Il y a une différence entre l'isolement et la solitude, entre le sentiment de solitude et la capacité d'affronter seul et en toute lucidité les événements, sans tomber dans la confusion, ni se laisser contaminer.
C'est au panorama entier de la vie que nous nous intéressons — pas à un segment, à un fragment d'existence, mais à tout ce que l'on fait, pense, ou ressent, donc au comportement global des êtres humains. Et puisque c'est l'ensemble de l'existence qui nous intéresse, nous ne pouvons absolument pas prendre en compte ce fragment isolé qu'est la pensée — et vouloir résoudre par son intermédiaire tous nos problèmes. La pensée peut s'arroger l'autorité requise pour rassembler les fragments épars, mais ces fragments, c'est elle-même qui les a créés. Nous sommes conditionnés à penser en termes de réussite, de progrès graduels. Les gens croient en une évolution psychologique, mais l'idée selon laquelle le “moi” psychologique pourrait être autre chose qu'une projection de la pensée est-elle vraiment fondée ?
p. 13