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Citations de John Nathan (12)


Les romantiques japonais édifièrent un ultra-nationalisme d'une complexité fantastique, en vérité impénétrable, où tout ce qui était traditionnel était exalté en un idéal absolu et suprême. Bien entendu, la divinité de l'empereur était article de foi. De même, en corollaire, l'incomparable beauté de la littérature traditionnelle. La beauté des classiques apparaissait comme le reflet et la confirmation du caractère divin de l'empereur, ce qui à son tour – et ceci est important – fournissait une cause qui fut digne qu'on meure pour elle. Non seulement les romantiques étaient obsédés de pureté et de filiation du sang, mais ils aspiraient à la mort. Après la guerre, un critique de gauche caractérisa ces écrivains avec sévérité mais non sans justesse comme « des hommes ardents à se précipiter au front vers la mort, avec sous le bras les grands classiques ».
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Akihidé entendait les pas légers du destin. L'univers entier, tendant vers lui une main paisible, l'exhortait avec douceur à la mort. Soudain, comme s'il était l'enfant chéri de la Fortune, la fierté l'envahit...

Extrait de "Les Voleurs" (1946), roman non publié en français.
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11 avril (vendredi)
Le premier chapitre de La Maison de Kyôko n'est pas encore terminé. C'est sans doute dû à ma tentative de réprimer un défaut commun à tous mes longs romans : la tendance, dans les premières pages, à cultiver l'exubérance de certaines ouvertures d'opéra ─ j'essaie donc, cette fois, de commencer de façon plus sobre, avec un brin de nonchalance. Et puis jusqu'à présent, tel un piètre joueur, j'ai toujours fait entrevoir trop tôt la totalité des cartes que j'avais en main. De ce fait, il y a de quoi s'inquiéter pour ce qui suivra. Il me faut donc parvenir, dans la mesure du possible, à bâtir une introduction tout en retenue. Ce qui m'oblige à aller à l'encontre de ma nature portée sur le tape-à-l'oeil.

Mishima en 1959, au début de l'écriture de La Maison de Kyôko (roman publié en français).
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La plupart des écrivains ont une cervelle parfaitement normale tout en se comportant en sauvages ; moi, j'ai une conduite normale, mais c'est à l'intérieur que ça ne va pas.
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Si je n'étais pas à même cinq fois par semaine de rénover mes os qui craquent grâce à l'exercice (fouettant le sang et ruisselant de sueur), il y a longtemps que je serais devenu cadavre en esprit.
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Au cinquantième jour, Natsu l’enleva à sa mère et l’installa, berceau compris, dans sa sombre chambre de malade, en bas. C’est là qu'elle le tint prisonnier jusqu’a l’âge de douze ans, montant une garde jalouse, féroce, hystérique à l’encontre de ses parents et du monde extérieur. Peut-être espérait-elle inculquer à son premier petit-enfant les valeurs qu'elle croyait devoir être les siennes de par sa naissance, non comme à un humble Hiraoka mais à un noble Nagai, ce qui pouvait être une maniére de survivre en lui. Certes, son instinct possessif insensé suggére qu’elle agissait principalement par égoisme, comme si elle eut voulu que quelqu’un partageât le fardeau de ses douleurs physiques, de son humiliation, de son désespoir universel. La sœur de Kimitaké, Mitsuko, et son frére, Chiyuki, furent élevés en enfants de leurs père et mère, Natsu ne s’intéressant nullement a eux.
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Je demeure convaincu que le suicide de Mishima par seppuku a été suscité par une fascination érotique pour la mort avec laquelle, depuis l'enfance, il avait entretenu un rapport de l'ordre du fantasme mais qui, par moments, le terrifiait ; le « patriotisme » quil professait avec une telle ardeur au cours de ses derniéres années continue de m‘apparaitre comme la voie menant au douloureux martyre qui s’inscrit dans le fantasme de toute sa vie. Je ne crois pas forcément que l'ultranationalisme de la fin de sa vie ait été de pure forme. Il me semble toutefois que son suicide relevait davantage du privé que du social, de I’ érotique que du patriotique.
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L'un d'eux avait apporté un bouquet de roses blanches. Tandis qu'il se tenait devant l'autel bouddhique et contemplait la photo de Mishima, Shizue [la mère de Mishima] déclara dans son dos : "Vous auriez dû apporter des roses rouges comme pour une fête. C'est la première fois de sa vie que Kimitake [le vrai prénom, civil, de Mishima] a fait une chose qu'il avait toujours voulu faire. Soyez heureux pour lui".
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Au cours de trente années qui suivirent, Mishima fut marginalisé. Faute de pouvoir écrire à son sujet, les critiques japonais faisaient allusion à ce qu’ils appelaient le « problème Mishima ». Dans un ouvrage publié en 1992, Takeo Okuno mit le doigt sur le dilemme : « Que représentait pour nous Mishima et que représentera-t-il à l𠆚venir ? Je n𠆞n sais encore rien. Pour ma part, j𠆚i peine à établir un lien entre l’homme que j𠆚i connu en tant qu𠆚mi, l’écrivain dont j𠆚i dévoré chaque ouvrage sitôt paru et ce geste ahurissant d𠆚utodestruction. Il m𠆞st impossible de les assembler en toute logique pour reconstituer une image totale de Mishima. »

Préface à l’édition de 2020, p. 11
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Avant méme la dégringolade de son mari, Natsu était d’un naturel hautain, égoiste, promptement dédaigneux et, comme toujours, sujette a des crises d’hystérie. A mesure que déclinait le sort de la famille, son orgueil blessé ne s’en enflamma que davantage en méme temps que sa prodigalité. Elle avait la passion du théatre kabuki, des bons restaurants et dépensait sans compter : jusqu’à la naissance de Mishima, sa principale consolation fut de céder sans frein à ses goûts dispendieux. Pour ne pas arranger les choses, elle souffrait d’une sciatique chronique qui ne faisait qu’empirer et, par moments, des douleurs terribles lui faisaient mener une vie de demi-infirme. Par périodes, quand la douleur physique se relachait, Natsu pouvait être pleine d’entrain et se montrer trés attachante. Elle connaissait le français et l'allemand, lisait beaucoup, débordait d’imagination ; en outre, c’était une conteuse née. Pourtant, la plupart du temps, c’était surtout une femme désespérément malheureuse que les souffrances multiples rendaient d’humeur tyrannique, amére et furibonde.
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-D'entre tous les passages troublants de la -Maison de Kyoko", c'est là le plus inquiétant. Dans ce jeune homme atteint de narcissisme parce qu'il ne peut peut jamais être rassuré qu'il vit véritablement, dans le narcissiste qui découvre dans la douleur la douce preuve de son existence et est aussi par conséquent masochiste, dans le masochiste qui n'attend que le plaisir de sa mort douloureuse et qui en espère la vérification ultime de son existence, Mishima a peint indubitablement son propre portrait. (p.
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"Je veux un témoignage que je suis mort, non en homme de lettres, mais en guerrier" .Azuza cite un passage analogue de la lettre reçue par la famille: "J'ai répudié la plume. Puisque je meurs, non en homme en lettres, mais absolument en soldat, je voudrais que le caractère qui signifie sabre- bu-soit inclus dans mon nom bouddhique [posthume] Point n'est besoin d'utiliser le caractère qui signifie "plume" (bun).
Telles étaient les paroles de quelqu'un qui avait passé à écrire dans son cabinet chacune des nuits de son existence, y compris la dernière ! (p.)
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