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4.47/5 (sur 38 notes)

Nationalité : Argentine
Né(e) à : Buenos Aires , le 03/05/1930
Mort(e) à : Mexico , le 14/01/2014
Biographie :

Fils d'émigrants ukrainiens, il peut, malgré les privations matérielles, s'épanouir dans la lecture; il dévore les classiques de la littérature espagnole et découvre Pouchkine.

Juan Gelman est membre dans sa jeunesse de l’organisation ‘Montoneros’, groupe de guérilleros d’extrême-gauche opposés à la junte militaire au pouvoir entre 1976 et 1983. Il est d’ailleurs contraint de s’exiler en Europe puis au Mexique. Sa vie est marquée par le drame, pendant la dictature militaire en Argentine, de l'assassinat de son fils Marcelo, 20 ans, et de la disparition de sa belle-fille, Maria Claudia Garcia, âgée à l'époque, de 19 ans.

En 1956, il publie son premier livre, ‘Violones y otras cuestiones’ qui est bien reçu par la critique. Traduite en dix langues, son oeuvre comporte quelques titres parus en français, dont ‘Obscur ouvert’, ‘Salaires de l’impie’ et ‘L’Opération d’amour’. Juan Gelman a reçu diverses récompenses, dont le prestigieux prix Cervantès en 2007.

A travers un réalisme critique et une singularité de style, sa poésie tente de s’accorder aux grandes questions de notre temps, même s’il croit à la “poésie mariée avec la poésie”.
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Bibliographie de Juan Gelman   (20)Voir plus

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Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Le futur

Et je sais très bien que tu n’y seras pas.
Tu ne seras pas dans la rue, dans le murmure qui jaillit la nuit
des réverbères, ni dans le geste
de choisir le menu, ni dans le sourire
qui soulage les métros complets,
ni dans les livres prêtés ni dans les mots à demain.

Tu ne seras pas dans mes rêves,
ni dans le destin original de mes mots,
ni dans un chiffre téléphonique
ou la couleur d’une paire de gants ou d’une blouse.
Je me fâcherai, mon amour, non pas à cause de toi,
et j’achèterai des bonbons mais pas pour toi,
je serai debout au coin d’une rue où tu ne viendras pas,
et je dirai les mots qui se disent
et je mangerai les choses qui se mangent
et je rêverai les rêves qui se rêvent
et je sais très bien que tu n’y seras pas,
ni ici dedans, la prison où encore je te retiens,
ni là dehors, ce fleuve de rues et de ponts.
Tu ne seras pas du tout, tu ne seras même pas un souvenir,
et si je pense à toi, je penserai une pensée
qui obscurément essaye de t’évoquer.

*

El futuro

Y sé muy bien que no estarás.
No estarás en la calle, en el murmullo que brota de noche
de los postes de alumbrado, ni en el gesto
de elegir el menú, ni en la sonrisa
que alivia los completos en los subtes,
ni en los libros prestados ni en el hasta mañana.

No estarás en mis sueños,
en el destino original de mis palabras,
ni en una cifra telefónica estarás
o en el color de un par de guantes o una blusa.
Me enojaré, amor mío, sin que sea por ti,
y compraré bombones pero no para ti,
me pararé en la esquina a la que no vendrás,
y diré las palabras que se dicen
y comeré las cosas que se comen
y soñaré los sueños que se sueñan
y sé muy bien que no estarás,
ni aquí adentro, la cárcel donde aún te retengo,
ni allí fuera, este río de calles y de puentes.
No estarás para nada, no serás ni recuerdo,
y cuando piense en ti pensaré un pensamiento
que oscuramente trata de acordarse de ti.
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Commande


Ne m’accorde pas de répit, ne me pardonne jamais.
Harcèle mon sang, que chaque cruauté soit toi qui reviens.
Ne me laisse pas dormir, éloigne de moi la paix !
Alors je gagnerai mon royaume
et lentement je naîtrai.
Ne me perds pas comme une musique facile, ne sois pas caresse ni gant,
taille-moi comme un silex, désespère-moi.
Garde ton amour humain, ton sourire, tes cheveux. Donne-les.
Que vienne vers moi ta colère sèche d’allumette et d’écailles.
Crie. Vomis du sable dans ma bouche, casse-moi la gueule.
T’ignorer en plein jour m’importe peu
et savoir que tu joues face au soleil et à l’homme.
Partage-le.

Je te demande la dure cérémonie de l’entaille,
ce que personne ne te demande : les épines
jusqu’à l’os. Arrache-moi ce visage infâme,
Oblige-moi à crier enfin mon véritable nom.

*

Encargo

No me des tregua, no me perdones nunca.
Hostígame en la sangre, que cada cosa cruel sea tú que vuelves.
¡No me dejes dormir, no me des paz!
Entonces ganaré mi reino,
naceré lentamente.
No me pierdas como una música fácil, no seas caricia ni guante;
tállame como un sílex, desespérame.
Guarda tu amor humano, tu sonrisa, tu pelo. Dálos.
Ven a mí con tu cólera seca de fósforo y escamas.
Grita. Vomítame arena en la boca, rómpeme las fauces.
No me importa ignorarte en pleno día,
saber que juegas cara al sol y al hombre.
Compártelo.

Yo te pido la cruel ceremonia del tajo,
lo que nadie te pide: las espinas
hasta el hueso. Arráncame esta cara infame,
oblígame a gritar al fin mi verdadero nombre.
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Loi du poème

Amer est le prix du poème,
les neuf syllabes de chaque vers ;
l’une superflue, l’autre manquante
le font voler ou le condamnent.

Nous sommes l’échiquier d’un cours d’eau
la carte à jouer entre deux feux ;
tombent les faces tombent les piles
chaque fois que tourne le chemin.

Tombe le rythme dans les vers,
pleuvent les larmes dans le souvenir,
tombe la nuit, tombe l’oiseau
tout est chute lente sans bruit.

Ô liberté de la prison,
coup de dés qui lance et détache
l’énigmatique toile d’araignée
des murs et des démarcations !

Comme ta bouche découvre la pomme
comme mes mains découvrent tes seins,
le papillon suivra le feu
pour sa dernière danse danser.

*

Amargo precio del poema,
las nueve sílabas del verso;
una de más o una de menos
lo alzan al aire o lo condenan.

Somos el ajedrez de un río,
el naipe siempre entre dos lumbres;
caen las caras y las cruces
a cada curva del camino.

Cae en el verso la palabra,
en el recuerdo llueve el llanto,
cae la noche, cae el pájaro,
todo es caída amortiguada.

¡Oh libertad de no ser libre,
golpe de dados que desata
la sigilosa telaraña
de encrucijadas y deslindes!

Como tu boca a la manzana,
como mis manos a tus senos,
irá la mariposa al fuego
para danzar su última danza.

***
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L’interrogateur (El interrogador, 1984)


Je ne questionne pas sur les gloires ni les neiges,
je veux savoir où se retrouvent les hirondelles mortes,
où vont les boîtes d’allumettes usées.
Aussi grand que soit le monde
il y a les ongles à couper, les effiloches,
les enveloppes fatiguées, les cils qui tombent.
Où vont les brumes, le dépôt du café,
les almanachs d’un autre temps ?

Je questionne sur le vide qui nous anime ;
je présume que dans ces cimetières
la peur pousse peu à peu
et que c’est là où couve le Rokh.

*

No pregunto por las glorias ni las nieves,
quiero saber dónde se van juntando
las golondrinas muertas,
adónde van las cajas de fósforos usadas.
Por grande que sea el mundo
hay los recortes de uñas, las pelusas,
los sobres fatigados, las pestañas que caen.
¿Adonde van las nieblas, la borra del café,
los almanaques de otro tiempo?
Pregunto por la nada que nos mueve;
en esos cementerios conjeturo que crece
poco a poco el miedo,
y que allí empolla el Roc.

***
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Pour lire de façon interrogative (Para leer en forma interrogativa, 1984)

Tu as vu
véritablement tu as vu
la neige les astres les pas feutrés de la brise
Tu as touché
pour de vrai tu as touché
l’assiette le pain le visage de cette femme que tu aimes tant
Tu as vécu
comme un coup sur le front
l’instant le souffle bref la chute la fuite
Tu as su
par chaque pore de la peau su
que tes yeux, tes mains, ton sexe ton cœur tendre
il fallait les jeter
il fallait les pleurer
il fallait à nouveau les inventer.

*

Has visto
verdaderamente has visto
la nieve los astros los pasos afelpados de la brisa
Has tocado
de verdad has tocado
el plato el pan la cara de esa mujer que tanto amàs
Has vivido
como un golpe en la frente
el instante el jadeo la caìda la fuga
Has sabido
con cada poro de la piel sabido
que tus ojos tus manos tu sexo tu blando corazòn
habìa que tirarlos
habìa que llorarlos
habìa que inventarlos otra vez.

***
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Je ne te fatiguerai plus avec des poèmes…


Je ne te fatiguerai plus avec des poèmes.
Disons que je t’ai dit
nuages, ciseaux, cerfs-volants, crayons,
et que peut-être une fois
tu as souri.

*

No te voy a cansar con más poemas.
Digamos que te dije
nubes, tijeras, barriletes, lápices,
y acaso alguna vez
te sonreíste.
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AUTRES ECRITURES
la nuit te cogne le visage comme les pieds de dieu /
quelle est cette lumière qui monte de tes morts ? / vois-tu quelque chose
à la lumière de cette lumière ? / que vois-tu ? de petits os
soutenant l’automne ? / quelqu’un qui

racle les murs du monde avec ses os ? / vois-tu plus ? /
raclent-ils les murs de l’âme ? écrivent-ils
« vive la lutte » ? raclent-ils
les murs de la nuit ? écrivent-ils « vive l’âme » /

raclent-ils le feu où j’ai brûlé où nous sommes morts / tous les compagnons ? / écrivent-ils ?
dans le feu ? / dans la lumière ? / dans la lumière de cette lumière ? /
à présent passent les compagnons la langue fermée /
ils passent entre les pieds et les chemins des pieds /

ils passent cousus à la lumière /
ils raclent le silence avec un os /
l’os écrit le mot « lutter » /
l’os est devenu un os qui écrit /
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la tiédeur de toi/femme qui existes
pour que l’amour existe quelque part/
les compagnons brillent aux fenêtres du sud/
de ce sud qui brille comme ton cœur/

tourne comme des astres/ou compagnons/
tu ne fais que monter/
quand tu lèves les mains au ciel
tu lui donnes santé ou lumière comme ton ventre/

ton ventre écrit des lettres au soleil/
sur les murs de l’ombre il écrit/
il écrit pour un homme qui s’arrache les os/
il écrit liberté/
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les compagnons sont morts les lèvres collées à l’univers/
ils ont entendu le chant de l’oiseau qui annonce les hauteurs
et je suis triste de l’animal d’en bas/
qui ne dort pas/qui ne peut pas dormir/
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HACIA EL SUR

te amo señora/como el sur/
una mañana sube de tus pechos/
toco tus pechos y toco una mañana del sur/
una mañana como dos fragancias

de la fragancia de una nace la otra/
o sea tus pechos como dos alegrías/
de una alegría vuelven los compañeros muertos
en el sur
establecen su dura claridad/

de la otra vuelven al sur/vivos por/
la alegría que sube de vos/
la mañana que das como almitas volando/
almando el aire con vos/

te amo porque sos mi casa y los compañeros
pueden venir/
sostienen el cielo del sur/
abren los brazos para soltar el sur/
de un lado les caen furias/del otro/

trepan sus niños/abren la ventana/
para que entren los caballos del mundo/
el caballo encendido de sur/
el caballo del deleite de vos/

la tibieza de vos/mujer que existís/
para que exista el amor en algún lado/
los compañeros brillan en las ventanas del sur/
sur que brilla como tu corazón/

gira como astros/como compañeros/
no hacés más que subir/
cuando alzás las manos al cielo/
le das salud o luz como tu vientre/

tu vientre escribe cartas al sol/
en las paredes de la sombra escribe/
escribe para un hombre que se arranca los
huesos/
escribe la palabra libertad/
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