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Citations de Jo Baker (75)


La vie, avait conclu depuis longtemps Mrs Hill, était une épreuve d'endurance face à laquelle tout le monde finissait par échouer.
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Mr Wickham se fit de plus en plus présent à Longbourn. Il avait un penchant, semblait-il, pour les entre-deux, les halls, les vestibules, les seuils d'où il pouvait observer à la fois les bavardages, la compagnie et l'agitation de la domesticité, d'où il pouvait distribuer ses compliments à chaque femme qui passait, peu importait son âge, son statut marital ou sa classe sociale.
Une fois, Sarah tomba sur lui alors qu'il était appuyé contre le chambranle d'une porte. Elle s'avança, chargée d'un lourd plateau. Wickham maintenait la porte entr'ouverte du pied. Il ne bougea pas. Elle se méfia de son comportement, de ce regard qui s'attardait sur elle. Maintenant qu'elle était un peu plus dégourdie, elle flairait le danger.
- Cela semble lourd, dit-il.
- Vous permettez, monsieur ?
Il parut ne rien entendre.
-Trop lourd pour une fille aussi menue.
Elle serra le plateau.
- Puis-je vous aider, Monsieur ? Vous avez besoin de quelque chose ?
- Oh non, ne vous souciez pas de moi, je suis le fils d'un régisseur, vous savez...
Et alors ? se dit-elle. Il ne lui proposait pas pour autant de porter son plateau qui pesait des tonnes, n'est-ce pas ?
- Dans ce cas, si vous n'avez besoin de rien, monsieur...
Il secoua la tête.
- Non, merci, je suis admirablement servi.
Elle fit une révérence prudente pour ne pas renverser la cruche et avança. Il s'écarta à peine, si bien qu'elle dut le frôler pour passer. Elle sentit qu'il la suivait des yeux mais elle ne comptait pas lui donner satisfaction en se retournant.
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Quand elle était petite, en pleine croissance et affamée, chaque fois qu'il y avait un gâteau - une génoise, saupoudrée de sucre par exemple - que Mrs Hill avait fait surgir de ses mains avec des oeufs, de la farine et du beurre crémeux, Sarah ne s'autorisait jamais à le regarder parce qu'elle savait que ce n'était pas pour elle. Elle le portait à l'étage où il était réduit en miettes, les miettes ramassées par le doigt d'un Bennet, puis elle repartait, le plateau vide. Elle baissait les yeux ou fixait un tableau sur le mur, les rideaux du salon, s'évertuant à éviter de respirer le parfum de vanille, de citron ou d'amande. Même un simple coup d'oeil sur le gâteau aurait été une torture.
Pendant des mois, se dit-elle soudain, James l'avait à peine regardée.
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... elle trouva l'assistance bien terne, à part les officiers et les Bingley qui étaient nouveaux venus et riches, ce qui ne manquait sans aucun doute pas de piquant. Mais autrement c'était les Long, les Lucas, les Goulding, les mêmes voisins de toujours qui franchissaient les portes de Longbourn année après année, dans les maisons desquels les Bennet se rendaient de toute éternité pour jouer à leurs sempiternels jeux de cartes, s'attabler devant les mêmes soupers, participer aux mêmes vieilles danses et porter les mêmes vieilles robes de bal ; et quand elle était neuve, elle était bâtie dans le tissu que Sarah avait vu se faner dans la boutique du drapier pendant des mois. Tous partageaient les mêmes taches de rousseur, rides, mauvaise haleine, cicatrices de varicelle. Les mêmes opinions éculées, les mêmes conversations sur la chasse, les routes, le temps, année après année dans une succession interminable.
Comment pouvaient-ils le supporter ?
Toute sa frustration fut emportée par le vent... Elle n'avait rien de tout cela ? Tant pis. Au fond, elle n'en voulait pas. Elle se sentit le coeur léger, euphorique tout d'un coup.
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Sa démarche inégale supposait qu'elle portait quelque chose , sans doute la valise en bois que toutes les femmes et filles comme elle possédaient, leur seul espace privé en dehors de leur corps, dans une vie de chambres partagées et de surveillance constante. Si Sarah emportait ses affaires, c'est qu'elle ne souffrait pas d'une simple insomnie. Elle avait décidé de partir.
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La pendule sonna la demi-heure. Les jeunes dames dansaient-elles déjà ou venaient-elles juste d'arriver à Netherfield, leurs mousselines aussi légères que des blancs en neige, leurs rosettes aux pieds, leurs chevelures torsadées en nattes disciplinées et autres ornements ? Elles étaient comme des confiseries coquettement décorées et enveloppées à la perfection.
...
Si on enlevait tout cela, les atours, les mousselines, tout ce joli emballage, que se passerait-il ? Un gentleman porterait-il un regard sur elles si elles avaient des engelures, les lèvres gercées, des socques de bois ? Et aurait-il les mêmes attentions que celles qu'on accorde à une dame ? Manifesterait-il une admiration respectueuse, ou bien, tel ce petit maître gras dans Pamela* lorsqu'il reluquait sa servante, les considèrerait-il comme quelque chose qu'il pourrait posséder en arrachant l'emballage ?
* Pamela ou la Vertu récompensée, roman épistolaire publié en 1740 par Samuel Richardson, auteur admiré par Jane Austen.
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Personne ici ne semblait avoir une idée de ce qu'était le monde. Leur innocence était aussi dangereuse qu'une carrière à ciel ouvert. Mais lui, il savait. Il savait que les hommes étaient capables du pire. Au point, en avait-il conclu, que, vraiment, certains ne méritaient pas ce nom même s'ils marchaient, parlaient, priaient, mangeaient, dormaient et s'habillaient comme des êtres humains. Il suffisait de leur donner le temps et l'opportunité nécessaires pour que s'affirme leur véritable nature de créatures cruelles qui ne se souciaient pas du mal qu'ils causaient pour satisfaire leurs appétits égoïstes.
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Les journées de labeur se succédaient sans répit, rien n'était jamais terminé, on ne pouvait jamais dire, voilà, c'est fait, j'ai fini. Ce que vous n'aviez pas fait traînait, pourrissait et vous guettait pour vous tendre un piège au petit matin.
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Elle songea même, tandis qu'elle fixait les anses des seaux sur le joug, s'accroupissait puis se relevait en chancelant, que personne ne devrait jamais avoir à laver le linge sale des autres. Les jeunes dames pouvaient se comporter comme si elles étaient aussi lisses et immaculées que des statues d'albâtre sous leurs habits, mais, une fois dépouillées de leurs camisoles souillées, celles-ci aussitôt emportées, elles redevenaient des créatures de chair, de sang et de sueur. C'était peut-être pour cette raison qu'elles lui donnaient leurs ordres dissimulées derrière leurs tambours à broder ou leurs livres; Sarah avait frotté leurs taches, celles laissées par leurs mensurations, elle savait qu'elle n'avaient rien d'anges éthérés, aussi elles ne pouvaient la regarder droit dans les yeux.
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La transaction effectuée, il fit remarquer que c'était la marque d'une véritable éducation que de se faire comprendre des classes inférieures et qu'il avait beaucoup de chance de posséder cette heureuse qualité. Sarah, de son côté, vit le garde maugréer, en crachant par terre, quelque chose qu'elle ne put entendre mais dont elle n'eut aucune peine à saisir la signification, aussi peu instruite fût-elle.
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La vie, avait conclu depuis longtemps Mrs Hill, était une épreuve d'endurance face à laquelle tout le monde finissait par échouer.
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La vie, avait conclu depuis longtemps Mrs Hill, était une épreuve d’endurance face à laquelle tout le monde finissait par échouer.
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Le soir, la vieille femme répara des voiles de toile rouge au rythme des chants de l'enfant et de sa bru.
Elles avaient des voix douces qui évoquaient princesses, chevaliers, ânes, marâtres, maisons de sucre et mauvais sorts.
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Mr Hill aida ces dames à monter dans leur voiture, leurs traînes ondoyant derrière elles comme l'écume des vagues.
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Personne ici ne semblait avoir une idée de ce qu'était le monde. Leur innocence était aussi dangereuse qu'une carrière à ciel ouvert. Mais lui, il savait. Il savait que les hommes étaient capables du pire. Au point, en avait-il conclu, que, vraiment, certains ne méritaient pas ce nom même s'ils marchaient, parlaient, priaient, mangeaient, dormaient et s'habillaient comme des êtres humains. Il suffisait de leur donner le temps et l'opportunité nécessaires pour que s'affirme leur véritable nature de créatures cruelles qui ne se souciaient pas du mal qu'ils causaient pour satisfaire leurs appétits égoïstes.
p. 126
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La journée, les besognes se succédaient, semblables les unes aux autres. Mrs. B. maugréait et geignait. Mrs Hill s'emportait, Sarah assurait la lessive hebdomadaire avec l'aide toute relative de Polly. Mr Hill crachait sur les fourchettes pour les nettoyer et, à l'autre bout de la cour, les chevaux frappaient du sabot et hennissaient tandis que James les préparait pour la charrue ou, plus souvent, pour l'attelage qui emportait les dames vers leurs visites matinales ou leurs thés.
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- Quand vous écrirez à Miss Lydia la prochaine fois, dit-elle à Elizabeth, cela ne vous ennuierait pas de lui demander si elle a eu des nouvelles de Mr Smith à Brighton?
- Mr Smith? Je suis désolée, Sarah, mais de qui parles-tu?
- De Mr Smith. Vous devez vous souvenir de lui? Il était ici il n'y a pas si longtemps et il était si apprécié. Un jeune homme bien comme il faut.
- Oh, tu veux parler de SMITH, le valet?
- Oui.
- Comme tu as dit MONSIEUR Smith, je ne comprenais pas. Je croyais que tu faisais allusion à une de mes connaissances, à un GENTLEMAN. C'est entendu, je vais me renseigner Mais j'ai bien peur que toutes les pensées de ma sœur ne soient occupées par les officiers, et qu'elle n'ait guère de temps à consacrer à un valet.
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Je te dirais comment, grâce à toi, je me sens exister, plus réelle que je l'aurais cru possible. Je te demanderais si je te manque comme tu me manques parce qu'il n'y a aucun autre endroit au monde qui compte pour moi, excepté celui où tu te trouves.
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Je t'écrirais une lettre James, si j'avais du papier, si j'avais de l'encre, si j'avais un timbre.
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- Pour que quelqu'un se montre digne, il faut qu'on l'ait traité avec respect. Nous sommes le fruit de notre environnement, nous nous construisons comme les mouches d'eau à la rivière, à partir des éléments dispersés qui nous entourent.
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