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Critiques de Karin Tidbeck (35)
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Amatka

Même si j’ai plein de romans chez moi qui attendent patiemment d’être lus, je ne peux jamais m’empêcher quand je me rends à la médiathèque d’aller faire un tour dans les rayonnages de SFFF. Bien entendu, je repars presque toujours avec un roman qui aura attiré ma curiosité.



Cette fois c’est Amatka édité par La Volte qui a attiré mon regard grâce à sa couverture et à son titre mystérieux. Après avoir lu la 4e de couvertures je ne pouvais faire autrement qu’emprunter ce dernier curieux de découvrir ce que proposait ici l’auteure Suédoise Karin Tidbeck.



On se trouve dans un univers sur lequel on sait peu de choses si ce n’est que c’est un nouveau monde, la population y semble très peu nombreuse et vit séparé en 4 colonies : la colonie d’Essre, centre administratif de toutes les autres, la colonie de Balbit dédié à la science et à la recherche, la colonie d’Odek, le centre industriel où sont fabriqués les objets du quotidien et enfin la colonie d’Amatka, le centre agricole où sont cultivés des champignons de toutes sortes.



Vanja vient d’Essre, elle est envoyée par son entreprise pour enquêter sur le type de produits d’hygiène utilisé par les habitants de la colonie. On découvre une colonie où tout le monde en apparence semble heureux mais qui vit sous un très étroit contrôle social par le comité qui gère tous les éléments de la vie de la population et ceux dès leur plus jeune âge. On découvre un monde instable où chaque objet, chaque mur, bâtisse, risque de s’écrouler à défaut d’être régulièrement marqué à l’écrit et à l’oral au risque sinon de les voir se transformer en bouilli informe. Un monde où la moindre parole peut avoir un impact sur son quotidien, sur la réalité, sur sa vie.



On découvre aussi un monde figé où les gens survivent dans un milieu climatique austère, très froid à l’image de leur quotidien terne et sans liberté où tout est contrôlé, automatisé, ou le changement fait peur, ou la collectivité est au centre de tout, les individualités gommées, et ou la lobotomie est employée en cas de dissidence pour le bien commun de la collectivité.



C’est un roman qui ne plaira pas à tout le monde je pense. Un rythme assez lent, c’est une histoire qui prend son temps, avec un univers juste assez esquissé pour nous permettre d’avoir quelques bases, et c’est à notre imaginaire de faire le reste. Il y a aussi tout au long de la lecture une certaine distance avec les personnages que j’ai trouvés assez froid, ceux-ci sont sans doute trop peu creusés pour que l’on puisse vraiment s’y attacher. Ce livre est assurément le plus étrange que j’ai lu depuis un long moment. Mélangeant les genres de l’imaginaire une fin qui m’a laissé perplexe, sans doute trop soudaine, trop abrupte par rapport au début du récit tout en abordant des thématiques très intéressantes



J’ai tourné les pages l’une après l’autre m'immergeant toujours un peu plus dans cet univers étrange à l’atmosphère qui l’est tout autant. Ce roman a pour moi tout son charme dans cette ambiance de plus étrange et mystérieuse qui se dégage au fil de la lecture et les sujets très intéressants qu’il aborde notamment par le caractère dystopique du récit, mais aussi tout le questionnement autour du langage, sur la force des mots, sur la transmission de la mémoire. Les sujets ne manquent pas et je suis sûr que tout le monde y trouvera son compte. C’est un roman assurément à découvrir, une découverte qui fut pour moi certes singulière mais que je ne regrette pas d’avoir fait.

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Amatka

Amatka est un court roman de SF suédois dont j'ai particulièrement aimé la lecture. Il se déroule dans un monde qu'on pourrait dire... Soviétique? Les individus doivent s'y effacer pour laisser place au collectif. Le travail y est une valeur primordiale et les opinions personnelles n'y ont pas leur place.



L'histoire se déroule dans une colonie où tout manque. On y parle d'une catastrophe passée sur laquelle le lecteur n'apprendra rien. On a l'impression que la Terre a pu avoir envoyé des colons de cet univers étrange où les lois de la physique sont différentes, puis le contact a été rompu. (C'est comme ça que j'ai comblé le manque d'information, mais je viens d'aller lire d'autres critiques, chacune avec une hypothèse légitime différente. C'est franchement amuser à spéculer au fil de la lecture, en fait.)



Le plus intéressant ici est que la cohésion de cet univers dépend des énoncés performatifs. Autrement dit : Tout dit être nommé et étiqueté pour ne pas perdre son identité. Les meubles, les bâtiments, les outils, etc. Une pelle qui ne serait pas désignée "Pelle" finira par se désagréger. C'est ainsi que le contrôle politique autoritaire se justifie. Cela prend une grande organisation pour nommer les choses, sinon le monde perdra sa consistance.



J'adore cette prémisse sur le pouvoir des mots. C'est d'ailleurs elle qui a permis au bouquin d'avoir un petit succès auprès des lecteurs de littérature réaliste. Parce que pour eux, la SF c'est non. Mais les allégories, ça passe.



(Et puis bon, on reconnaît un livre de SF qu'on essaie de vendre aux lecteurs de littérature blanche à sa comparaison obligatoire à 1984 sur la quatrième de couverture.)
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Amatka

Voici un roman qui, dès les premières pages, avait un potentiel certain, sans pour autant faire dans une grande originalité : nous suivons Vanya, jeune femme d’Essre envoyée à Amatka pour réaliser une enquête sur l’hygiène des colons de celle-ci. Car, en effet, Amatka, tout autant qu’Essre, ainsi que trois autres lieux, dont l’un a disparu dans des circonstances mystérieuses, sont des colonies construites par les humains, nous ne savons pas quand, nous ne savons pas où, nous ne savons pas pourquoi. Ce que nous savons cependant, c’est que chaque objet, peu importe la colonie dans laquelle il se trouve, doit être régulièrement « marqué », c’est-à-dire qu’on doit le nommer pour qu’il ne finisse pas par disparaître dans un amas de bouillasse informe. Dès son arrivée, Vanya va, bien malgré elle, se retrouver non seulement à enquêter sur l’hygiène des colons d’Amatka, mais aussi et encore à enquêter sur des faits étranges étant survenus dans cette colonie assez inhospitalière du fait de ses températures glaciales ; et elle va en découvrir beaucoup sur le Collectif, à l’origine de cette colonisation dans un monde inconnu, à ses risques et périls…



Le monde qui nous est décrit par Karin Tidbeck est en soi intéressant, et son roman est écrit de telle manière que l’on suit facilement l’intrigue et son personnage principal, mais je n’y ai malgré tout pas adhéré. J’ai trouvé l’univers trop opaque, avec de nombreux éléments qui restent en suspens, et les personnages trop superficiels et caricaturaux pour que l’on puisse vraiment leur trouver un intérêt, de même que la critique qui est faite ici d’une société sous total contrôle d’un Collectif est assez attendue et facile. Certes, l’enjeu de l’auteur n’a pas été, je pense, de décrire dans sa globalité, un univers somme toute assez complexe, mais plutôt de s’intéresser à un évènement en lien avec cet univers qui va venir perturber l’ensemble. Personnellement, j’aurais malgré tout préféré une description plus globale, et donc un roman bien plus dense, pour donner à cet univers juste esquissé ici une véritable épaisseur, et donc une véritable ambiance qui m’aurait davantage embarquée.



Une lecture en demi-teinte en somme, pas foncièrement inintéressante, mais loin d’être inoubliable non plus.
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Amatka

Amatka, pour des lendemains qui chantent



Amatka est le nom d'une des cinq colonies situées dans un monde étrange : s'agit il du futur de la Terre comme certains indices le laissent à penser; Ou d'une planète inconnue dont l'histoire aurait oublié les origines ? Ou des aliens ayant redécouvert la Terre après notre départ ou mort ?Toutes les pistes

Chaque colonie est spécialisée dans un domaine : agriculture, sciences... Les us et coutumes sont étranges, comme cette manière de nommer et marquer les choses afin que ces dernières ne perdent leur substance : le stylo est marqué Stylo et nommé Stylo, sous peine de le voir se transformer en mélasse. Ainsi en est-il de chaque construction, vêtements, meubles... Seuls quelques vestiges d'un temps ancien résiste à la dégradation.



Amatka, c'est l'histoire de Varja, venant de la colonie principale Essre. Elle doit mener une étude de marché à Amatka. Peu sûr d'elle, sa mission est en outre assez floue. Sans oublier que le Marché est un bien grand mot pour des colonies ayant comme politique un ersatz de communisme. La majorité des objets quotidiens proviennent de firmes d'Etat et les concitoyens d'Amatka ne sont pas très réceptifs à la nouveauté.



Peu à peu, dans les pas de Varja, nous devinons quelques éléments sur le fonctionnement totalitaire du gouvernement, de l'administration (le Comité) et de la vie quotidienne. Une vie faite de routine : travailler, marquer et nommer les choses. Et se multiplier !

Malgré cela, les habitants semblent satisfaits de leur situation, mais quelques éléments vont jeter une ombre sur ce bonheur, et la dissidence pourrait bien exister.



J'avais un peu peur d'un livre à message écrit au forceps, doublé d'une théorie ardue sur le langage, il n'en est rien. L'écriture est simple, l'atmosphère étouffante malgré le froid glacial, et les quelques éléments donnés sur la colonie donne envie de découvrir les mystères d'Amatka et de ses colonies-soeurs. Peu de réponses seront données, l'imagination du lecteur remplira les blancs. A la fin du roman, l'étrangeté demeure.



On ne peut s’empêcher de penser au célèbre 1984 d'Orwell et Amatka ne déparera pas à son côté sur l'étagère. On pourra reprocher des personnages assez binaires mais qui participent à l'atmosphère du livre. Je n'ai pas compris le parallèle avec le collectivisme. A l'époque d'Orwell, cela faisait sens, mais de nos jours...

Entre fable dystopique, SF et fantastique, une réflexion tout en douceur autour du pouvoir, de l'Etat, du langage et l'oppression qui peut en découler. Une très belle découverte. J'avais découvert l'auteur via la nouvelle Appel aux Armes pour la défense des droits des auteurs décédés sur le podcast de Coliopod. Nul doute que Karin Tidbeck sera sur ma liste des auteurs à suivre.



Au final, Amatka, c'est "un chant du faire et du défaire. Ils ne chantaient pas les choses telles qu’elles étaient, mais telles qu’elles pourraient être."

Et vous saurait à la fin comment plier les choses à votre volonté :

"Elle avait découvert la méthode la plus efficace : allier la parole, l’écrit et la pensée pour décrire en détail un objet n’existant pas au préalable. Et le faire advenir."
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Amatka

Amatka avait beaucoup éveillé ma curiosité. J’aime la dystopie, je suis toujours curieuse de lire de la weird fiction. L’œuvre de Karin Tidbeck avait donc de quoi attirer mon attention. Un monde étrange, glacial et mouvant, et une société limitée. Qu’en ai-je pensé ?



Amatka se situe dans ce qui semble être un futur étrange. Sommes-nous après une catastrophe, dans une humanité qui se reconstruit en quelques colonies éparses ? Dans l’espace, alors que des planètes étranges commencent à être conquises ? La localisation peu précise nous plonge dans ce monde hors du réal. Les citoyens vivent sous un régime qui leur impose un rythme de vie millimétré. La routine est très présente : se lever, travailler dans un domaine qui relève de ses compétences, marquer les objets… Le tout sous la houlette du mystérieux comité, qui régente mystérieusement la vie des résidents.



On se rend compte petit à petit des contraintes du monde dans lequel on est. Du point de vue de Vanja, elle commence par partir en mission à Amatka et ne se pose que peu de questions sur le monde qui l’entoure. Même si sa mission n’a pas vraiment de sens, mener une étude de marché dans un monde non-capitaliste n’est pas très utile. De notre point de vue, il y a pas mal de choses contraignantes dans cette société. D’abord, elle partage sa maison avec d’autres personnes qui ne l’ont pas choisi. Elle est par ailleurs surprise de voir qu’elle a un espace pour elle-seule. Les enfants vivent dans dans une autre maison. Tout geste affectif est strictement déconseillé, au risque d’être houspillé. C’est donc un monde très froid, littéralement comme dans les relations humaines.



Karin Tidbeck rythme son récit grâce à une écriture directe. Les phrases sont courtes, souvent simples. Ce style lapidaire se retrouve dans les rapports qu’écrit Vanja, qui sont comme mécaniques. L’écriture donne l’impression d’une douce imprécision. La lecture est très fluide, mais on a l’impression, du moins avant la fin du récit, que des choses sont éludées. C’était comme si la forme du récit représentait les non-dits mystérieux d’Amatka et de ses différents résidents. Ainsi, des personnages comme Ulla ou Nina ont un ton bien plus chaleureux.



Des néologismes existent, comme pour les jours de la semaine. Undi, Deuxdi… Une simplification du langage d’inspiration orwellienne qui montre une volonté de simplifier la pensée. C’est également un moyen utilisé pour unifier la culture. Fini les anciens noms de Dieu. Les nombres permettent de savoir où on en est dans la semaine sans évoquer des croyances païennes passées. En rendant neutres de nombreuses expressions, on bride toute forme de changement. Ce qui explique par ailleurs la grande méfiance des castes dirigeantes envers la poésie et la liberté de parole.



Par ailleurs, les habitants montrent une peur du changement très déstabilisante. Petit à petit, on constate avec Vanja d’autres étrangetés. Une centaine de résidents seraient morts dans un incendie. Des gens font part d’hallucinations dans des champignonnières. Le Comité réclame soudainement du papier à la bibliothèque, ce qui contraint le bibliothécaire à se débarrasser de certaines archives. Amatka semble couver de nombreux secrets sous ses dehors de calme colonie glacée. Plus Vanja s’enfonce dans son enquête, plus les personnes la préviennent de manière sibylline qu’elle court des risques. Paranoïa ? Réalité ?



D’autant plus que dans cet univers, la pouvoir discursif a quelque chose de très littéral. Les objets sont marqués régulièrement pour éviter qu’ils ne se transforment en bouillasse informe. En tant que lectrice, je me suis très tôt poser la question de savoir si, du coup, « mal » nommé un objet avait un impact sur sa forme. Une théorie complètement validée par le fait que les personnes considérées comme dangereuses subissent une opération qui les empêche de prendre la parole. On comprend donc qu’ici, la parole a un rôle pour modifier directement la réalité. Elle devient même une arme de rébellion dans un système social normatif et contraignant se fondant sur le contrôle des individus.



Court mais efficace, Amatka nous met face à un propos pertinent dans une forme remarquable. L’autrice choisit un monde glacé pour nous montrer une société obsédée par le contrôle. Routine, droit, travail… Tout est dirigé par le mystérieux Comité, qui apprécie particulièrement la paperasse absurde. Vanja, contre-héroïne perdue, découvre petit à petit les étrangeté de la colonie. Disparitions mystérieuses, secrets, silence… Elle enquête petit à petit sur un monde dans lequel le langage est un pouvoir au sens premier et étroitement surveillé. Le tout dans un style à la serpe qui sied parfaitement à l’ambiance mécanique du récit.
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Amatka

Amatka est un roman de l’écrivaine suédoise Katrin Tidbeck, traduit en français par Luvan pour La Volte, un éditeur dont j’apprécie souvent les publications et que j’ai découvert à travers celles d’Alain Damasio.



Un roman déroutant qui se présente presque comme une fable, mais une fable politique dans une ambiance étrange.



Le roman met en scène une femme prénommée Vanja, enquêtrice pour une compagnie de produits d’hygiène et qui vient mener une étude de marché à Amatka, une cité que la quatrième de couverture présente fort justement comme « une austère colonie antarctique aux ambiances post-soviétiques ». Vanja rencontre les habitants d’Amatka, sympathise avec certains, s’intègre peu à peu à la vie de la cité, et s’interroge progressivement sur la société dans laquelle elle vit, sur ses règles, ses non-dits voire ses secrets.



Comme je le disais en introduction, l’ambiance est étrange mais prenante, avec une bureaucratie qui vire à l’absurde et des objets qu’il faut marquer par des étiquettes ou nommer à haute voix régulièrement pour qu’ils gardent leur forme et éviter qu’ils ne se désagrègent en une crème pâteuse désagréable. On pense parfois à 1984 de George Orwell, pour la satire de la société moderne et ses aspects dystopiques.



Le récit est parfois lent, cependant à la fin de chaque chapitre j’ai eu envie de découvrir la suite. Il n’y a pas de grandes scènes d’action qui viennent bouleverser le récit mais plutôt une lente progression dans un mouvement qui semble presque inéluctable.



La conclusion m’a peut-être laissé sur ma faim, mais l’ensemble du livre est plaisant à lire et donne à réfléchir. Sans atteindre évidemment le sublime des oeuvres de Ursula K. Le Guin mais dans la lignée de ses romans comme The Left Hand of Darkness ou The Dispossessed, Katrin Tidbeck nous offre un bon roman d’anticipation, de la SF où les sciences mises en action sont plus les sciences sociales que les sciences dures.
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Amatka

Karin Tidbeck est une autrice suédoise dont nous ne savons pas grand-chose en France. Si elle livre essentiellement des nouvelles, dans un registre généralement qualifié de weird, elle a cependant écrit ce roman, Amatka, en suédois en 2012, avant de le traduire elle-même en anglais en 2017 (d’où cette étrange mention concernant la traduction, car la camarade luvan s’est référée aux deux versions).







Amatka, c’est une colonie – une des quatre qui demeurent (il y en avait cinq, on évite d’en parler). Où se trouve cette colonie ? À vrai dire, nous n’en savons rien. Ce pourrait être sur Terre – mais on en doute un peu. Les colons sont venus d’un « ancien monde », mais l’expression est ambiguë, qui pourrait avoir des implications temporelles comme spatiales, voire les deux à la fois. Je me figurais quelque portail... Quoi qu’il en soit, ce monde inconnu est hostile – surtout en ce qu’il est vide et froid. Les animaux n’ont pas suivi les colons, pour quelque raison que ce soit.







La société des pionniers est au diapason de cette menace froide et vide, lourde de connotations d’immobilisme et d’inéluctabilité. C’est un régime communiste dans lequel l’individu n’est d’aucun poids face aux intérêts supérieurs du collectif. Le Comité, qui dirige les pionniers, sait mieux qu’eux ce qui leur est profitable, et gère la vie des administrés dans une optique totalitaire. Tout dépend des choix du Comité, et implique un archivage qui aurait donné la nausée à un Joseph K. Les attributions et occupations de chacun sont décidées à sa place, l'habitat est nécessairement collectif, les enfants sont élevés en commun loin de leur parents, les loisirs sont obligatoires et ritualisés. La dissidence (qui est souvent simple curiosité ou vague malaise) est traquée et punie par la lobotomie (ce ne sont pas des barbares, ils ne tuent pas les opposants…), et l’autocritique est prisée, éventuellement dans des séances collectives nous ramenant aux meilleurs souvenirs de la Révolution Culturelle.







Ce qui convient très bien aux colons, qui n’ont de toute façon jamais rien connu d’autre. Et ne souhaitent rien connaître d’autre, pour l’essentiel. Le monde des pionniers est celui d’un conservatisme fainéant, par défaut, monolithique – le changement n’est pas une option, trop inconfortable, trop incertain. Il y en a, cependant, comme notre héroïne Vanja de Brilar Essre Deux, envoyée à Amatka pour réaliser une enquête sur les pratiques, besoins et attentes des colons en matière d’hygiène (un boulot sacrément excitant), il y en a donc qui, sans trop savoir comment ni pourquoi, développent bien malgré eux le sentiment que « ça ne va pas », que « quelque chose ne va pas ». Une pente fatale, comme de juste – mais la frustration de ces quasi-dissidents les amène cependant à prendre des risques pour identifier leurs « semblables ». Avec de fortes probabilités que tout cela s’achève par une froide et dépassionnée lobotomie, garantie nécessaire de la perpétuation des intérêts supérieur du collectif.







À première vue, Amatka pourrait être une énième dystopie, et, de fait, les références ouvertes à 1984, notamment, ne manquent pas – on est tenté aussi, à tort ou à raison, de supposer une parenté avec la compatriote Karin Boye et sa Kallocaïne, antérieure. Cependant, ce roman assez bref parvient en définitive à se singulariser en raison de son ambiance remarquable, où d’une certaine manière le vide est aussi palpable que le froid, et où le poids de l’immobilisme des colons pèse sur la cage thoracique du lecteur au point de l’étouffer. Mais il se distingue également en mêlant à son propos dystopique un élément plus… étrange, et qui en même temps dispose de sa propre charge de réflexion politique, avec des implications qu’à tout prendre on devrait qualifier de vertigineuses.







En effet, dans le monde des pionniers, la réalité même, au sens le plus strict, l’existence des choses, s’avère pour une raison ou une autre instable. Si on ne rappelle pas aux objets qu’ils existent, je suppose qu’on pourrait le dire ainsi, alors ces objets sont menacés et, à terme, disparaissent purement et simplement. C’est pourquoi, sur un stylo, on écrit « stylo ». Ce marquage est plus souvent encore verbal : quand on entre dans une pièce, on énumère ce qui s’y trouve. Chaise. Table. Assiette. Etc. Mais cela va au-delà des petits objets du quotidien : on marque tout autant les bâtiments. Et peut-être les colons, d’une certaine manière, avec leurs identités descriptives à rallonge ? Eux ne semblent pas voués à disparaître, à se décomposer en un substrat gris et informe – celui au fond des champignons qui constituent leur seule pitance (je salue le camarade Gromovar parlant de « mycommunisme »). La disparition des colons est autrement prosaïque, et navrante de banalité : la mort ou la lobotomie. Mais tous les objets autour d’eux doivent être marqués sous peine d’anéantissement.







Pourtant, cette hantise des colons, dont l’environnement même est ainsi éphémère quand tout leur fait priser la perpétuation immobiliste (la notion même de « conservatisme » prend un sens très concret dans les colonies), cette préoccupation permanente révèle en même temps qu’ils disposent d’un certain pouvoir. En nommant, ils perpétuent – mais cela a ses corollaires : le choix de ne pas nommer décide de la disparition ; et le fait de nommer autre chose, ou autrement… permettrait en définitive le changement. Si la science-fiction est bien, comme on a pu le dire (ici, éventuellement), affaire de réification des métaphores, Amatka en livre une illustration des plus pertinente. En outre, le roman de Karin Tidbeck pervertit peut-être ainsi son modèle orwellien ? La novlangue de 1984 est demeurée à ce jour l’exemple même de l’accaparement du langage par l’autorité, découlant de la prise de conscience de ce qu’il est par essence politique : contrôler le langage, c’est contrôler ceux qui l’emploient – doubleplusbon pour le Grand-Frère. C’est aussi, dans la perspective éventuellement de l’hypothèse de Sapir-Whorf (je vous renvoie à l’excellent Comment parler à un alien ? de Frédéric Landragin), affecter directement la manière de penser, ou l’intelligence, des locuteurs. Tout ceci ressort à sa manière du roman de Karin Tidbeck, mais, en « chosifiant » plus que jamais le langage, en poussant à l’extrême l’idée que nommer fait exister, et que ne pas nommer fait disparaître, elle exprime, même à mots cachés (si l’on ose dire), le potentiel subversif du langage.







Un potentiel qui, par ailleurs, dépasse le seul champ verbal : le marquage, encore une fois, passe aussi par l’écriture – un stylo est un stylo parce qu’on écrit « stylo » dessus. Que dire alors d'un livre ? L’acte même d’écrire participe de cette perspective presque ésotérique des « mots de pouvoir ». La poésie unit Vanja de Brilar Essre Deux et le bibliothécaire, comme un secret jalousement partagé – même cette poésie en apparence sous contrôle, qui, dans son idéologie industrielle, a quelque chose des plus navrantes réalisations façon « réalisme socialiste », et en tant que telle n’aurait pas déparé dans un roman d’Antoine Volodine ou de ses avatars post-exotiques (Maria Soudaïeva, au hasard). Pourtant, ce n’est là qu’une façade : la poétesse, derrière ses odes aux installations agricoles d’Amatka, pesait mieux que quiconque le pouvoir destructeur et créateur des mots – leur faculté toujours ouverte de subversion. Mieux que quiconque… Peut-être pas mieux que le Comité, certes, qui valorise toujours plus les seuls mots froids du marquage – le papier manque, le bon papier comme celui de champignon : les poèmes peuvent bien disparaître pour que se maintienne, dans une absurdité archivistique, un monde terne qui n’a pas d’autre raison d’être que la perpétuation fainéante et triste de son implacable médiocrité.







Amatka est à n’en pas douter une réussite, un roman qui offre bien plus qu’il n’y paraît de prime abord. Son ambiance parfaite car éprouvante, sa pertinente bizarrerie, en font bien plus qu’une énième dystopie. Si les personnages manquent parfois un peu de corps, et si l’autrice, en dernier ressort, en fait parfois un peu trop, parfois pas assez (notamment dans les toutes dernières pages), ce roman bref mais dense, bien servi par la traduction fluide et évocatrice de luvan, constitue une très bonne surprise, et une lecture à recommander chaudement – ou froidement, allez savoir.







Livre.
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Amatka

Amatka de Karin Tidbeck est un roman dystopique à l’étrangeté surprenante. Amatka est le nom d'une des cinq colonies qui composent le monde que nous allons découvrir. Je parle de monde car il est impossible lors de la lecture de savoir où et quand nous nous trouvons. De fortes similitudes avec notre bonne vieille Terre peuvent faire penser que nous y sommes mais rien ne l'atteste vraiment. Qu'importe, le sujet est ailleurs...



Vanja de Brilar Essre Deux est détachée de la colonie principale, Essre, pour mener une étude de marché sur les produits d'hygiène utilisés dans la colonie d'Amatka. Etude qui se révèle un peu compliquée, les habitants d'Amatka n'utilisant que les produits autorisés par le Comité et ne voulant surtout pas changer leurs habitudes.



C'est en suivant le séjour de Vanja que nous découvrons petit à petit le totalitarisme et l'autoritarisme qui sévissent en ces lieux. La routine de chaque habitant est bien huilé : travailler et se reproduire. Tout le monde semble heureux et se conforme à la pensée unique délivrée par l'administration centrale. Vanja va cependant vite se rendre compte que la dissidence est présente et qu'il en faudrait peu pour mettre à mal la politique établie.



Le point fort de ce roman est l'étrangeté du monde dans lequel il se déroule. Les habitants sont obligés de nommer et marquer chaque chose à intervalles plus ou moins réguliers pour éviter qu'elle ne se délite et ne retrouve sa forme primitive de mélasse. Le pouvoir du langage, bien qu'il ne soit pas utilisé au maximum de ses possibilités, donne toute sa puissance au récit.



Les premières pages sont très visuelles. L'atmosphère lugubre et froide est très prenante. Petit à petit on découvre le système politique relativement simple, une dictature collectiviste : tout est décidé par le Comité, pour le Comité. L'individu est au service du collectif, chaque déviance étant sévèrement punie. Rien de nouveau dans la littérature du genre mais le tout est subtilement traité par une écriture fluide et enlevée.



Le roman est relativement court, rythmé, on ne pourra regretter que deux choses : une dernière partie trop peu explicite et un final un peu rapide. Mais l'essentiel n'est pas la destination mais le chemin pour y parvenir, et de ce côté le roman de Karin Tidbeck tient toutes ses promesses. Une dystopie fantastique (dans tous les sens du terme) qui amène une réflexion autour des pouvoirs, pouvoir des mots et pouvoir politique.



Bref, un roman à découvrir...




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Amatka

Amatka est un roman d'anticipation des plus efficaces. Avec son écriture simple et directe, Karin Tidbeck parvient à nous immerger dans son univers si particulier où les mots sont réduits à leur sens le plus primaire : nommer les choses...ici pour qu'elles gardent leur forme et ne se transforme pas en une espèce de gelée.



L'histoire se situe dans une colonie antarctique qui ressemble à d'anciens régimes communistes. Tout passe par des administrations centrales, les enfants sont séparés de leurs parents assez jeunes pour être éduqués selon les règles de l’État. Vanja est envoyée par sa compagnie pour mener une étude sur le produits d'hygiène utilisés sur cette base. Elle qui arrivait dans cette colonie en pensant que son travail serait routinier et expéditif se rend compte petit à petit que cette colonie recèle quelques secrets.



J'ai beaucoup aimé l'idée de l'autrice comme quoi les mots deviennent de simples outils pour définir la forme et l'essence d'un objet, que leur contrôle est nécessaire à l’État. Ils ont perdu toute qualité poétique, littéraire, émotionnelle. Elle montre qu'encore une fois le langage est l'une des armes les plus puissantes de notre monde, que ce soit entre de mauvaises ou de bonnes mains. J'ai trouvé que l'intrigue était assez simple sur le fond, on sait dès le début comment vont évoluer les personnages et ce qu'il risque de se passer. J'aurais aimé un peu plus d'explication sur la fin mais je comprends aussi que les réponses ne sont pas toujours nécessaires dans ce type de récit.



Une très bonne lecture
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Amatka

Amatka est un roman dystopique Weird de Karin Tidbeck, qui décrit une société qui tente de survivre dans un monde hostile qu’elle a colonisé en quittant un ancien monde en proie à la destruction. Le comité central des colonies dirige donc les citoyens en exaltant leur servitude au collectif, tout en surveillant de très près leur langage, puisque celui-ci peut littéralement transformer le monde et faire exister des objets normalement absents du monde.

Vanja, arrivée à Amatka pour contrôler les besoins des habitants en manière d’hygiène, se révolte peu à peu contre l’autorité et prend conscience de la magie des mots et de leur importance.

Si vous aimez les dystopies et la Weird Fiction, je vous recommande la lecture d’Amatka !
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Amatka

Cet univers est intrigant jusqu'au bout. Certes, on ne trouve pas toutes les réponses, mais on en a suffisamment pour se faire une idée de ce qu'il s'est passé.

Si on comprend vite pourquoi les règles communautaires concernant la dénomination et le marquage de chaque objet sont strictes et apprises dès l'enfance, d'autres lois me reste incompréhensibles. Comme le fait de séparer parents et enfants, et interdire toute marque d'affection entre eux. Ou de lobotomiser la moindre personne qui pose des questions. Ou d'imposer aux citoyens un travail, même s'il ne leur convient pas. Comment en sont-ils arrivés à de telles contraintes? Car ce sont elles qui rendent la vie si difficile, et qui poussent Vanya à se rebeller, à chercher la vérité à tout prix, quitte à mettre la colonie en grand danger.

L'autrice Karin Tidbeck aurait la matière pour écrire d'autres histoires dans cet univers si particulier. Même si à la fin de ce roman-ci, on a une bonne idée du sort que va connaître la colonie d'Amatka, ça me plairait d'en lire plus sur elle et sur l'évolution des autres colonies.
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Amatka

Une lecture qui m'a fait l'effet d'un mélange vraiment très troublant entre Ubik et 1984, avec une ambiance poisseuse qui colle à la peau et une réflexion très forte sur le pouvoir du langage. Je ne suis toujours pas certaine d'avoir apprécié cette lecture, mais celle-ci m'a définitivement bousculée.
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Jagannath

Karin Tidbeck est un⸱e auteur⸱e suédois⸱e de fantastique et de SF. Je l’ai repéré grâce à son roman Amatka (traduit chez La Volte). Et comme souvent, avant de me plonger dans plus de 200 pages de roman, j’aime découvrir mes auteur⸱es à travers des textes plus courts.



Que ce recueil ait été publié chez Cheeky Frawg, la mini maison d’édition d’Ann et Jeff VanderMeer (un des rois du New Weird), ne m’étonne pas du tout. On est dans de l’étrange qui oscille tantôt vers de la SF, tantôt vers de la Fantasy, tantôt vers une toute autre bestiole. Les histoires font très tranches de vie. On est au plus proche des personnages, dans leur intimité de tous le jours. Tout parait être d’une banalité ennuyeuse, sauf que pas du tout. Le bizarre est là et bien là. S’il peut faire sourire comme un tontu aperçu du coin de l’oeil, il nous laisse plus souvent un profond sentiment de malaise.



Je vais présenter succinctement les différentes nouvelles donc si vous souhaitez entrer dans l’univers de ce recueil sans aucun a priori (ce que je conseille toujours surtout sur des formats aussi courts), rendez-vous tout en bas. ⬇️😊



Beatrice nous raconte le coup de foudre d’un homme pour une machine, les conséquences que cela entraînent et toute la problématique de communication et de consentement. C’est une de celles qui m’ont le plus mise mal à l’aise, mais avec une vision des IA que je trouve pertinente.



Some letters for Ove Lindström est une série de lettres d’une jeune femme à son père décédé avec lequel elle avait coupé les ponts. Les lettres retracent leur histoire, celle de la communauté hippie dans laquelle elle a grandi et sa mère, femme mystérieuse sorti tout droit de la forêt.



Miss Nyberg and I est une de mes préférées car elle nous parle d’esprit des plantes et du foyer. Elle m’a beaucoup rappelé l’univers de la série animée Hilda avec ses tontus et ses elfes de maison 🥰. Beaucoup trop courte !



Rebecka est sans aucun doute celle qui m’a le plus dérangée et que j’ai relu plusieurs fois pour essayer de lui donner un sens (sans véritable succès). Il est question de croyance et de souffrance. Je ne souhaite vraiment pas en dire plus. La normalité du ton (qui caractérise l’ensemble du recueil) est ici particulièrement perturbante.



Pour Herr Cederberg, je citerai simplement ce passage : It was June, and the flowerbeds were full of giddy insects that every now and then buzzed over to Herr Cederberg to make sure he wasn’t a flower. 🐝



Who is Arvid Pekon? nous parle bureaucratie surréaliste et kafkaïenne. La nouvelle a d’ailleurs été adaptée en court-métrage par Patrik Eriksson : https://vimeo.com/57692096 .



Brita’s Holiday Village et Reindeer Mountain se ressemblent assez car il est question du poids d’un héritage familiale surnaturel et de sa transmission. La place laissée aux non-dits est ici très très pesante.



Cloudberry Jam nous parle du désir d’enfant d’une femme solitaire, vivant à l’écart de la société. Un enfant créé à partir de rien dans une boîte de conserve. Bizarrement, ce n’est pas la nouvelle la plus perturbante du lot.

Fun fact : la cloudberry malgré un nom très poétique (littéralement la baie-nuage) existe vraiment : la plaquebière. J’aimerai beaucoup goûter à sa confiture du coup… je suis certaine qu’elle a un petit goût amer.



La nouvelle Pyret est construite comme un article de Wikipedia avec comme sujet une créature du folklore nordique : le Pyret. Bien que très intéressante, c’est celle avec laquelle j’ai le moins adhéré. Le format et le ton encore plus froid et indifférent que le reste du recueil m’a totalement laissé sur le quai.



Augusta Prima et Aunts partage le même univers et la même « temporalité ». Le temps d’ailleurs y a une place prépondérante. Les deux histoires se croisent et se déroulent dans un jardin crépusculaire, dans l’entre-deux où les fées vivent un été éternel. Que se passerait-il si le Temps se faufilait dans un tel lieux ?



Enfin Jagannath est un récit post-apocalyptique très organique où le reste de l’humanité vit cloîtré et ignorant à l’intérieur du corps de Mère. Le rapport au corps et à son fonctionnement, la place de chacun dans cette grande machinerie font partie des grands thèmes abordés ici.



Dire que ce recueil est étrange serait un euphémisme 😅. On sent bien la culture nordique avec un ton assez détaché et rude, mais suffisamment chaleureux pour me garder accrocher. Je ne cache pas que j’aurai aimé plus de folklore et que je vais oublier un certains nombres de ces nouvelles assez rapidement. Cependant, j’ai vraiment apprécié le goût très particulier de cet univers, un mélange subtile de nostalgie et d’amertume. Ou comme le qualifie très justement Karin Tidbeck iel-même : svårmod, un état mélancolique que l’on peut traduire par sourire à travers nos larmes. C’est donc avec un plaisir amer que je me plongerai dans Amatka.
Lien : https://fourbistetologie.fr/..
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Amatka

Une lecture originale et agréable ! Malgré quelques maladresses, la traduction est plutôt réussie et livre un récit fluide et, je dois dire, assez addictif. Alors pourquoi seulement trois étoiles ? Eh bien... pour la fin. Ou plutôt, la non-fin. Je comprends d'où vient l'autrice, chacun y voit son interprétation, tout ça, mais là, à mon sens, le roman manque d'intention. On attend tout le long de savoir où on va avec ces histoires de marquages, et quand ça commence à devenir intéressant, ça s'arrête... frustrant ! Une lecture plaisante tout de même, qui mériterait d'aller plus au fond des choses car la fin n'est pas le seul sujet qu'on aimerait voir approfondi.
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Amatka

"Je la veux encore" comme dirait un célèbre âne.

Oui, chère Volte, merci de publier d'autres de ses nombreux romans !



J'aime la Volte qui a le talent de sortir des textes subversifs, ovnis, étranges. Celui là ne sort guère du lot.



De quoi on parle ?

Un monde post apocalyptique, 5 colonies nées après la chute de l'ancien monde. Une société érigée sur des règles très strictes, contrôlée par une administration rigoureuse. Un état totalitaire ? Non, il est sensé être géré par le peuple pour le peuple. Sensé.

Amatka est une des colonies qui échange des ressources avec la colonnie Essre. Vanja est originaire de cette dernière et envoyée pour enquêter les besoins et habitudes d'hygiène des habitants d'Amatka pour le compte d'une firme de savon.

Elle est hébergée par Nina, Ivar et leurs enfants. Une famille parfaite semble t'il ? Enfin sur le papier.

Tiens parlons en du papier... l'étrangeté de cette ère est le besoin constant de marquer chaque objet afin qu'il garde la forme donnée lors de sa création. Un stylo se doit d'être touché une fois par semaine minimum, appelé stylo, "sty-lo", et marquer comme stylo dessus.

Le risque ? Sa dissolution toute simple. Tout comme la 5e colonie.

Il est donc interdit, c'est bien clair interdit de nommer un objet autrement que par son nom, en cas d'oubli, l'objet en fin de vie sera mis au rebut ou il disparaîtra. Tout simplement.



Prenez garde donc, dites bien stylo et no sty-lo, lo-sty. Oups...



Vanja va lever le mystère sur une étrange histoire de disparition, de boue, de poésie, de serres.

De serre ? De Champignonnières souterraines qui grouillent sous le sol de toute la colonie permettant de nourrir, construire, habiller toutes les colonies.

Elle sera accompagnée par une médecin retraitée, un bibliothèque rouquin, et une future amante qui cache bien des secrets.



Ça se lit si vite, ça se dévore, la froideur laconique de l'écriture suédoise est un vrai délice, ça permet de s'aérer après une bonne lecture fantaisiste pleine de fioritures 😛
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Amatka

Un roman intéressant, mais qui ne va pas au bout de ses idées, à l'image de sa conclusion frustrante. Il aurait dû être soit beaucoup plus court pour la métaphore soit beaucoup plus long pour développer son univers.
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Amatka

En résumé : Amatka m’a offert un bon, voir un très bon moment de lecture. C’est le genre de récit qui, même s’il a quelques défauts, une fois la dernière page tournée continue, je trouve, à questionner le lecteur. On y suit Vanja de Brilar d’Essre Deux dans cette utopie totalitaire, qui va peu à peu changer et remettre en cause son monde. Le premier point fort de ce roman vient de son univers, mais aussi de l’ambiance qu’il construit. On plonge ainsi dans une communauté qui n’est pas sans rappeler le communisme, avec toute ses règles, ses obligations. Un univers qui devient de plus en plus oppressant, étouffant, mais qui possède aussi une atmosphère froide, glaciale. L’autre point fort de ce récit vient clairement des nombreuses réflexions qui sont soulevées, mais aussi de l’excellent travail mené par Karin Tidbeck pour nous questionner. Que ce soit sur le bonheur, la notion de capitalisme, la famille, la société et la place de chacun dans cette dernière, ce roman ne m’a pas laissé indifférent et à travers les actes de l’héroïne nous montre qu’il est toujours possible de se battre contre certaines idées, même si cela a toujours un prix. Maintenant le récit a aussi quelques défauts, le côté très froid rend les personnages distants, on a du mal à s’attacher à s’inquiéter pour eux, ensuite l’autrice en fait parfois un peu trop, je n’ai pas trouvé l’histoire d’amour intéressante, enfin j’ai trouvé la fin un peu brutal et légèrement frustrant. J’aime pourtant les fins ouvertes, mais là j’ai eu l’impression que l’autrice devait terminer son récit. Après cela n’enlève en rien aux qualités de ce roman qui s’avère intelligent, prenant et captivant, bien porté par une plume simple, glaçante et efficace et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’autrice.





Retrouvez la chronique complète sur le blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Amatka

Ce livre m’a conduit dans un espèce de malaise oppressif : Il est creux, les personnages sont creux, l’histoire est creuse, la société est creuse, peut être est-ce parce que ce monde est creux et que l’auteur veut nous le faire savoir.



Aucun des personnages de cette histoire ne m’a touchée. L’absence même d’empathie pour la vie de cette colonie m’a bloqué un accès dans la projection. L’héroïne qui manifeste un peu de curiosité dans un cadre ultra codifié, ne m’apparait pas comme une résistante ou une libre penseuse mais juste comme une égoïste. Elle agit sans comprendre et sans se soucier des autres par désespoir ou mal être. Le monde dans lequel ils évoluent est dépeint de manière volontairement triste et misérable. Le temps passé sur les longues descriptions de l’absurdité administrative de cette vie ne mérite pas tant d’espace de lecture au vu des secrets par la suite dévoilés. D’un monde intriguant, on ne retient que la routine de vie de travailleurs déshumanisés. Quelques pages consacrées à quelques vagues révélations.



Ce livre a une dimension philosophique à laquelle j’ai sans doute inconsciemment refusé d’adhérer : une critique des sociétés déshumanisantes, une critique de vie communautaire annihilant la pensée, une critique de la normalisation et de l’administration… J’ai quand même apprécié le postulat de départ qui repose sur la puissance des mots : tout doit être nommé. Si on oublie d’identifier quelque chose ou qu’on l’identifie mal, les catastrophes surviennent. Les objets perdent leur sens, si on ne leur rappelle pas. C’est cette dimension un peu poétique qui m’a plu, elle perd sa beauté quand l’explication est dévoilée. Plus j’y réfléchi, plus je me dis que le but de l’auteur était peut être de nous mettre dans cet état de “ah, tout ça pour ça” entre la déception et déprime, dans ce cas le livre a atteint son but pour moi.
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Amatka

Roman dit de science fiction (SF) mais je je classerai plutôt dans les fictions de l’imaginaire.



En effet, le lieu et l’époque est indéfini. Les objets mêmes ont une vie instable.



L’oeuvre est « lgbtqi-friendly » en raison d’un couple de lesbiennes comme protagonistes. Mais là n’est pas le propos du roman.



Livre très abordable au plan du coût. De facture simple, sans autre niveau de lecture, que celui qui est décrit. Mais surtout, et c’est ce que je souhaite que vous reteniez de mon avis, une imagination bouillante de la part de l’autrice. Il s’agit donc d’une recommandation.

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Amatka

On se pose beaucoup de questions en entamant ce récit très immersif, dans lequel j’ai été directement plongée. Bien que l’ambiance soit froide, presque morne (ielles mangent toujours la même chose), on étouffe dans certains passages.



Nous suivons le personnage de Vanja dans la découverte de phénomènes atypiques dans un monde qui nous paraissait déjà bizarre.

[...]

On comprend alors Vanja et son malaise constant dans ce monde terne et froid. Elle va trouver refuge dans la lecture et grâce à un poème (que le bibliothécaire lui a obligeamment indiqué) va mettre le doigt sur ce qui la gène et commencer à enfreindre certaines règles. A ses risques et périls.
Lien : http://reve-general.fr/?p=8045
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