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Citations de Josh Bazell (20)


Je parcours donc rapidement le rapport à l’écran. Ouh ! Mauvaise nouvelle pour Nicholas LoBrutto. Le nom italien déclenche une sonnette d’alarme dans ma tête, mais je suis à peu près certain de n’avoir jamais entendu parler de ce type. De toute façon, les mafieux – comme la plupart de ceux qui ont le choix – ne se font pas soigner au Manhattan Catholic. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai le droit de travailler ici.
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Je me sens un peu plus concentré maintenant, mais pas assez pour parler aux patients. Je vais donc consulter les résultats de labo sur l’ordinateur. Akfal a déjà reporté la plupart d’entre eux dans les dossiers. Mais il y a un rapport de pathologie sur un patient du Dr Nordenskirk qui se trouve avoir une couverture maladie. Afkal sait qu’il ne doit pas y toucher. Pour le Dr Nordenskirk, seuls les Blancs et les Asiatiques peuvent communiquer avec les patients assurés.
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— Ce n’est pas notre problème, lâche l’Irlandaise après avoir écouté mes griefs. On n’y peut rien, c’est les pétasses roumaines qui étaient de garde cette nuit. À l’heure qu’il est, je parie qu’elles sont en train de revendre le portable de la dame.
— Alors virez-les, dis-je.
Les deux infirmières éclatent de rire.
— Il y a une légère pénurie d’infirmières en ce moment, dit la Jamaïcaine, au cas où vous n’auriez pas remarqué.
Si. Apparemment, nous avons épuisé le vivier d’infirmières des Caraïbes, des Philippines et de l’Asie du Sud-est ; à l’heure qu’il est, nous avons déjà consommé la moitié des effectifs de l’Europe de l’Est. Quand la communauté aryenne fondée par la sœur de Nietzsche au fin fond du Paraguay émergera enfin de la jungle, ses descendants n’auront aucun mal à trouver du boulot
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Pour me calmer, je vais engueuler les deux infirmières de garde.
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Comme prévu, je trouve une femme raide morte cinq portes plus loin, avec une expression d’horreur sur le visage et une feuille de surveillance indiquant « température 37°, tension artérielle 120/80, rythme respiratoire 18, pouls 60 ». Elle en est à un tel stade de lividité cadavérique qu’on dirait qu’elle repose dans une flaque d’encre violette.
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À 5 h 30, la tournée du service consiste en général à se faire engueuler par des patients qui vous disent qu’ils iraient très bien, si des abrutis ne les réveillaient pas toutes les quatre heures pour leur demander comment ils vont. D’autres garderont cette remarque pour eux et préféreront râler parce qu’on leur a tiré un Ipod, des médocs, ou autre chose. Quoi qu’il en soit, on jette un coup d’œil au patient, en étant tout particulièrement à l’affût des maladies « iatrogènes » (provoquées par le médecin) et « nosocomiales » (contractées à l’hôpital) qui, réunies, représentent la huitième cause de mortalité aux États-Unis. Après, on fout le camp.
Parfois, au contraire, quand on fait la tournée matinale du service, aucun patient ne se plaint.
Ce qui n’est jamais bon signe.
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Au lieu de cela, je m’adosse contre le mur, ce qui me rappelle que j’ai toujours un pistolet dans la poche intérieure de mon pantalon.
Il faut que je le planque, mais le vestiaire se trouve quatre étages plus haut. Je pourrais le cacher derrière des manuels médicaux dans la salle de repos. Ou sous la couchette de la chambre de garde. Peu importe, l’essentiel est de me rappeler où je l’ai mis.
Akfal se tait enfin.
— C’est bon ? me demande-t-il.
— Ouais. Rentre dormir.
— Merci, répond Akfal.
Akfal ne va ni rentrer, ni dormir. Akfal va remplir des formulaires d’assurance pour notre chef de clinique, le Dr. Nordenskirk, pendant au moins quatre heures.
Mais « Rentre dormir », dans l’argot des internes, ça veut dire « Au revoir ».
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Akfal est un « J-Card » égyptien. Les « J-Cards » sont des diplômés d’écoles de médecine étrangères dont les visas peuvent être révoqués à tout moment s’ils ne font pas l’affaire du chef de clinique. Autrement dit, des esclaves.
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— Putain, c’est le bordel, ici, lâche Akfal, l’autre interne, quand je finis par me pointer pour prendre sa relève.
Putain, c’est le bordel, ici est aux internes en médecine ce que Salut, ça va ? est aux civils.
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(...) vous êtes drôlement mignon pour un médecin.
Si par « mignon », elle veut dire que j’ai l’air d’une brute épaisse – et selon mon expérience, c’est ce que la plupart des femmes entendent par là – elle a raison. Ma tunique est tellement serrée qu’on distingue mes tatouages à travers l’étoffe.
Caducée sur l’épaule gauche, étoile de David sur la droite
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Salut, me lance-t-elle avec un accent de l’Oklahoma. On se connaît ?
Pas encore dis-je en songeant : « C’est parce que tu es nouvelle, comme le prouvent tes horaires de merde. »
— Vous êtes agent hospitalier ? me demande-t-elle.
— Je suis interne en médecine interne.
Un interne est un résident en première année, sorti depuis un an de la faculté de médecine : il a donc six ans de moins que moi, en général. Je ne sais même pas ce que c’est qu’un agent hospitalier. On dirait un type qui fait le service d’ordre dans un asile de fous, si ça existe encore.
— Dites donc, répond la représentante, vous êtes drôlement mignon pour un médecin.
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Avant de me relever, je prends son pistolet.
Une vraie merde, ce flingue. Deux bouts de tôle pressée – même pas de crosse – et un barillet décentré. On dirait un pistolet d’alarme qu’on aurait trafiqué. L’espace d’une seconde, ça me rassure, quand on sait qu’il y a 350 millions d’armes à poing en circulation aux États-Unis. Puis l’éclat cuivré des balles me rappelle à quel point il en faut peu pour tuer un homme.
Je devrais le jeter. Plier le canon et le laisser tomber dans la bouche d’égout.
Au lieu de cela, je le glisse dans la poche arrière de mon pantalon.
Les vieilles habitudes ont la vie dure.
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Je m’assure que je suis calme – je le suis, je suis simplement agacé – avant de m’agenouiller lourdement à côté de lui. Dans ce genre de boulot, comme dans tous, sans doute, l’organisation et le sang-froid valent beaucoup mieux que la rapidité.
En l’occurrence, ni l’un ni l’autre ne me sont particulièrement nécessaires. Je fais rouler Ducon sur le flanc pour éviter qu’il ne suffoque, et je replie le bras qui n’est pas cassé sous sa tête pour que sa figure ne touche pas le trottoir gelé. Puis je vérifie qu’il respire toujours. C’est le cas : d’ailleurs, il respire la joie de vivre. Son pouls, aux poignets et aux chevilles, est assez fort.
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Pendant que ma main droite lui explose le coude, le tranchant de ma main gauche vise sa gorge.
Si je la percute, je broierai les fragiles anneaux de cartilage qui permettent à sa trachée de rester ouverte lorsqu’il fait le vide pour inspirer. La prochaine fois qu’il essaiera de le faire, sa trachée se refermera comme un anus, ce qui le placera à environ six minutes de la Faucheuse. Même si je bousille mon stylo pour une trachéo.
Alors je supplie, j’implore ma main d’infléchir sa trajectoire. Je ne vise ni son menton, ni sa bouche – trop crade – mais son nez.
Lequel s’enfonce comme un vulgaire tas de boue. Ducon s’écrase sur le trottoir, inconscient.
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Je fais volte-face, écartant le flingue de mon crâne. Ma main droite, toujours levée, se retrouve au-dessus du bras de cette tête de nœud. J’attrape son coude pour le tirer d’un coup sec : ses ligaments pètent comme des bouchons de champagne.
Allez, une petite digression sur le coude.
Les deux os de l’avant-bras, le cubitus et le radius, se meuvent indépendamment l’un de l’autre ; ils sont également capables de rotation. Vous pouvez le constater vous-même en retournant votre main, d’abord paume vers le haut, position dans laquelle le cubitus et le radius sont parallèles, ensuite paume vers le bas, position où ils se croisent en « X ». Ils requièrent par conséquent un système d’ancrage complexe à la hauteur du coude. Les ligaments qui couvrent les extrémités des os peuvent s’enrouler et se dérouler ; ils sont disposés comme du ruban adhésif sur le manche d’une raquette de tennis. Quel dommage de devoir les déchirer.
Mais pour l’instant, Ducon et moi, on a d’autres chats à fouetter. Pendant que ma main droite lui explose le coude, le tranchant de ma main gauche vise sa gorge.
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En me rendant au boulot, je m’arrête pour regarder un pigeon se battre contre un rat dans la neige, et c’est là qu’un connard essaie de me braquer. Bien évidemment, ce crétin a un flingue qu’il me colle derrière le crâne. C’est froid mais pas désagréable, genre massage shiatsu.
— Du calme, toubib, dit-il.
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Facile à lire
Un moment je décroche
Puis le fini
Ça change un peu des autres écrivain
A suivre
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Il faut être jeune, fou ou naïf pour baiser dans un endroit qui vous donne l'impression d'être suspendu au-dessus de l'œil de Satan.
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Et là, vous comprendrez que vous êtes le seul à pouvoir vous faire justice.
Tu parles d'un choix.
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