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Citations de Jonas Gardell (116)


Ils étaient comme des fleurs qui soudain se fanaient, ces jeunes gens qui maigrissaient, s'étiolaient et mouraient. Comme des fleurs dans un pré d'été, que quelqu'un arrachait et cueillait. Et laissait tomber le long du sentier.
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Milieu des années 1980, aux États-Unis. Un hôpital, quelque part dans le pays. Un enfant en train de mourir de la maladie infectieuse qu’on appelle le sida.
Abandonné par sa famille, l’enfant est donc seul.
Au pied de son lit, un écriteau.

Ne pas toucher au malade.
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Benjamin se penche tout près de son adoré. Il le regarde afin de mémoriser chaque trait de son visage. Il sait que lorsqu'il quittera cette chambre, ce sera pour toujours.
La pièce où ils se trouvent est devenue sacrée. Rasmus est sacré. Les objets sont sacrés. Le lit, les draps entortillés, l'odeur douceâtre de renfermé, le verre d'eau, la solution physiologique, le pied du goutte-à-goutte, tout cela est sacré, voué à l'éternité. Tout, sauf lui. Lui seul n'est pas sacré. Et il sait que lorsqu'il sortira de la pièce, il ne sera pas le nous qu'il a été, il ne sera plus que Benjamin. Il sera seul, il ne sera personne, il n'aura personne. Personne à aimer, personne à défendre, personne à protéger. Il n'aura plus d'obligations, plus de responsabilités, il n'aura que sa liberté.
Et il n'en veut pas, de cette liberté. Il ne veut pas être libre.
C'est pourquoi il s'accroche à cet instant, c'est pourquoi il s'approche aussi près du visage de l'homme qu'il aime, dans l'espoir d'effacer la distance entre eux. C'est pourquoi il caresse les joues de l'homme qu'il aime, caresse ses cheveux si fins, l'embrasse et l'embrasse encore, tandis que ses larmes coulent sans qu'il s'en rende compte, mouillant le visage de son adoré.
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Et tout comme l'homosexualité a été l'amour qui n'a pas osé dire son nom, le sida a été la maladie qui a été niée, dont le nom n'a pas été prononcé à haute voix mais chuchoté dans la honte et la cachette.
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𝘐𝘭𝘴 𝘴𝘦 𝘵𝘪𝘦𝘯𝘥𝘳𝘰𝘯𝘵 𝘭à 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘵𝘰𝘶𝘫𝘰𝘶𝘳𝘴, 𝘙𝘢𝘴𝘮𝘶𝘴 𝘦𝘵 𝘉𝘦𝘯𝘨𝘵, 𝘯𝘶𝘴, 𝘫𝘦𝘶𝘯𝘦𝘴, 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘭𝘦𝘶𝘳 𝘤𝘰𝘳𝘱𝘴 𝘮𝘶𝘴𝘤𝘭é 𝘦𝘵 𝘣𝘳𝘰𝘯𝘻é, 𝘦𝘯 𝘤𝘦𝘵 𝘪𝘯𝘴𝘵𝘢𝘯𝘵 𝘥𝘦 𝘭𝘪𝘣𝘦𝘳𝘵é 𝘦𝘵 𝘥𝘦 𝘣𝘰𝘯𝘩𝘦𝘶𝘳, 𝘢𝘭𝘰𝘳𝘴 𝘲𝘶𝘦 𝘳𝘪𝘦𝘯 𝘯𝘦 𝘴𝘢𝘶𝘳𝘢𝘪𝘵 𝘭𝘦𝘴 𝘷𝘢𝘪𝘯𝘤𝘳𝘦.
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Le temps n’est qu’un prêt. Et ce temps là est maintenant consommé. Le temps qui court en ce moment n’est qu’un répit.
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Quelques décennies plus tôt , des homosexuels avaient été exterminés dans les camps de concentration nazis. Le triangle rose qu’ils étaient forcés de porter pointe vers le bas était désormais fièrement arboré pointe vers le haut par les militants homos, pour ne pas oublier, pour ne pas un seul instant croire que ça ne pouvait pas se reproduire. L’autre peut vous piétiner pour peu que vous vous penchiez.
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Des livres qu'il n'aura pas le temps de lire. Des disques qu'il n'aura pas le temps d'écouter. Des vêtements qu'il n'aura pas le temps de porter. C'est comme ça. Ça aussi ils sont forcés de l'admettre. Des cadeaux qui ne seront jamais ouverts.
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(...) vous étiez comme couvert de plaies qui refusaient obstinément de guérir, qui restaient constamment à vif ou qui se rouvraient sitôt que vous les touchiez.
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La liberté n'est pas quelque chose qu'on vous donne. La liberté se prend.
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Tant que c'étaient ces sales pédés, ces sales toxicos et ces sales putes qui se contaminaient entre eux, tant que monsieur Tout-le-Monde se sentait à peu près à l'abri, ça pouvait encore aller – mais comme le journal Expressen le constatait le 21 mai 1985 : « Bientôt, vous aussi vous serez menacé ! »
Vous qui lisez.
Vous, le Suédois non pervers, non drogué, non africain – allant à la rigueur aux putes, mais juste une fois de temps en temps.
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En s'inspirant du mouvement des droits civiques, des Black Panthers et du mouvement féministe, les organisations homosexuelles sont devenues plus agressives et moins défensives.
Il leur fallait juste un petit peu de fierté. Un tout petit peu de dignité.
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D'une manière tout aussi naturelle, l'homosexualité était soit amalgamée à l'exhibitionnisme, à la pédophilie et à la zoophilie, soit expédiée en tant que phase passagère au cours de l'adolescence : à ce stade, on pouvait effectivement être un peu hésitant sur son identité et sa sexualité.
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Puis vous restiez assis là, accroupi, le cœur battant, et essayiez de lire des choses qui vous concernaient. Vous lisiez les qualificatifs « malade » et « déviant », vous lisiez les qualificatifs « malheureux », « vicié » et « perverti », vous lisiez les qualificatifs « dépravé », « anormal », « répugnant », « non désiré » – et vous accueilliez ce chapelet de qualificatifs à bras ouverts, car ils confirmaient au moins que vous existiez et qu'il y avait d'autres personnes comme vous.
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Nous nous imaginons aujourd'hui la Suède comme un pays libéral, presque magnanime, et nous pensons qu'elle l'a plus ou moins toujours été. Or, au début des années 1980, le plus grand quotidien du pays, Dagens Nyheter, refusait de publier des faire-part de décès où le défunt était un homme pleuré par un autre homme.
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Le deuil qui vous marque de son sceau devient une partie intégrante de votre personne. Et puisque le deuil est une marée, il n'est donc pas rare qu'il remonte et vous submerge avec une force époustouflante, alors que vous aviez le sentiment que tant de temps s'est écoulé, que les années ont succédé aux années. Mais puisque le deuil est une marée, il n'est pas rare n'ont plus qu'il se retire, vous découvrez à ce moment-là que vous avez les pieds au sec et que vous devriez peut-être vous étirer les jambes et aller faire une promenade.
Car la vie continue même si elle est totalement différente. Vous pouvez pleurer et éprouver le manque, mais vous pouvez aussi vous réjouir et vous souvenir. Par moments vous n'êtes pas obligé d'y penser, et par moments ça vous envahit à nouveau. Les années vont passer, vont devenir des décennies, Benjamin vieillira et finira par avoir la force de se dire qu'en définitive il s'agit peut-être de composer avec la grâce qui vous a été donnée d'avoir pu partager votre passage sur terre avec quelqu'un - de se réconcilier avec elle, d'être reconnaissant envers elle.
Pour Benjamin, la grâce d'avoir pu dans sa vie aimer quelqu'un qui l'a aimé.
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Ils venaient tous à la ville avec leurs rêves, leur envie d'amour et de faire l'amour, leurs espérances lacérées et ridicules. Arrivés dans la ville, ils ont pu humer le parfum de la liberté : elle dégageait en fait une odeur âcre de rage et de désespoir. Cependant, ils savaient qu'ils ne reviendraient jamais en arrière.
Revenir en arrière était totalement exclu.
Aucun n'allait retourner sur les lieux de son enfance autrement que mort.
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Ces mois, ou ces années, correspondent dans leur cercle d'amis au temps des enterrements. Une période où les malades meurent à un rythme effréné. On pourrait affirmer qu'il s'agit de la haute saison du sida.
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Il va mourir sans la moindre présence à ses côtés.
Il a scrupuleusement pris soin de n'informer personne de l'endroit où il se trouve.
Ni sa famille, ni ses amis.
De cette manière, il est déjà mort.
Le tout, c'est de supporter les derniers moments.
Cette douleur indicible.
Avant de pouvoir devenir un esprit qui voyage n'importe où dans l'univers.
Un esprit qui n'entend rien et qui ne voit rien, que nul n'entend et que nul ne voit, et qui alors est peut-être enfin libre.
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Je veux dans ma vie pouvoir aimer quelqu'un qui m'aime.
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