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Critiques de János Szekely (40)
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L'enfant du Danube

864 pages , moins de trois jours ......Ça, c'est pour moi , un fait bien plus parlant qu'une note .....Alors , oui , le Covid , la pluie , oui, oui , mais pas que , loin de là .Ce roman est pour moi un vrai " gros coup de coeur " , un roman populaire qui va prendre sa place auprès des célébrissimes " Oliver Twist , David Copperfield "de Charles Dickens ou encore de "Cosette ou Gavroche " des inoubliables " Misérables " de Victor Hugo....Oui , mon Panthéon de lecteur vient de s'enrichir d'un invité de marque , un invité d'honneur....

La plongée dans la " cour des miracles " , le " Faubourg des Anges " à Budapest, vous attend....Nous sommes dans les années 30....Dans la chambre où vit Béla trone la " bouteille d'eau de Javel " le dernier recours quand on ne possède rien et que l'expulsion vous guette à la fin de chaque mois ...Bouteille d'eau de Javel.....Qu'est - ce qu'on va en entendre parler.....Heureusement , au coeur de la ville s'écoule le merveilleux Danube , vous savez , ce si beau " Danube bleu " qui charrie ... tant et tant de cadavres , qu'on le fait garder en permanence par des policiers .C'est noir , c'est dur , c'est désespérant et l'on ne trouve que bien peu de motifs d'espoirs pour notre ami Béla .Bela, on va suivre son enfance , et quelle enfance , puis son adolescence auprès de sa mère à Budapest...Les pages se tournent jusqu'à pas d'heure , seules les " paupières " qui se ferment nous obligent à quitter à regret le combat , à demander une trêve, pas à crier " Grâce ! " , non , on ignore ce mot chez " Beaumichel ".....

Cette lutte désespérée entre le monde de ceux qui n'ont rien , qui ne sont rien et ceux à qui on doit tout , qui veulent tout et même plus ,est relatée avec un réalisme cruel et sidérant. Pas étonnant qu'en son temps , ce livre ait été interdit ....une décision qui en dit plus qu'un long discours sur la véracité du " terrible " contexte du récit....

Les personnages ne sont pas trop nombreux si l'on tient compte de la longueur du roman , mais ils semblent tous , les uns et les autres , être un fidèle reflet d'une incroyable réalité, même si le parti pris de l'auteur est évident. On se vautre dans la gadoue , la neige , le froid , la pluie ,la faim , la peur , les humiliations , avec Bela et ses amis, on a froid, faim, on vole mais on reste dignes et si l'injustice , la violence engendrent parfois la haine , c'est la raison ,la soif de vivre et de s'en sortir qui l'emportent.....Pas de désespoir pour qui veut s'en sortir dans ce roman , oh non, mais " la bouteille d'eau de Javel " est toujours à portée de mains , comme une terrible et ultime menace...

Comme il est indiqué à la fin du roman , on ignore qui est le traducteur de ce fabuleux roman...

Même s'il y a quelques redondances , on n'y attache que peu d'importance à mon avis , tant c'est l'histoire , le récit qui occupent tout l'espace....

Voilà. Gros, gros coup de coeur .Je ne sais pas si vous partagerez mon avis mais , franchement , je me dois d'être franc , et je ne peux absolument pas cacher mon sentiment.

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L'enfant du Danube

C'aurait pu etre un "bildungsroman", un roman de formation. En fait ca l'est.

C'aurait pu etre une fresque sociale de l'entre-deux guerres mondiales en Hongrie. Et ca l'est.

C'aurait pu etre un conte moral. Ca l'est aussi.

Pour chacun ce pourra etre ou l'un, ou l'autre, ou tout a la fois, ou carrement autre chose.

Pour moi c'a ete une lecture inoubliable.





"Nous ne mourrons jamais!" beuglait Mishka, pere de Bela le principal heros, a tout bout de champ, dans la liesse de la beuverie comme dans la morosite de l'abstinence.

Jamais est un grand mot, mais ils ne mourront pas de sitot, ils resteront vivants dans ma memoire jusqu'a ce qu'alzheimer s'ensuive. Tous tant qu'ils sont. Bela. Et sa mere,enceinte apres une seule nuit d'amour. Sa mere qui ne peut l'elever et le confie aux mauvais soins d'une ancienne prostituee reconvertie en gardienne de batards. Et son pere, disparu apres cette nuit, qui reparait une quinzaine d'annees plus tard et fait eclore un peu de joie pour braver le denuement et le desarroi. Et son maitre, l'instituteur du village, qui force sa gardienne a l'inscrire, lui offre des chaussures pour qu'il ne rate pas l'ecole en hiver et lui donne le gout de l'etude. Et Elemer, groom comme lui a l'hotel de Buda, militant socialiste qui se devoue pour les autres jusqu'au sacrifice de sa vie. Et beaucoup d'autres. Mais surtout Bela.





Bela passe son enfance dans un village. Il connait la faim, les mauvais traitements, mais c'est un dur, un debrouillard, qui subit des injustices mais combat fierement les humiliations. Et intelligent. le plus doue de l'ecole.

Chasse du village a 14 ans (il a vole, pousse par la misere), il rejoint sa mere a Budapest. Il habitera avec elle dans le quartier misereux d'Ujpest, loin du centre de la ville. Dans un taudis dont ils auront toujours peur d'etre chasses, se privant de nourriture pour pouvoir payer le maigre loyer. Quand il sera recu comme apprenti groom (sans salaire pendant toutes les annees d'apprentissage) dans un grand hotel, il fera tous les jours trois heures de marche aller et trois heures retour, n'ayant pas de quoi se payer le tramway. Mais au moins ils mangera a sa faim. A sa faim? Pas vraiment. Il se privera de nourriture pour l'apporter a sa mere.





A l'hotel il realise le fosse qui separe les puissants, les riches, de la masse des demunis qui travaillent une journee entiere pour une miche de pain, quand ils travaillent. Il en sera deroute, en un meme temps et degoute et ebloui. Il sera initie au sexe par une "excellentissime dame" qui le jettera evidemment apres l'avoir utilise. Le sentant degourdi, il sera sollicite a la fois par des mouvements revolutionnaires plus ou moins clandestins (les "communisses" ou "camionistes") et par les nationalistes fascisants. Avec qui marchera-t-il? Qu'est-ce qui l'emportera, sa peur ou sa conscience de classe? Quand il se decidera ce sera trop tard: sa mere, desesperee, se suicide en se jetant par une fenetre; il fuit alors sa vie hongroise et embarque clandestinement dans un bateau pour Vienne. La s'arrete le recit. La finit le livre. On peut imaginer une suite d'apres la vie de l'auteur, qui quitta vers le meme age la Hongrie pour l'Allemagne, puis pour l'Amerique, ou il publia ce livre en anglais, sous un faux nom.





Roman d'apprentissage? Roman de revolte, d'apprentissage de la revolte.

Fresque sociale? Relation poignante des conditions de vie du proletariat et du lumpenproletariat hongrois sous la dictature de l'amiral Horthy entre les deux guerres mondiales.

Conte moral? Un conte sur un gavroche qui se laisse des fois impressionner mais ne se laisse jamais abattre. Qui tombe souvent mais sait rebondir. Qui reve. Qui - on le subodore, on le sait - reussira a petrir son reve en realite.



C'a ete une lecture enivrante, emouvante. C'est pour moi un grand livre.





P.S. Mes amis pardonneront mon "absenteisme". Je leur rendrai visite bientot [desirprojetespoir... :-) ].







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L'enfant du Danube

314 lecteurs/lectrices sur babelio.... C'est peu, beaucoup trop peu pour ce roman exceptionnel.

Mon challenge : réussir à convaincre une personne à s'intéresser à ce livre !

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Hongrie années 20

Nous suivons Bela, le double de l'auteur, de son enfance à ses 17 ans. Une enfance rude, difficile, scandaleuse.

Mère non mariée, obligée de trouver un emploi à Budapest, laissant son enfant dans une pension tenue par une ex prostituée dont c'est devenu le gagne-pain....

L'enfant va lutter pour avoir droit à l'école. Jusqu'à son départ pour la capitale à 14 ans et la rencontre avec sa mère. Là un monde étrange pour lui : employé comme groom dans un hôtel 4 étoiles (n'ayant que ses pourboires comme revenu), vivant dans un faubourg misérable. Le contraste est finement mis en avant par l'auteur.

Bela découvre ceux qui dépensent en une soirée ce qui pourrait nourrir une famille pendant un mois, lui qui attend la moindre piècette pour avoir de quoi manger....

Il découvre également ceux qui se battent pour changer les choses....

Evidemment on pense à Gavroche, à Oliver Twist.... mais on est au XXe siècle et le nazisme et le fascisme arrivent en Hongrie....

C'est une évidence que l'auteur utilise ses souvenirs, voire son expérience, comme base à ce roman. La description des personnages habitant la maison du faubourg misérable de Budapest est précise, passionnante, mais si triste aussi. On ressent un immense gâchis de talents, de sentiments, de vies dans chacune des pages.

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C'est un livre exceptionnel, marquant, révoltant.

Je ne m'attendais pas à dévorer ce pavé en si peu de temps ! Allez-y n'hésitez pas, il mérite de s'y attarder !!!
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L'enfant du Danube

János Székely est né en Hongrie en 1901. Il commence à publier très jeune. Il fuit le nazisme et part pour les Etats-Unis. Là-bas, il est vite repéré par Hollywood comme scénariste. Il publie « l’enfant du Danube » en 1946 sous le pseudonyme de John Pen. En 1956 il est obligé de retourner à Berlin, pourchassé par le maccartisme. Il essayera de retourner dans son pays natal mais il sera rattrapé par la maladie à 57 ans et mourra avant d’avoir obtenu son visa.

Béla est « l’enfant du Danube », un gamin abandonné par sa mère dès son plus jeune âge car elle n’a jamais admis de tomber enceinte. Il est recueilli par une vieille dame antipathique, ancienne prostituée reconvertie en garde d’enfants. L’histoire de Béla commence ainsi, dans la pauvreté, le dénuement. Il n’a que le capital de son caractère combatif et l’espoir de s’en sortir par ses propres combines comme seule richesse. La fatalité ne l’épargnera jamais. Sa vie pleine de rebondissements lui offrira bien des aventures dont il n’aurait pas réchappé sans sa curiosité et sa foi dans la légende qu’il s’ait imaginé vivre. La vie de Béla c’est cette lutte permanente pour se nourrir, au milieu de cette société de « prolo » et de « communisses » qui se piétinent pour accéder au minimum vital, cette hargne à s’en sortir par tous les moyens pour parvenir à l’étage du dessus, par tous les moyens ou presque. Le jeune Béla apprend vite l’art de la débrouille au milieu de cette nuée de « bêtes humaines ».

Béla est aussi János Székely. L’auteur raconte sa propre vie, ses émotions, ses fuites, à travers les tribulations du gamin.

« L’enfant du Danube » est la fresque d’un moment de l’histoire où l’inimaginable était encore en gestation : l’entre deux guerres, la montée du nazisme et du communisme en Europe centrale, le capitalisme sauvage et l’antisémitisme car il faut toujours des coupables aux malheurs d’une société égoïste et cruelle.

Traduction de Sylvie Viollis.

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L'enfant du Danube

Titre : L'enfant du Danube

Auteur : Jànos Székely

Année : 1946

Editeur : Editions des syrtes

Résumé : Béla est un enfant abandonné par sa mère à la naissance. Dans la Hongrie des années 20, les enfants démunis comme lui souffrent du froid et de la faim. Recueilli par une vieille prostituée, l'enfant doit se battre chaque jour pour subsister. À 14 ans il quitte son village pour Budapest et trouve un travail dans un palace où se presse toute la bonne société Hongroise. Béla y fait l'apprentissage de la vie et tente de se faire une place dans une société cruelle et inégalitaire.

Mon humble avis : L'enfant du Danube est considéré par beaucoup comme un monument de la littérature européenne. Roman autobiographique, il narre l'enfance miséreuse et les déboires de Székely, enfant livré à lui-même dans un pays en pleine mutation. Souvent comparé aux Misérables ou à l'illustre Oliver Twist, ce roman fleuve dresse un constat implacable de la situation des pauvres en Europe au début du vingtième siècle. Roman d'apprentissage mais aussi de révolte, l'auteur, qui immigra en Amérique, le publia sous un faux nom pour lui permettre de remettre les pieds dans son pays natal sans s'attirer les foudres du pouvoir en place. Székely y décrit admirablement bien les affres de la faim, les injustices, les drames qu'il a dû subir pour tenter de survivre dans un pays qui redoute et réprime l'émergence des ''communisses", comme le dit si bien la mère de Béla. Car oui, le petit enfant abandonné retrouvera finalement sa mère et même son père, personnage haut en couleur et fort en gueule. Tous trois combattront la faim ensemble, dans des conditions à peine croyables à notre époque. Malgré les affres d'une vie précaire Béla ne perd jamais espoir, sa vie est tumultueuse, il se lie d'amitié avec des groupuscules révolutionnaires, séduit une riche aristocrate et se prive de repas pour nourrir sa famille. Un personnage forcément marquant, et c'est là où la comparaison avec le Gavroche de Hugo ou le Oliver Twist de Dickens prend tout son sens. Le texte de Székely est divisé en deux parties distinctes, la première sur l'enfance de Béla et la seconde qui couvre son adolescence dans la grande ville. Point commun de ces deux parties : la volonté farouche du gamin, son combat pour ne jamais abandonner sa famille et ses rêves. Dans un style qui n'a pas pris une ride, l'auteur relate ce combat quotidien, les privations, les humiliations subies par le petit peuple, les injustices et la cruauté des nantis. L'enfant du Danube est un roman poignant, intense, un roman qui touche au coeur. Sans jamais être larmoyant, Székely dresse de superbes portraits, avec une mention particulière pour le père de Béla, un homme brûlant, pathétique par moment, mais tellement attachant qu'il aurait mérité que l'auteur hongrois lui consacre un roman. C'est à la fois magnifique et hideux, triste et d'une gaieté folle, traversé d'un puissant souffle slave. C'est L'enfant du Danube, de Jànos Székely.

J'achète ? : Nous ne mourrons jamais ! C'est le cri de ralliement du père de Béla. Celui qu'il hurle à pleine voix lors de ses beuveries homériques ou lorsqu'il se met dans des colères noires. Ce leitmotiv résume parfaitement l'état d'esprit de cette famille, une façon de ne jamais mettre un genoux à terre, de faire face à l'adversité, la tête haute. Superbe, encore une fois.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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L'enfant du Danube

Hongrie, début du XXe siècle. La mère de Béla est contrainte de laisser son fils à la campagne chez une vieille prostituée qui recueille en pension des enfants, leur donne le gîte et le couvert en échange d'un loyer.

Dans ces temps difficiles, la mère de Béla ne parvient pas toujours à subvenir à ses besoins et à ceux de son fils. Mais, heureusement, c'est un jeune débrouillard qui ne se laisse pas faire et pour obtenir ce qu'il veut il est prêt à tout.

Un jour, il décide que lui aussi doit aller à l'école. Il trouve une idée pour que la tante Rozika cède à sa requête. Il deviendra l'un des plus assidus, sérieux et travailleurs.



Puis, à quatorze ans, il rejoint finalement sa mère à Budapest. Là, une vie encore plus misérable l'attend. Il est pris en apprentissage dans un hôtel. Non rémunéré, il a le droit de manger avec les autres employés. Il est parfois obligé de faire huit heures de marche par jour pour s'y rendre car il n'a pas les moyens financiers de payer le tram.



Ce roman autobiographique est poignant. Il retrace l'enfance et l'adolescence d'un jeune garçon hongrois qui aurait préféré aller à l'école plutôt que de subvenir aux besoins de sa mère. Dans un contexte historique de l'entre deux guerres, où la misère fait des victimes chaque jour, où la faim occupe l'esprit continuellement. L'adolescent vit également ses premiers émois charnels qui marquent un changement dans la vie d'un jeune homme.



Ce pavé m'a fait vibrer, c'est un récit exceptionnel. Cela fait quelques temps que j'ai fini de le lire et il est encore présent à mon esprit. Il est d'une rare intensité. Je vous conseille vivement de découvrir cet hymne à l'espoir, à la vie.

Découvert via la box exploratology et les bons choix de Marjorie ;)
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L'enfant du Danube

L'ouvrage met en scène un témoignage sous forme autobiographique des conditions de vie du petit peuple hongrois d'une époque certes révolue où l'exploitation des indigents s'étalait sans complexe . Béla , le jeune personnage qui se raconte a du par la force des choses se couper de ses émotions apparentes et parait donc d'une totale absence d'affect .... technique de survie ... sans aucun doute !

L'enfance , niée , brisée , si elle peut fournir des armes , peut aussi casser à vie

Mais nous connaissons d'autres exemples en littérature ( personnages de Dickens , Hugo et autres ) qui malgré de terribles blessures à l'enfance , ayant acquis les armes nécessaires , sont parvenus à se construire en tant qu'hommes tenant debout .

Bien des enfants de l'assistance publique , des maisons de correction , ou autres institutions étatiques , se sont construits en dépit des mauvais traitements subis , de la néfaste influence de la religion et de sa morale hypocrite , et ce roman illustre à merveille comment , malgré les épreuves , l'on peut rester digne , et refuser de vivre à genoux .
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L'enfant du Danube

L'enfant du Danube : Un roman autobiographique renversant, la jeunesse incroyablement pauvre, affamée, de ce jeune Hongrois dans les années 1920, mis en pension par sa très jeune mère dans une maison de son village où une marâtre l'exploite sans vergogne, qui obtient par son audace le droit d'être scolarisé, qui brave la neige en culottes courtes et nu-pieds pour aller à l'école, qui rejoint sa mère à Bucarest, qui partage son logement misérable et sa précarité, qui travaille sans salaire pour une place d'apprenti dans un hôtel pour laquelle il marche 4 heures le matin, et 4 heures le soir, parce qu'ils n'ont pas d'argent pour le bus, cet hôtel qui est un endroit de luxure où il faillit perdre son âme, comment s'en est-il sorti, comment a-t-il pu devenir écrivain avec un tel départ dans la vie, chapeau très bas M. Szekely
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L'enfant du Danube

Une très belle découverte autobiographique grâce aux critiques des lectrices et lecteurs de Babelio ! Plus de 800 pages happées par une paire d'yeux au petit matin et en soirée !



Dans la Hongrie au début de 20ème siècle, nous suivons la vie "initiatique" de Béla de l'enfance à l'adolescence : la quête du bonheur dans ce pays où l'extrême pauvreté côtoie la richesse indécente et la corruption. Heureusement, une note d'espoir et d'espérance ponctue l'ouvrage !
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L'enfant du Danube

L'histoire de Béla , ce pourrait être l'équivalent hongrois de Cosette mais sans Jean Valjean , un petit garçon laissé par sa mère à une vieille tante acariâtre et grippe-sous dans un village de Hongrie vers les années 1920 . Une enfance de misère avec le froid, la faim , l'absence de toute affection mais par contre les privations et les coups quand l'argent de la mère n'arrive pas assez vite .



Mais l'enfant est volontaire, débrouillard et se construit une carapace pour survivre et pour s'échapper lorsqu'il a 14 ans pour retrouver sa mère à Budapest, elle habite le Faubourg des Anges , beau nom pour désigner un quartier pauvre , loin des fastes de la capitale .



Une nouvelle vie commence pour Béla qui devient groom dans un grand Hôtel, côtoyant les plus riches . C'est encore pour lui le règne de la débrouille, avec les petits trafics , les vols, la concurrence rude avec les autres employés de l'hôtel et la découverte de l'amour, le platonique mais également le sexe dans toute sa crudité ... Avec toujours comme obsession , rapporter de quoi payer le loyer et donner à manger à sa mère . La solidarité entre locataires est forte mais le concierge impitoyable !



Au beau milieu de cette pauvreté , l'irruption de BeauMichel , son père , apporte quelques mois d'insouciante gaieté avec l'argent facile acquis sans que Béla sache comment mais cette prodigalité n'est que passagère .



Une belle et poignante description de la Hongrie au début du vingtième siècle avec la montée de courants politiques comme le communisme, le mouvement social-démocrate, le fascisme mais toujours la misère , les arrestations , les assassinats pour beaucoup de gens sans avenir malgré les promesses des uns et des autres . Ce roman donne un aperçu réaliste du premier combat de ces hommes et femmes, celui de survivre et livre une palette variée de caractères entre celui de Béla, acharné à s'en sortir, sa mère qui baisse les bras, l'étoile filante qu'est son père, les opportunistes et les sans scrupules comme le concierge et bien d'autres qui rendent la lecture captivante .



Un passé douloureux dont on sent encore la proximité lorsque l'on sort des belles avenues de Budapest ou qu'on visite le Musée de la Terreur .
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L'enfant du Danube

L'enfant du Danube ,c'est Béla ,un enfant livré à lui même dans la Hongrie des années 20 .

Sa mère le confie à une vieille prostituée à sa naissance.il va alors découvrir les tourments de la faim,du froid....

Son humour et son ingéniosité vont l'aider à survivre.

À 14 ans il rejoint sa mère à Budapest

Il sera garçon d'Hôtel.exposé aux lumières,à la corruption des Palaces,au sexe.à l'aventure,à l'amour...

j'ai découvert ce roman par hasard,attirée par la premiére de couverture.

C'est une grande fresque (800pages),émouvante,enlevée,la saga hallucinante d'un gamin et de sa mère dans la Hongrie des années20 .

J'aime les auteurs Hongrois.János Székely fut un grand conteur.!!!!
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L'enfant du Danube

Dans ce roman hongrois fortement autobiographique, l'auteur raconte son enfance et adolescence au sein de la Hongrie sous la dictature de Miklos Horthy.

Son personnage principal, Béla, avatar de János Székely, est né d'une mère célibataire qui est obligée de l'envoyer dans une pension. Impossible de garder l'enfant dans la capitale et garder son travail ! Mais la femme qui dirige cet endroit ne pense qu'à l'argent et maltraite les enfants. Surtout ceux dont les parents ne paient pas la pension ou connaissent des retards. À ce titre, le petit Béla sera particulièrement gâté ! Souvent privé de nourriture, obligé de travailler dur pour gagner son pain et privé d'école, Béla devra se battre pour survivre.

Puis à l'âge de 14 ans, il est renvoyé dans la capitale chez sa mère qui vit de travaux de blanchisserie, s'épuisant au travail pour une misère. La relation entre le fils et sa mère est complexe : méfiance et défiance dans un premier temps mais l'obligation de lutter ensemble pour essayer de garder la tête hors de l'eau. Béla est embauché comme groom dans un luxueux hôtel, où il n'est pas payé, vivant uniquement des pourboires. La lutte entre les différents employés est âpre pour gagner la bonne place qui rapporte !

Les inégalités entre la vie luxueuse des clients et la pauvreté des employés y est plus que flagrante. Là Béla y découvre une initiation politique, mais aussi la découverte du sexe et de l'amour. Son attirance pour une riche cliente déterminera une bonne partie de son avenir. Tout comme l'arrivée dans le foyer de son père, revenu après de nombreuses années de voyage.

Un grand roman sombre et cruel, le récit d'une enfance miséreuse dans l'Europe du XXe siècle. Un livre qui m'a fait penser au "Cendres d'Angela" de Franck McCourt. Car c'est aussi l'histoire d'un enfant qui saura se battre pour survivre tout en rêvant d'Amérique. Et qui montre aussi combien la faim peut amener à renoncer à sa dignité, pour le profit d'exploiteurs qui ont oublié d'en avoir une.

Un grand livre.
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L'enfant du Danube

UN CHEF D'OEUVRE!!



Ce roman avait été de nombreuses fois recommandé sur un autre site,et les critiques de Babelio étant à l'unisson,je me suis procuré ce roman,je dirai ce pavé : 800 pages!.Commencé

vendredi soir ,une grande partie du week-end m'a fait voyager en Hongrie ,où plus précisément à Budapest ( que je connais un peu pour l'avoir visitée lors d'une croisière sur le Danube).

Il vous " prend aux tripes" ce roman,nous pouvons dire que cette saga hongroise peut " s'aligner" avec nos " misérables " de Victor Hugo.

Nous allons suivre notre petit " Bela" pendant 17 ans dans la Hongrie des années 1920 aux années 1938/39,au seuil de la 2ème guerre mondiale.

Bela dont la mère à tout fait pour qu'il ne vienne pas au monde: elle ne voulait pas de cet enfant.Paysanne ,qui un soir de fête : La fête des Saints Pierre et Paul ,ayant trop bu ,s'est laissée abuser par le Don Juan du village : Beaumichel où après une nuit folle ponctuée par de nombreuses czardas et où tout le village était ivre,a pris la poudre d'escampette au petit matin en sautant dans le 1er train,mais la bêtise était faite et 9 mois après Bela pointait son petit "museau".Sans un regard pour son bébé,sa mère le confie a une ancienne prostituée et " faiseuse d'anges" : La tante Rozika,et elle part a Budapest pour travailler et envoyer de l'argent pour Bela.

Au début l'argent arrive, pas régulièrement puis bientôt, se fera rare,et Rozika en fera pâtir Bela ,une enfance de Gavroche ou bien souvent il regardait manger les autres gosses en pension chez Rozika mais lui ,allait se coucher le ventre vide !!!Rozika ,de plus le détestait et lui en a fait baver!!Mais très vite malgre ces privations ,Bela d'un caractère fort et bien trempé ,sut faire face et front a cette mégère. Sa 1ere victoire fut d'obliger Rozika à l'envoyer à l'école ou il trouva un peu de réconfort auprès de son maître d'école.Son maitrere d'école qui malgré ses " frasques" lui inculquera des notions qui lui seront d'un grand secours plus tard et lui forgeront une partie de sa personnalité.

A 14 ans ,après une grosse bêtise,il devra quitter son village et ira rejoindre sa mère a Budapest .Changement de décor entre son petit village pauvre et Budapest ,où la misère y est encore plus grande.Ce sera une lutte de tous les jours,et un jour : une rencontre ,une reconnaissance,lèvera le voile sur ses origines et renforcera sa personnalité.Je ne peux vous décrire tout ,ce serait beaucoup trop long.J'ai beaucoup aimé aussi le côté social et historique de Budapest dans les année 1930 ou la misère terrible des ouvriers cotoie la richesse des hauts dignitaires plus ou moins " mafieux " il faut le dire .Au travers ce roman nous voyons la montée du socialisme et les débuts du communisme aussi ,et en contraste l'arrivée d'Hitler et de Mussolini, tout cela raconté par Bela .Je vous encourage vivement à lire ce roman vous ne le regretterez pas ,c'est un pavé, oui, mais une fois dedans vous ne le lacherez plus, choisissez un week-end pluvieux et ouvrez ce monument ,ce chef d'oeuvre, il en vaut vraiment le détour.

⭐⭐⭐⭐⭐

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L'enfant du Danube

Quelle joie d'avoir découvert ce livre grâce aux chroniques enthousiastes de Jean-François Lemoine, Bidule62 et Agape92 ! Merci à eux et Babelio !



Ce roman fleuve nous raconte l’histoire, dans la Hongrie des années 1920, de l’enfance de Béla, enfant non désiré d’une pauvre paysanne adolescente, qui l’abandonne au village à la garde d’une ancienne prostituée reconvertie dans l’éducation et l’hébergement d’enfants bâtards, et ce n’est pas par charité.  Béla se sortira de ces quatorze premières très rudes années de sa vie sans mère, sans père, grâce à sa fougue, sa morgue et son envie d’apprendre.  Il y aura aussi quelques belles rencontres qui lui donneront le courage et la force de grandir dans cette vie de cul-terreux méprisé et solitaire, malgré les souffrances infligées par le manque d’amour, la famine et le dénuement.   

J’ai été étourdie par les horribles aventures vécues par cet enfant littéralement livré à lui-même, qui finit par rejoindre sa mère à Budapest où elle vit chichement en tant que laveuse de linge.  Il trouve un emploi dans la capitale hongroise en tant que groom dans un hôtel de luxe où, ébahi, il va côtoyer l’opulence et la désinvolture des riches clients qui ont plus de considération pour leur chien que pour les petites gens à leur service à l’hôtel. 

Nous sommes dans l’entre-deux-guerres, dans un parfum scandaleux de lutte des classes ;  le national-socialisme et le fascisme, mais aussi le communisme, sont en pleine ascension ; le gouffre entre les pauvres, les prolétaires et les bourgeois, les riches n’a jamais été aussi vertigineux.  On sent que ça va craquer même si la peur de perdre le peu qu’ils ont empêche les pauvres de bouger…et Béla, et sa mère se débattent pour vivre dans cette atmosphère au bord de l’implosion. 

C’est un roman sur une enfance qui n’en est pas une, sur une adolescence soucieuse, misérable, sur une forte personnalité pugnace et culottée qui se forge dans le sang et les larmes.  Mais c’est aussi le roman d’un amour qui naît et évolue entre un fils et sa mère réunis dans l’indigence, la peur du lendemain, et la volonté de s’accrocher à la vie malgré tout.  « Aujourd'hui, ce petit garçon obstiné, dont l'enfance solitaire avait engourdi tout sentiment filial, clamait par la bouche du grand gaillard de dix-sept ans : "Maman !  Maman !". » 

Des moments d’humour, de tendresse et de lumière rendent la lecture supportable, et c’est heureux car c’est un roman qui vaut la peine d'être lu, même s’il est d’une dureté implacable, même s’il nous fait rugir d’indignation, même si on est très éloigné de la musicalité du beau Danube bleu… 

Ces quelques lignes ne suffisent pas à rendre compte des sentiments qui m’ont traversée au cours de ma lecture.  Je ne vais pas m’étendre sur la grande galerie de personnages attachants ou détestables dont l’auteur tire le portrait, ils s'intègrent parfaitement dans cet hallucinant roman dont je vous conseille la lecture. 

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L'enfant du Danube

Un bon gros bouquin comme on les aime (854 p chez Folio), de la belle littérature qui fait découvrir un pays - la Hongrie - au cours des années 30, qui nous apprend plein de choses intéressantes sur les modes de vie, l'Histoire, les débuts du socialisme et du fascisme, la pauvreté ahurissante et choquante des paysans, avec des enfants qui n'ont pas de chaussure et s'enveloppent les pieds de journaux pour marcher dans la neige. Un gros bouquin enthousiasmant malgré la dureté et la tristesse du sujet ; le ton est allègre, toujours positif, on sent que le livre est bâti sur un certain optimisme et que le récit se dirige vers une fin ouverte et pleine d'espoir...



Le jeune Béla est un enfant disgracieux, pas très attachant, insolent, mais avec un caractère fort et une intelligence très vive ; pas de père, une mère repartie à Budapest après sa naissance, souvent malade, qui n'envoie qu'irrégulièrement la pension de son fils à la vieille femme qui en garde huit comme lui ; un enfant qui se sent complètement abandonné, et qui a faim.

" Comme dans un roman à un sou, ma vie débuta par une tentative de meurtre sur ma personne. Dieu merci, cela m'arriva cinq mois avant ma naissance ; je pense donc que je n'en fus pas autrement affecté.... Ma mère avait tout juste seize ans ; et, à moins que les apparences ne m'abusent, elle n'avait aucune envie que je l'appelle maman." (p 11)



Comme elle le hait, tante Rozika, la vieille prostituée faiseuse d'anges qui l'a en garde, l'empêche d'aller à l'école ; mais dans ce petit village rural, il y a un instituteur formidable, un maître exceptionnel, qui perçoit ses qualités et exige qu'il fasse quelques études. Fou de joie de pouvoir être instruit, Béla sera un excellent élève tant qu'il pourra être scolarisé. Il y a des dialogues extraordinaires entre le maître et l'élève, et le regard de celui-ci sur l'adulte est à la fois admiratif et très reconnaissant, même si, dit-il, son esprit de petit paysan ne le comprit jamais tout à fait...

Petit à petit l'enfant grandit, à 15 ans il retrouve son père, Beaumichel coeur tendre mais personnage inconséquent, et sa mère Anna, après de multiples péripéties et va travailler dans un grand hotel de Budapest ; là de nouveau une vie compliquée l'attend " ... moi, gueux entre les gueux, je me trouvai du jour au lendemain mêlé aux riches les plus opulents."

Mais il y a partout des personnages attentifs et chaleureux, prêts à partager amitié et conseils avisés ; et ses parents sont fiers de lui, il a un fidèle ami, communiste, qui cherche à le convaincre du bienfondé de ses idées mais qui fera tout pour le protéger.



Béla va découvrir la grande disparité entre le monde où il habite, une banlieus éloignée de Budapest et extrêmement pauvre, et celui où il travaille ; un contraste difficilement compréhensible : " Chaque matin, quand j'arrivais du Faubourg des Anges et que je pénétrais dans le hall aux colonnes de marbre, j'avais l'impression de m'introduire clandestinement dans le camp ennemi."

Le pouvoir des petits chefs, jusqu'aux concièrges d'immeubles pauvres aux pouvoirs exorbitants, le régime autoritaire de l'amiral Horthy, la pression de criminels et la violence de la police, la peur des Rouges... tout est décrit de façon très vivante. Le roman permet cette appropriation par le lecteur des réflexions de l'auteur et de ses révoltes.

La vie du jeune homme, c'est aussi de voir tout un immeuble se priver de nourriture pour nourrir un bébé, l'écriture de poèmes qui jaillissent tout seuls de son cerveau, l'amour fou pour une femme très riche...

Sous la coupe de "Saleflic" qui veut organiser avec lui un mouvement calqué sur celui des jeunesses hitlériennes, le seul espoir de Béla est d'être un jour sur le bateau qui part vers l'Amérique...



Intelligent, captivant et bien écrit, un livre-fresque qui a tout pour enchanter ses lecteurs.



Extrait p 115 : " Chaque matin, je me réveillais en proie à une merveilleuse curiosité, comme celle des autres enfants le jour de leur fête ; et, le soir, je m'endormais avec la conviction que je n'avais pas perdu ma journée. Qu'il est bon de ne pas regretter le temps qui passe !... À l'automne, je pensais : je voudrais être en hiver, car je saurai mes lettres. En hiver, je me disais : je voudrais être au printemps, car je saurai lire et écrire. Au printemps, je souhaitais la venue de l'été, quand j'aurais terminé ma première année !"








Lien : https://www.les2bouquineuses..
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L'enfant du Danube

C'est un livre que j'ai acheté au feeling sans connaître l'auteur. J'ai mis quelques mois avant de le commencer car je voulais attendre le bon moment et mon envie pour commencer un pavé de plus de 800 pages. Je savais qu'il me faudrait du temps pour le lire.....

Même pas une semaine !!! j'ai englouti les chapitres sans m'en rendre compte!

magnifique roman ! Un pur bonheur de lecture comme je les aime !

J'ai adoré l'écriture qui m'a fait pensé à du Dickens car malgré le sujet traité il y a souvent un brin d'humour et tant de lumière ! Un écrivain talentueux.
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L'enfant du Danube

al https://lajumentverte.wordpress.com/ et moi n'avons pas hésité à nous lancer dans l'enfance et la jeunesse de Janos Szekely. Je pense qu'elle sera de mon avis pour considérer L'enfant du Danube comme un très grand roman, entre Dickens et Gorki, par exemple. Mais il nous faut dire un mot de l'auteur (1901-1958), hongrois d'origine, scénariste à Berlin, Vienne puis Hollywood. Paru en 1946 aux Etats-Unis sous le pseudo original de John Pen et le titre Temptation, le livre sort en Hongrie en 48 où il est très vite retiré des librairies. En 56, plus ou moins (?) chassé par le maccarrthysme, Janos Szekely revient s'installer à Berlin. Il y fait une demande de retour en Hongrie. Malade, il ne reverra pas son pays natal. Une vie.



C'est son enfance et son adolescence que raconte Szekely au long de 850 pages, passionnantes, rudes, pittoresques et bouleversantes. Ignoré, au sens propre, de son père de hasard, quasiment abandonné de sa mère aux mains d'une vieille prostituée, mais pas au grand coeur car les filles dites de joie peuvent aussi être des carnes (on pense bien sûr à l'univers londonien d'un Dickens, déjà cité). On suivra ainsi Bela une quinzaine d'années. Le plus passionnant pour moi est la vie d'un grand hôtel de Budapest où il débute à 15 ans. Cette sorte d'hotel de luxe où tout peut arriver, souvent vu au cinéma, avec sa faune de demi-mondaines, je suis mesuré, d'escrocs, d'indics, d'homme d'affaires plus ou moins véreux, de girouettes politique. La foule des petites gens aussi, travailleurs inlassables, souvent noctrnes, et qui rentrent à pied dans leur lointaine banlieue, le tramway trop coûteux.



Roman d'apprentissage évidemment, de tous les apprentissages, y compris celui du sexe, une beauté fatale et alcoolisée, aux doigts troués, vaguement épouse de sénateur, fera l'affaire en ce qui concerne Bela. Les amitiés, les trahisons, les tentations, le mauvais alcool, et la conscience politique pas très claire encore, tout cela mène au rêve de la valise, Vienne, premier port, si j'ose dire, pour l'Amérique.



L'enfant du Danube est une fresque, pas un roman choral malgré la multiplicité des personnages. Janos Szekely est bien sûr en grande partie Bela. De très beaux portraits, la mère de Bela, son père, à éclipses, la faim, elle aussi est presque un personnage. La lecture est très fluide et c'est un grand livre de la ténacité, une immersion dans cette Mitteleuropa dont j'aime tant l'histoire pour le moins chaotique. Ne craignez pas d'affronter ce pavé car il est d'une bien belle facture.
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Les Infortunés de Svoboda

C’est un petit village de Bohême où il me semble bon vivre, le lieu idyllique où les vieux retraités viennent finir leurs vieux jours. Je m’imagine déjà là-bas, assis à la terrasse d’un café, les cheveux grisonnant, la voix chevrotante, la canne à la main et le regard porté sur le radieux soleil de ce qui pourrait devenir mon dernier hiver… J’y sirote mon verre de Pilsen en entendant le murmure des oiseaux. La Bohême, la Bohême que les moins de vingt ans ne peuvent connaître. Plus jeune j’y mourrais certainement d’un ennui mortel. Je ne saurais quoi y faire à part penser aux cures de jouvences de Vienne, tremper ma baguette viennoise dans mon chocolat viennois. Mais bon revenons à ma terrasse de café, à l’amertume de ma Pils tchèque et aux discussions de comptoir sur certaines excentricités locales. Parmi eux, il y a Svoboda, l’idiot local du village (il y en a dans chaque village d’antan), squatte la gare depuis un quart de siècle en attendant qu’un voyageur perdu le charge de porter ses valises. Svoboda subira un jour de 1939 quelques infortunes. Une nuit de cette fatidique année, les troupes allemandes envahissent la ville, pillent ses richesses, s’installent en fanfaronnant et accusent le simple porteur d’avoir fomenté un attentat contre leur Grand Supérieur – un certain Hitler…



L’incompréhension règne parmi les villageois. Certains se doivent de réagir, mais comment ?



A travers ce ‘minuscule’ évènement, presqu’anodin, d’une nuit en Bohême, le destin d’un village entier va révéler à la face du monde le caractère humain. C’est dans ce genre de situation que l’âme humaine s’affranchira de ses démons. On y reconnaitra au sein même d’un minuscule village de campagne, tout juste ignoré des cartes géographiques, les résistants, les traitres, les fiers, les besogneux, les courageux ou les poltrons, les lâches et les martyrs.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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L'enfant du Danube

quel dommage que ce livre ne trône pas en haut des grandes bibliothèques. Qu'il ne soit pas sans cesse recommandé. Il est des livres qui ne sont pas seulement de la littérature, qui sont simplement des arpents de vie qui ensemence l'existence et le regard. On ne sort pas indemne d'une telle lecture. que dis-je, d'un tel entretien. Parce qu'il s'agit de cela. On s'assoit et on écoute le récit d'un homme qui a vécu l'impensable. On écoute et on grandit de et par son regard. On ne lit pas, non, on ne lit pas ce livre. On l'écoute. C'est magistral et terrible. Certes ci et là quelques longueurs, mais cela ressemble plus à des apartés qui font rentrer l'écoute dans un autre temps. Un temps long ou le mot pourrait s'échapper et devenir une onde, une chanson, une musique. Et parfois la larme vient à son insu. Le mot devient vivant et l'enfant du Danube ne peut pas mourir. On le sait, il survit en nous, il survivra en nous. Quoiqu'il en soit. On a grandit en s'arrachant à la nuit, en échappant au temps, en s'extrayant du quotidien. Pour écouter la voix des sans grades, des sans dents, des oubliés de derrière les chiffres. L'entre deux guerres en Hongrie. L'enfance meurtrie, l'amour blessé, la soif de vivre, le combat d'exister. Tout cela est dans ce chef d’œuvre quelque peu oublié. Si vous aimez les livres humanistes, dur, parce qu'il est dur, intime, noir, parce qu'il est noir, plein d'espoir, parce qu'il est plein d'espoir, si vous aimez l'intime raconté à hauteur d'homme, si vous aimez le verbe sans fard alors ce roman est pour vous. Enfin il a été pour moi... J'ai rencontré un ami. J'ai rencontré un ami qui m'a augmenté de sa vie. Merci l'ami... Merci la vie. Merci la littérature.
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L'enfant du Danube

LC avec Bellonzo





Hongrie – 1920-1930



Béla commence à nous raconter son histoire dès son plus jeune âge. Quelle tristesse que cette enfance qui n’en est pas une, dans la campagne de Hongrie. Sa mère le laisse aux « mauvais soins d’une mégère ». Fille mère, elle n’a pas les moyens d’élever son fils et elle travaille comme nourrice en ville. Il n’est pas seul, huit enfants sans père sont avec lui chez Tante Rozika, dans un taudis avec de la paille souillée pour seul matelas.

Mais quelle obstination a ce Béla : pour ne pas mourir de faim, pour apprendre malgré tout à l’école, quitte à y aller en hiver les pieds entourés de journaux faute de chaussures. Au début j’ai eu peur que l’atmosphère soit pesante (un peu à la David Copperfield ) et puis non, pas de misérabilisme dans ce livre…

La première partie nous raconte son enfance de 6 à 14 ans : son perpétuel combat, bien peu d’affection (un peu de son instituteur et de la mère d’un des ses «camarades»).



A 14 ans, pour avoir tenté de voler des souliers, il se trouve dans l’obligation de quitter son village natal et rejoint sa mère à Budapest. Il vit dans un taudis, à 4 heures de marche à pied d’un hôtel où il arrive à se faire embaucher comme apprenti : nourri mais non payé.

Il tombe dans une misère qui n’a rien à envier à la précédente.

Cependant, à force d’acharnement, il arrive à monter dans l’échelle sociale de l’hôtel, il passe d’apprenti groom à apprenti groom de nuit… il se croit un moment ami des puissants, et devient esclave de sa sensualité…

En dehors de la vie dans cet hôtel où il observe, apprend (parfois à ses dépens) il vit également une parenthèse « heureuse » avec sa mère et son père, marin, qui revient après des années d’absence.

Il a un ami, Elemer, qui l’écoute et lui fait lire des manifestes : Karl Marx… il rencontre une jeune fille, américaine qui lui donne envie de partir aux USA : le fameux rêve américain vu depuis la misère hongroise …



Un roman d’apprentissage passionnant…
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