Quelle heure est-il, on s'en moque, ça n'a pas d'importance. Le temps est une roue tournant à vide. Vous chassez, vous mangez, vous dormez, et un jour ça s'arrête, et il n'y a rien d'autre. Je pense aux hommes, aux hommes avec leur technologie et leurs inénarrables angoisses, leurs praticiens au front plissé, leur solitude incoercible, leurs rires sur mesure, leurs larmes de crocodile, je pense à eux, calfeutrés dans leurs intérieurs exigus, pensant qu'il existe quelque chose comme "réussir sa vie", "bâtir une carrière", "protéger sa famille". Je les vois priant, levant les yeux vers les étoiles, inventant Dieu ou l'espoir, toujours à croire en l'avenir, cette chose absurde qu'ils n'atteindront jamais parce quelle n'existe pas.
Je ne cours plus. Je bondis. Je ne respire plus. Je souffle doucement, protégé par les grands arbres, et si vous regardiez au fond du puits noir de mes yeux, vous ne distingueriez qu'une vérité très simple, insaisissable, l'amour suprême qui n'a besoin de rien : la vie.
Les gens réclament de la vitesse et ne prennent jamais le temps. Les gens souhaitent de la nouveauté, ignorent la valeur de l’ennui. Les gens exigent de l’information, mais rien ne les intéresse vraiment. On les notifie heure par heure de ce qui se passe : c’est à qui sera le premier à savoir. Pourquoi faire ?
De A à Z, je sais tout de A à Z, patron.
–C’est pour ça que vous ne dites rien ?
–Exact.
Il y a des romans qui donnent envie de s'arrêter, de se poser... Celui-ci en fait parti. J'ai accroché très rapidement à l'écriture et je suis rentrée facilement dans la partie "Lui". J'ai adoré le développement de l'histoire. Découvrir cet homme-renard qui se découvre lui-même. Puis je suis passée à sa partie à "Elle" et au début, j'ai eu un peu de mal mais finalement, je me suis laissée convaincre par son côté sauvageonne, son naturel, en opposition à Cristof, l'homme de la ville, celui qui se cache. Une merveilleuse histoire au final, tendre et touchante.
Admettons que la vie soit un rêve, ai-je déclaré. Qu'est-ce que ça change ? Nous devons la vivre.
Christof m’a dit qu’il comprenait, qu’il comprenait très bien, mais que l’important, maintenant, c’était nous, lui et moi, moi à travers lui, et inversement.
Comment résister aux mécaniques de l'homme, au maléfice carnivore de ses machines, leurs éclairs, leurs moteurs infatigables ?
Les enfants sont des fables. Ils ne vous sauveront de rien, mais la vie sans eux n'aurait aucun sens.