... tout le monde sur terre est fait pour aimer et être aimé en retour. Même toi, tu vois. C’est dans tes gènes. Et ce sera toujours plus fort que tout ce qu’ils ont bidouillé pour court-circuiter ça chez toi
Tu as vu la manière dont ils nous regardent tous ? Tu entends leurs injures sur notre passage ? C’est comme ça tous les jours, depuis la fin de la guerre. On nous avait assuré qu’on se souviendrait de nous comme de ceux qui avaient sauvé la Nation. Où sont-ils, ceux qui sont censés nous acclamer ?
Je ne sais pas pourquoi les gens s’affligent quand l’un d’eux décède. On naît, on vit, on meurt. C’est dans l’ordre des choses. Pas de quoi se réjouir ni se désoler.
Je lis ces pièces comme un message dont je saisis les mots, mais dont l’esprit me parviendrait brouillé, tel un écho ou à travers des bruits parasites.
Ce monde va trop vite. Avec mon équipe de l'époque, nous avons participé au démantèlement de la confrérie de Némée en 1977, nous avons empêché une terrible attaque terroriste en 1982, et je ne te parle pas des enlèvements qu'on a élucidés, des crimes qu'on a évités... tout ça pour finir comme une malpropre dans une maison en ruine avec une retraite de misère. Plus personne ne s’intéresse à moi.
Ce matin-là avait lieu, comme chaque année au printemps, une évaluation destinées aux jeunes de cinquième dont le pouvoir ne s'était pas spontanément manifesté. Je faisais donc partie de la fournée des losers, car oui, on nous montrait un peu du doigt au collège.