Les passions, pensait-elle, font moins de mal que l'ennui car les passions tendent à diminuer, tandis que l'ennui tend toujours à s'accroître.
Elle avait le type d'un de ces genres de beauté évidemment prédestinée au malheur.
Tressignies n'avait pas pensé à cette profondeur dans la vengeance, qui dépassait tout ce que l'histoire lui avait appris. Ni l'Italie du XVI ème siècle, ni la Corse de tous les âges, ces pays renommés pour l'implacabilité de leurs ressentiments, n'offraient à sa mémoire un exemple de combinaison plus réfléchie et plus terrible que celle de cette femme, qui se vengeait à même elle, à même son corps, comme à même son âme! Il était effrayé de ce sublime horrible, car l'intensité dans les sentiments, poussée à ce point, est sublime. Seulement, c'est le sublime de l'enfer.'
" Le temps ment comme ton mariage - dit-elle - comme l'amour qui meurt et qui dit: "C'en est fait pour jamais! " parce qu'il meurt. Tu es venu Ryno! Ce soir nous n'avons pas dix ans entassés sur nos têtes. Tu es plus beau que quand je te vis pour la première fois, et l'amour mort n'empêche pas que nous ne soyons ici les mains unies, tout prêts peut-être à recommencer le passé et notre amour!"
A un dîner d'Athées. : Il imposait, comme tous les hommes qui ne demandent plus rien à la vie ; car qui ne demande rien à la vie est plus haut qu'elle, et c'est elle alors qui fait des bassesses avec nous.
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Le bonheur est dans le crime. : Le feu, - qui dévore, - consume et ne produit pas. ... Les enfants, -ajouta-t-elle avec une espèce de mépris, - sont bons pour les femmes malheureuses !
L'Empire perdu, la Révolution écrasée par cette réaction qui n'a pas su la tenir sous son pied, comme saint Michel y tient le dragon, tous ces hommes, rejetés de leurs positions, de leurs emplois, de leurs ambitions, de tous les bénéfices de leur passé, étaient retombés impuissants, défaits, humiliés, dans leur ville natale, où ils étaient revenus “ crever misérablement comme des chiens ”, disaient-ils avec rage. Au Moyen Age, ils auraient fait des pastoureaux, des routiers, des capitaines d'aventure ; mais on ne choisit pas son temps ; mais, les pieds pris dans les rainures d'une civilisation qui a ses proportions géométriques et ses provisions impérieuses, force leur était de rester tranquilles, de ronger leur frein, d'écumer sur place, de manger et de boire leur sang, et d'en ravaler le dégoût ! Ils avaient bien la ressource des duels ; mais que sont quelques coups de sabre ou de pistolet, quand il leur eût fallu des hémorragies de sang versé, à noyer la terre, pour calmer l'apoplexie de leurs fureurs et de leurs ressentiments ?
(A un dîner d'Athées)
Dans ce temps délicieux, quand on raconte une histoire vraie, c’est à croire que le Diable a dicté...
"L'art a deux lobes, comme le cerveau. La nature ressemble à ces femmes qui ont un œil bleu et un œil noir. Voici l'œil noir dessiné à l'encre - à l'encre de la petite vertu."
(Préface)
« LE BONHEUR DANS LE CRIME
Dans ce temps délicieux, quand on raconte une histoire vraie, c’est à croire que le Diable a dicté... J’étais un des matins de l’automne dernier à me promener au Jardin des plantes, en compagnie du docteur Torty, certainement une de mes plus vieilles connaissances. Lorsque je n’étais qu’un enfant, le docteur Torty exerçait la médecine dans la ville de V... ; mais après environ trente ans de cet agréable exercice, et ses malades étant morts, ses fermiers comme il les appelait, lesquels lui avaient rapporté plus que bien des fermiers ne rapportent à leurs maîtres, sur les meilleures terres de Normandie, - il n’en avait pas repris d’autres ; et déjà sur l’âge et fou d’indépendance, comme un animal qui a toujours marché sur son bridon et qui finit par le casser, il était venu s’engloutir dans Paris, là même, dans le voisinage du Jardin des plantes, rue Cuvier, je crois, - ne faisant plus la médecine que pour son plaisir personnel, qui, d’ailleurs, était grand à en faire, car il était médecin dans le sang et jusqu’aux ongles, et fort médecin, et grand observateur, en plus de bien d’autres cas que de cas simplement physiologiques et pathologiques... »