En Fait, C'est la Bande-Annonce du Chien !
J'étais quelqu'un d'égocentrique. Toutes ces années, je n'avais pensé qu'à ma propre souffrance, voyant les personnes qui m'entouraient comme des individus simplement là pour m'aider. Si on se refusait à me répondre, ce n'était pas parce qu'on me prenait de haut, mais bien parce que je ne parlais que de moi.
- Manon, dit-il, personne, ni un dieu, ni un juge, ni un roi, n'a le droit de t'affirmer qui tu es. Toi seule peux décider ce qui te définit vraiment. Il n'y a pas de fatalité en ce bas monde, rien d'écrit. L'important est avant tout d'apprendre à s'accepter et surtout s'aimer afin d'avancer et aider les autres.
Jonathan avait toujours été pour le moins naïf. Maintenant qu’il approchait de sa dix-neuvième année, on aurait pu penser que la maturité l’aurait vite rattrapé et achevé son évolution. Mais il n’en était rien. Il semblait même que la maturité, après avoir reçu une bonne raclée, eut déclaré forfait avant de s’enfuir piteusement, la queue entre les jambes.
- On a tellement de souffrances dans nos vies... Pourquoi devrait-on se moquer de ce que l'on souhaite ? Si on garde les yeux ouverts, si on avance avec paix, alors peut-être qu'on peut, justement, continuer à rêver ? T'y as pensé à ça ? Embrasser la part belle des choses... On finit alors par recevoir autant que ce que l'on sème. En fin de compte, c'est peut-être ça la justice.
— Ainsi prit fin son règne et commença celui de son plus proche cousin, Jules VI, né Jules de Dantry, surnommé Deaf.
Sur scène apparaît un trône de jade porté par quatre hommes en noir. Sur celui-ci se trouve une représentation grotesque de Deaf. Il est préférable d’exagérer les traits du personnage pour que le public puisse allègrement s’en moquer. Deaf pourra être interprété par un petit acteur ou remplacé par un pantin, selon les préférences du metteur en scène.
— En effet, celui-ci avait, il y a longtemps, perdu ses deux oreilles. Incapable d’écouter ses sujets, il commandait sans se soucier des conséquences, tel un tyran.
La ville prend feu tandis que des Dantryens se ruent hors de chez eux, hurlant. Un homme se retrouve pendu à un arbre tandis qu’un bébé abandonné pleure. Une femme rampe sur le sol, cherchant désespérément quelque chose à manger.
L'image d'une gigantesque balance dorée apparut sur l'écran.
- Le symbole de la justice, précisa Blind. L'équilibre parfait, le chiffre trois.
Il indiqua, de la pointe de son épée, le plateau gauche de la balance.
- Le pour.
Puis, il montra le plateau droit.
- Le contre.
Enfin, il désigna le centre de l'objet.
- Le soutien, le décisionnaire. Deux pèsent, l'un tranche. Ainsi, la vérité est révélée. Seul d'un équilibre parfait peut naître une justice parfaite. Trois sont droits. Trois font la loi.
La scène avait quelque chose d'irréel. Elle ne savait pas si elle rêvait, si elle allait bientôt se réveiller, mais peu lui importait. Elle avait l'impression de se retrouver en compagnie d'un ami imaginaire avec qui elle avait toujours eu envie de discuter. Un être qui allait la protéger pour le restant de ses jours. Tout irait bien désormais, elle en était sûre. Tant qu'il serait là.
- Nous ne sommes pas les simples personnages d'un sombre bouquin, ni les pions dispensables d'une société sordide... Nous sommes des individus avec chacun un but propre, des gens ambitieux cherchant à vivre ! Nous pouvons, en écoutant profondément, réussir là, où, par le passé, nous pensions avoir échoué. Rien ni personne ne peut nous arrêter.
Il était effectivement courant, pour un artiste, de s'inspirer de sa vie pour raconter une histoire. L'important, cela dit, était de trouver la bonne limite. On utilisait ses expériences pour développer un récit, et non pas un récit pour parler de son nombril. C'était toute la différence entre un bon roman et une mauvaise autobiographie.
- Le tueur en série n'est pas un tueur comme les autres. Il tue par plaisir. Il souffre souvent d'une maladie mentale qui le fait agir de cette façon. Il ne connaît pas l'empathie, tue souvent de façon violente. Il en tire un plaisir presque sexuel. Bref, c'est un psychopathe. Ce genre de personne suit un code, des règles précises.