Citations de Joey Starr (24)
Métèque
Avec ma gueule de métèque
Ma ganache de nègre errant
Toujours aussi réfractaire à vouloir rentrer dans le rang
Avec vous je serai franc, franc au possible
Dans l’rang impossible votre morale au crible
Qu'on me déleste de mon ego
Ça me rend psycho, j'sors les crocs
Ça me rend psycho dans mon flow et là il y a plus d'idéaux
Et donc je deviens accro à la suffisance, la violence
Et là vous brave gens, ah c'en est trop
Avec ma gueule de métèque mon œil de prédateur
En phase avec son temps, j’ai poussé sans tuteur
Poussé comme une mauvaise herbe
Comme un môme croate ou serbe
Qu’on me dit que mon attitude fout la gerbe
C’est la merde, c’est la merde
Avec ma gueule de métèque rafistolée qui s'est bastonné
A qui on a tout pris tout volé si peu donné
J’ai pris des branlées par un père déserteur
Au point d’espérer qu'en enfer il y ait du bonheur
La perception atrophiée
Et c’est pas votre moralité qui m'a habillé
Parce qu’anormal est l’isolement dans lequel j'ai pu nager
Dans lequel on m'a plongé
Auquel personne n'a jamais voulu rien changer
Avec ma gueule de métèque abreuvé par la passion
Mon sacerdoce est ma mission et si récompense il y a
Mon cœur me guide au trépas
Rien est acquis j’ai toujours appris
Ça m'inquiète pas
Avec mon air aigri amer, galbé comme un fil de fer
Affûté pour la guerre j’roule pour la maison mère
Avec ma gueule j’fais belek
J'ai pas une ganache de dieu grec
Il est possible qu'on m'arrête ou par erreur qu'on m'affrète
Avec ma bouche qui a trop bu mon air obtus qui pue la rue
Cette façon d’être à raffut et en même temps d'être à la rue
Avec mes yeux tout délavés qui me donnent l'air de rêver
Avec mes rêves de délinquant
Mes coups d’sang incessants
Avec ma gueule de métèque
Héritière dune souffrance lointaine
J’veux pas finir en victime ni même finir à Fresnes
Avec son visage ses yeux verts
Tout me rapproche de ma mère
Tout m'éloigne de mon père grâce à qui j'ai ce goût amer
Toutes les conditions d'un cauchemar acide sont réunies.
Prise de tête instantanée avec le défoncé qui m'interdit de sortir de mon propre appartement.
Je les sors tous, et on descend chercher le calibre. Arrivé en bas de l'escalier,je me rends compte qu'un de mes gaillards est en calecon,blouson et socquettes .
-Pourquoi t'as pas pris tes sapes?
-T'inquiètes, elles vont venir, elles suivent toutes seules...
On en est là.
Finalement, je suis spectateur de tout ce qui m’arrive. Spectateur de ma vie. Parfois, on subit. Et il y a plusieurs façons de subir. J’ai l’impression d’avoir un soleil dans le ventre, mais il ne peut sortir.
Car il m'arrive de rester dîner, même si je redîne chez moi ensuite. A table, David raconte sa journée, et tout le monde s'en fout, mais c'est sympa. Moi, je regarde surtout madame Abecassis : elle est grande, et je la trouve très belle. Classe. Il me semble qu'elle et lui sont mal assortis. Je l'appelle Madame, même si plusieurs fois elle me propose de l'appeler par son prénom. J'aurais l'impression de casser une tasse en porcelaine. Peut-être que j'aurais même l'impression de tout gâcher. Madame Abecassis, c'est la garantie inconsciente que quelque chose de cet ordre existe et est possible, et que je peux en être. Une maman à la maison, beaucoup de douceur et de délicatesse. J'oublie dans la tour bleue les daronnes qui traînent leurs savates dans notre cage d'escalier.
Chez les Abecassis, c'est comme une zone tampon : je n'ai pas le sentiment d'être dans la cité, ni chez moi. Ce que j'emmagasine là-bas n'a pas de prix.
Je n'affronte pas mon père, je ne le ferai jamais. A aucun moment je ne me dresse contre lui" "Jamais je n'ai eu envie de lui sauter à la gorge directement", "Déjà parce que quelque chose en moi m'en empêche. Ensuite parce que j'aime ce type, je n'ai que lui."
Se prendre la tête sous freebase n'arrange rien. Dans mes soirées freebase, j'ai découvert Antonin Artaud. J'allais me défoncer chez un personnage à fond dans la littérature qui, quand nous étions bien raides, nous faisait des lectures d'Artaud. Artaud à fleur de peau !
Dans la cité, autant les gosses peuvent être solidaires, peuvent faire preuve de compassion, autant ça peut être des enculés aussi.
Florence m'emmène dans un restaurant proche des Champ Elysées. Jean-Claude, le patron, insiste pour me présenter son associé, Johnny. Comme tous les gens qui sont déjà montés sur scène, j'ai un respect pour le mec. On sait ce qu'il a fait. Il est là depuis tellement longtemps, avec son énergie, à jouer sur des scènes immenses... Qui d'autre fait ça en France ? Personne. Il est le dernier, respect pour ça. Ce soir-là, pas en forme, complètement bourré, Johnny me regarde dans les yeux, me tient la main et, coup de pression, me demande : "C'est toi qui as agressé ma choriste ?" Je rigole : "Rends-moi ma main et laisse-moi tranquille..." Continuant de me tenir la main, il refuse obstinément de lâcher. Je vois des taches de vieillesse sur sa main. Ma première pensée est "Il est tellement vieux, si je le frappe je vais le tuer."
Au registre des blagues, une autre me semble avoir duré une bonne dizaine d'années. Dans l'immeuble de Yazid habite un asiatique qui s'appelle Lao. Notre tour consistait à aller dans la cabine téléphonique, a mettre une pièce, et à faire le numéro de ce Monsieur. On ne s'en lasse jamais.
"Allô Lao, on est en bas!'
Et on raccroche.
Chaque fois que l'on a rien à faire, il y en a un pour dire "Allez venez, on appelle Lao"
Et c'est reparti.
"Allô Lao ?... On est en bas.
Bande d'enculés!"
C'était bien résumé.
Sur Internet, les mecs mélangent le mercantile et l’artistique. Comme ça vend plus, ça serait mieux ? Moi je dis, c’est pas parce que vous êtes des millions à aimer de la merde que ça la transforme en truc génial. Face à ça, je campe sur mes positions.
Toute la vie de la cité, je la vois de chez moi. C’est stratégique. Je suis au courant de tout ce qui se passe. Sans compter que, de la fenêtre, dès que je vois passer quelqu’un, quelque chose, je m’imagine des histoires. J’ai envi de vivre, le monde est vaste, et je veux en être.
fan de rap
connaissant le personnage,je m attendait au pire
mais dans l ensemble il décrit bien son enfance et les début du suprême
et met les point sur les I sur certains point
Aujourd’hui, tu as des gens qui n’écoutent pas ta musique, ne vont pas voir tes films, ne savent qu’un seul truc de toi : il est connu. Et ça les autorise à te casser les couilles pour faire un selfie pour épater leur petite galerie.
Quand je me lève, le dimanche matin, je trouve une tenue déjà prête - car tu ne sors pas dans n’importe quelle tenue dans la rue avec ton père ! C’est une drôle d’élégance, qui voudrait me faire ressembler à lui, comme s’il me déguisait en lui, mais un cran au-dessous, bas de gamme.
Je suis un négropolitain. Mes deux parents sont créoles et je suis né en France.
Je me mords les doigts de ne pas savoir jauger la connerie de loin.
J’ai cru comprendre qu’ils voulaient rendre le vote obligatoire ?
Si on me force, j’irai voter Gandhi au premier tour et Georges Marchais au second, ce sera super.
Mon père, lui, veut la paix. Il veut vivre sa vraie vie, et ne plus être le second rôle de sa vie. Sa vraie vie, c'est sans moi. C'est Jean et pas Papa.
Je comprends.
De la maison, je vois tout. Dès qu’il y a une embrouille, je la vois. Toute la vie de la cité, je la vois de chez moi. C’est stratégique. Je suis au courant de tout ce qui se passe. Sans compter que, de la fenêtre, dès que je vois passer quelqu’un, quelque chose, je m’imagine des histoires. J’ai envie de vivre, le monde est vaste, et je veux en être.
J’ai des lacunes. Je ne suis pas suffisamment apaisé pour apprendre des choses. Il faut être un peu au calme, pour apprendre. Or mon père et moi entretenons une relation qui n’est pas calme. Quand il s’approche de moi, j’ai souvent un mouvement de recul. Comment lui demanderais-je de l’aide, de m’apprendre ?