Citations de Kader Abdolah (31)
Per i persiani la poesia è come il vino per i francesi: se ne ubriacano.
Pour les persans la poésie est comme le vin pour les français: ils s'en ennivrent.
Budan behtar ast as az nabudan
Khasse dar bahar.
Être est mieux que ne pas être
Surtout au printemps.
Ahmad Shamlu( poète iranien)
L'histoire de la maison de la mosquée est loin d'être terminée, elle est comme la vie : chacun doit descendre quelque part.
Une phrase revient sans cesse à la fin de toutes les histoires perses : "Notre histoire est finie, mais la corneille n'a pas encore atteint son nid".
J'écris mon histoire dans la langue du peuple néerlandais; autrement dit, dans la langue de poètes et d'écrivains qui ne sont plus parmi nous. Je le fais parce que c'est la loi de l'exil.
Le grand poète Aasha prit son temps pour répondre: Ton Muhammad semblait être l'un de ces nombreux faux prophètes de La Mecque. (...) Il avait un plan, mais son plan clochait. Il voulait une révolution par le haut. Il tentait de rassembler les grands commerçants derrière lui pour débarrasser la Kaaba des idoles. C'était un mauvais calcul. (...) Muhammad était malin et se rendit compte de son erreur. Il changea d'approche et se tourna vers les esclaves et vers les femmes. Ce tournant radical fut un coup de maître. Car dans notre histoire, jamais encore quelqu'un n'avait compté sur les femmes. Tout à coup, il sortit une puissante armée de sa manche. Il trouva une armée d'esclaves, de pauvres et de femmes, qu'il nomma: l'armée d'Allah.
Qui était Muhammad? Un orphelin dont personne ne voulait. Muhammad n'était personne, un paumé qui avait mené l'entreprise de sa femme au bord de la ruine.
Si tu te sens triste, marche le long de la rivière. Parle avec la rivière. Elle emènera ta tristesse.
Traduction de: "Als je soms verdrietig bent, loop langs de rivier. Praat met de rivier. Hij neem je verdriet mee."
Le jeune Aga Akbar, cadet de sept enfants et fils illégitime d'un noble persan, est sourd et muet. Il communique dans un langage de signes rudimentaires, mais souffre de ne pouvoir exprimer ses pensées, ses sentiments. Ne sachant comment lui enseigner l'alphabet persan, son oncle lui demande de recopier une inscription en écriture cunéiforme vieille de 3000 ans, sans doute un ordre du roi Perse; Dès lors, Aga Akbar se sert de ces caractères cunéiformes et remplit des cahiers d'une écriture que personne d'autre que lui ne comprend.
Des années plus tard, son fils Ismaël quitte l'Iran et arrive en tant que réfugié politique aux Pays-Bas. Désemparé face à une société dont il ne connaît pas les règles, il décide de traduire les notes de son père, réputées indéchiffrables. Il devient d'une certaine manière la voix de son père, le porte-parole de l'histoire de son pays. (quatrième de couverture)
Muhammad était fanatique, presque possédé. (...) Il mentait, il mentait énormément. Et croyait en ses propres mensonges. Mentir n'est peut-être pas le bon mot, il inventait. Il disait que ses textes coraniques lui étaient révélés. Mais, il imaginait tout lui-même.
Etonné, je regardai Tâlib et lui demandai: Qui est-ce?
- Mon neveu, Muhammad.
- Que fait-il?
- Il croit être un messager. Il veut conquérir l'Empire perse et apporter ici l'or des rois.
A La Mecque, en ce temps-là, la hiérarchie du pouvoir se présentait comme suit:
Les idoles
Les propriétaires d'esclaves
Les grands commerçants
Les juifs
les chameaux
les hommes
Les esclaves
les femmes esclaves
les chèvres
les femmes
Quand il embrassa sa mission de messager, ma vie aussi s'en trouva complétement transformée. Je ne le quittais pas un instant, à moins qu'il ne m'envoie quelque part.
Lorsqu'un texte lui était révélé, il tremblait. Il s'affaissait comme si on lui eût fauché les jambes, tombait à genoux, se frottait la tête comme un cheval contre le sol et prononçait des paroles incompréhensibles.
Ils te donnent de l'amour, et l'amour est très important pour un être humain. Mais cette maison est arriérée. Parce qu'ils craignent Dieu, ils ont aussi peur de tout : de la radio, de la télévision, de la musique, du cinéma, du théâtre, de la joie, des autres femmes, des autres hommes, ils aiment seulement les cimetières. C'est là qu'ils se sentent bien. C'est vrai, tu sais ! Tu es déjà allé avec eux dans un cimetiere. Là, ils sont tout à coup excités, joyeux, ils se sentent bien avec les morts. C'est pour ça que j'ai fui cette maison quand j'étais jeune.
Hommes! Suivez-moi! Combattez pour Allah. Si vous mourez, vous irez au paradis où vous attendent des vierges en robe verte avec un pichet de vin et deux coupes de fruits.
Le mont Hira est devenu une part indissociable de la vie de Muhammad et a reçu une vraie place dans le Coran. C'est l'endroit où Muhammad a rencontré pour la première fois l'ange Gabriel, l'envoyé d'Allah.
Muhammad était allongé sur un tapis, sa tête sur les genoux de Khadija. Elle lui lisait la Bible à la lumière d'une lanterne posée près d'elle sur une table en bois; (...) La lecture de la Bible était devenue une tradition dans la maison.
Nous, habitants du désert, avions pris du retard sur les peuples civilisés qui avaient un seul Dieu et un Livre. C'est pourquoi Muhammad voulait débarrasser la Kaaba de ces idoles et la dédier à un seul Dieu. Un dieu qui vivait au septième ciel. Le Dieu de Muhammad, qui s'appelait Allah, ce qui signifie: Il est Un.
Nous étions en train de nous frapper la tête contre le mur solide des religieux pour leur signifier que nous étions encore en vie et qu'ils ne nous faisaient pas peur. Mais j'avais peur, pas qu'ils me tuent, mais qu'ils me détruisent. A tel point que je serais prêt à m'agenouiller.
Il avait importé cette pleine lune d'Ispahan. Les nuits d'Ispahan étaient pleines d'étoiles. La lune était suspendue telle une lampe divine éclairant les mosquées magiques.
Quand, par une nuit aussi claire, on se tient sur la place Naqsh-e Jahân et que l'on tend les mains, on peut facilement cueillir la lune. Les vieux poètes persans l'ont toujours fait dans leur poésie.
Tous les aveugles du village avaient un fils. Un hasard ? Je ne sais pas. Je pense que la nature s'en est chargée.
Ces fils étaient les yeux de leur père. Dès que l'enfant tentait de ramper, le père aveugle posait la main gauche sur son épaule pour lui apprendre à le guider. L'enfant comprenait vitre qu'il était un prolongement de son père.
Le rôle des fils des sourds-muets était encore plus difficile car ils étaient la bouche, le discernement et la mémoire de leur père.