Citations de Joanna Macy (80)
Comme la théorie des systèmes le fait vis-à-vis de la science classique, la "sagesse de la déesse" brise la dichotomie esprit-matière érigée par les structures de pensées patriarcales et insiste sur les pouvoirs d'auto-organisation de la Terre. Beaucoup voient le mouvement de la spiritualité féminine, qui se diffuse comme un ferment, même au sein de religions traditionnellement identifiées au masculin et appelle à la justice et à la resacralisation de la vie, comme un "retour à la déesse".
La psychologie occidentale a quasiment ignoré notre relation au monde naturel.
Certains des aspects les plus laids du comportement humain aujourd'hui viennent de la peur des changements radicaux que nous devons maintenant entreprendre.
Un monolithe d'uniformité n'a pas d'intelligence interne.
Le refoulement de notre souffrance pour la planète nous invalide politiquement. Séparés les uns des autres et de notre sagesse profonde, nous devenons plus dociles et obéissants tandis que nous assistons, impassibles, à la destruction du système qui soutient la vie, abandonnant ainsi une dimension de notre humanité.
On constate que les rats de laboratoire qui se sentent menacés se dispersent dans des occupations frénétiques et inappropriées. Il en va apparemment de même pour nous. Au cours du siècle dernier, notre société s'est de plus en plus tournée vers une poursuite désespérée du plaisir et des satisfactions à court terme. [...] Helen Caldicott qualifie ce phénomène de "déni maniaque".
Nous ne pleurons que ce que nous aimons.
L'éco-psychologie invite la pratique de la psychothérapie à étendre son attention au-delà du paysage intérieur, à explorer et à mettre l'accent sur le développement de la communauté, le contact avec la terre et le lieu, et l'identité écologique... Elle nous invite à écouter la Terre nous parler à travers notre souffrance et notre détresse, et à nous écouter nous-mêmes comme si nous écoutions un message provenant de l'univers.
Si le Changement de cap devait échouer, ce ne serait pas par manque de technologie ou d'information, mais par manque de volonté politique.
Les prises de conscience que nous avons réalisées lors de la troisième dimension du Changement de cap nous permettent de nous préserver de la panique et de la paralysie. Elles nous permettent de résister à la tentation d'enfouir nos têtes dans le sable. Elles nous aident aussi à supporter la tentation de nous retourner les uns contre les autres, en trouvant des boucs émissaires sur qui déverser notre peur et notre rage.
Nous arrivons au moment de convergence de ces trois courants : anxiété pour notre planète, découvertes scientifiques et enseignements ancestraux. C'est à ce confluent que nous nous abreuvons. Nous nous réveillons à ce que nous savions jadis ; nous sommes des êtres vivants sur une Terre vivante, source de tout ce que nous sommes et que nous pouvons accomplir. En dépit de notre conditionnement issu de deux siècles de société industrielle, nous voulons retrouver l'aspect sacré du monde.
Comme Ed Ayers, rédacteur en chef de World Watch, l'a écrit dans un éditorial [en 1998],La plus grande destruction sur notre planète n'est pas infligée par des terroristes ou des tyrans psychopathes. Elle est le fait de personnes ordinaires - respectant la loi, allant à l'église, aimant leur famille - des personnes "moralement" normales qui profitent de leurs quatre-quatre, de leurs croisières et de leurs hamburgers, conscients de la provenance de ces plaisirs et de leur coût réel. Oublieux non du prix qu'ils coûtent en magasin, mais de celui de tous les effets non répertoriés de leur production et de leur utilisation quand on les additionne.
Dès lors que les pour d'autoguérison de la Terre nous interpellent, nous nous sentons appelés à participer au Changement de cap. Pour qu'ils opèrent efficacement, il faut y croire et agir en conséquence. Les démarches que l'on entreprend peuvent être modestes, mais elle doivent comporter quelques risques pour notre confort mental, sinon nous serions tentés de rester à l'intérieur de notre zone de confort. Le courage, tout en apportant de la joie, apprend beaucoup.
La grâce arrive quand nous agissons avec d'autres au nom de notre planète.
Agir au nom du bien commun peut servir deux buts qui se recoupent : apporter au système le feedback requis sur les défis qu'il rencontre et transformer les principes sur lesquels il fonctionne. Cela aide à changer les normes de l'intérêt personnel individuel et compétitif en faveur de l'intérêt personnel collectif et systémique.
On peut se demander pourquoi le pouvoir assimilé à la domination, que nous observons en action autour de nous et au-dessus de nous, semble si efficace. Ceux qui l'exercent semblent obtenir ce qu'ils veulent : argent, succès, contrôle sur la vie des autres. Certes, mais c'est toujours au détriment du système plus large ou de leur bien-être à l'intérieur de celui-ci. Pour le système social, le "pouvoir sur" est dysfonctionnel parce qu'il inhibe la diversité et le feed-back. En obstruant les processus d'auto-organisation, il favorise l'entropie, la désintégration systémique. Pour le détenteur du pouvoir, c'est comme une armure qui réduit sa vision et ses mouvements. En rétrécissant sa conscience et son adaptabilité, elle le coupe de la vie, l'empêche d'y participer de manière plus épanouie et plus libre, diminue considérablement ses options de réponse.
Le lieu de la prise de décision reste à l'intérieur de l'individu, soumis à tous les caprices que cet individu considère comme étant son propre intérêt; Et nos modes de décisions actuels semblent trop lents et trop corruptibles pour répondre adéquatement à la crise de survie créée par notre société de croissance industrielle et ses technologies.
nous autoriser à ressentir l'angoisse et la désorientation en ouvrant notre conscience à la souffrance globale fait partie de notre maturation spirituelle. Les mystiques parlent de "la nuit noire de l'âme". Assez courageux pour lâcher les assurances habituelles et permettre aux vieux conforts mentaux et aux conformismes de disparaître, ils sont nus face à l'inconnu. Ils laissent des processus, que leurs esprits ne comprennent pas, opérer à travers eux. Sorti de l'ombre, l'inconnu surgit.
Certains des aspects les plus laids du comportement humain aujourd'hui viennent de la peur des changements radicaux que nous devons maintenant faire.
Conditionnés à ne prendre au sérieux que les sentiments qui se rapportent à nos besoins et à nos désirs individuels, nous estimons difficile de croire que l'on peut souffrir au nom de la société et de notre planète, et qu'une telle souffrance serait réelle, valide et naturelle.