Joseph Messinger

Réussir sa vie, c'est à mon sens réussir à conserver une image de soi qualifiante envers et contre tout et non offrir une image publique, abritée sous les paillettes d'un succès précaire.

Les dents de la chance
Les killers ont aussi une autre manie sonore qui les dessert, ils aspirent souvent l'air par le diastème de leurs incisives supérieures. Aspirer équivaut à absorber pour détruire. C'est un réflexe de rejet, voire un tic qui trahit un personnage tyrannique. D'après mes observations personnelles, et qui n'engagent que moi, la plupart des individus qui ont les incisives fortement écartées sont susceptibles de ressembler à ce portrait. On dit souvent d'eux qu'ils ont les dents de la chance. C'est un peu facile. Mais il est possible qu'il y ait réellement un rapport entre la chance et la tyrannie du personnage. Les manipulateurs tyranniques sont plus déterminés que la moyenne des gens. Leurs ambitions ne sont pas des rêves illusoires. Quand ils visent un objectif, ils marcheront sur la tête de ceux qui les ont aidés pour l'atteindre. Ils ont soif d'absolu.

Le killer est un faucon, un être radical, doctrinaire et surtout psychorigide à un point qui dépasse l'entendement.
Maniaque de l'index revolver, il dégainera systématiquement son index ou les deux, pouces en gâchette, pour donner du poids à ses interventions. C'est une sorte de cow-boy gestuel. Il se prive de ses mains au profit d'un seul doigt, comme si tout son pouvoir était contenu dans son index hostile pointé vers son interlocuteur.

Les bisous dans le vide sous prétexte d'un maquillage au cordeau sont des bisous de tricheuses.

L'alcool manipule le cerveau, gommant tout sens critique et cédant la place à l'imaginaire le plus débridé. En fait, l'alcool à haute dose ouvre les portes à la pulsion de mort dont le carburant n'est autre que la culpabilité. L'homme boit pour oublier son sentiment d'impuissance mais il croit qu'il boit pour se changer les idées. Il boit parce qu'il a peur de la vie, bien plus que de la mort. On peut dès lors considérer l'alcoolisme comme une pulsion suicidaire qui le libérera de la charge de son existence. Le passage à l'acte est téléguidé pr cette pulsion suicidaire enfouie dans son subconscient.

Pour comprendre les motivations et les conduites du manipulateur pervers, je vous propose de faire un détour par la plus perverse des drogues de tous les temps : l'alcool.
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L'influence de l'alcool pervertit le sens des réalités de manière redoutable. Le buveur se sent soudain investit d'un sentiment de toute-puissance et d'invincibilité totalement frauduleux. Il redevient un enfant de 6 ans qui s'élance dans les airs avec son costume de Superman et s'écrase quelques étages plus bas sur l'asphalte. Irresponsable !

La fuite du regard est un véritable aveu de tricherie. Même s'il ne dure qu'un bref instant, le dérapage oculaire systématique est la traduction d'un stress fondé sur le mensonge ou le besoin de manipuler son interlocuteur.

Il faut se méfier des longues poignées de mains. Elles ne sont jamais innocentes. Ces poignées m'ont d'ailleurs permis de constater que le degré d'humidité de la main de ces personnages est particulière. C'est un détail auquel il faut être hyper-attentif car il peut vous en apprendre plus sur l'individu qui vous serre la main que le geste en lui-même. Les mains humides et froides appartiennent à des individus que je nommerai des pseudo-gourous. Ils absorbent l'énergie à travers un geste qui doit être un échange énergétique et non une prise de pouvoir. Qu'ils soient proxénètes, chefs de bande, patrons d'entreprise ou séducteurs de bistro, les pseudo-gourous ont toujours les mains humides et froides.

Une dernière anecdote pour clôre ce profil du harceleur. Elle décrit une attitude que je vous conseille vivement de mémoriser car le geste reproduit est une sorte de passeport du harcèlement.
"Pour la énième fois, il me tend la main gauche en guise de poignée de main? Je hais ce bonhomme, c'est un voisin que je croise au bistro de temps à autre. Il n'est pourtant pas gaucher. Même si sa main droite est occupée, cette manière d'accueil est un aveu d'antipathie pur et dur. Mais c'est aussi un signal fort de harcèlement. Ce genre d'individu ne vous avouera jamais son antipathie, en revanche, il s'arrangera pour vous prendre à témoin de ses malheurs et de ceux qui en sont à l'origine. Il vous harcèlera en vous pompant votre énergie ou en phagocytant votre temps pour vous imposer ses théories paranoïaques."

Le harceleur est d'abord et avant tout un jaloux, envieux parfois, exclusif toujours et surtout cupide jusqu'au délire concupiscent.

A peine 20 pour cent des mots émis pour exprimer une opinion ou pour rapporter un fait sont signifiants. Les 80 pour cent restants sont de l'habillage ou du babillage, de la gesticulation verbale.

Le mensonge emprunte des circuits neuronaux totalement indépendants de l'amygdale du cerveau, ce centre de convergence des émotions qui se situe entre les deux hémisphères cérébraux. Le mensonge est un acte logique, calculé, délibéré, rationnel. Sa production dépend entièrement du cerveau gauche, le cerveau cognitif. C'est la raison pour laquelle le regard ne participe jamais à l'expression du discours mensonger.

Si votre enfant engrange les mauvaises notes et rejette le milieu scolaire, il ne faut pas chercher midi à 14 heures : il vous pénalise. Il vous punit de votre manque de disponibilité et du non-dialogue qui en découle en égratignant votre narcissisme parental. Première manifestation de la manipulation du parent par l'enfant.

Chez les jeunes, les tentatives de suicide sont non seulement des appels au secours adressés aux parents absents affectivement mais aussi un moyen ultime pour sanctionner des géniteurs coupables d'inexistence.

Si l'instinct de mort supplante l'instinct de survie, l'hypnose servira de tremplin à l'aggravation de la pathologie sans que le thérapeute, fût-il apprenti sorcier, médecin ou psychiatre, ne puisse s'en rendre compte a priori.

L'instinct de survie domine l'inconscient et manipule la conscience à l'insu de celle-ci. Et pas seulement en cas de danger absolu ! La perte d'un emploi, les difficultés financières, la menace d'une séparation peuvent également éveiller l'instinct de survie et pousser l'individu à s'engager dans une voie salutaire. L'instinct de survie est aussi le moteur essentiel de toute créativité humaine. Mais ceci est un autre débat !

S'il y a bien un état de conscience dans lequel on peut prendre des vessies pour des lanternes, c'est l'état somnambulique.

La décision de la démarche thérapeutique appartient évidemment au patient mais sa réceptivité dépend essentiellement d'une ouverture des barrières de défense érigées par sa conscience vigile. Et cette ouverture ne peut s'effectuer qu'avec l'intervention d'un seul facteur : la peur. La peur de la douleur ou de ses conséquences, de l'amputation, du cancer, de la mort à terme. C'est comme si l'inconscient du sujet suggérait à la conscience de s'effacer sous peine d'une sanction terminale. Tous les individus que j'ai induits en hypnose somnambulique étaient submergés par la peur, même si cela ne se voyait pas à l'oeil nu. Ils étaient prêts à s'extirper la racine du mal dont ils souffraient dans la mesure où ils subissaient déjà des conséquences somatiques de ce trouble. C'est en quelque sorte le syndrome du manipulateur manipulé.

L'hypnose que les praticiens proposent en Occident est un succédané de multiples disciplines dont le zen n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Dans 90 pour cent des cas, l'hypnose n'est qu'une simulation avalisée par les deux camps : le thérapeute et le patient. Les 10 pour cent restants concernent les cas limites d'hypnose somnambulique, des états de conscience relativement instables mais au cours desquels il est possible d'aider le patient. Encore faut-il que le patient soit réceptif à l'idée de se soumettre au phénomène.

... la grimace de dégoût est universelle et n'importe quel clown se fera toujours comprendre par les enfants du monde entier sans pour autant s'exprimer dans la langue du cru.