Talents Cultura Jeunesse 2020 : King Charlie de Delphine Pessin
La vieillesse, on a beau savoir, on ne s’y attend pas. Les changements sont imperceptibles. Un matin, on remarque une veinule grenat qui n’était pas là auparavant. On a mal aux os, on se grippe comme une machine qui a besoin d’huile.
L’âge vient sournoisement. C’est lorsqu’on s’aperçoit que son fils est devenu un homme qu’on réalise qu’on est vieux. (p.53)
Je suis convaincue qu'un sourire, c'est comme un boomerang : quand tu l'envoies, il revient vers toi.
La peur n'a jamais empêché les choses d'arriver. Ça les rend juste plus difficiles.
Quand j'ai rencontré Mme Florent, elle venait d'arriver au Bel-Air. Elle avait l'air paumé d'une taularde qui se demande ce qu'elle a bien pu faire pour se retrouver là. Des fois, elle râlait, mais pas très souvent. Elle restait cloîtrée dans sa chambre, à regarder dehors, avec dans les yeux comme une envie de fin du monde.
Chère Maman, Cher Papa,
Je vous demande pardon pour le mal que je vais vous faire, mais je ne peux plus supporter tout ça.
Je croyais être une fille normal, une fille banal, mais les autres me voient comme un monstre. Je ne sais pas ce que leur ai fait, ni pourquoi ils me détestent. Je voudrait qu'ils comprennent que, pour moi, ce n'est pas un jeu. Ca n'a jamais été un jeu.
Mais j'ai beau crier grâce, je hurle dans le vide.
J'avais le sentiment qu'on ne redeviendrait pas amis, mais il n'y avait plus rien sous le tapis. On avait balayé les malentendus, évacué les rancoeurs. (p.170)
La vérité c'est que j'avais honte. Honte de ne pas savoir me défendre. Honte de subir sans broncher les brimades quotidiennes. Comment parler à mes parents, en sachant par avance la déception qu'ils ne manqueraient pas d'éprouver ? J'avais peur aussi. Si je parlais, je savais pertinemment qu'ils appelleraient le collège. Et si Barbara et les autres avaient des ennuis à cause de moi, ils me le feraient payer très cher.
Tu sais, Capucine, on a tous nos fissures. Soit tu les caches en essayant très fort de croire qu’elles n’existent pas. Soit tu les acceptes et tu les répares.
- Qui c’est, ce Romain ?a - t -elle demandé avec un regard inquisiteur .
- ....
Ce n’est quand même pas le gros en première année à l’Ifas ?
- Il n’est pas gros .
Les médecins ont dit à mes parents de contacter la MDPH qui a décidé qu'un PAP serait mis en place. Je n'aurais pas d'AVS, mais il était évident que je bénéficiais du RASED.
Quand on a un enfant malentendant, on doit apprendre à communiquer avec des signes. Mes parents, eux, ont appris à maîtriser le langage des sigles. (p.17)