Citations de Julie Clark (54)
Je sens les minutes défiler à toute allure, me rapprochant de l’instant où je franchirai la première étape d’un processus irrévocable. Une part de moi veut tout oublier. Aller à Detroit, visiter l’école et rentrer à la maison. Avoir quelques jours de plus pour discuter avec Petra au sauna. Or si je veux m’enfuir, c’est maintenant ou jamais, car une fois que Rory aura annoncé sa candidature au Sénat, le peu de liberté dont je dispose encore me sera confisqué.
Dans un monde parfait, je ne laisserais pas Rory s’en tirer à si bon compte, seulement je n’ai pas la force de me lancer dans un tel combat qui durerait des années. On fouillerait dans les moindres recoins de ma vie, et tout ce qui pourrait m’arriver de positif par la suite serait terni. Tout ce que je veux, c’est être libérée de cette situation. De lui.Dénoncer Rory revenait à sauter dans un abîme en espérant être rattrapée par la générosité et la gentillesse d’autrui.
Quand bien même je raconterais ce qu’il m’a fait subir, quand bien même je le hurlerais, mes paroles seraient ensevelies sous l’amour que tout le monde porte au fils unique de Marjorie Cook.
Je n’arrive pas à croire que tu puisses être aussi égoïste ! Que tu sois prête à détruire tout ce pour quoi j’ai travaillé si dur, l’héritage de ma mère, à cause de simples disputes. Ça arrive à tous les couples, Claire.
Je m’étais préparée au combat, sachant qu’il serait acharné et coûteux, mais j’avais prévu d’utiliser les violences conjugales comme moyen de pression. Donne-moi ce que je veux, et je ne dirai pas qui tu es vraiment.Seulement la suite ne s’était pas du tout déroulée comme prévu.
En un instant, les souvenirs m’ont submergée, me ramenant à celle que j’avais été, loin du personnage cultivé au fil des ans, l’épouse de Rory, lisse et insondable, enfouissant ses secrets derrière une dureté de façade.
Quand les gens sont sympas avec toi parce que ton père est l’équivalent russe d’Al Capone, ce ne sont pas des amis.
Je suis bien placée pour savoir que, quand on est en fuite, on regarde uniquement derrière soi, jamais devant. Puis je tends l’oreille et je guette une ouverture.
On ne se rend pas compte des difficultés que pose l’orchestration d’une disparition, du niveau de détail requis afin d’éliminer la plus infime trace de vie. Parce qu’il y a toujours quelque chose. Un fil, une graine de vérité, une erreur, un concours de circonstances suffisent à révéler le stratagème.
Quelque part derrière moi, une femme d’âge mûr parle un italien saccadé. Mais je continue à scruter le bitume, les yeux rivés sur les abords bondés du terminal. Car tous mes espoirs, tout mon avenir reposent sur sa venue.Je ne sais que trois choses d’elle : son nom, son visage et l’horaire approximatif de son vol. Et je dispose d’un avantage : elle ne sait rien de moi.
Eva could walk away with no regrets, knowing for certain the past held nothing of value for her. That sometimes, the death of a dream can finally set you free.
It’s blank, but I notice that Rory has been working on my eulogy. I open it and start to read. My wife, Claire, was an incredible woman who lived an extraordinary life of service and sacrifice. I cringe. The pull quote from the magazine carried more emotion. This makes me sound like an octogenarian who has died peacefully in her sleep after a long and productive life. Not the vibrant person I was—and still am. And I wonder, what would I like Rory to say instead? I was incredibly hard on Claire—much more so than she deserved. I know I scared her. I sometimes hurt her. I loved her in a broken and warped way that made it impossible for us to truly be happy. But Claire was a good person. A strong person. I shake my head. Even in my imagination, I can’t make Rory say what I need him to say. I’m so sorry, Claire. What I did to you was wrong. But the eulogy on the screen in front of me doesn’t say any of that.
Are we who we say we are, or do we become the person others see? Do they define us by what we choose to show them, or what they see despite our best attempts to conceal it?
But as she stared at her dim reflection in the dark train window, Eva was struck with a thought so clear, so pure, it sent a shiver through her. I’m not going to do this anymore. An impossible wish. Fish and Dex would never let her walk away. Not just because of what she could do, but also what she knew. Even though she was compartmentalized, she still knew too much.