome 0 : Red Birth

Ce tome retrace les origines d’Animal Man, alias Buddy Baker, super-héros qui a la capacité de prendre les caractéristiques de tout animal autour de lui.

Ses pouvoirs lui ont été donnés par le Red, une assemblée d’animaux : un sphinx (le chat), un fourmilier géant, une girafe minuscule, et une créature qui a des cornes énormes partout sur son visage, qui semble être le chef. Il se battent contre le Green.

Contrairement à ce qu’ils font d’habitude, ils ne peuvent créer un nouvel avatar pour le moment. Ils décident donc de transmettre leurs pouvoirs à un humain déjà adulte : Buddy Baker. Ce dernier n’est donc qu’un avatar temporaire, seulement conçu pour protéger l’avatar suivant qui n’est pas encore né.

Il pense que ses pouvoirs lui ont été donnés par des extra-terrestres. Grace à ces pouvoirs, il devient un super-héros célèbre qui défend le véganisme, embrasse un gorille, sauve des enfants, etc.

Un soir, en rentrant chez lui, il a une discussion avec sa femme qui lui reproche de trop se mettre en danger et lui annonce qu’elle est enceinte.

Leur conversation est entendue par les membres du Green, décidément beaucoup plus moches que les gentils : ce sont des animaux et des hommes en putréfaction. Ils vont décider de laisser vivre l’enfant, pour l’instant…



Dans ce tome, on n’a pas le temps de s’ennuyer, tant il est court. On y découvre les différents personnages et les différents camps qu’on retrouvera au cours de la saga. C’est un tome d’introduction ordinaire, pas parfait mais qui donne envie de lire la suite.

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Animal Man, tome 1 : La chasse

EXTRAIT "Ambiance très différente de celle de Swamp Thing, un peu malsaine, pour tout dire. Mais très intéressante à suivre. Évidemment, comme nous suivons le représentant du Sang, et qu’il combat la nécrose, le gore est plus présentant qu’avec la Sève. C’est très intéressant de voir comment les deux scénaristes ont bâti leurs concepts communs, pour mieux les décliner chacun de leur côté."
Lien : http://chroniquesdelinvisibl..
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Animal Man, tome 1 : La chasse

Qu’Urban Comics inonde le marché de titres qui m’intéressent, c’est une très bonne chose, même si ça fait mal financièrement. Ce qui devient plus inquiétant, c’est qu’ils m’incitent de plus en plus à lire des récits qui ne m’intéressent pas à la base. Ce fameux relaunch « The New 52 » de DC Comics, rebaptisé « Renaissance » par Urban Comics, qui propose une remise à zéro des cinquante-deux séries de l’univers DC, offrant ainsi une nouvelle porte d’entrée à tous les néophytes, est à ce titre une véritable catastrophe budgétaire pour moi. J’avais déjà craqué pour "Swamp Thing", une entité faite de branches et de feuilles, qui s’amuse dans les marais et pour laquelle je n’avais aucune affinité. Et voilà que je récidive avec cette autre saga lorgnant vers l’épouvante, le fantastique et l’horrifique, qui s’avère étroitement liée avec Swamp Thing, puisque les deux se dirigent vraisemblablement vers un cross-over. Si, à l’instar de la remise à neuf de la créature des marais par Scott Snyder, le nom du scénariste, Jeff Lemire (Essex county, Monsieur Personne), m’attirait beaucoup sur cette couverture, je n’étais par contre pas trop fan du dessin de Travel Foreman.



Ce premier tome d’Animal Man contient les six premiers tomes de la série, c’est-à-dire un arc de cinq tomes qui présente les personnages et installe l’intrigue et un épisode indépendant sympathique, mais qui ne fait pas trop avancer le schmilblick. L’album invite donc à découvrir Buddy Baker, alias Animal Man, un ancien super-héros puisant ses pouvoirs dans le monde animal, qui est capable de reproduire les capacités des différents animaux. Rien de vraiment palpitant donc, surtout qu’il a mis de côté sa vie de super-héros au profit d’une vie familiale bien pépère. Mais le jour où il commence à saigner des yeux et que sa fille de quatre ans commence à développer des pouvoirs similaires aux siens, il se lance dans une quête visant à découvrir l’origine de leurs pouvoirs.



Le lecteur se retrouve alors vite plongé dans une aventure horrifique à l’ambiance glauque, où la famille de Buddy est traquée par des créatures surnaturelles. En découvrant que la fille est l’avatar du Sang, le lecteur fait vite le lien avec Alec Holland, l’avatar de la Sève et se retrouve donc à nouveau happé par ce monde étrange où trois puissances s’affrontent : la Sève (la flore), le Sang (les animaux, dont les hommes font partie) et la Nécrose (la mort) qui cherche à tout détruire. Ce n’est donc pas pour rien qu’Urban Comics a décidé de publier simultanément les premiers tomes de Swamp Thing et d’Animal Man, car les deux séries sont liées par la même menace.



La mise en place des personnages est parfaitement maîtrisée, la course poursuite est très vite prenante et les dialogues sont particulièrement soignés. Visuellement, ce n’est pas trop ma tasse de thé, même si les dessins assez gores de Travel Foreman collent finalement assez bien au ton de cette saga.



Pas du tout mon truc, mais c’est de nouveau très bien… au secours !!!
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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Animal Man, tome 1 : La chasse

Animal Man peut sans doute être considéré à juste titre comme un super-héros de seconde zone MAIS...quel formidable concept : posséder les aptitudes de n'importe quel animal ! Voilà qui parle inévitablement à l'enfant qui survit (tant bien que mal) au plus profond de notre être. Qui n'a pas rêvé de voler comme un oiseau, de nager comme un dauphin ou de courir tel le guépard ?



Créé, en 1965, par Dave Wood et Carmine Infantino, cet album nous présente les six premier épisodes du personnage version New 52. Scénarisés par Jeff Lemire et dessinés par Travel Foreman (sauf l'épisode 6 crédité à John Paul Leon), ils présentent un aspect horrifique assumé, auquel je ne m'attendais pas. Buddy Baker, qui n'a plus endossé l'identité d'Animal Man depuis longtemps, s'est engagé dans la lutte pour la protection des animaux et fait l'acteur dans un film indépendant (ce que nous apprend un article, au début). Mais une prise d'otage, à l'hôpital, l'oblige à reprendre du service et ce n'est pas pour lui déplaire...La nuit suivante, il fait un rêve étrange et peu de temps après, sa fille de 4 ans, Maxine, commence à manifester des pouvoirs morbides (façon Simetierre^^)



Animal Man va se retrouver embarqué dans une lutte millénaire entre les forces du vivant (lui qui tire ses pouvoirs de la Toile du Vivant, une énergie qui relie tous les êtres) et celles de la Nécrose. Son but ultime sera de protéger sa famille (sa femme, son fils Cliff et surtout sa fille, amenée à jouer un rôle important dans cette guerre éternelle).



J'ai vraiment apprécié l'aspect horrifique de l'ensemble. Le côté manichéen est tout ce qu'il y a de plus basique, rien de très novateur, malgré une touche de mysticisme. Le fait que l'ensemble de la famille soit mêlé aux aventures de Buddy entremêle enjeux personnels et universels et c'est plutôt bien vu. Par contre, je trouve que les scènes d'actions ne mettent pas assez en valeur le potentiel d'Animal Man.



En ce qui concerne le dessin de Foreman, je suis assez partagé. Certes, il ne se casse pas la tête avec les arrière-plans mais, j'aime globalement cet aspect minimaliste (renforcé par une colorisation assez monochromatique), à mi-chemin entre abstraction et pop art. Le découpage des planches est vraiment énergique et il apprécie particulièrement les cases tout en longueur et ne dédaigne pas quelques pleines pages. Par contre, je suis dubitatif par rapport à l'encrage (Dan Green et Jeff Huet) qui laisse une impression brouillonne. Le changement de dessinateur, pour le chapitre 6, est plutôt bien vu, puisque cet épisode nous narre l'histoire dans l'histoire, à savoir le film dans lequel Buddy a joué, film qui met en scène un héros au fond du trou (serait-ce un avertissement pour Animal Man ?)



L'album se termine par l'annonce d'un crossover avec Swamp Thing, un autre héros en lutte contre la Nécrose, et constitue un cliffhanger plutôt alléchant.



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Animal Man, tome 1 : La chasse

Ce premier volume d'Animal Man en VF est une bonne chose et est une très belle surprise que je vous invite à découvrir sans plus tarder.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Animal Man, tome 1 : La chasse

Ce tome contient les épisodes 1 à 6 de la série Animal Man, parus en 2011/2012. Il s'agit du redémarrage à zéro de ce personnage dans le cadre du projet New 52 qui a consisté pour l'éditeur DC Comics à redémarrer toutes ces séries à zéro, suite aux événements de Flashpoint.



L'histoire commence avec un article de magazine qui apprend au lecteur que Buddy Baker a arrêté de jouer au superhéros depuis plusieurs années, qu'il s'est engagé dans la défense des droits des animaux et qu'il vient de tourner un film où il joue le rôle d'un vieux superhéros sur le retour. Il fait part de ses impressions à sa femme sur le ton de l'article alors qu'elle prépare le repas du soir pour eux et leurs 2 enfants, Maxine (4 ans) et Cliff (9 ans). Ce dernier lui apprend qu'une prise d'otages est en train de se dérouler à l'hôpital voisin. Buddy Baker s'y rend et participe à la résolution du conflit. Il prend conscience de son plaisir à être un superhéros. La nuit suivante il est la proie d'un terrible cauchemar prémonitoire. Il en est tiré par sa femme qui l'appelle car les pouvoirs de Maxine viennent de se manifester.



Animal Man est un superhéros créé en 1965 par Dave Wood et Carmine Infantino. Il est surtout resté dans les esprits grâce aux 26 épisodes écrits par Grant Morrison (3 tomes en anglais, 1988 à 1990). Il a eu droit à un retour peu remarquable en 2009 dans The last days of Animal Man (en anglais) de Gerry Conway.



Cette fois-ci, ses aventures sont écrites par Jeff Lemire et illustrées par Travel Foreman, sauf pour l'épisode 6 dessiné par John Paul Leon. Jeff Lemire utilise le premier épisode pour présenter le héros, sa famille et ses superpouvoirs, en terminant sur la menace qui remet en cause le fragile équilibre qu'il vient de décrire. Les 4 épisodes suivants sont consacrés à la découverte de ce que recouvre la dénomination sibylline de "champ morphogénique", aux pouvoirs de Maxine, et à la nature des ennemis aux aguets. Lemire incorpore à son récit des éléments horrifiques et il joue avec la nourriture, la notion de viande et sa dégradation au fur et à mesure qu'elle se décompose et pourrit.



Cet aspect horrifique du récit est bien rendu par Travel Foreman qui sait trouver une visualisation dérangeante des idées du scénario. Dès la couverture, Foreman trouve une image mêlant le sang en train de couler à l'organe qui donne la vie au règne animal, à savoir le coeur. Tout au long des épisodes, il insiste sur le sang en tant que fluide vital, et sur la malléabilité des chairs. Sans que les dessins ne deviennent gores, ils présentent un caractère fortement incarné qui met régulièrement mal à l'aise, que ce soit lorsque du sang coule des orbites de Buddy Baker, ou quand les organes d'un individu sont exposés pour être réarrangés.



Le style de Foreman repose essentiellement sur des traits fins, sans variation d'épaisseur. Ce parti pris esthétique aère les cases dont les détails se perçoivent rapidement. Il mélange à la fois des éléments de la vie courante immédiatement identifiables (modèle de voiture, agencement de la cuisine des Baker, établissement de restauration, etc.), et des représentations mettant en avant le sang et les chairs. La faible importance des aplats de noir contribue à l'immédiateté de la lisibilité, mais son corollaire est un manque de substance, d'ombres et de texture des illustrations. Paradoxalement, alors que Foreman met autant d'informations visuelles dans chaque case que les autres dessinateurs, elles apparaissent un peu falotes, trop diaphanes. Heureusement il bénéficie de la mise en couleurs de Lovern Kindzierski qui choisit une palette peu commune pour renforcer les ambiances.



Le scénario de Lemire est à l'avenant des illustrations. Il confère lui aussi une personnalité forte à cette série en s'attachant à l'aspect ordinaire et "monsieur tout le monde" de Buddy Baker, en insérant quelques légères touches de sitcom dans les relations entre Buddy et sa femme. Il ne rentre pas dans le schéma classique de superhéros échangeant des horions avec le supercriminel durant le temps d'un épisode. Il a tôt fait de prendre une bifurcation pour plonger au coeur du sujet : le Rouge. Animal Man tire ses capacités morphogéniques de l'incarnation de la vie animale baptisée du nom de Rouge (Red, un peu comme Swamp Thing fait partie du Green). Buddy entraîne Maxine puisqu'elle a également fait montre de capacités hors du commun. Et c'est parti pour un récit alternant les séquences dans le Rouge, et les scènes de la vie plus si ordinaire que ça. Le fait est que Lemire expose adroitement les prémices de la série en peu d'épisodes, et qu'il met en branle la course-poursuite entre Buddy et Maxine d'un coté, les ennemis surnaturels de l'autre. Mais à la fin des 5 premiers épisodes, il ne reste pas grand-chose de plus. Cette impression sera d'autant plus vive si vous connaissez déjà le personnage et une partie de ses histoires antérieures.



L'épisode 6 est consacré au film tourné par Buddy Baker en tant qu'acteur, que le lecteur a l'occasion de visionner. C'est l'occasion pour Lemire de faire ressortir les originalités de Buddy Baker par rapport à un superhéros désabusé à la mode Vertigo. C'est également la raison pour laquelle la majeure partie de cet épisode est illustrée par John Paul Leon, pour donner un aspect graphique différent au film qui insiste sur le contraste avec les "vraies" aventures d'Animal Man. Cet épisode fonctionne bien et permet d'accentuer les particularités de Buddy Baker et sa famille par rapport à la production habituelle des comics.



Pour un premier tome, la relance de ce personnage constitue un bon départ, mais le lecteur aurait été en droit d'attendre un peu plus de consistance dans le scénario. Les illustrations tiennent le pari risqué d'un équilibre entre réalisme, lisibilité et visuels horrifiques. Foreman fait preuve d'un bon sens de l'horreur visuel, même si ses illustrations donnent une impression de manque de profondeur. Il constituera certainement une lecture plus satisfaisante pour ceux qui ne connaissent pas Animal Man, un peu moins originale pour ceux qui se souviennent de son passage chez Vertigo.
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Animal Man, tome 1 : La chasse

Publié en octobre 2012 en même temps que Swamp Thing, ce premier tome d’Animal Man dans la Renaissance de DC Comics a enfin fini dans mon escarcelle, après plusieurs mois d'hésitation.



Œuvre de Jeff Lemire et de Travel Foreman, cette entrée en matière se veut multifonctionnelle : non seulement elle doit permettre une introduction convenable à un nouvel univers, mais en plus elle réintroduit un personnage déjà très profond dans un monde où doivent exister les Superman, Batman et autres Wonder Woman, tout en construisant un futur crossover avec Swamp Thing (l’autre série-phare du fantastique chez DC Comics) de manière très rapide. De ce point de vue-là, c’est réussi. Jeff Lemire conduit son scénario de main de maître et, malgré quelques fils conducteurs un peu trop voyants, les scènes d’action sont plutôt bien justifiées.

Il ne faut, malgré tout, pas tout mettre au firmament, car en effet le début est franchement poussif et aurait mérité, à mon avis, une vision moins centrée sur la fille d’Animal Man, qui, en tant que petite fille, est un peu agaçante, même si elle en devient un peu touchante progressivement. Même la mise en place des pouvoirs d’Animal Man, ou leurs rappels plutôt, m’a gêné. Enfin, le trait de Travel Foreman divisera plus qu’il ne créera le consensus : autant les visuels animaliers sont dantesques et puissants comme rarement, autant les visages humains et beaucoup de fonds m’ont paru bâclé, voire inexistants.



Bref, une bonne entrée en matière pour un personnage que je ne maîtrise pas du tout, mais qui permet de varier efficacement du super-héros habituel. Ce premier tome est délicat à saisir et cerner, trop peut-être pour une introduction, c’est certain. En revanche, même si le cliffhanger est bateau, il donne envie d’aller plus loin en suivant ou non la série Swamp Thing en parallèle (que j’avais préférée, malgré tout).



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Animal Man, tome 1 : La chasse

Animal Man est un super héros qui, malgré ses 50 balais, n'est pas vraiment connu en France, et pour cause.

Primo, il est dans l'écurie DC, et celle-ci, sans vouloir refaire l'historique, n'a jamais vraiment pu s'installer dans l'hexagone.

Deuxièmement, il faut avouer qu'il n'a jamais eu une carrière mémorable (si on fait exception du passage de Grant Morrison dans les années 80-90)



Et le voila qui se repointe chez Urban, suite aux événements de New 52.



Tout l'intérêt de ce héros-totem est cette relation nouvelle avec l'univers du Sang, qui permet à la série de basculer dans un univers fantastique horrifique, à l'image de la série Swamp Thing qui est son pendant végétal.



Une découverte intéressante et un comics adulte de qualité.

Vite, le tome 2 !
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