Interview de Laurence Kiberlain pour son livre 'Moyenne'.
Mon enfant est bien plus forte que moi, bien plus positive, et me force, moi, à me dépasser. En me forçant à me dépasser je suis positive et je l'aide. Enfin, c'est vraiment une espèce de cercle comme ça, positif. [...] Je me suis sentie très mal jeune pour des raisons plutôt courantes, j'étais très complexée et ça m'handicapait réellement et ça me freinait. Et j'apprends que quand on est vraiment handicapé, a priori c'est plutôt un moteur. Ma fille, son handicap, c'est un vrai moteur. Elle a envie de se dépasser, de faire toujours plus, toujours mieux. C'est quelqu'un de très positif. Alors parfois très angoissée, évidemment, elle se pose des questions sur son futur, comme elle va faire pour vivre dans cette ville toute seule [...].
- extrait de l'interview de Laurence Kiberlain, à propos de son livre 'Moyenne' (2013) ; elle évoque sa fille handicapée moteur, aujourd'hui âgée de 16 ans.
L'épreuve peut renforcer les liens d'un couple. Mais mon mari et moi n'avons pas vécu les choses de la même manière. J'avais besoin d'être heureuse malgré tout ; il avait besoin de vivre sa tristesse. Nous n'avons pas été présents l'un pour l'autre.
Je pense que quand j'étais petite j'étais plus handicapée que ma fille et beaucoup moins courageuse.Mes complexes me handicapaient, elle déteste que je le lui dise,elle me répond que je ne sais pas ce que c'est qu'etre handicapée. Elle doit avoir raison. Mais moi,sincèrement,je pense que je l'étais,je me sentais différente,et cela m'empèchait de tout!
J'ai l'impression que plus les années passent, plus mon passé se rapproche.
Je m'étais promis de mieux profiter après, et puis, avec le temps, le rythme bête du quotidien, le stress idiot, l'angoisse de ce qui peut survenir du jour au lendemain, la mauvaise surprise, m'ont envahie peu à peu de nouveau.
Ca ne peut pas être vrai, comment on va faire?
A 45 ans, je me dis encore, pleine d'espoir : "Quand je serai grande..." Je pense qu'en fait, à force, je vais directement passer de "Quand je serai grande" à "Je suis vieille", et je n'aurai jamais été grande.
J'ai toujours été moyenne en tout. Moyenne en cours, j'ai eu le bac avec la moyenne, j'étais moyenne à la fac, moyenne jolie, moyenne intelligente, moyenne intéressante. Ca a peut-être donné naissance à une espèce de "qualité" ? Le recul.