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Critiques de Jian Ma (111)
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La route sombre

C'est un roman à la fois violent (très violent) et plein de tendresse qui met en scène une mère voulant à tout prix s'occuper de ses enfants malgré la politique de l'enfant unique en Chine dans les années 70.

Le lecteur est plongée dans l'horreur qui monte crescendo jusqu’à son paroxysme à la dernière page du livre. Mais chut, ne spoilons rien...

C'est fort, intense, insoutenable même parfois mais réel. C'est donc ça l'être humain? Qui, quand il est conditionné étouffe des bébés pour les vendre à des restaurants? Les arrache à leur mère pour les prostituer?

Et je passe les autres détails sordides...



L'intensité de la narration m'a poussé à mettre 5 étoiles. On ne sort pas indemne de ce roman. A lire absolument !



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La route sombre

Mots-clefs : Chine, enfants, planning familial, corruption, pollution, fatalité, espoir ? .

Chaque chapitre de ce livre commence par l'énumération de mots clefs annonçant le récit qui sera fait et ces récits relatent la vie d'une pauvre famille rurale chinoise obligée de fuir leur village pour échapper au planning familial qui veut faire avorter la mère Meili, enceinte de son deuxième enfant.

En effet nous sommes en Chine dans les années 90 et la politique de l'enfant unique sévit. Konghi, le mari est issu de la dynastie de Confucius et veut impérativement un fils pour la continuation de la lignée. S'en suit une longue errance où la famille subit l'humiliation, la déchéance, la corruption, les métiers dangereux, les taxes, l'espoir. L'espoir c'est aussi pour Meili qui espère se libérer du joug de la domination des hommes, qui espère devenir libre, chef d'entreprise et maître de son corps.

Un livre dur, très dur, rien ne nous est épargné, les violences physiques, psychiques, les descriptions d'avortement sont insoutenables mais il faut lire ce livre pour découvrir la vraie Chine, vécue par les parias de la société et non les belles images renvoyées par les médias; Une découverte littéraire importante pour moi.
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Chemins de poussière rouge

Ma Jian est artiste : peintre, poète et photographe. Il est suspecté dans le cadre de la campagne contre la pollution spirituelle menée sous Den Xiao Ping dans les années 1980, après que les autorités aient appris que, lors d'une soirée, des amis avaient dansé joue contre joue. Quand tous ses collègues commencent à le battre froid et même ses amis lui conseillent de partir, Ma Jian se décide à quitter Pékin et entreprend un périple à travers toute la Chine.



Ce périple devient vite un voyage initiatique où l'auteur, puisque c'est un récit autobiographique, cherche une raison à sa vie.



A lire ce récit, je me suis demandée comment il avait pu s'habituer à sa vie londonienne, car c'est là qu'habite aujourd'hui Ma Jian.



Une très belle lecture.



La photo de couverture est une de ses oeuvres.

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Beijing coma

4 Juin 1989 - Place Tienanmen

Un ouvrage essentiel pour comprendre la Chine contemporaine. Plus qu'un roman, on est plongé dans les souvenirs d'un étudiant dans le coma, c'est une véritable enquête sur les rouages d'un pouvoir, et de l'emprise de celui-ci sur l'ensemble de la population chinoise. Le livre est dans la lignée d'un Soljenitsyne.
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La mendiante de Shigatze

Liangchu nide Shitai

Traduction : Isabelle Bijon



Ce mince recueil paru chez Actes Sud comporte cinq nouvelles ayant toutes pour thème la civilisation tibétaine, que Ma Jian examine d'un oeil fasciné mais impartial.



La première nouvelle, "La Femme en Bleu", évoque le destin de Mima, jeune Tibétaine morte à dix-sept ans sans avoir pu donner naissance à l'enfant qu'elle attendait. Si bref qu'il ait été, son destin aura été marqué au sceau du tragique : troquée tout enfant contre neuf peaux de mouton, donnée en mariage à deux frères brutaux et alcooliques, elle n'aura connu que de très rares instants de bonheur aux côtés d'un soldat chinois en garnison à Langkatze. Instants volés et tenus secrets que le soldat anonyme, interrogé par le narrateur, considère comme autant de pierres précieuses. La nouvelle s'achève par la vision des vautours s'abattant sur le cadavre qui, selon l'usage, leur est offert, pièce par pièce, par les plus proches parents de la défunte, à savoir ses maris.



Moins intense et plus bref, "Le Sourire du Lac du Col de Dolm" relate le retour parmi les siens d'un jeune Tibétain parti faire des études à la ville. A la fois heureux et gêné de retrouver sa famille si semblable et pourtant si différente, il se remémore son enfance et prend peu à peu conscience que, en dépit de ses racines, beaucoup de choses se sont transformées en lui.



La troisième nouvelle, "Le Chörten d'Or", est une histoire d'adultère entre un apprenti et la femme de son maître. L'époux, maître Sangboutza, a été chargé par un monastère de construire un chörten, c'est-à-dire une sorte de pagode destinée à abriter les cendres d'un saint, et de le recouvrir d'or. Au sommet, une flèche tout en or qui scellera le destin de Koula Djouli, l'épouse adultère et avide.



La quatrième nouvelle, celle qui donne son titre au recueil, est peut-être la plus horrifiante. La pauvreté morale et sociale engendrée par l'ignorance, l'alcool et la tradition y va jusqu'au bout de l'extrême et, une fois de plus, le lecteur constate que le statut de la femme tibétaine est loin d'être enviable même si l'on en parle peu.



"L'Ultime Aspersion" enfin, sur lequel se clôt l'ouvrage, tire à boulets rouges sur certains rites à connotation fortement sexuelle imposés par la religion. Ici aussi, c'est la femme qui en fait les frais, bien évidemment.



On s'étonnera peut-être de découvrir autant de puissance et de violence dans des textes si courts. On s'étonnera plus sûrement de découvrir un Tibet glauque, pétri de traditions sanglantes et arriérées, en totale contradiction avec l'éternel sourire du Dalaï-Lama. Certes, on peut toujours prétendre que Ma Jian est chinois. Mais, vu son parcours, on ne saurait guère le suspecter de propagande envers le régime de la République populaire de Chine. La vision du Tibet qu'il donne ici est bien une vision personnelle et acquise sur le vif, dans un mélange d'étonnement, de dégoût, d'horreur et, répétons-le, de fascination.



Pour vous faire votre avis, lisez ce petit livre mais attention : avec ses passages "bruts de décoffrage", il risque de choquer les âmes sensibles. Quoi qu'il en soit, il ne laissera personne indifférent.

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Nouilles chinoises

Après avoir lu différents auteurs ayant écrit sur la révolution culturelle chinoise, Ma Jian est pour moi le plus compétent pour nous amener dans une chine à deux facettes, celle du peuple et celle dépeinte par l'état.



Nouilles chinoises est un roman de nouvelles contées par un personnage étant écrivain et qui se doit d'écrire sur le nouveau représentant travailleur de la nation.



Ne souhaitant pas opter pour un personnage trop représentatif du parti il jette son dévolu tantôt sur des cas isolés de la société chinoise qu'il contemple de sa fenêtre , tantôt sur des personnages croisés dont il narre les péripéties les estimant bien plus éloquents.



Au sein de ces nouvelles , l'écrivain , homme idéaliste ne gagnant pas sa vie mais souhaitant évoquer les travers de son pays , débat sur ces parcelles de vie et la situation de la nation avec un donneur de sang impartial à la solde du parti ayant fait fortune grâce à l'hémoglobine.



Après son chef d'oeuvre " Beijing Coma" , ma Jian nous plonge dans une chine grotesque et déconcertante de réalité.



Un livre sur la révolution culturelle, ses failles et toute son atrocité , le tout sous la plume magistrale , parfois onirique mais toujours cynique de Ma Jian.
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Beijing coma

Que dire sur Beijing Coma ? Un livre poignant ? Oui mais pas que… Une ode aux idéaux ? Certes, mais ce serait éluder une partie du message principal de l'œuvre… Un livre-témoignage ? Certes, mais encore …?



Beijing Coma nous amène à suivre le quotidien d'un étudiant chinois qui s'éveille au militantisme dans la Chine des années 80. Des soubresauts de la révolte étudiante au cœur du mouvement de Tian An Men, le lecteur suit dans le détail l'évolution du personnage principal et de sa bande. Ou comment des jeunes "agités" de province parviennent à devenir les leaders d'un mouvement qui fit trembler le PCC pendant des semaines.



Comme son titre l'indique, Beijing Coma, c'est aussi une incursion dans le quotidien d'un comateux. Tout est raconté du point de vue omniscient, et l'auteur réussit le prodige de nous décrire à travers les oreilles d'un malade à la fois ce que ressent un "légume" et les évolutions de la société chinoise post-Tian An Men.



Beijing Coma est franchement une œuvre magistrale, mais malheureusement, un peu trop "roman fleuve". Une foison de détails sont donnés, on se perd parfois dans la multiplicité des personnages, on consacre de nombreuses pages à des évènements somme toute banals. Critique inhérente aux sujets abordés : on peut en ressortir légèrement désespéré si on ne prend pas un peu de distance.
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Beijing coma

Une de mes lectures préférées de ces huit dernières années, un immense coup de coeur et, à l'issue de la lecture, l'envie irrépressible de partager mon enthousiasme avec mes amis lecteurs.

Pourquoi ai-je autant apprécié cette histoire chinoise rebelle ? Peut-être parce que j'avais vingt ans en 89 comme le héros Dai WeiWei.

1989, année de la chute du communisme : chute du mur à Berlin et ouverture à l'est, pérestroïka en URSS, exécution du couple Ceausescu en Roumanie, et Tien an Men, centre de ce roman.

Le narrateur a été frappé par une balle en pleine tête dans la nuit du 4 au 5 juin 1989 et de son lit de convalescence chez sa mère, plongé dans le coma, il raconte sa jeune vie marquée par le grand bond en avant, la disgrâce de son père membre du parti déviant, ses premières amours estudiantines et son engagement auprès des camarades contestataires de la place Tien an Men. Le récit de l'occupation de la place tient une place essentielle dans le roman, mais jamais l'histoire de la lutte ne nous épuise.

L'issue de la vie du jeune héros surprend, elle ne sera pas révélée par mes mots. Mais quelle histoire, quelle Histoire !

L'engouement a frappé plusieurs de mes amis ; j'ai cependant dû passer par un challenge (une fiche de lecture produite sur mon mail par le premier ami et j'offre un bon restaurant) pour compter parmi les miens des amateurs de ce grand roman contemporain, et donc des débatteurs éclairés (dont certains inattendus)

Si vous souhaitez balayer l'histoire récente de la Rébublique populaire de Chine, du grand bond en avant à la célébration des jeux olympiques de 2008, avec ce focus incontournable et magnifiquement restitué sur les événements de 1989 vous tenez en main un excellent guide.

Livre à relire ? Certainement à ma retraite avec l'espoir de retrouver le frisson de la première lecture
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Chemins de poussière rouge

Chemins de Poussières Rouges ou les tribulations d'un Chinois en Chine. Ma Jian lui même raconte son odyssée terrestre, parti libre de Pékin démissionnant de son poste " de photographe au département de la propagande étrangère", il terminera son périple, plusieurs milliers de km, comme un fugitif recherché par la police.

Le lancement de la "campagne contre la pollution des esprits" va l'achever.L'achever de le convaincre de partir.Fuir comme le suggère Laborit dans l’Éloge de la Fuite.

Que lui reproche t-on ; « dites moi si j'avais imprimé le titre en blanc sur fond noir m'aurait-on accusé de vouloir blanchir le noir ?

Destinée loufoque où page 48 il doit se mettre à « l'écriture de mon autocritique », comme photographe pour la presse étrangère il doit veiller à publier le large sourire des ouvriers, même devant des hauts fourneaux.

Et devant la sécurité , il clame " je n'ai rien à cacher" ajoutant goguenard,  "si je devais choisir quelqu'un pour le titre de travailleur modèle à Pékin j'inscrirai mon nom en début de liste".

Cet étonnant voyage depuis Pékin jusqu'au Tibet sans oublier Shenzhen tout proche de Hong Kong, et Qingtao sa ville natale, est aussi un voyage dans le temps,le pays est si vaste que les nouvelles dispositions « libertaires » du gouvernement communiste ne sont pas encore connues ou appliquées.

Des règlements stupides mais source de taxes sont parfois encore en vigueur comme cette interdiction de coucher à l’hôtel avec une personne si vous avez avec elle moins de 70 ans d'écart d'age.

Les verbalisations sont alors fréquentes, tout à la joie des autorités locales qui se gavent sur les gens de passage.

Plus glauque est ce village de lépreux loin de tout qui doit vivre en totale autarcie. Désespérant aussi sont ces villages où des enfants glanent dans la rue les moindre grains de riz.

Il va réussir a vivre de ses écrits, grâce à ses amis qu'il rencontre ça et là car la littérature se vend bien et surtout la poésie, malgré ses vraies fausses lettres d'introduction, il sera aussi mis en cause par ses écrits subversifs car exposant la réalité.

La boucle sera bouclée avec sa nouvelle philosophie « Le bouddhisme qui enseigne à l'homme la transcendance du monde matériel et lui apprend à considérer que la vie et la mort sont sans importance. ».

Il prend peu à peu ses distances avec la vie, trop c'est trop, il doute de l'espérance, quand depuis des mois on lui interdit de voir sa fille,

« Le christianisme qui pousse l'homme à chérir la vie et à craindre la mort », est il louable dans ce pays ou l'individualisme a gangrené tout un peuple ?
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La route sombre

On m'a offert ce livre connaissant mon intérêt pour la Chine. Je ne connaissais que très peu le sujet: le contrôle des naissances. Et bien il vaut mieux être un lecteur averti car ce livre n'est pas édulcoré et relate toute la violence et l'horreur de cette politique. Les femmes qui sont séquestrées, avortées de force dans la rue (peu importe le stade de grossesse), violées pour les punir... Des foetus qui gisent dans des bassines qu'on se prend de pleine face. Horrible!

Ces femmes tiraillées entre leur mari qui souhaite à tout prix un descendant mâle et cette politique de répression de l'enfant unique. Ces femmes condamnées, assujetties à l'homme: à leur mari, au fils qu'elles doivent engendrées, à ces agents hommes qui les terrorisent. Ces femmes tiraillées entre les traditions très ancrées dans les villages et la modernité qui vient des villes. Cette modernité, le capitalisme communisme, qui s'imposent avec violence aux villageois: on détruit leur tradition, on détruit leur village, on détruit leur nature.

Ces traditions qu'on relègue aux musées, au tourisme, sont encore très présentes, sont l'identité des villageois.

Parmis tout ce récit sombre, il y a Meili, 20ans, femme de Kongzi. Son devoir: engendrer le descendant mâle de Confucius. Son mari est un érudit enfermé dans ses traditions, elle, elle a quitté l'école à 8ans. On suit l'émancipation de Meili. Elle rêve de modernité, de liberté, d'indépendance financière... Elle a un regard critique sur les traditions et sur les changements de son pays, n'en déplaise à son mari. Elle apporte beaucoup d'humanité au récit, sans quoi la lecture serait trop insupportable.
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La route sombre

Un récit sublime autant qu'horrible, un tableau cauchemardesque du contrôle des naissances en Chine, où le Planning familial fait régner la terreur auprès de la population...

Cruel dilemme pour l'héroïne Meili, harcelée par un mari obnubilé par la nécessité d'une descendance masculine, afin de sauver l'honneur de sa famille, et la loi de la politique de l'enfant unique...

Politique qui interdit un deuxième enfant ou ne l'autorise qu'au prix d'une forte amende, beaucoup trop élevée pour les populations rurales, pauvres et ayant déjà du mal à survivre...

Les actions mises en oeuvre pour faire respecter cette loi, telles que la stérilisation et l'avortement forcés de milliers de femmes, sont extrêmement violentes et incitent certains à fuir leur terre natale et à partir comme vagabonds à travers le pays avec la peur au ventre ( des femmes ) d'être arrêter voire tuer par les agents du contrôle des naissances...

L'histoire de cette famille semble émerger d'un autre temps... pourtant il s'agit bien du notre... et l'on navigue tout au long du livre, comme sur un bateau par gros temps, le coeur au bord des lèvres tant le désarroi, la désolation, la tristesse sont palpables dans cette marée infecte et polluée...

Que dire quand l'utérus des femmes appartient à l'Etat ?...

A lire absolument - âmes sensibles s'abstenir -



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Chemins de poussière rouge

Pékin, milieu des années 80.

Mo Jian, écrivain, poète et photographe, est sur la liste rouge des autorités Chinoises. Son appartement est régulièrement visité et fouillé. Ses articles, publiés dans la Presse spécialisée, sont, aussi, souvent censurés. Et sa vie personnelle va à vau l'eau; il divorce et son ex-femme ne souhaite plus qu'il voie sa propre fille..

Mo Jian, se voyant dans une impasse, décide de parcourir son pays, alors en pleine mutation économique, et d'aller à la rencontre des peuples qui constituent la République Populaire de Chine.

Il faut savoir que dans les années 80, la population, marquée par la Révolution Culturelle de Mao (essayant de saper les valeurs traditionnelles et notamment religieuses du pays), est sur le point de vivre un grand changement avec l'avènement du capitalisme à la Chinoise.

Mo Jian nous donne à voir ces évolutions plus ou moins rapides selon les endroits où il se trouve. Il traverse les steppes, les déserts, les paysages de rizières à pied ou en transport en commun. Il rencontre de nombreuses ethnies, notamment dans les vallées perdues du Yunnan. Il discute avec des dissidents, des artistes et des bouddhistes.

Mo Jian, qui vit aujourd'hui en Europe, nous donne ici plus qu"un récit de voyage. Il dit haut et fort ses doutes sur le fonctionnement policé des autorités et l'interdiction quasi totale de la liberté d'expression.

Mo Jian est considéré comme une grande voix dissidente de la Chine d'aujourd'hui, et il me donne envie de lire ses autres livres.
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La route sombre

La route sombre raconte comment la politique de l'enfant unique, mise en place à la fin des années 70 (quelque peu adoucie en 2013 seulement), a condamné des milliers pour ne pas dire des millions de familles à fuir pour échapper aux foudres du planning familial. Il s'agit bien d'un roman qui s'attache aux pas d'un couple qui attend un deuxième enfant, en toute illégalité donc, mais la fiction ne fait que refléter une réalité avérée d'une violence à peine imaginable. Avortements sauvages, viols, centres de détention et de "rééducation", corruption, bébés morts flottant sur les fleuves : le tableau est d'une horreur totale et la tentation est forte de refermer le livre avant la fin. Un cauchemar. En Chine, le ventre des femmes appartient au gouvernement et quiconque s'oppose à cet état de fait s'expose à toutes les "punitions" possibles, jusqu'à la mort.



Un roman terrible, atroce et insoutenable par instants. Ce livre raconte la condition féminine sous le joug d'une politique familiale de l'enfant unique. Les personnages évoluent en permanence dans un milieu pollué et nauséabond le délire de l'héroïne, à la fin du livre peut surprendre le lecteur, mais ce superbe roman reste un témoignage sur l'apocalypse humain et environnementale en Chine dans les années 1990.
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La route sombre

Aux analyses précédentes portant bien entendu sur l'abomination du contrôle des naissances dans la Chine contemporaine et sur la très grande dureté du récit, je soulignerai le thème récurrent du problème écologique dans ce pays et de la pollution avec le  « point d'orgue  »  de la ville de la Commune céleste (décharge de Guiyu, me semble-t-il) aboutissement du périple des personnages, véritable apocalypse environnementale et humain de notre époque.

Roman à la fois extrêmement réaliste mais aussi tour à tour lyrique et poétique-dans la lignée de la littérature chinoise actuelle-La Route sombre est un récit engagé et très courageux, un très gros « poids lourd » littéraire de cet automne 2014.

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Chemins de poussière rouge

Ma Jian est un auteur dissident chinois, Gao Xingjian le prix Nobel de littérature de l’année 2000 en fait une des voix les importantes et une des plus courageuses de la Chine actuelle. N’ayant lu que ce livre-là de Ma Jian je ne peux pas en affirmer autant, cependant il est vrai qu’à première vue il n’a pas tort, car dans ce livre l’auteur ne se montre pas tendre envers le régime chinois, mais en plus à côté de ça il donne à voir une autre face de la Chine. Qui est une face oubliée, pauvre, misérable, traditionnelle, mais aussi multi-traditionnelle malgré le fait que ça soit qu’une Chine sur la carte. En cela c’est vrai que Ma Jian est une voix pour cette Chine oubliée et aussi pour les victimes de ce régime communiste chinois, lui-même en a été victime en tant que journaliste – artiste, ce qui est le point de départ de ce livre d’ailleurs.



Cela dit même si Ma Jian se montre assez critique sur ce régime unique, ce n’est pas ce que j’ai retenu en premier lieu dans ce livre. Non. Pas du tout. De même pour la quête spirituelle, bien que je l’ai énormément appréciée même si ce n’est pas ce qui a de plus mis en avant.



En fait ce qui m’a vraiment plu dans ce livre, c’est cette découverte de la Chine profonde et quasiment oubliée du gouvernement chinois. Une Chine éloigné de la mondialisation et de ses richesses. Une Chine pauvre, du système D, un peu sauvage et malhonnête ; où les traditions, les superstitions, sont encore très présentes, du moins à l’époque du voyage dans les années 80, depuis ça a pu changer. Mais même s’il est possible que ça ait changé, c’est vraiment quelque chose qui m’a marqué car parfois c’était juste purement dégoûtant, ou même carrément peu scrupuleux, honnêtement le côté traditionnelle et superstitieux m’a bien moins dérangé.



Un dernier point qui m’a rendu aussi admirative de ce livre, donc de l’auteur, c’est la facilité que Ma Jian possède pour s’adapter à toutes les situations. Vous vous doutez bien que ce voyage à travers la Chine (même si je crois qu’il a été un peu romancé) n’a pas été sans danger et sans problème, et pourtant malgré cela, toujours l’auteur a trouvé un moyen pour gagner deux sous, ou pour se sortir d’une situation fâcheuse ou dangereuse – quitte à mentir ou autre.



Et personnellement cela me rend admirative, car



(suite blog)
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Chienne de vie

Yao Jian se rappelle de son professeur de dessin, Monsieur Xu Quanyu. Il y a plus de 20 ans, celui-ci donnait des cours au narrateur et son ami Shi Zhe. Mais il était mal vu d’être de droite pendant la révolution culturelle chinoise, Xu Quanyu va connaître la déchéance. Par petites touches et l’évocation de souvenirs, il se rappelle ses rencontres avec ce professeur, celui qui lui a fait découvrir l’art. Mais ses rapports avec son maître ne sont pas toujours bons.

Les allers-retours entre passé et présent m’ont un peu perturbé mais l’histoire est poignante. C’est une véritable accusation du système chinois par Ma Jian. D’ailleurs, à la parution de celui-ci en 1993, il fait connaître la réalité chinoise au monde et est contraint de fuir la Chine.

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Chemins de poussière rouge

ux éditions de l'Aube, un passionnant et autobiographique récit de voyage : Chemins de poussière rouge de Ma Jian, un chinois exilé à Londres avec donc une écriture tout à fait occidentale.



Dans les années 1980, Ma Jian est un intellectuel dissident à Pékin, et pour fuir les tracasseries politiques, il se lance dans un périple à travers la Chine de Den Xiaoping : un voyage très pittoresque, riche de culture et vraiment passionnant dans les profondeurs de l'immense Chine, du Pacifique aux déserts et jusqu'aux confins du Tibet.



Un roman qui vient en contrepoint des romans policiers de Qiu Xiaolong et en écho au film Shanghaï Dreams.
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Beijing coma

Les souvenirs sont d’abord épars. Des instants de vie du petit garçon, du jeune adolescent qu’était Dai Wei, des premières années d’études. On y découvre la répression, la réforme agraire, la condamnation de son père comme « droitiste ». La dénonciation de « crimes » plus futiles les uns que les autres, la cruauté, les meurtres, la barbarie. Les horreurs de la Révolution culturelle se révèlent à nous en même temps qu’au narrateur. Des aberrations, des détails horrifiants. J’ai appris beaucoup de choses sur cette période que je ne connais que de manière très superficielle.

Mais cette époque est aussi celle de la vie à l’université du Sud. Le récit de Ma Jian est très vivant, très ancré dans une réalité. Il nous plonge dans ces dortoirs bruyants, nous fait ressentir la promiscuité, respirer les odeurs de parfum et de sueur. Il raconte le sexe et l’amour et la conscience politique qui s’éveille. C’est un tourbillon étourdissant – et un peu oppressant pour qui est habitué à un certain espace personnel… – d’étudiants et étudiantes, de discussions sans fin, de livres prêtés et de cigarettes échangées.



Puis le récit ralentit tandis que Dai Wei rejoint l’université de Beijing. Il prend son temps dans les années et les mois qui précèdent Tiananmen. Les rêves de partir en Amérique, les prises de conscience des abus du pouvoir, les événements déclencheurs, les revendications, les premières manifestations, qui se transforment en sit-in, en grèves de la faim. De la même manière qu’il nous a introduit dans l’intimité des dortoirs, Ma Jian nous entraîne sur la place occupée. Au milieu des banderoles et des détritus, on subit avec les étudiants le soleil harassant et les pluies torrentielles qui s’abattent soudainement et ravagent tout. On connaît l’exaltation et les pertes de courage, la déstructuration, les dissensions, les ambitions et les luttes internes de pouvoir apparemment inéluctables. À travers cette œuvre de fiction, sous des personnages, on découvre les leaders de ce mouvement étouffé dans le sang et la violence, celles et ceux qui ont, en vain, voulu changer leur pays et leur vie.

Le roman nous fait vivre ces événements jour par jour, heure par heure presque. Et là, les pages m’ont parfois paru longues. Si la première partie défile à toute vitesse (sur le jeune Dai Wei, l’université du Sud), elle ne représente finalement pas grand-chose sur la globalité du roman et le récit s’englue alors dans les événements détaillés, les noms, les discussions, les querelles, les prises de pouvoir sur la place, etc. Le récit se fait parfois tellement clinique qu’il perd de sa force et de son intérêt.



Heureusement, le récit est alors redynamisé par les extraits du « présent » de Dai Wei, plongé dans le coma, narrés parallèlement à ses réminiscences. La chronologie progresse par ellipses. Depuis le corps inerte de Dai Wei, on découvre son quotidien fait de sons et de senteurs, les visites des anciens amis, les traitements (médicaments, Qi Gong, manipulation des énergies…), les personnes douces ou abusives, le désamour d’un frère… Et puis, il y a cette mère. Omniprésente pour son fils, elle qui avait déjà tant souffert de la disgrâce de son mari. Cette femme qui s’épuise, qui se décourage, mais qui continue, cette femme qui fait des choix, qui trouve du réconfort où elle le peut… Le Qi Gong apparaît dans sa vie, puis le Falun Gong. Une pratique qui finira par lui valoir les persécutions du régime, comme un cycle familial sans fin.



Ma Jian, évidemment censuré en Chine, rend hommage aux victimes de la place Tiananmen et à leur engagement pour la liberté d’expression. C’est un roman puissant, sensoriel, instructif et révoltant. Il raconte la vie, la dictature, l’espoir, la cruauté… Il était long certes, mais c’est une lecture intense que je ne regrette pas.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Beijing coma

Le chef d'oeuvre de Ma Jian.

L'auteur décrit jour par jour la révolution culturelle de 1989 sur la place Tianamnen lors de la répression du mouvement étudiant .

Le personnage principal ,Dai Wei, étudiant , est plongé dans un coma profond qui durera 10 ans après avoir été victime d'une balle dans la tête lors de l'affrontement avec le pouvoir communiste. Surgissent alors dans ce corps inerte les souvenirs , les réminiscences sur la politique dictatoriale , les massacres d'une société muselée et opprimée. Beijing Coma c'est le choc d'un gouvernement contre l'opposition des droitistes dissidents , le déchainement des autorités sur un peuple qui n'évoque que les notions de liberté.

Après "Chemins de Poussière rouge " Nouilles chinoises " " La route sombre " Ma Jian continue de décrypter et dénoncer l'hypocrisie et la répression d'un système. Il est la voix de la population et des minorités

A la lecture de Beijing Coma , nous sommes plongés dans l'horreur face à l'une des plus grandes dictatures qui garde à son actif des milliers de morts .

Bouleversant.
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China dream

"China dream", Ma Jian, 2019, Flammarion



Ma Daode est directeur du "Bureau du rêve chinois", dont la mission est d'effacer de la mémoire collective tout souvenir sale, cruel, sanglant qui pèse sur l'histoire de la Chine: la grande famine, la décennie sanglante de la révolution culturelle, l'exploitation des travailleurs, les exactions, les emprisonnements, les expropriations…

L'objectif est d'aller vers l'avant, d'accomplir le rêve chinois du président Xi Jiping pour faire de la Chine, en 2049, au centenaire de la fondation de la République Populaire de Chine, le nouvel ordre mondial.



Ma Daode, personnage fictif, est chargé de contrôler et de mettre en œuvre cette amnésie collective: il imagine la fabrication d'une puce électronique à implanter dans les cerveaux du peuple.

Mais le voilà contraint à l'urgence: ses propres souvenirs d'horreur et de carnage le submergent. Plus il échafaude son plan, plus le passé ressurgit; un passé où il a tué, vu tué, massacré, vu massacré, un passé où il est allé jusqu'à laisser massacrer ses propres parents, humiliés quotidiennement en place publique.

Dans un pays où aucune incartade n'est autorisée, Ma Daode peut-il encore espérer œuvrer pour le nouvel ordre chinois sans être démasqué?



La construction de ce récit est particulière: les événements présents et passés s'alternent en permanence avec un simple changement de typographie. Pour autant, je n'ai jamais été perdue.

N'étant pas une fine connaisseuse de l'Histoire chinoise, l'avant-propos m'a bien aidé. Je suis d'ailleurs allée le relire à la fin.



J'ai savouré cette lecture: un récit subversif, drôle, sarcastique, monstrueux et bien écrit, qui en 200 pages en dit long sur la mainmise de la Chine sur le monde. Une bonne découverte!



Ma Jian est interdit de séjour en Chine, aucun de ses livres n'y sont publiés.



Traduit de l'anglais par Laurent Barucq


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