Votre propre angoisse fait partie intégrante de la désolation de notre monde, et elle en est issue...
Si vous ressentez une douleur ou une oppression dans votre poitrine comme si votre cœur allait se fendre, n'ayez pas peur. Votre cœur n'est pas un objet qui peut se briser... Mais si c'était le cas, on dit qu'un cœur qui se brise peut contenir tout l'univers. Votre cœur est assez grand pour cela. Faites-lui confiance. Continuez à respirer...
Les rigueurs économiques générées par la Société de croissance industrielle mettent en pièces le tissu social et engendrent la violence. La jeunesse sans emploi exprime son désespoir, excitée par la cupidité et la brutalité constamment mises en avant par les médias et aigrie par le cynisme qu'étalent les tenants du pouvoir. Nous avons peur de nos banlieues, nous nous barricadons derrière des portes closes, nous nous réfugions dans des enclaves protégées. Politiciens et démagogues dirigent nos frustrations contre les autres, surtout contre les plus victimisés par la mondialisation de l'économie. Les échecs du capitalisme nous conduisent à chercher des bouc émissaires.
Être vivant dans ce bel univers auto-organisé,
participer à la danse de la vie avec nos sens pour
le percevoir, nos poumons pour la respirer, et
notre chair pour s'en nourrir, tout cela est une
merveille au-delà des mots.
Regardez votre main, sentez votre peau. Sentez la trame du monde qui vous entoure, les vêtements, les bras du fauteuil, le dessus de la table, le sol. Vos sens sont réels. Ils vous relient au reste de votre monde. Ils vous disent à quoi il ressemble. Vous pouvez leur faire confiance. Revenez à vos sens. Revenez à la vie.
Nombre de réformateurs et de militants dénoncent l'apathie du public. Pour nous réveiller, ils nous débitent des informations encore plus alarmistes, comme si nous n'en savions pas assez sur le mauvais état de la planète. Ils nous sermonnent , prêchent à propos de nos devoirs moraux, comme si nous ne nous en préoccupions pas. Leurs tentatives pour nous inquiéter nous inhibent encore davantage et durcissent nos résistances face à ce qui nous semble un raz-de-marée trop complexe, trop incontrôlable.
Si le monde doit être guéri par des efforts humains, je suis convaincue que ce sera par des gens ordinaires, des gens dont l'amour pour cette vie est encore plus grand que leur peur.
Le vide signifie qu'il y a de la place pour le nouveau.
On ne se libère pas du déni et du refoulement en serrant les dents ou en tentant de se comporter en citoyens plus courageux. On ne recouvre pas sa passion pour la vie, sa créativité innée et sauvage, en s'autoflagellant ou en s'endurcissant. Ce modèle de comportement héroïque appartient à la vision du monde qui a abouti à la Société de croissance industrielle.
Personne n'est immunisé contre le doute, la dénégation ou l'incrédulité quant à la gravité de notre situation et à notre capacité à changer cet état de fait. Et pourtant, au-delà de tous les dangers encourus, des changements climatiques aux guerres nucléaires, aucun n'est aussi grave que notre paralysie.
Il est crucial de savoir que nous pouvons encore répondre à nos besoins sans détruire le système qui soutient la vie. Nous possédons les connaissances scientifiques et les moyens techniques nécessaires pour y parvenir.