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Citations de Kader Abdolah (31)


Parfois il faut savoir se montrer patient. Si on n'arrive pas à atteindre son but, il faut y renoncer pendant un certain temps. On donne ainsi à la vie plus de marge de manoeuvre pour lui permettre de trouver elle-même une issue.
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Ce n'était pas le genre d'homme à travailler pendant deux, trois ou cinq ans à un tapis. Il avait besoin de pouvoir s'occuper pendant quelques heures, puis il fallait qu'il sorte. C'est pour cette raison que j'ai pensé qu'il pourrait devenir un réparateur. Ce n'est pas ennuyeux de restaurer des tapis, c'est même très intéressant, il faut utiliser sa cervelle. En fait, il faut être artiste. Tu comprends ce que je veux dire ? Je savais que ton père avait l'esprit d'un artiste.
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Fumer de l'opium est un véritable esclavage. Où que l'on soit, on est toujours dépendant d'une pipe, d'une théière, d'un réchaud et d'un feu que l'on vient de préparer, de sucre, de verres à thé spéciaux, d'une cuillère propre, d'un petit tapis, d'un endroit sûr, paisible, avec vue sur des arbres, des montagnes ou un beau paysage.
Voilà pourquoi les fumeurs d'opium avaient besoin les uns des autres. Partout dans le pays, ils avaient un ami ou une connaissance chez qui ils étaient toujours les bienvenus pour fumer ensemble.
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- Prends ton cahier. Viens t'assoir ici près du réchaud. Donne-moi ton porte-plume. Ecoute bien. Tu as copié la lettre du roi. Tu sais de quoi elle parle ?
- Non.
- Ce que tu as écrit est une lettre, quelque chose que le roi avait dans sa tête. Mais personne ne sait ce que contient cette lettre. Pourtant elle renferme un message. Et toi maintenant, toi aussi tu peux écrire une lettre, là sur la page suivante, et une autre fois une autre lettre sur une autre page encore. Tu peux écrire ce que tu as dans la tête, comme le roi. Essaie un peu !
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« Je me dis qu’une personne aussi digne de confiance que Muhammad serait pour Khadija un bras droit fort utile. C’est la raison pour laquelle, dans le temps, j’ai d’abord parlé avec Khadija, puis avec Muhammad.
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« Ibrahim était contre les idoles de son peuple, il voulait les supprimer. Il les avait même une fois mises en pièces à l’aide d’une hache. Ibrahim avait été arrêté et s’était retrouvé sur le bûcher.
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Les gens se rassemblaient en cercle autour d’eux. Lorsqu’ils aimaient un poème, ils leur jetaient des pièces. Les poètes du désert étaient leurs favoris. Ils chantaient le sable, les chevaux, la lune, le glaive, les serpents, le feu, le vin et les femmes du désert, sauvages et éblouissantes. Le plus beau poème de l’année était inscrit sur un parchemin que l’on accrochait au mur gauche de la Kaaba.
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Nous, habitants du désert, avions pris du retard sur les peuples civilisés qui avaient un seul Dieu et un Livre. C’est pourquoi Muhammad voulait débarrasser la Kaaba de ces idoles et la dédier à un seul dieu. Un dieu qui vivait au septième ciel. Le Dieu de Muhammad, qui s’appelait Allah, ce qui signifie : Il est Un.
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En fait, la vie de Muhammad fut marquée par un seul rêve : briser les idoles et purifier la Kaaba pour l’offrir en tant que demeure à Allah.
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Lorsqu’un texte lui était révélé, il tremblait. Il s’affaissait comme si on lui eût fauché les jambes, tombait à genoux, se frottait la tête comme un cheval contre le sol et prononçait des paroles incompréhensibles.
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Zayd, le chroniqueur

Mon nom est Zayd ibn Thâlith.
Je fus le chroniqueur du messager Muhammad.
Le Messager n’avait pas de fils. Il m’adopta alors que j’avais environ sept ans.
Tout le monde m’appelait Zayd ibn Muhammad : Zayd, le fils de Muhammad.
Je devais avoir cinq ans lorsque ma mère m’emmena à la cité de Taïf pour une visite de famille.
Je n’ai aucun souvenir de ce voyage mais, bien des années plus tard, ma mère, à ce sujet, me raconta ce qui suit :
« Nous avons traversé le désert avec une caravane de douze chameaux. Tu n’as jamais quitté mes genoux. Sur la selle, tu te tenais tranquille et contemplais le paysage mais, quand la caravane s’arrêtait pour se reposer, j’avais du mal à te garder près de moi. Tu courais dans tous les sens et suivais le premier venu. Sur le marché de Taïf, tu as lâché ma main et disparu derrière un étal. J’ai couru après toi, mais ne t’y ai pas trouvé. J’ai couru vers les autres étals : pas de Zayd. J’ai pleuré, j’ai crié, j’ai couru de tous côtés, mais tu n’étais nulle part. À la fin du marché, lorsque tout le monde fut parti, je me suis retrouvée là les mains vides. Je n’osais pas retourner chez ton père. J’avais perdu son fils préféré. »
Moi, Zayd, j’avais été volé et je ne sais plus comment ça s’est passé. Je ne me souviens pas non plus de ma mère, ni du marché. Mais je me vois encore comme si c’était hier, nu et sale dans une cage, entouré de quelques autres garçons nus, telle une troupe de petits singes.
J’ai compris par la suite que, pendant deux ans, je n’avais cessé d’être vendu et revendu.
Quand j’eus sept ans, un petit propriétaire d’esclaves de La Mecque m’acheta dans le bazar de Djandal. Il m’emmena à La Mecque.
Ce marchand ventru s’appelait Hakim ibn Hizam.
À partir de ce moment-là, j’ai presque tout gardé en mémoire, car ce fut un grand revirement dans ma vie.
Je savais que j’étais de La Mecque et espérais tomber sur mes parents, dans la rue ou au marché aux esclaves. Je fredonnais leurs noms tout au long du jour pour ne pas les oublier.
Mon père s’appelait Thâbit ibn Sharasil.
Ma mère avait pour nom Sadi bint Salab.
Je rêvais du moment où j’apercevrais ma mère au marché et lui crierais : « Sadi bint Salab, c’est moi, Zayd, ton fils ! »
Mais mes parents, dans la réalité, devaient être bien différents de ceux de mon imagination. Et d’ailleurs, eux non plus ne me reconnaîtraient plus car j’avais changé ; le soleil avait tanné ma peau.
Il n’y a cependant pas plus capricieux que le destin.
Le propriétaire d’esclaves Hakim ibn Hizam m’emmena chez lui et me libéra telle une chèvre dans sa cour intérieure. Puis j’eus le droit de pénétrer dans la maison.
Ce même jour, on frappa à la porte et le propriétaire d’esclaves cria : « Zayd, ouvre ! »
J’obéis. Une femme d’un certain âge entra. Je crus qu’il s’agissait de l’épouse de mon maître.
« Qui es-tu ? » me dit-elle d’une voix douce.
Je restai muet.
« Comment t’appelles-tu ?
— Il s’appelle Zayd, lui lança mon maître depuis sa chambre. Je l’ai acheté au marché de Djandal. »
La femme était une cousine de mon maître. Après avoir parlé un moment avec lui, elle sortit de la chambre et me dit : « Viens, tu pars avec moi. »
J’interrogeai mon maître des yeux.
« Zayd, tu as eu de la chance, fit-il. Ma cousine n’a pas de fils. Elle vient de t’acheter. C’est désormais elle, ta maîtresse ; elle s’appelle Khadija. Conduis-toi bien. »
Khadija me prit par la main et m’emmena.
Bien qu’étant un enfant, je compris aussitôt que j’arrivais dans une maison somptueuse. Car, par rapport aux autres demeures de La Mecque, celle de Khadija ressemblait à un petit palais.
Khadija me fit laver et habiller. Je redevins un être humain, un garçon ordinaire.
À la tombée du soir, son époux rentra.
« Regarde, j’ai un cadeau pour toi ! » lui dit-elle toute contente en me montrant du doigt.
Son époux s’appelait Muhammad ibn Abdallah. Il devint plus tard le messager d’Allah.
Le lendemain matin, Muhammad me lança : « Suis-moi, Zayd ! »
C’était mon nouveau maître. Peu importe où il allait, je lui emboîtai le pas.
Je ne pouvais pas savoir qu’il partait à la recherche de mes parents.
Et il les trouva. Ces derniers n’arrivaient pas à croire que je puisse être leur fils, si grand, si beau, si bien vêtu. Ma mère se tenait raide comme un piquet contre le mur, paralysée de peur. Mon père se laissa tomber aux pieds de Muhammad, mais celui-ci le releva.
Je restai une semaine dans la misérable petite maison de mon père ; le vendredi, cependant, il me ramena chez Muhammad et lui dit : « Son bonheur est auprès de vous. S’il est heureux, nous le serons aussi. »
C’est ainsi que je devins le fils de Muhammad.
Khadija était la première femme de Muhammad.
Elle m’apprit à lire, elle m’apprit à écrire, mais Muhammad était mon maître. Je l’ai suivi comme son ombre jusqu’à sa tombe.
À l’époque, je ne savais pas pourquoi je le faisais.
Je l’ai compris par la suite. J’étais passionné de poésie et m’absorbais dans les récits de Muhammad.
Quand il embrassa sa mission de messager, ma vie aussi s’en trouva complètement transformée. Je ne le quittais pas un instant, à moins qu’il ne m’envoie quelque part.
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