"D'abord il y a eu la guerre, puis il y a eu le récit de la guerre. La guerre était grave, mais le récit qu'on en a fait l'a rendue plus grave encore."
Il y développait le thème d'un Occident qui s'est trop laissé anesthésier pour pouvoir encore introduire les mutations socio-culturelles qu'il sait pourtant nécessaires. Nous voulons, disait-il, des révolutions sans révolution, des guerres sans victimes, des bolides sans accidents, de la bière sans alcool, du Coca sans sucre, du café sans caféine. En clair, c'est la dégénérescence du libre marché à tous les étages de la psyché. Nous voulons le maximum, mais pour rien, et cette position paradoxale nous laissera sans défense face à l'émergence de nouveaux Robespierre ou de nouveaux Hitler.
Elle me toisa, me jaugeant ouvertement. Je tentai de la regarder avec la même dureté, de l'évaluer moi aussi, mais ce fut à moi que je pensais. A ma maigre cage thoracique, à mon visage creusé.
Tout est là : les masques que nous nous donnons, sont ce qui révèle notre âme au plus profond