AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Joe R. Lansdale (603)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Du sang dans la sciure

Dans les années 1930, la petite ville de Tyler, dans l'est du Texas, survit grâce à la scierie de Camp Rapture. Fils de la principale actionnaire de l'entreprise, Pete Jones est aussi le shérif de la ville. La surprise est donc générale lorsque sa femme Sunset, violentée une fois de trop par ce mari brutal, l'abat d'une balle dans la tête. Elle est acquittée pour légitime défense et promue shérif.



Imaginez le Texas pendant les années 30, une femme qui tue son mari et qui va être nommée shérif et qui en plus va défendre un "nègre" !

Bienvenu dans l'univers de Joe R Lansdale. A mon avis son meilleur roman.



Bruno
Lien : http://www.librairie-renaiss..
Commenter  J’apprécie          00
Du sang dans la sciure

Sunset & Sawdust

Traduction : Bernard Blanc



Avec "Les Marécages" et "Sur la Ligne Noire", "Du Sang Dans La Sciure" est en général considéré comme l'un des romans majeurs de Joe Lansdale. C'est là encore un "polar social" dans lequel l'intrigue policière se double d'une analyse critique de la condition des minorités - et donc de la condition de la Femme - dans le Texas oriental des années trente. Mais ici, pas de narrateur masculin revenant sur sa jeunesse, pas de discours nostalgique : rien qu'une violence et une misère intellectuelle brutes de décoffrage. C'est le Sud des "pauv' Blancs", sur lequel n'arrête pas de déferler l'énorme tempête de sable des années trente, avant que l'entrée des Etats-Unis dans la Seconde guerre mondiale ne donne un coup d'accélérateur au développement économique de l'Amérique profonde - et arriérée.



Sunset Jones, l'héroïne de ce roman écrit intégralement à la troisième personne, compte pourtant parmi les "notables" de la petite ville texane qui sert de décor à l'action. Elle a épousé Peter Jones, le constable du coin - la ville est trop petite pour avoir un sherif - par ailleurs fils unique des propriétaires de la scierie qui assure l'essentiel de l'emploi dans la région. Seulement voilà, Pete est un homme violent, qui boit comme une éponge rescapée du Sahara, court la gueuse avec la frénésie d'un futur vérolé et trouve encore le moyen de cogner et de violer sa femme dès qu'il rentre au logis. Avec ça, s'il y en a qui s'étonnent de voir un jour Sunset craquer et abattre son mari, c'est qu'ils ont une drôle de conception de l'existence.



Tel est le point de départ d'une histoire bourrée jusqu'à la table des chapitres de rebondissements dont certains - selon qu'on est ou pas un inconditionnel de Lansdale - et notamment le retour du père de Sunset, paraîtront tirés par les cheveux ou, à tout le moins, relever du roman-feuilleton du XIXème siècle. Mais deux points restent très intéressants dans ce livre : 1) la chute qui fait son boulot et surprend pas mal, 2) et la description de l'East Texas et de ses us et coutumes, description beaucoup plus réaliste, plus abrupte, plus brutale que d'habitude.



"Du Sang Dans La Sciure" est un roman dur qui ne fait pas de quartier. Lansdale y montre une humanité que l'ignorance, les idées reçues et la misère cantonnent dans une espèce de no man's land dont ses membres n'ont pas même conscience. Ils sont fiers de leur crasse intellectuelle, de leur morale dégénérée, de leur grossièreté, de cette supériorité que, selon eux, leur confèrent soit le sexe, soit la couleur de la peau. Ils sont même si fiers de ce qu'ils tiennent sincèrement pour des valeurs saines qu'ils ne se rendent pas compte qu'elles les mènent droit à la déshumanisation absolue.



Un livre à lire, certainement. Un polar ? Je n'en suis pas sûre. Un roman noir, oui et non car la fin est mitigée. Mais un excellent roman sur le Sud des Etats-Unis au temps de la Grande dépression, c'est certain. ;o)
Commenter  J’apprécie          70
Du sang dans la sciure

Dans le Texas des années 30, la belle Sunset aux cheveux de feu abat son mari d’une balle dans la tête alors qu’il l’avait battue une fois de trop. Par un étrange concours de circonstances, elle devenir le constable (représentant de la loi) de sa petite ville, malgré l’hostilité d’une partie de la population. Sa première enquête sera rude et complexe, les corps d’une femme blanche et de son bébé étant retrouvés enterrés sur les terres d’un fermier noir. Un humour omniprésent allège un peu l’atmosphère de ce roman très sombre, qui fait partager au lecteur le quotidien des ruraux pauvres dans la Grande Dépression, ainsi que celui des journaliers itinérants. On y découvre une société très inégalitaire, raciste et misogyne, un univers proche de ceux de Faulkner et Steinbeck, où la haine et la violence semblent toujours sur le point de se déchaîner dans une chaleur suffocante.
Commenter  J’apprécie          10
Du sang dans la sciure

Lecture mitigée pour moi...



Peut-être qu'après avoir été transportée par Les Marécages, j'en attendais sans doute trop...



On retrouve ici les tensions entre Blancs et Noirs et l'ombre du Klan plane sans vraiment qu'on y ait affaire. Non, le nœud de l'histoire, c'est entre Sunset et son mari que ça se passe. En état de légitime défense, elle l'abat d'une balle en pleine tête - c'est pas du spoil, c'est juste l'incipit, ça démarre vraiment sur les chapeaux de roue !!!



Bref, et par un concours de circonstances - et un jeu d'alliances incongru et étonnant - Sunset se voit remettre la fonction de constable en lieu et place de son époux décédé, et va se retrouver affublée de deux adjoints assez particuliers, chacun dans leur genre. Et devoir enquêter sur deux cadavres retrouvés enduits d'une espèce d'huile, celui d'un nourrisson et celui d'une femme, la maîtresse de son mari...



Dans les points positifs, cette intrigue en double fond où les enjeux ne sont pas du tout ce qu'ils semblent être de prime abord - pas de crimes passionnels ici... Le rythme de l'action, bien soutenu, sans temps mort. Les personnages aussi, assez originaux et recherchés, et néanmoins "logiques" dans leurs choix et leurs actions, la découverte de cette Amérique de milieu du XXe siècle, encore bien raciste et aux dents longues...



Par contre, trop de personnages, trop de rebondissements et une fin absolument à la fois inattendue et décevante ! Joe Lansdale prend un malin plaisir à nous faire "espérer" un dénouement pour mieux nous en priver et c'est très frustrant !!!



Lecture mitigée pour moi donc, mais ça reste un roman très bien construit et agréable à lire.
Commenter  J’apprécie          60
Du sang dans la sciure

Cette fois aura été celle de trop... Alors que son mari, Pete, lui assène des coups et tente de la violer, Sunset s'empare de son .38 et lui colle une balle dans la tempe. Une fois remise par tant d'émotions, la jeune femme se rend, grâce à oncle Riley croisé sur la route, chez ses beaux-parents. Évidemment, la nouvelle de la mort de leur fils les met hors d'eux, notamment Jones. Mais, étonnamment, sa belle-mère, Marylin, finit par l'enlacer, comprenant son geste. Elle va même, contre l'avis de certains, proposer sa belle-fille au poste de constable, laissé de par le fait vacant depuis la mort de Pete. Un poste que la jeune femme accepte malgré les réticents. Épaulé par Clyde et Hillbilly, un jeune vagabond chanteur, elle va très vite devoir faire ses preuves avec la découverte d'un cadavre d'enfant, enterré dans le champ d'un propriétaire noir...



Joe R. Lansdale nous emmène à Tyler, dans l'East Texas, durant les années 30. Bien qu'elle ait assassiné son mari, par trop de fois violent, Sunset n'est ni inquiétée et encore moins jugée. Bien au contraire puisqu'elle se voit confier le poste de constable, grâce à sa belle-mère qui a un rôle très important dans la plus grande scierie du coin. Mais occuper un tel poste lorsqu'on est une femme n'est pas une mince affaire. D'autant que la découverte d'un premier puis d'un second cadavre va faire resurgir de vils secrets et magouilles. Outre ces enquêtes menées de main de maître et l'ambiance sombre (années noires de la Grande Dépression, population rustre, ségrégation raciale), ce roman brosse le portrait d'une femme rebelle, insoumise et courageuse. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, notamment Marylin, qui ose enfin s'affirmer, Hillbilly, qui cache bien son jeu, un croquemitaine effrayant ou encore Bull, le géant noir. Un roman dur, captivant et plus profond qu'il n'y paraît...
Commenter  J’apprécie          592
Du sang dans la sciure

Rien à voir avec la farce de son "Le drive-in", et c'est heureux.

Une ambiance noire à la Caldwell mâtinée d'un rien de surréalisme et d'un humour finement décalé.

Joe R. Lansdale m'a régalé avec son improbable mais paradoxalement si crédible galerie de personnages naïfs, équivoques, malsains, rustres et cruels.

L'auteur bafoue allègrement la morale hollywoodienne, il n'y a ni bons ni méchants dans ce trou du Texas.

Violence conjugale, alcoolisme, lynchage raciste, trahison tissent un environnement glauque d'où nul ne s'échappe.

Habilement, Lansdale lubrifie la noirceur de sa trame narrative avec quelques gouttes d'humour grinçant sans basculer grand-guignolesque.

J'en veux encore.

Commenter  J’apprécie          40
Du sang dans la sciure

Sunset Jones, un jour, a dit stop.

Stop aux tromperies et aux coups de son shérif de mari qu'elle trucide lors d'une ultime scène de ménage.

Contre toute attente, acquittée et nommée en lieu et place de sa défunte moitié, cette femme fraîchement émancipée devra rapidement s'affirmer tout en s'évertuant à résoudre sa première enquête. En effet, la découverte d'un cadavre de femme enceinte aux abords des champs de l'un des plus prolifiques propriétaires terriens du coin, noir de surcroît, ne lassera pas de la confronter à des intérêts individuels qui la dépassent de très loin.

Elle est désormais la femme à abattre.



Lire Lansdale, c'est l'assurance quasi acquise de s'éclater sur quelques centaines de pages.

Une verve hors du commun.

Une faculté d'immersion en un environnement naturel et humain hostile généralement dépeint au cordeau.

Un récit habilement construit qui se tient de la première à la dernière ligne.

Difficile de prendre le bonhomme en défaut au vu du niveau d'écriture et de créativité très largement supérieur à la moyenne.



Du Sang Dans La Sciure n'est pas qu'un énième thriller social. Il est bien plus que cela.

Le portrait d'une femme qui a brisé ses chaînes pour donner libre cours à sa nature profonde.

Un être d'une force insoupçonnable capable d'affronter l'âpreté de ce monde tout en composant avec les démons qui la rongent.



Au-delà de ça, Lansdale, comme d'hab', s'est ingénié à dresser une galerie de portraits pas piquée des canetons.

Des êtres faillibles que l'on se plaira à aimer ou détester, c'est selon , mais tous pleinement légitimés par une histoire originale et racée.



Le mieux, pour se faire une idée, c'est encore de tenter l'aventure Lansdale car l'essayer, c'est définitivement l'adopter.
Commenter  J’apprécie          4412
Du sang dans la sciure

Texas, années 30. Sunset explose la cervelle de son mari à coup de calibre 38 pendant qu’il essaie une fois de plus de la violer. Femme battue et trompée, elle ne supportait plus une situation devenue invivable. Le problème, c’est que ce mari est aussi le shérif du coin et le fils des propriétaires de la plus grande scierie de la région.



En apprenant la nouvelle sa belle mère, d’abord effondrée et vindicative, finit par excuser son geste. Elle-même doit subir la violence quasi quotidienne de son époux. Comprenant qu’elle est quelque part responsable de la situation puisqu’elle a laissé son fils grandir avec l’impression que battre une femme est un comportement naturel pour un homme, elle chasse son propre mari qui se suicidera quelques jours plus tard.



Sunset tente quand à elle de se remettre tant bien que mal du meurtre qu’elle a commis. Nommée shérif à la place de celui qu’elle a tuée, elle éprouve les pires difficultés à se faire respecter dans cette région de l’East Texas machiste où le Ku Klux Klan règne en maître. C’est en enquêtant sur un double meurtre particulièrement atroce qu’elle va mettre à l’épreuve ses convictions et le peu d’amour propre qui lui reste.



Du sang dans la sciure, c’est avant tout le combat d’une femme dans un monde d’hommes qui ne lui reconnaissent aucune légitimité. Mais c’est aussi une plongée ultra réaliste dans l’Amérique profonde de la grande dépression. On y croise des hobos, des saisonniers qui vivent au jour le jour dans une misère totale et des noirs qui ont bien du mal à croire à la fin de l’esclavage.



Décidément, Joe R. Lansdale est un sacré bon écrivain de polars. Certes, Du sang dans la sciure n’est pas son meilleur roman. Juillet de sang, Un froid d’enfer ou Les marécages restent ses productions les plus abouties. Il n’empêche. Il est dans la lignée du très grand Pelecanos. Rajoutez Ed Mc Bain et Chester Himes et vous aurez mon quatuor majeur de la littérature policière version US.



Une dernière recommandation : ce roman n’est pas destiné aux lecteurs qui ont les oreilles chastes. On est dans le Texas profond, chez les rednecks les plus rustres et la prose reflète bien l’ambiance générale. C’est vulgaire, bien gras et sans fioriture. Personnellement, j’avoue que j'adore ça !




Lien : http://litterature-a-blog.bl..
Commenter  J’apprécie          30
Du sang dans la sciure

Découverte , grâce au Challenge solidaire, d’un auteur que je ne connaissais pas du tout !



Du sang dans la sciure nous entraîne dans une petite ville au cœur du Texas dans les années 1930, en pleine Dépression. Le personnage principal est une femme, une jolie fille à la chevelure rousse flamboyante qui lui a valu le surnom de Sunset. Le livre s’ouvre sur une scène violente de tabassage en règle et de viol de la part de son mari, une fois de plus et une fois de trop : s’emparant de son pistolet de service dans la bagarre, elle le tue. Problème : la victime était le shérif du patelin qui vit essentiellement de la scierie tenue par ses parents. Pourtant, non seulement Sunset n’est pas condamnée mais sa belle mère obtient pour elle le poste vacant . Aidée par deux adjoints, Sunset va tenter de remettre de l’ordre dans le secteur !



Un roman noir sans temps mort, avec des personnages bien campés, certes avec pas mal de violences mais tempérées par un humour et une plume inventive et avec un petit côté western qui passe bien. L’intérêt du roman est aussi dans la peinture réaliste de ces années de misère de la Grande Dépression qui lancèrent sur les routes toute une population de « hobos » , et des calamités naturelles (invasion de sauterelles , ouragans et tempêtes de poussière) qui rendent les choses encore plus terribles. La ségrégation et le racisme de cet état du Sud sont aussi très présents dans l’histoire ainsi qu’une profonde misogynie de la part d’une population masculine sûre de son bon droit et n’envisageant les femmes qu’au foyer et totalement soumises. Le personnage de Sunset n’en est que plus touchant dans sa rébellion et sa fragilité.

Pas mon genre de lecture habituelle mais j’ai vraiment bien aimé et j’essaierai sans doute d’autres Lansdale.
Commenter  J’apprécie          137
Du sang dans la sciure

Texas, 1930, Sunset a été longtemps soumise mais un jour, la goutte déborde du vase ...son mari, shérif, la viole une énième fois, la bat et là, elle l'abat. Par un concours de circonstances que vous découvrirez en lisant le livre, elle devient Sherif et doit faire ses preuves.



Un roman qui décoiffe de par ses personnages féminins qui ont décidé qu'elles n'allaient plus se laisser faire. Un monde où l'homme est roi, où le KKK règne, où les noirs n'ont rien à dire. Le roman se lit facilement, le style est fluide. On découvre toutes les personnalités haut en couleur que ce soit les hommes ou les femmes et où le langage est assez cru. Peut-être un peu trop souvent pour moi... Je ne m'y attendais pas, cela m'a un peu gâché la lecture. L'auteur a retranscrit, je pense, l'époque et le contexte historique.



Catégorisé comme thriller ou polar, je pencherais plus pour un roman noir. Je n'ai pas trop accroché dans l'ensemble même s'il y a des moments où la lecture me plaisait. Il faut dire aussi que je l'ai reçu dans une box littéraire où j'avais demandé un western, noir dans le style "Le tireur" ou "Homesman" et c'est là où j'ai été un peu déçue :). Il y a chez d'autres lectueurs Babelio des critiques qui valent peut-être d'être lues et qui pourraient vous intéresser.



Commenter  J’apprécie          20
Du sang dans la sciure

Un excellent Lansdale, qui ne fait pas partie de la série Hap et Léonard mais dans lequel on retrouve tout ce qu'on aime chez l'auteur avec en prime une enquête bien ficelée.

Le décor est toujours le même: le Texas des années 30 et sa nature hostile (le mot est un peu faible vu toutes les calamités qui s’abattent sur la ville...).

La menace du Klan plane vaguement, la ségrégation raciale bat son plein.

Les hommes de la petite ville de Camp Rapture vivent de l'agriculture ou du travail à la scierie. La population est plutôt rustre, rodée aux rudesses de la vie pauvre.

Ce qui change un peu, ce sont les personnages féminins. Hé oui! Le personnage principal est une femme. Et quelle femme!

Sunset, la belle rouquine, battue et violée par son mari les jours où il a la main un peu lourde sur la bouteille. Jusqu'au jour où...voyant sa dernière heure arriver, elle profite qu'il ait le pantalon baissé pour lui prendre son arme et lui tirer une balle dans la tête.

La ville se retrouve alors sans constable.



C'est Sunset, grâce au soutien de sa belle-mère, qui va hériter du poste malgré la désapprobation générale. Une femme constable tout de même! Qui en plus a osé tenir tête à son mari. Elle ne connait rien au métier mais elle va devoir s'y mettre, avec l'aide de 2 adjoints qui se sont portés volontaires (très volontaires même! Davantage pour raisons personnelles que professionnelles...), quand le corps d'une femme sera retrouvé dans un champ, sur le terrain du seul propriétaire noir de la région.



Malgré une petite variation sur le thème du héros viril, aucun doute, on est bien chez Lansdale. On retrouve l'humour, la petite note burlesque à l'occasion, quelques belles scènes de castagne et un vocabulaire toujours aussi fleuri. Mais aussi beaucoup d'humanité, un hommage aux femmes, aux pauvres, à tous les laissés-pour-compte. Un constat de la folie des hommes prêts à tout pour quelques dollars. Le souci de dénoncer l'injustice. Il faut aussi reconnaître qu'il décrit avec beaucoup de justesse les années sombres de la dépression (comme dans un bon roman noir?). On peut lui reprocher d'avoir une vision un peu trop manichéenne du monde (les méchants contre les gentils opprimés) mais n'est-ce pas ce côté légèrement caricatural qui fait tout le charme?



En tout cas on ne s'ennuie pas une seconde et en ce qui me concerne, c'est toujours un vrai plaisir de lire un auteur qui ne la pète pas, qui n'a pas peur d'appeler un chat un chat, mais qui n'oublie pas pour autant de mettre de la profondeur dans son récit.


Lien : http://lesgridouillis.over-b..
Commenter  J’apprécie          20
Flinch, tome 2

Ce tome fait suite à Flinch Book one qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant, puisque toutes les histoires sont indépendantes et autocontenues. Il comprend les numéros 9 à 16, initialement parus en 2000. Il s'agit d'une anthologie, chaque numéro comprenant 3 histoires de 6 à 8 pages, pour un total de 22 pages par numéro. Les couvertures sont réalisées par un artiste différent à chaque fois : (9) Alex Ross, (10) Edvin Biukowic, (11) Phil Hale, (12) Mitch O'Connell, (13) Rick Berry, (14) Michael WM. Kaluta, (15) Dean Ormston, (16) Richard Corben. Cette anthologie a été publiée par Vertigo, la branche adulte de DC Comics. Pour le détail des auteurs, se reporter à la fin du commentaire.



Lors des achats de Noël, une jeune mère n'a plus assez de sous pour payer un cadeau à son fils qui l'accompagne, mais elle en a assez pour lui offrir un tour dans une attraction à neige, pendant qu'elle papote avec une vieille dame. Après 11 ans passés à assister lors d'opérations de récupérations d'organes sur des donneurs, une infirmière décide que la dernière a été de trop. Clyde répond au coup de sonnette : il s'agit de Kevin son pote, qui apporte le cadavre de Kelly (un meurtre incontrôlé) et qui lui laisse parce qu'il a une course urgente à faire.



Un mari en train de descendre quelques bières dans un bar appelle Lisa pour passer du bon temps, mais ce n'est pas vraiment la conversation de téléphone rose qu'il espérait. Un jeune homme, fils de caïd, doit se mettre à l'ombre pendant quelques temps chez un individu surnommé Pink qui a une jolie maison dont il ne cesse de repeindre le salon. Dans un pays d'Amérique du Sud, une femme n'a d'autre choix que d'accepter de faire la mule pour passer de la drogue aux États-Unis, afin de gagner assez d'argent pour faire opérer son fils.



La structure de ce deuxième tom est semblable à celle du premier : 24 histoires courtes réalisées par des auteurs différents, toutes indépendantes, avec une composant horrifique. Il y a quelques scénaristes qui sont de retour comme Brian Azzarello, Bruce Jones et Joe R. Lansdale, et un seul dessinateur Frank Quitely. Comme dans le premier tome, les histoires se déroulent presque toutes au temps présent, avec de rares exceptions pour un passé proche, et une exception pour un futur plus lointain. Il n'y a qu'une seule histoire qui dénote vraiment en mettant en scène des animaux anthropomorphes. Les auteurs utilisent soit des perversions très humaines qui prennent des proportions déraisonnables, soit l'intervention du surnaturel. À nouveau ces auteurs doivent se montrer fort inventifs pour surprendre des lecteurs qui peuvent être blasés par des années de lecture, mais surtout qui connaissent le dispositif narratif de l'histoire à chute, avec justice poétique, ou retournement de situation.



Comme l'indique les résumés succincts des 6 premières histoires, les scénaristes ne manquent pas d'inventivité. Au cours de ces 24 récits courts, le lecteur se retrouve dans des environnements urbains bien sûr, mais aussi dans une salle d'opération, un cimetière, un immeuble de bureaux, la salle d'attente d'un médecin, une maison isolée, à bord d'un avion et même à bord d'un paquebot dans une croisière pour individus du troisième âge. Il voit des individus confrontés à des vengeances, à des sentiments trop forts pour eux, et à quelques créatures surnaturelles dangereuses.



En termes visuels, la vingtaine d'artistes présent également de nombreuses particularités. Bruce Timm, Tim Levins et Roger Langridge dessinent des formes épurées, évoquant les dessins animés pour enfants, mais représentant des scènes qui n'ont pas leur place dans ces divertissements. Plusieurs dessinateurs réalisent des cases descriptives, très propres sur elles et très détaillées, comme Chris Weston, Frank Teran, Frank Quitely, Esad Ribic, Craig Hamilton, jouant sur les cadrages et sur les détails pour montrer des situations qui sortent de l'ordinaire. Sean Phillips réalise des pages à la peinture directe avec un éclairage bleuté évoquant la lumière stérile des hôpitaux. Timothy Truman réalise également des dessins descriptifs, mais avec une direction d'acteurs exagérée pour ces animaux anthropomorphes qui gesticulent.



D'autres artistes tirent les dessins dans une autre direction. Certains adoptent des tracés plus épurés, préférant mettre en avant une vision plus simple de la réalité (mais pas moins étrange), comme Dave Taylor. D'autres jouent sur les épaisseurs des traits de contours et les expressions des visages pour rendre la réalité un peu décalée comme Ted McKeever ou Philip Bond. Certains poussent jusqu'à l'exagération comique comme Roger Langridge et les frères Pander. Il est possible d'avoir un petit faible pour les artistes qui préfèrent ajouter une dimension expressionniste à leur planche, comme les belles ombres noires de David Lloyd, ou les incroyables aplats de noir de Danijel Zezelj qui semble sculpter ses personnages pour faire apparaître leurs formes au burin.



Comme dans toute anthologie, le lecteur éprouve des réactions différentes pour chaque histoire. Le principe de l'anthologie est d'offrir de la diversité, et chaque histoire présente ses propres caractéristiques. Effectivement, le lecteur n'éprouve jamais l'impression de relire la même histoire. Parmi les plus marquantes, il est possible de retenir la première. Bruce Jones est un scénariste chevronné qui écrit des thrillers depuis des décennies et qui maîtrise le format court. Malgré l'aspect inoffensif des dessins, il met une mère face à l'injustice de la réalité, dans un drame qui lui fait porter une culpabilité insupportable. Brian Azzarello sait également raconter une histoire substantielle en peu de pages. Il installe un suspense qui tient le lecteur en haleine, en voyant les réactions du mari qui entend la conversation entre cette allumeuse de Lisa et son mari qui est rentré à l'improviste. Danijel Zezelj montre l'inquiétude qui se transforme en angoisse sur le visage du monsieur dans le bar qui écoute au téléphone la dispute prendre de l'ampleur. Les créateurs réussissent à angoisser le lecteur, sans rien lui montrer du drame qui se joue, juste par les réactions de l'interlocuteur téléphonique, un tour de force.



Tony Bedard place une pauvre mère de famille dans un voyage en avion, obligée de porter un nourrisson mort avec elle, comme s'il était encore vivant. Il intègre double dose d'angoisse : celle que le pot aux roses soit découvert, mais aussi l'horreur psychologique de devoir se conduire comme si le nourrisson était encore en vie. Les dessins expressionnistes chargés de noir de David Lloyd donnent à voir le tourment dont cette pauvre femme est la proie, un récit glauque sans horreur graphique, tout en psychologie. Joe R. Lansdale écrit des récits plus directs, mais la mise en image de Bruce Timm donne une consistance insupportable à cette histoire d'amour masochiste jusqu'à la folie, avec un côté mignon tellement décalé qu'il en devient inadmissible et qu'il renforce encore la déviance contre nature du couple. Cette fois-ci l'horreur est plus graphique.



Le tandem de Bruce Jones & Frank Quitely réalise une autre d'histoire d'amour (à trois) tout aussi tordue, tout aussi déviante, mais sans masochisme physique. Quitely montre avec réalisme chaque protagoniste et chaque endroit, les faisant exister avec une force de conviction qui emporte le lecteur dans ce drame inéluctable et fascinant. De manière tout aussi réaliste, Scott Cunningham & Esad Ribic écrive un récit noir au premier degré, qui se lit aussi comme une métaphore du stress de la performance professionnelle, avec une chute qui fonctionne à la perfection. À nouveau Brian Azzarello (cette fois-ci avec Javier Pulido) s'amuse aux dépends des nerfs du lecteur, à faire monter l'angoisse chez 3 garçons ayant maltraité un chat, en jouant sur le fait que le lecteur sait que le récit se terminera mal pour quelqu'un. Les dessins un peu épurés de Pulido montrent une réalité, comme vue par ces garçons.



Il est encore possible de citer Lucius Shepard qui anticipe un futur où la technologie permet à chacun de vivre en toute transparence, au point que les internautes sont devenus accros à ce voyeurisme et recherche des scènes du réel qui sortent de l'ordinaire, avec des dessins hyper-réalistes de Chris Weston prouvant que ce futur n'est pas si éloigné que ça de notre réalité. Darko Macan a imaginé un jeu de téléréalité très malin où le gagnant réalise son fantasme, avec un prix trop élevé, farce macabre rendue légère par les dessins amusés de Tim Levins.



Dans ce deuxième tome, la qualité est toujours au rendez-vous et peut-être même à un niveau plus élevé que dans le premier. Plusieurs équipes créatrices se lâchent pour la situation de départ et font souffrir leurs personnages avec inventivité, avec des dessins qui viennent apporter une dimension supplémentaire au récit. Chaque numéro comprend au moins une histoire indispensable. 5 étoiles.



-

- Auteurs -



Numéro 9 : Bruce Jones & Dave Taylor ; Thom Metzger & Sean Phillips ; Steven T. Seagle & John Estes

Numéro 10 : Brian Azzarello & Danijel Zezelj ; Tony Bedard & David Lloyd ; Ken Rothstein & Frank Teran

Numéro 11 : Joe R. Lansdale & Bruce Timm ; John Rozum & Cliff Chiang ; Ian Carney & Dave Taylor

Numéro 12 : Bruce Jones & Frank Quitely ; John Arcudi & Ryan Sook ; Scott Cunningham & Esad Ribic

Numéro 13 : Joe R. Lansdale & Timothy Truman ; Roger Langridge ; Brian Azzarello & Javier Pulido

Numéro 14 : Bruce Jones & Bernie Wrightson (encré par Tim Bradstreet), Ted McKeever, Darko Macan & Tim Levins

Numéro 15 : Paul Jenkins & Pander Brothers ; Lucius Shepard & Chris Weston ; Will Pfeiffer & Robert Valley

Numéro 16 : Mike Carey & Craig Hamilton ; Charlie Boatner & Philip Bond ; Guy Gonzales & Danijel Zezelj
Commenter  J’apprécie          30
Gangland

Ce tome est une anthologie d'histoires courtes autour du thème des criminels. Il regroupe les 4 numéros initialement parus en 1998. Chaque couverture est réalisée par un artiste différent : Tim Bradstreet, Brian Bolland, Glenn Fabry, Dave Gibbons. En 1999, l'éditeur Vertigo a reconduit ce format l'année suivante sur le thème de l'horreur avec la série Flinch en 8 épisodes. Pour le détail des auteurs, se reporter à la fin du commentaire.



Alphonse Capriccio est un ancien mafieux qui a vendu ses chefs pour éviter une peine de prison et qui bénéficie du programme de protection des témoins, mais il rentre chez lui pour trouver son chien égorgé et sa femme tuée. En Amérique du Sud un homme récolte du pavot et le vend dans une chaîne qui aboutit au trafic de drogue. C'est l'histoire d'un tueur à gages anonyme qui intervient dans la cérémonie de mariage de la fille d'un parrain. Mishka est un parrain de la mafia russe et il revient en ville confronter celui qui l'a laissé pour mort. Rico Jansci fuit la police et trouve refuge dans l'immeuble où il a parlé à son frère pour la dernière fois. Ce parrain est arrivé au sommet des affaires et s'y est maintenu pendant des années, avec Stella à ses côtés, mais ce matin il se sent vieux. Chapo est un petit malfrat des quartiers, mais ce matin il a reçu par courrier une carte bleue sans plafond et son pote Reggie le convainc de s'en servir pour louer une chambre d'hôtel dans les beaux quartiers et se faire approvisionner en poules de luxe et en drogues.



Le dentiste Harvey Lowry reçoit la visite nocturne de Mickey Dolan dans son cabinet, et il le supplie d'accepter qu'il l'accompagne dans ses activités criminelles, car il n'en peut plus de sa vie rangée et monotone. Déjà à l'époque préhistorique des tribus en pillaient d'autres en les massacrant. Cet employé de bureau est un voleur mesquin qui pioche dans les fournitures de bureau, depuis qu'enfant il a découvert que tout le monde se sert comme il peut. Monsieur Melchizedek est persuadé que des individus observent ses moindres faits et gestes et il s'en protège comme il peut. Dino est un Berger allemand, élevé à coups de pied par un truand, mais récupéré par un policier qui l'intègre à la brigade canine. 2 frangins vont faire des courses pour leur mère, saluent Jezebel, un garçon manqué dont ils moquent, puis croisent les mauvais garçons du quartier. 2 hommes de main vont manger dans un restaurant asiatique et expliquent au patron qu'ils ne bénéficient plus de la protection du parrain local, et qu'il doit lui céder son bail.



Ces 14 brefs synopsis correspondent aux histoires des 4 numéros. Chacune de ces histoires courtes est différente et autonome. Le cadre de cette anthologie semble d'avoir été de raconter des histoires majoritairement contemporaines, avec quelques rares récits dans un passé récent comme les années 1950/1960, sans science-fiction ou anticipation. Le titre de l'anthologie renvoie au milieu, aux gangs criminels. Il s'agit donc de raconter des histoires criminelles, de voleurs et d'organisation criminelle. Dans les années 1960 et 1970, les éditeurs principaux de comics (Marvel et DC) publiaient des anthologies mais plutôt de type horreur, sur le principe de plusieurs histoires courtes, tradition héritée des EC Comics, puis de Warren (Creepy et Eerie). Chaque décennie l'éditeur DC essaye de relancer le format de l'anthologie, souvent dans sa branche adulte Vertigo, ce qui présente l'avantage d'attirer des auteurs qui ne souhaitent pas investir le temps nécessaire à réaliser une histoire en plusieurs épisodes.



Avant de se lancer dans la lecture de ce recueil, le lecteur jette un coup d'œil aux noms des créateurs. Il en ressort alléché par le fait qu'il s'agit du haut du panier, et que les responsables éditoriaux ont été solliciter des créateurs renommés dans issus des comics indépendants (James Romberger, Simon Revelsroke, Joe R. Lansdale, Randy DuBurke), ou ayant connu leur heure de gloire dans les années 1970/1980 (Richard Corben, Dave Gibbons, Eric Shanower, Tony Salmons), voire ayant déjà régulièrement travaillé pour Vertigo (Brian Azzarello, Tim Bradstreet, Jamie Delano, David Lloyd). Il ne peut pas estimer la qualité des histoires d'un coup d'œil. En effet, l'art de l'histoire courte est très délicat. Il faut savoir nourrir suffisamment le récit pour que le lecteur ait la sensation d'une histoire complète, mais ne pas le noyer de phylactères d'exposition pour compenser sa brièveté. L'exercice est rendu encore plus compliqué, car le lecteur sait qu'il est en train de lire une histoire avec une chute, et il en a lu d'autres. Réussir à le surprendre suppose une maîtrise du rythme et un art de prestidigitateur pour monopoliser la concentration du lecteur sur l'intrigue, et détourner son attention de l'arrivée de la chute.



Par la force des choses, il y a de tout dans 14 récits, et il y en a pour tous les goûts. Il y a bien une ou deux histoires avec un simple scénario de vengeance, linéaire et basique comme celui écrit par Dave Gibbons, ou le dernier du recueil par Richard Brunning. Il y a également un hommage très appuyé à Edgar Allan Poe réalisé par Simon Revelstroke. Mais la majeure partie des auteurs écrivent un récit personnel, que ce soit dans la situation, ou dans le thème. Il y a aussi bien un témoin sous protection, que la chaîne de production et de vente de drogue, en passant par un voleur de fourniture de bureau et un duo de gamins qui se font intimider par des plus grands qu'eux, d'une année ou deux. Au travers de ces histoires, les auteurs écrivent de vrais polars qui s'inscrivent dans le milieu où l'histoire se déroule, et cet environnement exerce une incidence directe sur l'histoire, agissant comme un révélateur de cette société particulière. Il y a des problématiques de rentabilités et de ressources limitées, d'obsolescence, de confiance, de paranoïa, de préjugés, et de stéréotypes raciaux. Les histoires les plus cruelles ou les plus pénétrantes ne sont pas forcément les plus violentes ou les plus gores. Lucius Shepard et James Romberger montrent un jeune homme qui décroche la timbale en recevant une carte platinium sans plafond. L'usage qu'ils en font reflète leur culture et leur condition sociale, et ils se heurtent au fait que l'argent ne fait pas le bonheur. L'histoire personnelle du petit employé de bureau qui pique dans les fournitures et commet d'autre larcins mesquins (par Ed Brubaker & Eric Shanower) met en scène le fait que tout le monde gruge à sa manière, reflétant l'imperfection de l'être humain. Rapidement, le lecteur s'aperçoit que l'histoire du chien Dino (par David Lloyd) provoque chez le lecteur l'impression que le comportement de ce chien pourrait également être celui d'un homme un peu confiant et balloté par les circonstances.



Outre la qualité potentielle des histoires, il est probable également que le lecteur ait été attiré par la liste des dessinateurs. Tim Bradstreet réalise des dessins photoréalistes âpres, complétés par des couleurs crépusculaires, décrivant un monde sans pitié. Peter Kuper réalise 3 pages sans texte, au pochoir, comme il l'avait fait pour The System, d'une grande richesse. Frank Quitely est en mode descriptif, sans la délicatesse romantique qu'il développera par la suite, pour des dessins exhalant une ironie savoureuse. Dave Gibbons est égal à lui-même avec des dessins faussement simples, comportant un degré élevé d'informations visuelles. Ce premier numéro est un régal visuel de bout en bout, un sans-faute. Dans les épisodes suivants, le lecteur se repaît des dessins de Richard Corben, toujours aussi épatant avec des volumes qui sortent presque de la page, et des textures sur le lecteur croit pouvoir toucher de ses doigts. La fête visuelle continue avec Kilian Plunkett dans un registre également descriptif mais émaillé de traits non ébarbés évoquant la rugosité d'une réalité non adoucie. Le lecteur plonge dans un monde où les ténèbres menacent d'engloutir le personnage, dans les pages toujours aussi envoutantes de Danijel Zezelj. Les ombres représentées par David Lloyd sont plus expressionnistes, mais tout aussi inquiétantes. Mark Chiarello joue à la fois sur les contrastes forts entre les zones noircies et les autres, mais aussi sur l'épure des formes.



Le lecteur se régale donc à retrouver les artistes à la forte personnalité qu'il connaît déjà, et il apprécie que les autres disposent d'une personnalité graphique tout aussi prononcée. Randy DuBurke présente lui aussi une réalité un peu torturée, du fait des lignes de contours irrégulières. James Romberger sait montrer 2 latinos naturels, dans leurs gestes et dans leurs tenues. Comme Peter Kuper, Tayyar Ozkan réalise une histoire sans parole avec des dessins plus traditionnels, et un humour noir plein d'entrain. Eric Shanower réalise des planches en apparence inoffensive dans leur naturel, mais finalement subversive par le naturel, la banalité et l'évidence des situations. Les dessins de Tony Salmons sont moins léchés, mais ils savent montrer la vivacité des personnages et la force de leurs réactions émotionnelles.



Le ressenti à la lecture d'une telle anthologie peut vite se révéler trompeur, en sautant rapidement d'une histoire à l'autre, et en enchaînant les artistes à une grande vitesse. Mais en prenant un peu de recul, le lecteur constate que chaque histoire est consistante, avec sa propre saveur, sa propre tonalité, à la fois grâce à l'intrigue et grâce aux dessins, avec un niveau élevé pour chaque et une majorité de pépites. 5 étoiles.



Épisode 1 : (1) Brian Azzarello + Tim Bradstreet, (2) Peter Kuper, (3) Doselle Young + Frank Quitely, (4) Dave Gibbons

Épisode 2 : (1) Simon Revelstroke + Richard Corben, (2) Jamie Delano + Randy DuBurke, (3) Lucius Shepard + James Romberger

Épisode 3 : (1) Darko Macan + Kilian Plunkett, (2) Tayyar Ozkan, (3) Ed Brubaker + Eric Shanower, (4) Scott Cunnigham + Danijel Zezelj

Épisode 4 : (1) David Lloyd, (2) Joe Lansdale & Rick Klaw + Tony Salmons, (3) Richard Brunning + Mark Chiarello
Commenter  J’apprécie          50
Honky Tonk Samouraïs

Joe R. Lansdale est un des plus grands auteurs américains de son temps, un écrivain incontournable pour tous les amoureux du roman noir américain ! Le voici de retour avec Honky Tonk Samouraïs !



On retrouve ici pour notre plus grand plaisir notre duo de choc Hap et Leonard ! Leurs aventures sont toujours passionnantes et désopilantes, décalées et touchantes.



Au travers de péripéties jubilatoires, Joe R. Lansdale peut tout se permettre, il peut transmettre des messages sous-jacents, il peut dépeindre la face cachée (et plus si cachée que cela) de l'Amérique, il peut mélanger l'humour à la violence, une enquête bien menée et des rebondissements inattendus.



Joe R. Lansdale est tout simplement un maitre du genre !



Avec Hap et Leonard c'est toujours un régal ! C'est comme une récréation littéraire. Si vous aimez l'humour de Mark Haskell Smith, de Todd Robinson, les aventures de ce duo ont tout pour vous plaire ! J'aime vraiment ce mélange entre humour/ironie et roman noir, cela donne un mix très efficace et addictif !



Certaines enquêtes sont plus passionnantes que d'autres (je me rappelle avoir été un peu déçue par Les Mécanos de Vénus) mais cette nouvelle histoire est vraiment excellente. Je pense sincèrement que c'est un des livres à lire pour découvrir cet auteur et il est indéniable que ceux qui connaissent déjà Joe R. Lansdale vont adorer ce nouveau livre ! Vive le Dr Pepper !



En définitive, il faut absolument lire cet auteur qui est un immense écrivain !


Lien : https://leatouchbook.blogspo..
Commenter  J’apprécie          110
Honky Tonk Samouraïs

Je n’avais entendu parler que vaguement de Joe Lansdale et pourtant, on peut dire que c’est un auteur prolifique au regard de sa bibliographie impressionnante. Honky Tonk Samouraïs est le douzième opus de sa série Hap Collins et Leonard Pine, du nom de ses deux protagonistes. Je pénètre donc dans l’univers déjà bien installé de Joe Lansdale un peu à l’aveuglette et sans aucun a priori.



Première impression ? La couverture claque ! Les éditions Denoël ont le chic pour donner envie au lecteur de retourner le livre et de découvrir la quatrième de couverture.



Dès les premières pages, on est dans l’ambiance et j’ai vite compris (j’avais à peine survolé la quatrième) que j’avais un roman noir humoristique prometteur entre les mains. Le duo de choc de détectives privés formé par Hap et Leonard se révèle excellent et truculent. On s’attache rapidement à eux de par leurs caractères très différents, leurs déboires et leurs punchlines bien senties. L’histoire commence doucement par l’agression d’un chien par son propriétaire. Leonard ne peut alors s’empêcher de tabasser ce dernier et de recueillir le chien. Peu après, une vieille dame, qui a tout filmé, veut les faire chanter : elle ne livrera pas la vidéo à la police s’ils acceptent sur la disparition de sa petite-fille. À partir de là, tout s’accélère, les deux compères mettent le doigt dans l’engrenage et sont embarqués dans une affaire qui va vite les dépasser de par son ampleur ! Rapidement, ils vont avancer dans leur enquête grâce à des contacts peu recommandables et ainsi, de nombreux personnages hauts en couleur vont faire leur apparition et pimenter le récit. Épaulé par la boss Brett, le duo va vivre des situations rocambolesques et faire face à des rebondissements inattendus !



L’écriture de Joe Lansdale colle parfaitement à l’atmosphère décalée de ce thriller noir qui tache et teinté d’une violence toujours balancée par un humour ravageur. Les dialogues sont savoureux, pleins d’humour et de cynisme, l’écriture à la première personne dans la tête de Leonard nous immerge complétement dans le récit et le tout est servi par une écriture crue et vivante. Je tiens d’ailleurs à souligner la traduction de Frédéric Brument qui contribue complètement à notre plongée dans l’univers de Lansdale.



Pour conclure, ma première rencontre avec l’œuvre de cet auteur fut une franche réussite. J’adhère totalement à son humour noir et à son univers. Si vous ne le connaissez pas encore, vous pouvez comme moi commencer par celui-ci sans aucun problème. Je n’ai en effet pas souffert de ne pas avoir lu les précédents. Une belle découverte dans le paysage du polar noir américain que je connais finalement assez peu malgré mon amour pour cette littérature…
Lien : https://thetwinbooks.wordpre..
Commenter  J’apprécie          52
Honky Tonk Samouraïs

Premier livre que je lis de cet auteur Joe R. Lansdale : Honky Tonk Samouraïs et belle surprise.

Hap et Léonard, détectives privés travaillant en duo, aux manières souvent douteuses, sont lancés sur une affaire de disparition d'une jeune fille, qui va les emmener dans de sombres secrets, et une passionnante enquête.

Beaucoup d'humour, de clichés, de violence, d'attaques déjantées et un peu invraisemblables, de situations cocasses, et des personnages atypiques qui font un roman très particuliers, et qui se dévore rapidement.

J'adore la couverture qui met bien dans l'ambiance du livre !



Merci aux éditions @Denoël pour leur confiance.
Commenter  J’apprécie          00
Honky Tonk Samouraïs

Honky Tonk Samourai, de Joe Lansdale, traduit par Frédéric Brument. Denoël.

Hap et Léonard, détectives privés, travaillent désormais sous les ordres de Brett, la compagne de Hap. Pour sa première enquête, la nouvelle équipe est mandatée par une vieille dame, Lilly Buckner, pour retrouver sa petite-fille disparue depuis 5 ans...

Commence alors une enquête assez trépidante, dont le rythme est un peu ralenti par les longues conversations entre Hap et Léonard, souvent très drôles mais quelquefois un peu lourdes. L'enquête est tout de même originale et prenante.

Avec sa fin en feu d'artifice, ses personnages hauts en couleurs, son humour ravageur, on se demande où Joe Lansdale va chercher tout ça !
Commenter  J’apprécie          20
Honky Tonk Samouraïs

Honky-Tonk samouraïs ne dénote pas dans les aventures d'Hap Collins et Leonard Pine. Divertissement sans prétention, il se lit rapidement, le sourire aux lèvres, voire même avec quelques éclats de rires.
Lien : http://philemont.over-blog.n..
Commenter  J’apprécie          20
Honky Tonk Samouraïs

Lansdale, Hap et Leonard, un trio forcément gage de zumba zygomatique.



C'est toujours un bonheur sans nom que de retrouver deux potes perdus de vue trop longtemps. Jacques Pradel semblant inopérant en terme d'accélérateur de temps, c'est donc avec l'amie patience, qui possède ses limites, on va pas s'mentir, que je me suis langui de concert en guettant fébrilement le dernier Lansdale.



Où nous retrouvons nos deux compères convertis en sauveurs de l'espèce canine.

Le temps d'une baston virile mais incorrecte filmée à leur insu avec l'indélicat tabasseur de chien et les voilà sommés par l'antique cinéaste amatrice de retrouver sa petite-fille sous peine de vilaine délation auprès de la flicaille locale. Comment refuser lorsque c'est si gentiment demandé.



Lansdale régale, tournée générale.



Bon kif, comme d'hab', mais vouloir faire plaisir en recontextualisant un nombre incalculable d'anciens pigistes m'a personnellement perdu à certains moments.

Les amateurs retrouveront avec grand plaisir Brett, Vanilla Ride, Jim Bob, j'en passe et des tout aussi teigneux, spéciale cacedédi au Marchand de Sable, tout en regrettant peut-être un éparpillement notoire au niveau de l'intrigue. Éparpiller façon puzzle, je prends plutôt deux fois qu'une, sauf lorsque j'en suis l'involontaire victime collatérale.



Alors mettons ça sur le coup d'un gouvernement consternant et de ses portes battantes usitées à l'envi, d'une pseudo taxe d'habitation à la baisse, d'un cassage de biscotte contrariant dès potron-minet mais j'avoue avoir été parfois chafouin à la lecture de blagues officiant bien moins sur mon sens de l'humour ratissant habituellement large. Lansdale, Hap et Leonard, pour moi, c'est normalement open bar sur l'ironie mordante H24. J'ai dû déplorer quelques fermetures intempestives, dommage.



Nonobstant cette légère baisse de régime humoristique, Honky Tonk Samouraïs fit largement le job et contenta le fan de base que je suis toujours en jouant, même bassement, avec la fragilité de mes sentiments.

Joe, en vil roublard du métier, nous abandonne ici le palpitant au taquet et les yeux pas loin de l'hémorragie lacrymale.

Un final époustouflant d'intensité, il n'en faut pas plus pour rappeler l'amie patience à mon bon souvenir histoire de relanguir de concert jusqu'au prochain numéro...
Commenter  J’apprécie          423
Honky Tonk Samouraïs

un bon Lansdale, on y retrouve les ingrédients qui ont fait sa renommée, Hap, Léonard, leur amitié, leur "gouaille", une enquête qui une fois n'est pas coutume va là où on ne l'attend pas, l'histoire est étoffée avec de personnages secondaires, certains connus d'autres qui font leur apparition et une fin qui n'en est pas une .
Commenter  J’apprécie          110




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Joe R. Lansdale Voir plus

Quiz Voir plus

Titres de la série 'Hap Collins & Leonard Pine' de Joe R. Lansdale

le 1e, Savage Season (1990), est paru en France en 2014 sous le titre :

Les Mécanos de la Lune
Les Mécanos de Vénus
Les Mécanos d'Uranus
Les Mécanos de la Terre

8 questions
29 lecteurs ont répondu
Thème : Joe R. LansdaleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}