J’avais passé de bons moments, quoique pas extraordinaires, mais vraiment sympathiques, avec Graceling et Rouge, les deux premiers romans de Kristin Cashore. Pas question donc de passer à côté du dernier livre situé dans le même univers, Bitterblue.
Bitterblue, c’est une jeune femme de 18 ans, reine de Monsea depuis la mort de son père Leck, qui était un tyran et un graceling extrêmement dangereux – son don consistait à faire croire et faire faire n’importe quoi aux gens. Bitterblue veut apprendre à régner par elle-même et devenir une bonne dirigeante, mais pour ça, il va falloir qu’elle s’affranchisse, ainsi que son royaume, du terrifiant pouvoir de Leck.
Mon reproche principal est toujours le même concernant les romans de Kristin Cashore : ce n’est pas assez développé. Bitterblue fait presque 750 pages, on apprend à bien connaître les personnages, les intrigues des deux autres tomes se réunissent ; malgré tout, l’univers reste à peine esquissé (les capitales sont nommés « la ville de… » suivi du nom du monarque, donc la capitale de Monsea c’est « la ville de Bitterblue »…). C’est un défaut majeur je trouve pour des romans de fantasy, et c’est dommage vu le potentiel que recèlent les gracelings. C’est que, au final, on tourne plus sur les sentiments du personnage principal : Katsa pour Graceling, Rouge pour Rouge, et Bitterblue pour Bitterblue (là aussi, les titres sont d’une originalité effarante). Je dis ça parce qu’on peut être habitué à tellement mieux dans ce genre littéraire, néanmoins ces livres ont l’avantage d’être un bon divertissement, facile et agréable à lire. Ce doit être facile à lire en VO, le vocabulaire n’est pas compliqué, ça peut être une bonne lecture si vous souhaitez vous lancer dans la lecture en anglais. Et ces livres peuvent également constituer une belle introduction à la lecture de la fantasy pour des jeunes.
Le début est un peu lent. On fait connaissance avec la jeune femme qu’est devenue Bitterblue, elle-même rencontre ou retrouve d’autres personnages qui nous sont assez longuement présentés aussi, les premières choses étranges surviennent. J’ai beaucoup aimé voir Bitterblue évoluer, prendre conscience de tout ce qu’elle a pu manquer, s’intéresser à son peuple, apprendre de ses erreurs… Ainsi que découvrir de nouveaux pouvoirs gracelings ! Bien sûr, Hava est impressionnante, mais le pouvoir de Saf, qu’on découvre à la fin, est celui que j’ai préféré. J’étais ravie de revoir des personnages croisés dans les autres tomes. Bitterblue fait une belle conclusion à la saga, mais là aussi une conclusion un peu facile, trop fleur bleue… Il n’y a qu’à voir, encore une fois, le nom du « Ministère » qui va tenir à cœur à Bitterblue à la fin. L’environnement donne l’impression d’un univers médiéval mais des éléments très (trop ?) modernes sont intégrés. Ça peut plaire, ou pas. Certains m’ont convaincue (la place des femmes, notamment – rien que le fait que des gracelings puissent être des hommes ou des femmes, par exemple, oblige les hommes à être prudents, et donc à laisser de la place aux femmes), d’autres beaucoup moins (le Ministère cité plus haut).
Je suis toujours un peu gênée par le manque de descriptions, tant des vêtements que des physiques des personnages (à part les yeux gracelings, ça pas de problème, on sait toujours leur couleur) et des lieux. Il n’y a guère que le passage suivant qui a retenu mon attention à ce titre :
Pour se rendre à la bibliothèque par le chemin normal, il suffisait d’emprunter le vestibule situé au nord de la grande cour pour tomber directement sur ses portes. La première salle, comme Bitterblue le découvrit alors, présentait une série d’échelles qui couraient sur des rails pour conduire à des mezzanines reliées entre elles par des ponts. De hauts rayonnages se découpaient un peu partout contre l’éclat des fenêtres, tels de sombres troncs d’arbres. De la poussière dansait dans les rais de lumière qui filtraient de l’extérieur.
L’atout de cette saga est aussi la possibilité de la lire dans le désordre, même si je vous conseillerai de garder Bitterblue pour la fin, afin d’éviter de découvrir de façon biaisée ce qui est arrivé aux personnages de Graceling et Rouge. En résumé, ce tome n’est pas très différent à mes yeux des deux autres. Les mêmes qualités et les mêmes défauts. Je n’irai jamais conseiller à cette saga à des « expertes » de la fantasy, par contre à des néophytes ou à des jeunes, sans souci.
Lien :
https://withoutmuchinterest...