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Critiques de Kyle Higgins (98)
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Batman Saga - H.S., tome 1 : Les Portes de ..

Quel secret sombre datant du début de Gotham se cache derrière son architecture. c'est ce que doit découvrir Batman aidé de Robin, Red Robin et Black bat pour endiguer une série d'attentat autours des ponts principaux de la ville.



J'ai reçu ce comics lors des 48h bd et j'en suis très contente. L'histoire est prenante et les passages entre l'époque actuelle et les débuts de Gotham sont bien agencé. J'ai par contre été largué au début car si je m'y connais bien dans le manga et la bd franco belge je suis encore novice dans le comics. Hors ici, Bruce Wayne est en voyage et c'est le 1er Robin, Dick Grayson qui reprend le flambeau. On y retrouve le fils de batman (j'ignorais qu'il avait un fils), Damian dans le rôle de Robin. A part ce petit détail auquel il faut s'habituer, ce comics vaut vraiment la peine d'être lu.
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Batman Saga - H.S., tome 1 : Les Portes de ..

J'ai été super contente d'obtenir ce livre pendant les 48 heures de la BD. Car même si je ne m'y connais pas trop en comics, j'aime bien le style et surtout j'adore les histoires de super héros. Préférant celles de Marvel et n'ayant vu qu'une ou deux aventures de Batman, je ne savais pas exactement à quoi m'attendre.

J'ai beaucoup aimé les graphismes ainsi que l'histoire de la fondation de Gotham City mais j'ai dû revenir plusieurs fois au préambule expliquant le rôle de chacun puisqu'il n'est pas si facile de cerner les personnages (ce n'est plus Bruce Wayne qui est Batman mais Dick Grayson et c'est le fils de Batman, dont je ne connaissais même pas l'existence, qui prend le rôle de Robin...).

Les Portes de Gotham est utile pour mieux comprendre l'univers de Batman et très agréable à lire.
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Batman Saga - H.S., tome 1 : Les Portes de ..

Premier comic de Batman que je lis, et surprise ce n’est même pas Bruce Wayne qui officie dans cette histoire ! mais bon on retrouve le thème du super-héros, les dessins sont très bien et l’intrigue sympa.

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Batman Saga - H.S., tome 1 : Les Portes de ..

Ce tome regroupe les 5 épisodes de la minisérie du même nom, parus en 2011. Cette histoire se déroule pendant la période couverte par Batman incorporated.



En 1881, les 3 familles les plus riches de Gotham travaillent ensemble pour développer et rénover la ville ; Alan Wayne assurant la coordination entre les différentes parties. Leur projet passe par la construction de 3 ponts permettant de relier le centre de Gotham aux terrains alentours. Le travail est confié à 2 demi-frères. De nos jours, Batman (Dick Grayson) est sur la piste d'un chargement d'explosifs (Semtex) introduit de manière illégale à Gotham. Il est en train de cuisiner un intermédiaire qui lui apprend que la cargaison a transité par les mains de Theodore Cobblepot (Penguin) quand une charge explose au pied de l'un des 3 ponts susmentionnés. Batman lâche le malfrat et il s'empresse d'aller aider les secours à sauver les victimes de la noyade. L'enquête s'annonce ardue et il va avoir besoin de l'aide de Red Robin (Tim Drake), Robin (Damian Wayne), et Black Bat (Cassandra Cain, ex- Batgirl)



Le scénario a été conçu par Scott Snyder (qui a repris la série Batman à partir de Sombre reflet) et Kyle Higgins, ce dernier assurant également les dialogues en collaboration avec Ryan Parrott. Les épisodes 1 à 3 et 5 sont illustrés par Trevor McCarthy ; l'épisode 4 est dessiné par Dustin Nguyen et Derec Donovan. Ce n'est pas la première fois que DC Comics essaye de mettre en perspective l'architecture de Gotham, l'historique de son développement urbanistique et l'influence correspondante sur Batman. Cette nouvelle variation est bien construite et captivante. La partie se déroulant à la fin du dix-neuvième siècle est racontée au travers du journal de l'un des 2 architectes, concepteurs des ponts et de quelques immeubles de grandes hauteurs. Son point de vue est assez original car il mêle à la fois l'évolution de la relation qu'il entretient avec son demi-frère, et la perception qu'il a de ses commanditaires. Pour ce qui est de la partie se déroulant dans le présent, Snyder et Higgins réussissent à faire passer le fait que Dick Grayson n'est pas Bruce Wayne. En outre ils construisent la recherche d'indices sur un travail collaboratif convaincant entre Batman, Red Robin, Robin et Black Bat. Cette approche change des histoires habituelles de Batman et la dynamique qui s'établit entre les 4 personnages est tout à fait organique, en rien artificielle.



Les 4 épisodes dessinés par Trevor McCarthy sont magnifiques. Il utilise un encrage assez soutenu avec une bonne maîtrise des aplats noir pour conférer une forte densité à chaque matière. Il n'hésite pas à se servir de formes abstraites pour figurer quelques décors, toujours à base d'aplats de noir, sans abuser de cette technique. Les décors disposent de détails qui assoient fortement l'ambiance et le lieu de chaque scène. Il choisit de rendre les visages dans un mélange de réalisme associé à une pointe de cartoon qui évite aux personnages de tomber dans une sinistrose déprimante : ils sont à la fois animés par une forte vitalité, tout en étant malgré tout sérieux (toujours grâce aux aplats de noir). Les visions du Gotham au dix-neuvième siècle sont enchanteresses car McCarthy dessine des tenues d'époque, dans des pièces meublées à l'avenant.



Cette histoire contient une forte teneur en divertissement grâce à un scénario qui sort des sentiers battus et des illustrations dotées d'une forte personnalité. Pour gagner une cinquième étoile, il aurait fallu une histoire qui ne serve pas qu'à développer un historique de Gotham dont la pérennité dans la continuité de Batman est sujette à caution (combien de scénaristes y feront référence ? et combien de temps restera-t-elle valide ?).
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Batman Saga - H.S., tome 1 : Les Portes de ..

une façon simple de découvrir le talent de Scott Snyder, le scénariste actuel de Batman.
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Batman Saga - H.S., tome 1 : Les Portes de ..

J'ai pris cet album un peu par hasard chez mon libraire ce week-end (merci les 48h de la BD !!). J'avais déjà lu Batwoman mais je suis tout de même néophyte en ce qui concerne les comics et les super héros.

L'histoire en elle-même m'a beaucoup plu, avec la genèse du développement de la ville (Gotham City), le graphisme ne m'a pas trop rebuté contrairement à mes a priori... Par contre, j'ai eu du mal au début à cerner tous les personnages (le fils de Wayne, Robin,...). Heureusement, grâce au préambule qui présente tout ce petit monde, j'ai fini par m'y retrouver !

En bref, une histoire bien menée, qu'on ne lâche pas.

J'y ai pris du plaisir même si je ne reste pas ultra fan des comics auxquels je préfère la BD franco-belge !
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Batman Saga - H.S., tome 1 : Les Portes de ..

Complètement largué le gars. Voilà ce que c'est que d'avoir bouffé du super-héros pendant des lustres pour finalement avoir super arrêté, d'où ce léger sentiment de perdition à la lecture de ce nouveau Batman.

Batman n'est plus Bruce Wayne, parti sauvé la veuve et l'orphelin sous d'autres latitudes, mais désormais Dick Grayson. Premier choc ! Faut prévenir les gars...

Si le fidèle Robin me rassure deux secondes, Red Robin et Black Bat, illustres inconnus, finissent de m'achever. La famille est cependant au grand complet. Tremblez vils vauriens vagissant et autres vains voleurs vilipendeurs, ça va latter sévère...



Est-ce que j'y ai pris du plaisir ? Aucun doute là-dessus !

Quelqu'un s'évertue à faire sauter tous les ponts financés par les clans fondateurs de Gotham ce qui aurait tendance à foutre le bourdon à notre chauve-souris préférée. Le chaos est en marche, la Bat Family itou. Un super salopiot revanchard et quelques pains généreusement distribués à son encontre plus tard, je referme ce DC comics conquis, totalement subjugué par un récit original, un graphisme totalement abouti, une mise en page nerveuse et un encrage soigné même si un peu sombre à mon goût. Comme bien souvent, présent et passé finissent par se confondre histoire d'expliciter un tel bordel ambiant. Dans leur grande bonté, les auteurs se fendront ici d'un historique passionnant, véritable fil rouge finalement révélateur. Top à la vachette Léon !

Deux récits parallèles totalement imbriqués, du super vilain de compétition, de la baston de concours et de l'intelligence scénaristique à revendre, cet opus, sans véritablement surprendre quant à son issue, aura pris le parti de divertir tout en instruisant et rien que pour ce ressenti inespéré, j'applaudis des trois mains !

Par contre, concernant les textes finement imprimés en caractères lilliputiens, merci de penser à tous ceux ne possédant pas 30/10 ! Plisser ses super yeux de myope, tendance canne blanche, ça va un moment...
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Batman Saga - H.S., tome 1 : Les Portes de ..

Gotham, la ville de Batman et pourtant de nombreux secrets sont cachés à travers les âges et les constructions.







De magnifiques dessins entourent une histoire pleine de rebondissement. A dévorer sans hésiter.
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Batman Saga - H.S., tome 1 : Les Portes de ..

Avec ce premier numéro hors-série de Batman Saga, Urban Comics nous propose de contempler un prélude de très bonne qualité à la série actuelle de Batman.



Urban Comics nous propose ici de rattraper notre retard sur la période pré-Renaissance de l’univers DC Comics avec la mini-série « Gates of Gotham ». Après Sombre Reflet et avec La Cour des Hiboux (puis la Nuit des Hiboux), Scott Snyder (connu pour American Vampire) scénarise sa deuxième aventure du Chevalier Noir de Gotham. Sa marque de fabrique est déjà d’ancrer les enquêtes et les aventures de Batman dans l’histoire et les traditions de Gotham. C’est là le principal intérêt de cette histoire des Portes de Gotham avec l’Architecte comme ennemi. Un nouvel ennemi dans l’univers de Gotham, un ajout significatif à l’histoire de la ville : Scott Snyder impose sa marque en un scénario fort et marquant. Tout cela est d’autant plus riche qu’il n’est pas tout seul à écrire cette histoire : Kyle Higgins lui prête main forte et sa connaissance de la « Bat-family » se fait agréablement sentir. En effet, l’arrière-plan de cette mini-série est assez compliqué pour un débutant dans cet univers. Dick Grayson, ancien Robin, actuel Nightwing, a temporairement repris le masque de Batman pendant que Bruce Wayne est en affaire à l’étranger. Autour de lui, s’agitent trois alliés habituels de Batman : Robin, très bien personnalisé avec un Damian Wayne en jeune terreur adolescente ; Red Robin avec un Tim Drake des plus compétents ; et enfin une Black Bat, moins mise en avant mais campée par une Cassandra Cain très concernée malgré tout. Une fois dit cela, on comprend pourquoi il était nécessaire d’avoir deux scénaristes talentueux au moins pour dénouer tout cela, Kyle Higgins aura d’ailleurs à cœur de reprendre la série Nightwing parmi les New 52 (les séries post-Renaissance DC Comics).

L’avantage de cette édition par Urban Comics est au moins de nous donner toutes les clés pour comprendre ce méli-mélo scénaristique pour apprécier à sa juste valeur cette histoire plus si tordue que cela, une fois ces jalons acquis. De plus, nous avons droit évidemment aux différentes couvertures américaines en bonus, et comme à son habitude, Urban Comics ajoute dans son édition à la fois des dessins préparatoires toujours captivants et des résumés partiels en début de chaque chapitre pour aider la compréhension du lecteur.

Pour dire quelques mots sur l’aspect graphique, les passages dans le présent sont plutôt réussis, même si évidemment la carrure de Dick Grayson fait qu’on ne reconnaît pas le côté baraque habituel de Batman (il suffit de voir la couverture d’ailleurs). À l’inverse, les passages dans le passé de Gotham sont plus délicats pour moi, c’est évidemment un avis personnel… bref, je suis pour l’instant réservé sur le talent de Trevor McCarthy.



Un premier Hors-série plus qu’utile donc, qui nous permet d’assister aux prémices de La Cour des Hiboux une fois de plus scénarisés par Scott Snyder et Kyle Higgins, spécialistes de Batman et de la Bat-family. Un opus de qualité donc, sans grandes conséquences, mais parfaitement divertissant.



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Batman Saga - H.S., tome 1 : Les Portes de ..

En 1881, deux demi-frères architectes, financés par les principales familles de Gotham, entament des aménagement majeurs dans la ville, en particulier la construction de ponts qui permettront à la ville de connaître son rayonnement actuel. De nos jours d'importantes quantité d'explosifs ont été volés et sont utilisés dans la destruction des dits ponts. Batman, qui n'est autre que Dick Grayson, mène l'enquête aidé de Red Robin, Robin et Black Bat.



Les événement relatés dans ce premier hors-série de Batman Saga, légèrement antérieurs à la Renaissance DC (The New 52), offre un divertissement de qualité. Au travers des yeux de Dick Grayson le lecteur explore l'histoire de Gotham. Scott Snyder, aidé de Kyle Higgins, forge véritablement une âme à la ville la plus obscure de l'univers DC. Les deux auteurs ont également eut à cœur de marquer les contrastes entre les traits de caractère des différents membres de la Bat family, démarche idéale en introduction de la Renaissance DC.



Trevor McCarthy qui exécute la grande majorité de planches dispose d'un trait précis et riche. La première de ses qualité nous permet de distinguer sans mal les différents membres de la Bat family, ce qui est loin d'être toujours le cas chez ses coréligionnaires. La multiplicité de son trait, la constance de son épaisseur sont autant de rappel à l'Art nouveau qui habillait les salons de la fin du XIXème siècle. L'ambiance steampunk, omniprésente de part les nombreux flashbacks et la tenue même de l'adversaire de Batman, s'en trouve renforcée.



En proposant ce comic gratuitement à l'occasion des 48h de la bande dessinée, les éditions Urban Comics s'inspirent de l'esprit du Free Comic Book Day. Sans être luxueuse, la parution est soignée. Comme à l'habitude chez l'éditeur, les premières pages proposent, de manière très pédagogique, d'éclairer le contexte du récit. Loin d'infantiliser le lecteur, ces précisions sont appréciables dans le cadre du comic, en particulier concernant l'univers foisonnant de Batman. La gratuité n'entame en rien la volonté de l'éditeur de proposer à son lectorat des lectures de qualité portées par des supports de qualité. Le résultat est une réussite, une parfaite introduction aux récits portés par la Renaissance DC.
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Batman Saga - H.S., tome 1 : Les Portes de ..

On retrouve ici Batman dans une série en 5 numéros antérieure aux new 52, mais déjà écrite par Scott Snyder, son scénariste actuel, et aidé par Kyle Higgins. Dick Grayson est sous le costume, et Damian Wayne est déjà Robin, Bruce gérant Batman Inc.. (Un résumé de la situation nous est donné en début de revue).

Le scénario fait beaucoup penser à l'arc "la cour des hiboux", étant lié à l'histoire et à l'architecture de Gotham, qui devient un personnage à part entière. Le fait que ce soit Dick qui soit le Batman ici permet à Snyder d'en faire la porte d'entrée du lecteur: comme lui, il ne connaît pas les secrets de Gotham ni son histoire, et nous allons donc le découvrir en même temps que lui. Classique mais efficace, même si l'on aurait aussi aimé voir Bruce en découvrir plus lui-même sur ses ancêtres. La Bat-family (Black Bat, Red Robin et Robin) est bien traitée, avec une mention spéciale pour Damian, sale gosse au possible sans être caricatural Le nouvel ennemi a un design steampunk à tomber, ses motivations, sur fond de tragédie familiale, sont racontées en début de chaque numéro.

Les dessins de Trevor McCarthy, dessinateur de Nightwing, sont très anguleux, et offrent des panoramas magnifiques de la ville. Les couleurs sont aussi forts bien choisies.

Bref pour 5,60 euros, une série avec un début et une fin, qui aide à mieux cerner l'oeuvre de Snyder sur son run actuel, avec des dessins qui ne gâchent rien, bien au contraire. On a le droit aux variant cover en bonus.
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Batman Saga - H.S., tome 1 : Les Portes de ..

J'ai aimé l'idée de faire de la ville de gotham un personnage a part entière, les dessins sont bons (sauf une partie ou c'est un autre dessinateur qui prend la main), la colorisation est bonne (à l'ordi) et le scenario se tient (meme si la fin est un peu expédiée).

Enfin, comme c'est un hors-série (pas besoin d’avoir les autres Batman Saga), il est à la portée de tous, l’histoire comporte cinq chapitres. Il y a même un résumé de l'histoire des différents personnages (plutôt nombreux) si l'on ne connait pas l'univers de batman.
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Batman Saga - H.S., tome 1 : Les Portes de ..

À l’image du « Free Comic Book Day » aux États-Unis, opération qui, comme son nom l’indique, permet aux libraires d’offrir un comic, « Les 48 heures de la BD » rassemble des éditeurs français qui proposent aux visiteurs d’une librairie participante de repartir avec un ouvrage gratuit durant le weekend du 16 et 17 Mai. Cette année, Urban Comics a également choisi de participer à l’évènement en offrant un récit déjà publié précédemment dans le premier hors série de Batman Saga. Mon libraire ayant eu la bonne idée de participer à l’évènement, je suis donc ressorti de chez lui avec les cinq épisodes de « Batman – Les portes de Gotham » sous le bras.



Ce récit écrit par Scott Snyder et Kyle Higgins et illustré par Trevor McCarthy et Dusting Nguyen se situe juste après « Batman – Sombre Reflet » et permet d’assister aux prémices de « Batman – La Cour des Hiboux ». À l’instar de ce « relaunch New 52 » de Batman, Scott Snyder et Kyle Higgins s’amusent à ancrer leur histoire dans le passé de Gotham City. Les deux imaginent un nouvel ennemi, qui s’évertue à faire sauter tous les ponts financés par les clans fondateurs de Gotham City en laissant un message indiquant que « Par les portes de Gotham, les familles tomberont ». Le commissaire Gordon et Batman se lancent alors dans une enquête dont les racines remontent à la fin du XIXe siècle et qui les oblige donc à fouiller dans le passé de leur ville afin de découvrir l’identité et les motivations du mystérieux commanditaire.



En multipliant les retours en arrière sur la construction de Gotham et de ses célèbres monuments, les auteurs mettent donc la ville sur le devant de la scène et proposent une histoire intéressante et divertissante, qui fait penser à l’intrigue de « Batman – La Cour des Hiboux », mais en plus léger. Je ne sais par contre pas si c’est la meilleure histoire à offrir gratuitement aux néophytes, vu les récents bouleversements au sein de la Bat-family. Batman n’est en effet pas Bruce Wayne, mais Dick Grayson, l’ancien Robin et l’actuel Nightwing, tandis que Damian Wayne a endossé le rôle de Robin et Tim Drake celui de Red Robin. L’avantage est par contre de proposer un nouvel ennemi au design steampunk, même si son passé invite à croiser le chemin de Theodore Cobblepot, l’ancêtre du Pingouin, et d’Edward Elliott, l’aïeul de Silence, deux vilains qui ont droit à un second rôle dans cette aventure.



Visuellement, le dessin de Trevor McCarthy n’est probablement pas ce qui ce fait de mieux dans les comics, mais son style colle finalement assez bien aux incursions dans le passé, qui sont d’ailleurs accompagnées d’une colorisation sépia très réussie.



Un bon album, divertissant… et gratuit !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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C.O.W.L

Encore une lecture au hasard. Enfin, une lecture sous le charme de la couverture, ou plutôt intriguée par la couverture... qu'est ce que c'est que cet acronyme ?

Un comics, une histoire de super héros avec des super pouvoir, mais finalement avec une vie super ordinaire et des comportements, manigances et autres procédés politiques super humain.

J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce récit. Les super héros, ce n'est définitivement pas mon truc. Et dès les premières pages quand j'ai compris que j'allais avoir à faire avec eux pendant plus de 200 pages, tout à coup la lecture m'a semblé insurmontable.

Mais finalement, une fois reposée en fin de week end, dans ma chaise longue au soleil, j'ai plongée dans cet univers un peu sombre. Si je n'ai pas été emballée par l'histoire, j'ai adorée les dessins (même si je confondais certains personnages). Et j'ai même pris du temps pour feuilleter ce livre sans lire les lettres, juste en regardant ces images...
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C.O.W.L

Ce comics faisait partie de la sélection numérique du 48H BD, c’était donc l’occasion de découvrir quelque chose de nouveau, dans un genre que je ne lis pas beaucoup finalement. Originellement publié chez Image Comics, Urban a édité un recueil des deux premiers volumes américains dans sa collection « Indies ». C’est très intéressant de découvrir ce groupe de super-héros des années 60, avec en parallèle une enquête sur un point sombre de la ligue et des mystères à résoudre. Les personnages et leurs dynamiques sont très intéressants puisqu’ils ont des raisons différentes d’être dans la ligue, ou d’y rester. Tous n’ont pas des pouvoirs d’ailleurs et c’est très intéressant de voir comment ils vivent cette différence et le sentiment d’impuissance qui va avec.



Si la ligue combat des super-villains, on se rend vite compte que tout n’est pas blanc ou noir et que les antagonistes ne sont pas les seuls à se battre pour plus de pouvoir (politique ou économique cette fois-ci, pas surnaturels). Il y a donc un aspect un peu policier, roman noir au comics que j’ai plutôt apprécié. Si j’avais une chose à redire… Ce serait probablement sur le personnage de Radia, la seule femme de la ligue. J’ai l’impression que le comics tente de faire une critique du sexisme qu’elle subit : par exemple elle est interviewée mais seulement sur sa coiffure et son nouveau costume, pas du tout sur le combat auquel elle a participé. Une scène m’a également fait grimacer, quand le compagnon de Radia lui dit qu’en gros, il serait temps qu’elle fasse un gosse.



Encore une fois, le comics me donne l’impression de vouloir critiquer ce genre de chose mais finalement… il ne fait pas grand-chose d’autre que de le montrer. À côté de ça, on a bien sûr le droit aux scènes clichés et habituelles dans les strip-clubs et avec des prostitués. Donc je ne sais pas trop quoi penser de la question. J’aime bien Radia mais on en sait assez peu sur elle au final, si ce n’est qu’elle est victime de sexisme par son compagnon, ses collègues et les journalistes.



Pour finir sur une note positive, puisque j’ai globalement beaucoup aimé, les dessins sont sacrément beaux, les couleurs restent sombre pour être raccord avec l’histoire mais cela n’empêche pas les jeux sur les noirs et blancs et sur l’épaisseur des traits. Ça donne un style assez particulier que j’ai bien apprécié.
Lien : https://deslivresetlesmots.w..
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C.O.W.L

L’idée d’un syndicat des super-héros était séduisante mais se trouve mal exploitée, et l’histoire semble se concentrer sur un polar aux twists déjà vus.
Lien : http://www.bodoi.info/c-o-w-l/
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C.O.W.L

Ce tome regroupe les 11 épisodes de la série, initialement parus sous la forme de 2 tomes en VO.



Tome 1 - Pinciples of power -

Premier tome d'une série débutée en 2014, indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 5. Le scénario est de Kyle Higgins et Alec Siegel. Rod Reis réalise les dessins (avec l'aide de Stéphane Perger pour l'épisode 4), l'encrage et la mise en couleurs.



L'action se situe à Chicago en 1962. Le récit commence alors que Blaze (Reginald Davis) protège Alderman Lowe de l'attaque de Skylancer (un supercriminel). Ce dernier s'enfuit, mais il est pris en chasse par Arclight (Tom Haydn). Radia (Kathryn Mitchell) se joint à la poursuite et y met un terme final. Dans le cadre d'une autre intervention, John Pierce constate que des dossiers concernant d'anciennes armes pour l'organisation de superhéros COWL ont été dérobés et se sont retrouvés entre les mains de supercriminels.



À l'hôtel de ville de Chicago, Geoffrey Warner (ex Grey Raven) négocie avec le maire et ses conseillers pour que COWL reste subventionné par la municipalité. L'enjeu est même plus radical : l'objectif est que la mairie finance COWL, en tant que opérateur de sécurité privé, employant du personnel doté de superpouvoir.



Encore une histoire de superhéros ! Certes, mais en feuilletant rapidement le tome, le lecteur constate que le dessinateur est sous forte influence de Bill Sienkiewicz, époque Elektra: Assassin. Il s'agit plus que d'un hommage, sans être un plagiat. Rod Reis a recours à des procédés graphiques qui sont la marque de fabrique de Sienkiewicz, sans pour autant donner l'impression d'une imitation servile et idiote.



Pêle-mêle, le lecteur reconnaît l'usage de la peinture (ici vraisemblablement à l'infographie) pour la trace enflammée des réacteurs d'un jet-pack. Il y a la façon caractéristique de représenter la ville vue du ciel, par le biais des lumières des rues sous formes de lignes jaunes entrecroisées. Quelques visages un peu figés et regardant directement le lecteur évoquent celui de Ken Wind. Comme Sienkiewicz, Reis utilise des modes graphiques très différents (du dessin figuratif détaillé à l'esquisse à gros traits de crayons), en fonction de la nature des séquences.



Rod Reis ne reprend pas l'ironie sous-jacente des images de Sienkiewicz ; ses dessins restent premier degré. Ils n'ont rien de fade pour autant. À chaque séquence, le lecteur a le plaisir de voir l'environnement, de manière à pouvoir s'y projeter, avec un ou deux détails discrets attestant de la période choisie par le scénariste, les années 1960. Les personnages présentent des morphologies normales, sans musculature exagérée, sans poitrine hors échappant aux lois de la biologie et de la gravité. Les postures et les expressions des visages rendent bien compte de l'état d'esprit de chaque individu, sans exagération, de manière naturelle. En particulier, le sérieux déterminé de John Pierce en impose par son intensité. Reis réussit un portrait tout en nuances et en contradiction de Kathryn Mitchell.



En effet, les scénaristes n'ont pas choisi cette période au hasard, et ils en tirent profit. En particulier les alpha-mâles que sont ces messieurs de COWL considèrent cette femme plus comme un faire valoir que comme un agent utile et efficace. Les dessins montrent à quel point Kathryn a du mal à réfréner l'énervement généré par ces attitudes condescendantes.



L'époque choisie alimente également la situation de cette équipe : Chicago Organized Workers League (en abrégé COWL, c'est-à-dire la cagoule en anglais). Kyle Higgins et Alec Siegel posent comme un fait établi que les individus dotés de superpouvoirs existent depuis avant la seconde guerre mondiale et qu'ils sont intervenus courageusement lors de ce conflit, avec l'aide de plusieurs agents sans superpouvoir. Ils ont eu droit à une reconnaissance bien méritée, qui arrive maintenant à sa fin. Fin d'autant plus inéluctable qu'il semble que COWL ait envoyé à l'ombre tous les supercriminels dignes de ce nom, devenant de ce fait inutile.



Geoffrey Warner (le patron de COWL) se trouve en état de faiblesse pour pouvoir négocier le renouvellement de leur contrat avec le maire de Chicago, afin de continuer à être financé par la municipalité pour assurer une mission de police, en tant que prestataires privés. Les auteurs savent installer une atmosphère de suspicion sur les motivations des uns et des autres. Ils montrent par insinuation comment chacun à ses propres convictions, ses propres objectifs. Il n'y a pas de personnage d'un seul tenant, complètement bon ou complètement mauvais.



Derrière l'apparence d'une dichotomie basique entre superhéros et supercriminels (avec affrontements physiques et décharges d'énergie), Higgins et Siegel montrent des personnages adultes, des enjeux corporatistes, l'obsolescence proche des superhéros en tant que sauveurs, et une société phallocrate.



Malgré cette approche adulte, à la fois pour la mise en image et le scénario, il manque un petit quelque chose. Rod Reis a du mal à trouver des mises en scène pour éviter les pages ne comprenant que des têtes en train de parler. La mise en couleurs sophistiquée a parfois du mal à cacher le vide des arrières plans ; il lui manque un peu de panache. Les composantes de l'intrigue sont résolument adultes avec des enjeux complexes reflétant des problèmes réels de société (en particulier une organisation se perpétuant, alors que sa fonction a disparu). Mais au fil des pages, le lecteur se demande si les agissements de Geoffrey Warner ne sont pas un peu trop transparents, un peu trop inspirés par un personnage de Watchmen, avec un objectif beaucoup plus mesquin.



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Tome 2 (épisodes 7 à 11)

Incroyable ! Dans un quartier de Chicago, un homme (Doppler) entre dans une épicerie, exige la caisse, et finit par utiliser ses superpouvoirs contre les gérants, comme le premier supercriminel venu. Pourtant, le maire de Chicago était convaincu qu'il n'y avait plus de supercriminels en activité. Voilà qui risque de peser lourd dans la renégociation du contrat avec COWL (le syndicat des superhéros de Chicago), alors que justement ils sont en grève.



De son côté, Geoffrey Warner (ex Grey Raven) continue à maintenir le piquet de grève des superhéros, sans rien lâcher dans la négociation avec le maire. Reginald Davis (Blaze), Tom Haydn (Arclight) et Kathryn Mitchel (Radia) se retrouvent pour assister à l'enlèvement du cadavre de John Pierce (l'un des membres de COWL) par les services de police. Evelyn Marie Hewitt (l'officier de liaison) de Pierce décide de mener sa propre enquête sur les circonstances de ce meurtre.



Cette deuxième partie reprend là où la première s'était arrêtée en 1962, à Chicago. Dans son introduction Andreyko évoque la série Mad Men comme l'une des références. Certes, les coscénaristes glissent un ou deux détails qui attestent des particularités de la société de l'époque : Valerie Warner qui ne supporte pas d'être l'épouse faire-valoir, les hommes qui boivent de l'alcool avec libéralité, ou encore Kathryn Mitchell (Radia) qui refuse de se laisser cantonner au rôle d'exécutante. De son côté, Rod Reis fait scintiller l'alcool dans les verres, et montre madame Warner dans une pause très digne, en épouse compréhensive et attentive, mais un peu résignée et humiliée d'être asservie à son époux. Il se montre très impressionnant dans son rôle de costumier, avec des tenues vestimentaires plus authentiques que nature.



Andreyko évoque également des séries policières pour caractériser COWL. Les coscénaristes ont pris un parti un peu risqué. Ils ont dévoilé dès le premier tome les agissements réels de Geoffrey Warner, en coulisse du bras de fer avec le maire Chicago. Du coup l'intérêt du récit se déplace de l'intrigue et du suspense (puisque le lecteur sait ce qui se passe vraiment), vers les agissements de Geoffrey Warner et des autres. Tout l'intérêt se reporte sur ces magouilles, sur les choix moraux effectués par Warner et les autres.



Higgins et Siegel déstabilisent le lecteur en enlevant toute possibilité de voir un héros en Geoffrey Warner. Ce dernier monte de toute pièce une menace qui n'existe pas. Il n'hésite pas à utiliser certains superhéros comme des pions, il méprise les femmes. D'un autre côté, son objectif s'avère finalement justifié, sans compter que l'administration de Chicago traite également ces vétérans comme des pions, pouvant être jetés dès qu'ils n'ont plus d'utilité. De ce fait, l'intérêt principal du récit se trouve dans la réaction des autres personnages.



Les coscénaristes prennent le risquent de neutraliser le suspense lié aux combats, de rendre la plupart de leurs personnages antipathiques, et de déplacer l'enjeu de la grève, vers autre chose. Il faut pouvoir prendre un peu de recul pour se rendre compte que le plus déstabilisant est que ces personnages ne sont pas des héros. Le lecteur accepte qu'ils aient un passé de superhéros pendant la seconde guerre mondiale, mais les individus qu'il a sous les yeux ont perdu leurs principes et leurs valeurs morales. Que reste-t-il ?



Pour commencer, il reste une approche cynique mais pragmatique sur les superhéros. Ils ont su tirer parti (sous forme d'un emploi prestigieux) de leurs hauts faits pendant la guerre. Leur utilité n'étant plus manifeste, ils doivent choisir que faire. Finalement Geoffrey Warner fait le nécessaire pour pérenniser une structure qui n'a plus lieu d'être. C'est indéfendable d'un point de vue moral ; c'est compréhensible et presque louable dans la mesure où il assure la sécurité matérielle de ses collègues (et aussi la sienne). Le lecteur observe alors ce que font les autres superhéros, comment ils concilient leurs valeurs avec l'évolution de la situation, et ce qu'ils en savent (pas grand-chose, ou tout). Il apparaît alors que le thème principal du récit est celui de l'héroïsme, du courage et des valeurs morales.



Rod Reis avait fait une forte impression dans le premier tome, en utilisant avec adresse les techniques graphiques de Bill Sienkiewicz dans Elektra: Assassin. En fonction des séquences, il peut s'agir d'un lettrage intégré aux dessins, d'un visage ou d'un buste dessiné façon gravure de mode, de traits de crayon qui viennent griffer une case, ou d'un mur de briques d'un photoréalisme saisissant. L'impression de lire un comics à la manière de Sienkiewicz s'estompe dans ce deuxième tome, car Reis emprunte aussi un peu à Phil Noto, pour aboutir à une approche plus personnelle.



Les conversations restent le point faible de cet artiste. Il sait représenter des expressions variées et adaptées pour les visages. Par contre, il se contente souvent d'alterner champ et contrechamp pour toute mise en scène. C'est là le seul de ses points faibles, car pour le reste il crée des visuels mémorables. Il utilise avec parcimonie les exagérations, essentiellement cantonnées aux séquences où les superhéros utilisent leurs pouvoirs, soulignant ainsi leur dimension plus grande que nature.



Dans la scène d'ouverture, le lecteur voit donc ce supercriminel exiger d'un couple de propriétaires de superette de lui remettre la caisse. Devant leur refus, il utilise ses pouvoirs et Rod Reis intègre de grosses lettres peintes à même le dessin pour montrer le barouf ainsi généré. Il dessine les bordures de case de travers pour rendre compte de la force des impacts. Un peu plus tard Tom Hayden (Arclight) est en train de s'arsouiller consciencieusement dans un bar, et Reis utilise la couleur rouge pour montrer l'état d'esprit fiévreux du personnage, ainsi que son isolement total par rapport au reste des clients.



La scène d'enterrement de John Pierce reste dans les esprits, par le jeu des acteurs. Par le biais des expressions des visages, l'artiste montre que la veuve n'est pas dupe des condoléances qu'elle reçoit de certaines personnes. Tout est dit par les images, sans que les coscénaristes n'aient besoin d'ajouter un mot, ou une pensée. Dans la même séquence, Reis tente un découpage régulièrement utilisé par Sienkiewicz dans "Big numbers" : une unique image découpée en 9 cases (3*3) pour imprimer un rythme à la lecture. C'est un découpage très artificiel, qui semble souvent totalement superflu lorsqu'il est utilisé (le lecteur ne voyant pas l'intérêt du découpage, par rapport à la solution qui consiste à laisser l'image d'un seul tenant). Ici Reis réussit sa composition, guidant le lecteur dans l'ordre des phylactères, et montrant à quel point le personnage au centre de la composition est encerclé par la foule.



La scène d'ouverture de l'épisode 4 constitue également un tour de force graphique. Un individu avec des superpouvoirs s'en prend à un homme de main, alors que son collègue ne les voit pas, qu'il entend juste les propos du supercriminel, ainsi que les bruits correspondant aux coups portés. À nouveau, Rod Reis conçoit un découpage d'une efficacité terrifiante pour rendre compte de l'horreur éprouvée par le témoin, amplifiée par un recours à un lettrage s'apparentant autant à des lettres qu'à des éléments visuels.



En cours de lecture, cette deuxième partie déconcerte. Les coscénaristes sabordent eux-mêmes le suspense de leur intrigue en confirmant le pot aux roses, déjà évoqué dans la première partie. L'utilisation de superpouvoirs reste au second plan, la plupart des personnages se comportent en appliquant la maxime de Nicolas Machiavel : la fin justifie les moyens. Il n'y a donc pas de héros à proprement parler, mais une situation polémique, où plusieurs groupes d'intérêt essayent de défendre leur point de vue et leur avenir, comme des adultes. Ce n'est qu'une fois le dernier épisode terminé, que le lecteur prend conscience que le thème est bien celui de l'héroïsme (ou au moins du courage) appliqué à des individus qui ne peuvent plus se targuer de hauts faits. Les pages de Rod Reis restent influencées par Bill Sienkiewicz, et par un ou deux autres artistes, ce qui lui permet de s'émanciper en douceur de l'ombre tutélaire de Sienkiewicz pour acquérir plus de personnalité. 4 étoiles pour un lecteur attaché à l'intrigue, 5 étoiles pour un lecteur plus sensible au dilemme moral.
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C.O.W.L. Volume 1: Principles of Power

Il s'agit du premier tome d'une série débutée en 2014, indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 5. Le scénario est de Kyle Higgins et Alec Siegel. Rod Reis réalise les dessins (avec l'aide de Stéphane Perger pour l'épisode 4), l'encrage et la mise en couleurs.



L'action se situe à Chicago en 1962. Le récit commence alors que Blaze (Reginald Davis) protège Alderman Lowe de l'attaque de Skylancer (un supercriminel). Ce dernier s'enfuit, mais il est pris en chasse par Arclight (Tom Haydn). Radia (Kathryn Mitchell) se joint à la poursuite et y met un terme final. Dans le cadre d'une autre intervention, John Pierce constate que des dossiers concernant d'anciennes armes pour l'organisation de superhéros COWL ont été dérobés et se sont retrouvés entre les mains de supercriminels.



À l'hôtel de ville de Chicago, Geoffrey Warner (ex Grey Raven) négocie avec le maire et ses conseillers pour que COWL reste subventionné par la municipalité. L'enjeu est même plus radical : l'objectif est que la mairie finance COWL, en tant que opérateur de sécurité privé, employant du personnel doté de superpouvoir.



Encore une histoire de superhéros ! Certes, mais en feuilletant rapidement le tome, le lecteur constate que le dessinateur est sous forte influence de Bill Sienkiewicz, époque Elektra: Assassin. Il s'agit plus que d'un hommage, sans être un plagiat. Rod Reis a recours à des procédés graphiques qui sont la marque de fabrique de Sienkiewicz, sans pour autant donner l'impression d'une imitation servile et idiote.



Pêle-mêle, le lecteur reconnaît l'usage de la peinture (ici vraisemblablement à l'infographie) pour la trace enflammée des réacteurs d'un jet-pack. Il y a la façon caractéristique de représenter la ville vue du ciel, par le biais des lumières des rues sous formes de lignes jaunes entrecroisées. Quelques visages un peu figés et regardant directement le lecteur évoquent celui de Ken Wind. Comme Sienkiewicz, Reis utilise des modes graphiques très différents (du dessin figuratif détaillé à l'esquisse à gros traits de crayons), en fonction de la nature des séquences.



Rod Reis ne reprend pas l'ironie sous-jacente des images de Sienkiewicz ; ses dessins restent premier degré. Ils n'ont rien de fade pour autant. À chaque séquence, le lecteur a le plaisir de voir l'environnement, de manière à pouvoir s'y projeter, avec un ou deux détails discrets attestant de la période choisie par le scénariste, les années 1960. Les personnages présentent des morphologies normales, sans musculature exagérée, sans poitrine hors échappant aux lois de la biologie et de la gravité. Les postures et les expressions des visages rendent bien compte de l'état d'esprit de chaque individu, sans exagération, de manière naturelle. En particulier, le sérieux déterminé de John Pierce en impose par son intensité. Reis réussit un portrait tout en nuances et en contradiction de Kathryn Mitchell.



En effet, les scénaristes n'ont pas choisi cette période au hasard, et ils en tirent profit. En particulier les alpha-mâles que sont ces messieurs de COWL considèrent cette femme plus comme un faire valoir que comme un agent utile et efficace. Les dessins montrent à quel point Kathryn a du mal à réfréner l'énervement généré par ces attitudes condescendantes.



L'époque choisie alimente également la situation de cette équipe : Chicago Organized Workers League (en abrégé COWL, c'est-à-dire la cagoule en anglais). Kyle Higgins et Alec Siegel posent comme un fait établi que les individus dotés de superpouvoirs existent depuis avant la seconde guerre mondiale et qu'ils sont intervenus courageusement lors de ce conflit, avec l'aide de plusieurs agents sans superpouvoir. Ils ont eu droit à une reconnaissance bien méritée, qui arrive maintenant à sa fin. Fin d'autant plus inéluctable qu'il semble que COWL ait envoyé à l'ombre tous les supercriminels dignes de ce nom, devenant de ce fait inutile.



Geoffrey Warner (le patron de COWL) se trouve en état de faiblesse pour pouvoir négocier le renouvellement de leur contrat avec le maire de Chicago, afin de continuer à être financé par la municipalité pour assurer une mission de police, en tant que prestataires privés. Les auteurs savent installer une atmosphère de suspicion sur les motivations des uns et des autres. Ils montrent par insinuation comment chacun à ses propres convictions, ses propres objectifs. Il n'y a pas de personnage d'un seul tenant, complètement bon ou complètement mauvais.



Derrière l'apparence d'une dichotomie basique entre superhéros et supercriminels (avec affrontements physiques et décharges d'énergie), Higgins et Siegel montrent des personnages adultes, des enjeux corporatistes, l'obsolescence proche des superhéros en tant que sauveurs, et une société phallocrate.



Malgré cette approche adulte, à la fois pour la mise en image et le scénario, il manque un petit quelque chose. Rod Reis a du mal à trouver des mises en scène pour éviter les pages ne comprenant que des têtes en train de parler. La mise en couleurs sophistiquée a parfois du mal à cacher le vide des arrières plans ; il lui manque un peu de panache. Les composantes de l'intrigue sont résolument adultes avec des enjeux complexes reflétant des problèmes réels de société (en particulier une organisation se perpétuant, alors que sa fonction a disparu). Mais au fil des pages, le lecteur se demande si les agissements de Geoffrey Warner ne sont pas un peu trop transparents, un peu trop inspirés par un personnage de Watchmen, avec un objectif beaucoup plus mesquin. Seul le tome suivant permettra de vérifier si les scénaristes sont plus malins que ça et ont bien caché leur jeu, où si le pot aux roses était trop évident.
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C.O.W.L. Volume 2: The Greater Good

Ce tome fait suite à Principles of Power (épisodes 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant. Ces 2 tomes forment une histoire complète et indépendante de toute autre. Le présent tome comprend les épisodes 7 à 11, initialement parus en 2014/2015, coécrits par Kyle Higgins et Alec Siegel, dessinés, encrés et mis en couleurs par Rod Reis. Ce tome bénéficie d'une introduction de Marc Andreyko, d'une carte de Chicago situant les différents quartiers, et d'une page de rappel sur les 7 principaux personnages.



Incroyable ! Dans un quartier de Chicago, un homme (Doppler) entre dans une épicerie, exige la caisse, et finit par utiliser ses superpouvoirs contre les gérants, comme le premier supercriminel venu. Pourtant, le maire de Chicago était convaincu qu'il n'y avait plus de supercriminels en activité. Voilà qui risque de peser lourd dans la renégociation du contrat avec COWL (le syndicat des superhéros de Chicago), alors que justement ils sont en grève.



De son côté, Geoffrey Warner (ex Grey Raven) continue à maintenir le piquet de grève des superhéros, sans rien lâcher dans la négociation avec le maire. Reginald Davis (Blaze), Tom Haydn (Arclight) et Kathryn Mitchel (Radia) se retrouvent pour assister à l'enlèvement du cadavre de John Pierce (l'un des membres de COWL) par les services de police. Evelyn Marie Hewitt (l'officier de liaison) de Pierce décide de mener sa propre enquête sur les circonstances de ce meurtre.



Ce deuxième tome reprend là où le premier s'était arrêté en 1962, à Chicago. Dans son introduction Andreyko évoque la série Mad Men comme l'une des références. Certes, les coscénaristes glissent un ou deux détails qui attestent des particularités de la société de l'époque : Valerie Warner qui ne supporte pas d'être l'épouse faire-valoir, les hommes qui boivent de l'alcool avec libéralité, ou encore Kathryn Mitchell (Radia) qui refuse de se laisser cantonner au rôle d'exécutante. De son côté, Rod Reis fait scintiller l'alcool dans les verres, et montre madame Warner dans une pause très digne, en épouse compréhensive et attentive, mais un peu résignée et humiliée d'être asservie à son époux. Il se montre très impressionnant dans son rôle de costumier, avec des tenues vestimentaires plus authentiques que nature.



Andreyko évoque également des séries policières pour caractériser COWL. Les coscénaristes ont pris un parti un peu risqué. Ils ont dévoilé dès le premier tome les agissements réels de Geoffrey Warner, en coulisse du bras de fer avec le maire Chicago. Du coup l'intérêt du récit se déplace de l'intrigue et du suspense (puisque le lecteur sait ce qui se passe vraiment), vers les agissements de Geoffrey Warner et des autres. Tout l'intérêt se reporte sur ces magouilles, sur les choix moraux effectués par Warner et les autres.



Higgins et Siegel déstabilisent le lecteur en enlevant toute possibilité de voir un héros en Geoffrey Warner. Ce dernier monte de toute pièce une menace qui n'existe pas. Il n'hésite pas à utiliser certains superhéros comme des pions, il méprise les femmes. D'un autre côté, son objectif s'avère finalement justifié, sans compter que l'administration de Chicago traite également ces vétérans comme des pions, pouvant être jetés dès qu'ils n'ont plus d'utilité. De ce fait, l'intérêt principal du récit se trouve dans la réaction des autres personnages.



Les coscénaristes prennent le risquent de neutraliser le suspense lié aux combats, de rendre la plupart de leurs personnages antipathiques, et de déplacer l'enjeu de la grève, vers autre chose. Il faut pouvoir prendre un peu de recul pour se rendre compte que le plus déstabilisant est que ces personnages ne sont pas des héros. Le lecteur accepte qu'ils aient un passé de superhéros pendant la seconde guerre mondiale, mais les individus qu'il a sous les yeux ont perdu leurs principes et leurs valeurs morales. Que reste-t-il ?



Pour commencer, il reste une approche cynique mais pragmatique sur les superhéros. Ils ont su tirer parti (sous forme d'un emploi prestigieux) de leurs hauts faits pendant la guerre. Leur utilité n'étant plus manifeste, ils doivent choisir que faire. Finalement Geoffrey Warner fait le nécessaire pour pérenniser une structure qui n'a plus lieu d'être. C'est indéfendable d'un point de vue moral ; c'est compréhensible et presque louable dans la mesure où il assure la sécurité matérielle de ses collègues (et aussi la sienne). Le lecteur observe alors ce que font les autres superhéros, comment ils concilient leurs valeurs avec l'évolution de la situation, et ce qu'ils en savent (pas grand-chose, ou tout). Il apparaît alors que le thème principal du récit est celui de l'héroïsme, du courage et des valeurs morales.



Rod Reis avait fait une forte impression dans le premier tome, en utilisant avec adresse les techniques graphiques de Bill Sienkiewicz dans Elektra: Assassin. En fonction des séquences, il peut s'agir d'un lettrage intégré aux dessins, d'un visage ou d'un buste dessiné façon gravure de mode, de traits de crayon qui viennent griffer une case, ou d'un mur de briques d'un photoréalisme saisissant. L'impression de lire un comics à la manière de Sienkiewicz s'estompe dans ce deuxième tome, car Reis emprunte aussi un peu à Phil Noto, pour aboutir à une approche plus personnelle.



Les conversations restent le point faible de cet artiste. Il sait représenter des expressions variées et adaptées pour les visages. Par contre, il se contente souvent d'alterner champ et contrechamp pour toute mise en scène. C'est là le seul de ses points faibles, car pour le reste il crée des visuels mémorables. Il utilise avec parcimonie les exagérations, essentiellement cantonnées aux séquences où les superhéros utilisent leurs pouvoirs, soulignant ainsi leur dimension plus grande que nature.



Dans la scène d'ouverture, le lecteur voit donc ce supercriminel exiger d'un couple de propriétaires de superette de lui remettre la caisse. Devant leur refus, il utilise ses pouvoirs et Rod Reis intègre de grosses lettres peintes à même le dessin pour montrer le barouf ainsi généré. Il dessine les bordures de case de travers pour rendre compte de la force des impacts. Un peu plus tard Tom Hayden (Arclight) est en train de s'arsouiller consciencieusement dans un bar, et Reis utilise la couleur rouge pour montrer l'état d'esprit fiévreux du personnage, ainsi que son isolement total par rapport au reste des clients.



La scène d'enterrement de John Pierce reste dans les esprits, par le jeu des acteurs. Par le biais des expressions des visages, l'artiste montre que la veuve n'est pas dupe des condoléances qu'elle reçoit de certaines personnes. Tout est dit par les images, sans que les coscénaristes n'aient besoin d'ajouter un mot, ou une pensée. Dans la même séquence, Reis tente un découpage régulièrement utilisé par Sienkiewicz dans "Big numbers" : une unique image découpée en 9 cases (3*3) pour imprimer un rythme à la lecture. C'est un découpage très artificiel, qui semble souvent totalement superflu lorsqu'il est utilisé (le lecteur ne voyant pas l'intérêt du découpage, par rapport à la solution qui consiste à laisser l'image d'un seul tenant). Ici Reis réussit sa composition, guidant le lecteur dans l'ordre des phylactères, et montrant à quel point le personnage au centre de la composition est encerclé par la foule.



La scène d'ouverture de l'épisode 4 constitue également un tour de force graphique. Un individu avec des superpouvoirs s'en prend à un homme de main, alors que son collègue ne les voit pas, qu'il entend juste les propos du supercriminel, ainsi que les bruits correspondant aux coups portés. À nouveau, Rod Reis conçoit un découpage d'une efficacité terrifiante pour rendre compte de l'horreur éprouvée par le témoin, amplifiée par un recours à un lettrage s'apparentant autant à des lettres qu'à des éléments visuels.



En cours de lecture, cette deuxième partie déconcerte. Les coscénaristes sabordent eux-mêmes le suspense de leur intrigue en confirmant le pot aux roses, déjà évoqué dans la première partie. L'utilisation de superpouvoirs reste au second plan, la plupart des personnages se comportent en appliquant la maxime de Nicolas Machiavel : la fin justifie les moyens. Il n'y a donc pas de héros à proprement parler, mais une situation polémique, où plusieurs groupes d'intérêt essayent de défendre leur point de vue et leur avenir, comme des adultes. Ce n'est qu'une fois le dernier épisode terminé, que le lecteur prend conscience que le thème est bien celui de l'héroïsme (ou au moins du courage) appliqué à des individus qui ne peuvent plus se targuer de hauts faits. Les pages de Rod Reis restent influencées par Bill Sienkiewicz, et par un ou deux autres artistes, ce qui lui permet de s'émanciper en douceur de l'ombre tutélaire de Sienkiewicz pour acquérir plus de personnalité. 4 étoiles pour un lecteur attaché à l'intrigue, 5 étoiles pour un lecteur plus sensible au dilemme moral.
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Hadrian'S Wall, tome 1

Ce tome contient la première partie d'une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les épisodes 1 à 4 de la minisérie, initialement parus en 2016/2017, coécrits par Kyle Higgins & Alec Siegel, dessinés, encrés et mis en couleurs par Rod Reis, avec l'aide d'Eduardo Ferigato. L'histoire se termine dans Hadrian's Wall, tome 2. Ce commentaire porte sur l'histoire entière.



En 1985, la guerre nucléaire a éclaté : Moscou et New York ont été rasées par les bombes. Durant les décennies suivantes, les deux supers pouvoirs ont travaillé ensemble sur un programme de conquête spatiale. Un siècle plus tard, une nouvelle guerre froide pointe le bout de son nez, entre la Terre et la plus grande des colonies Theta. L'astronaute Edward Madigan a effectué une sortie dans l'espace, à l'extérieur du vaisseau Hadrian's Wall. Il est en train de le contempler quand la visière de son casque se fissure soudainement. Les fissures se propagent, l'air commencent à s'échapper. Soudain les visières cèdent complètement et il meurt sous l'effet de la décompression. Sur Terre, en 2085, à Seattle dans l'état de Washington, Simon Moore fait la queue dans une pharmacie pour obtenir ses médicaments. Il commence à se disputer avec le pharmacien sur la somme qu'il lui a rendue. Derrière lui dans la queue, les autres clients commencent à s'impatienter. Il cède à la pression et accepte le montant de monnaie. Il rentre chez lui sous la pluie. Dans la rue, il est accosté par Marshall Cameron qui lui conseille d'avoir les mains sèches pour ouvrir son tube de médicaments. Moore l'invite à monter chez lui en s'excusant du fait qu'il n'a rien à lui proposer à boire. Ils papotent : Moore explique qu'il est sous fort dosage d'antidouleurs depuis son divorce. Il demande à Cameron ce que lui vaut sa visite.



Marshall Cameron annonce à Moore qu'Edward Madigan est mort. Il ajoute que cela s'est passé durant une sortie dans l'espace, et que la compagnie Antares souhaite qu'il y ait une enquête, le montant de la mission étant de cent mille dollars. Moore indique que c'est hors de question : le défunt est celui qui lui a tiré dessus à quatre reprises, et en plus il a épousé son ex-femme. Il se souvient encore du temps où il était avec Annabelle Madigan à chanter à l'unisson les chansons de la radio en conduisant en bord de mer. Pendant la nuit, il reçoit un appel d'Annabelle qui se trouve à bord du vaisseau Hadrian's Wall : elle a appris que Cameron a proposé à Moore d'enquêter sur la mort de son mari, et elle lui demande expressément de ne pas venir. Quelques jours plus tard, il est à bord d'une navette qui l'emmène vers le vaisseau. Il a relu plusieurs fois le dossier et il l'a mémorisé. L'équipage se compose de quatre américains, deux russes, un japonais, un français et un autre né sur la colonie Theta. Cameron explique que les vaisseaux comme Hadrian's Wall effectuent des sauts dans l'espace et recherchent des ressources naturelles dans le système solaire où ils arrivent. Le voyage se termine. Une fois à bord et les présentations faites, Simon Moore va interroger un à un les membres de l'équipage pour essayer de reconstituer les faits : Atsuto Drekker le capitaine, Leonid Kharlamov (chercheur en médecine), Selina Laurent (astrophysicienne), Lillian Philson (botaniste), Franklin Gilbert (biologiste), Annabelle Madigan (chimiste), Tania Chelomey (spécialiste de mission), Gustiv Peloman (spécialiste en chef).



La couverture et la séquence d'ouverture établissent clairement le genre du récit : de la science-fiction, à une époque où les voyages spatiaux sont possibles, mais pas la norme. Le court texte introductif évoque une guerre nucléaire, mais en fait sans incidence sur le déroulement du récit. Le lecteur est fortement impressionné par cette séquence d'ouverture : le rendu mélange une technique de couleur directe avec quelques surfaces détourées par un trait encré. Il est probable que le tout ait été fait à l'infographie avec un outil permettant de reproduire à la perfection l'effet de la peinture et d'intégrer des effets spéciaux pointus, comme le verre de la visière se fendillant suivant de nombreuses lignes de rupture. L'artiste n'opte pas pour un rendu flambant neuf avec des surfaces rutilantes et polies, des couleurs chatoyantes avec des dégradés progressifs, mais pour des coups de pinceau visibles par endroit, des surfaces plus ternes, un éclairage plus dur. Cette séquence d'ouverture est une très grande réussite, tant visuelle qu'horrifique quant aux conditions de la mort de cet homme. Puis les auteurs entrent dans la phase narrative principale : suivre Simon Moore, ancien policier, dans une enquête sur la mort de cet astronaute, a priori un simple accident. L'ambiance sur Terre est plus proche de la réalité contemporaine, sauf pour ce qui est de l'intérieur de l'appartement de Moore, totalement immaculé.



Le principe d'une enquête policière est souvent délicat à mettre en scène dans une bande dessinée car elle conduit souvent à des scènes où les personnages ne font que parler pour échanger des informations ou pour des interrogatoires, et leur nature artificielle ressort plus fortement avec des dessins montrant les protagonistes en cadrage assez serré dans une suite de case avec des têtes en train de parler. L'artiste ne parvient pas totalement à échapper à ces mises en scène, mais elles sont assez espacées, avec un jeu d'acteur adapté pour que la narration visuelle n'en devienne pas pesante. En outre, l'intrigue est telle que les démarches de l'enquête sont régulièrement contrariées par des événements extérieurs qui ont une nature plus visuelle. Le lecteur prend donc patience car lesdits événements apportent également des informations sur la situation globale, sur le contexte. Le scénario est bien ficelé et le lecteur ne peut pas s'empêcher de supputer sur la culpabilité de deux ou trois membres de l'équipage, voire sur la fiabilité des observations de Simon Moore qui traverse une phase de sevrage sévère. Sur ce plan-là, l'histoire s'avère prenante et elle relève d'une forme de polar assez déstabilisante. Effectivement l'enquête fait ressortir des conflits d'intérêt personnels, mais aussi politiques, et économiques, ainsi qu'une forme de terrorisme. Le lecteur peut s'interroger sur l'effet d'une telle mise en lumière systémique qui s'applique sur un univers fictionnel, et pas sur la réalité.



Le récit comprend également un mystère sur la mission réelle du vaisseau d'exploration à la recherche de ressources minières, ainsi qu'une dimension mélodramatique. Ces deux composantes apparaissent progressivement. En effet le décès de l'astronaute est lié à la mission de l'équipage. Cette facette du récit s'accompagne de visuels du vaisseau, et de quelques éléments extérieurs. Le lecteur voit bien que l'artiste se sert des camaïeux pour nourrir ses cases, en particulier celles où il ne représente pas le décor en arrière-plan. Pour autant, la sophistication de ces camaïeux évoque le travail de Bill Sienkiewicz dans les années 1980, dans ce qu'il avait d'audacieux, à un degré moindre, et ça fonctionne très bien pour installer une ambiance, ou souligner un état d'esprit. En outre, l'aspect apporte de la consistance et de la matière à chaque surface. Le dessinateur sait rendre compte de la volumétrie de chaque partie du vaisseau, des éléments techniques, de la froideur de ce milieu stérile, de la froideur hostile de l'espace. Chaque séquence dispose de son ambiance lumineuse spécifique, et Reis prend soin de concevoir un plan de prises de vue adapté pour chacune d'entre elles. Le lecteur se retrouve vite pris dans cette narration, avec une forte sensation d'immersion dans un immense vaisseau spatial, pas inquiétant, mais très fonctionnel.



Cette histoire est également celle de Simon Moore. Le scénariste explique d'entrée de jeu qu'il est sous traitement médicamenteux, et que quelque chose s'est mal passé quand il était policier. Il révèle petit à petit d'autre informations comme le fait que l'astronaute défunt lui avait tiré quatre balles dessus. La direction d'acteurs donne à voir un individu mal dans sa peau, un peu vaseux quand il a pris ses médicaments, très nerveux et anxieux quand il ne les a pas pris. Le jeu d'actrice d'Annabelle Madigan permet également de se faire une bonne idée de ses émotions, de son ressenti vis-à-vis de son ex-mari. Le lecteur sourit devant la réaction du capitaine Atsuto Drekker quand Moore impose un confinement provisoire à tous les membres de l'équipage en attendant qu'il les interroge. La narration visuelle donnant ainsi vie aux personnages, le lecteur éprouve de la sympathie pour le pauvre Simon, vu son état de dépendance, ainsi qu'avec les éléments d'information qui apparaissent progressivement sur son passé. L'enquête devient alors aussi une démarche cathartique qui n'a rien de banale ou de téléphonée, un processus d'évolution, de deuil complexe et adulte.



La couverture annonce une aventure dans l'espace sans en préciser la nature. Le lecteur découvre un polar, avec une dimension thriller politique, et un mélodrame. Rod Reis dessine et peint, mêlant les deux techniques pour un rendu très tactile, des sensations froides restituant bien l'ambiance spatiale, et sa direction d'acteurs donnent vie à des personnages complexes générant un bon degré d'empathie chez le lecteur. Les trois composantes du récit s'avèrent réussies et prenantes, s'entremêlant de façon organique, se renforçant les unes par les autres.
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