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Citations de Julia March (34)


Julia March
La première fois que j’ai lu un article sur le syndrome d’Asperger, j’ai pleuré pendant deux heures, abattue : tous ces efforts, cette lutte permanente contre moi-même, mes années passées à étudier les gens autour de moi et à les imiter, à essayer de comprendre leur langage, tout cela avait donc été vain ? Je serai comme cela pour toujours ? Je lis sur des forums des témoignages qui me brisent le cœur, des personnes qui découvrent être Asperger passé la cinquantaine et qui ont souffert toute leur vie. Je refuse que cela m’arrive, je souffre déjà trop. Je me doute bien que je suis en train de plonger dans la dépression : je dors beaucoup trop, suis fatiguée. Mes passions habituelles – dont mon sujet de master à la fac – me laissent froide, et j’éprouve toujours cette douleur atroce en moi, comme une ombre qui me rongerait et m’écraserait en permanence. Je comprends à présent que des personnes préfèrent mettre fin à leurs jours plutôt que d’endurer cette souffrance une minute de plus. Je sais aussi que je risque l’internement si je formule cette pensée à voix haute face à un psy. Je ne connais rien du monde psychiatrique, mais j’y vois un danger, un enfermement de force possible, et j’écoute cette petite voix en moi qui me dit de fuir les « soignants » comme la peste.

Puisque je ne peux pas changer qui je suis, il me faut changer mon quotidien. Je dois fuir cette vie assommante, fuir ces gens qui ne me comprennent pas, partir loin.
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Puisque je ne peux pas changer qui je suis, il me faut changer mon quotidien.
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"Tu ne fais aucun effort" est la phrase que l'on m'a le plus répétée au cours de mon existence. Je pense que ce livre prouve largement le contraire. A votre tour, les non-autistes et les institutions, de faire des efforts. Et de nous le prouver.
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Que nul ne s'y méprenne : ceci n'est pas le récit d'une autiste exceptionnelle qui, grâce à des aptitudes hors du commun, aurait réussi à vaincre les obstacles dressés sur son chemin. Ce qui est exceptionnel et hors du commun, ce sont les gens qui m'ont acceptée telle que j'étais, ceux qui m'ont aidée, ceux qui m'ont aimée. Ce qui est exceptionnel, c'est le système de solidarité sociale qui existe encore en France et qui, aujourd'hui, est attaqué de partout. On entend parler "d'assistanat", on stigmatise les personnes qui se retrouvent abandonnées sur le bas-côté, comme s'il s'agissait de leur choix de vie.
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Toutes mes journées estivales se répétaient exactement de la même manière, programmées à la minute près, et je me réveillais chaque matin remplie d'une joie difficile à contenir en sachant qu'une autre journée identique m'attendait. Elles étaient identiques uniquement en apparence, car chaque nouveau livre m'apportait des frissons et des nouveaux questionnements. Je vivais intensément à l'intérieur et platement à l'extérieur.
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On dit souvent que l'autisme est un handicap "invisible" ; il l'est car, depuis notre enfance, nous nous efforçons de nous fondre dans la masse, mais il y a toujours des moments maudits où notre différence devient visible, agaçante et motif d'exclusion - mais pour de mauvaises raisons. En de telles occasions où j'étais poussée à bout, je me sentais vulnérable et exposée, ne pouvant m'empêcher de redouter les répercussions de cette visibilité soudaine.
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Oui, nous les autistes pouvons être menteurs, manipulateurs et méchants, car nous ne sommes pas les grands enfants un peu maladroits que vous voulez voir en nous. Nous sommes avant tout humains. Et non, nous ne sommes pas non plus tous des génies, et nous n'avons pas à être vos petits singes savants pour avoir le droit d'exister, merci beaucoup.
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Je me souvenais encore avec angoisse de ce qui était arrivé lors de ma formation théorique : alors que nous étudiions les besoins de l'enfant, j'avais été frappée de constater à quel point je m'identifiais aux enfants âgés de 3 à 6 ans. La formatrice les décrivait comme étant autocentrés, ne sachant pas jouer en collectif, ayant besoin de repères stables aussi bien dans le temps que dans l'espace, facilement paniqués par les bruits et par le trop plein de monde, et s'attachant avec une ferveur excessive à ce qui leur était familier. J'avais ressenti un n profond malaise en l'entendant blaguer à leur sujet, car j'en avais l'assurance intime : je n'avais jamais dépassé ce stade de l'enfance ; j'y étais restée coincée. (p.243)
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En France, j'ai toujours été surprise de constater que l'on parquait les enfants en situation de handicap dans des institutions spécialisées, sans qu'ils puissent jamais cohabiter avec les enfants valide de leur âge. Tout au long de ma scolarité primaire en Espagne, j'ai été assise dans la même classe que des enfants en fauteuil roulant ou ayant le syndrome de Down. Cela faisait partie du quotidien et n'avait rien d'exceptionnel.
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Car oui, comme beaucoup d'enfants, j'avais des amis imaginaires qui incarnaient des rôles dans chacun de mes scénarios mieux que ne l'auraient fait des amis réels. J'avais à ma disposition ma sœur et une ribambelle d'enfants avides de jeux, mais je trouvais mes personnages imaginaires bien plus faciles à vivre. Nous n'étions pas toujours d'accord, mais, au moins, ils étaient bien moins turbulents.
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Incapable d'exprimer verbalement le malaise que j'éprouvais de façon constante, je me mis, à mon tour, à composer des poèmes. Il me suffisait d'écrire pour que la tristesse, la colère et le désarroi s'envolent. Je me retrouvais apaisée et soulagée par la magie des mots.
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J'en ris intérieurement en les regardant : si l'espèce la plus évoluée ressemblait à ma famille paternelle, c'est qu'il y avait eu quelque part un sérieux couac dans tout le processus. Les voir se croire au sommet de l'évolution alors qu'ils baignaient dans leur bêtise, cela n'eut pas de prix. Leur mépris envers des animaux aussi merveilleux que les singes ne fut à mes yeux qu'une énième preuve de leur erreur. Si quelque mauvais esprit avait souhaité me comparer moi-même à un babouin, j'en aurais été honorée.
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J'avais peut-être quitté l'Espagne, mais je n'avais pas pour autant quitté les Témoins de Jéhovah. (p.241)
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Tandis que les autres jeunes Témoins de Jéhovah "subissaient" des privations en matière de sociabilité - refuser les invitations aux fêtes, aux anniversaire, ne pas aller en boîte, garder une distance avec les camarades d'école -, ces mêmes règles sectaires me "permettaient" de me retrancher dans mon propre univers sans me poser de question sur ma normalité. (p.213)
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Ce rôle [de tutorat auprès de ses pairs collégiens] me donnait une place claire : j'étais celle qui expliquait de manière simple des choses compliquées, et j'obtenais en échange le respect et l'affection des autres. Ce fut d'ailleurs la première fois de toute ma vie que je me sentis respectée pour ce que j'étais. (p.179)
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C'est là que je compris quelque chose de fondamental : dans une situation d'injustice, vouloir rester "neutre", ne rien faire, équivaut à approuver, à se placer du côté de l'oppresseur. Il n'y avait pas à tergiverser, la seule option respectable était de prendre la défense publiquement de celui qui subissait une injustice. (p.169)
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[compris après lecture d'Harry Potter] :
Et le plus important : la normalité était un leurre. (p.163)
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J'avais l'impression d'être une tortue dans un monde de lièvres, de beaux lièvres soyeux et athlétiques que je peinais à suivre et à imiter. (p.138)
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A la différence des autres enfants, je ne jouais pas avec mes jouets, mais je les utilisais comme des objets catalyseurs pour mes moments de surcharge sensorielle, ou tout simplement comme des repères affectifs me procurant de douces sensations tactiles et visuelles. (p.110)
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Chaque moment et chaque jeu avec Shara me rassurait et me permettait de vivre des émotions que le monde extérieur ne me permettait pas d'expérimenter, me donnant ainsi le courage d'affronter, un jour de plus, l'école, la maîtresse, les autres enfants, la sonnerie stridente, le brouhaha, les lanières du cartable lacérant mes épaules, les néons blessant mes yeux, la lumière aveuglante du soleil qui ne semble déranger que moi et me forçait à avancer les yeux plissés, le vacarme assourdissant des voitures, les mille et une odeurs me rendant nauséeuse - bref, le quotidien banal d'une enfant autiste. (p.101)
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