PARUTION - Mauvais garçon, de Laurent Bettoni disponible maintenant
PREMIER DE LA CLASSE LE JOUR, BAD GUY LA NUIT
Thomas est jeune et pauvre. Il croupit dans une cité de banlieue livrée à la pègre où il deale du shit pour le caïd local, afin de nourrir sa famille.
Thomas est brillant et travailleur. Fraîchement diplômé d'études politiques, il cherche un travail honnête à la hauteur de ses compétences, mais les portes lui restent closes. La zone le rejette, car il n'en fait plus partie. La bonne société le rejette car il n'en a jamais fait partie. Alors, où est sa place ?
Grâce à son ancien professeur d'université qui le prend sous son aile, il va peut-être finir par la trouver. Mais à quel prix ? Est-il prêt à renier tous ses idéaux et à commettre les pires horreurs pour échapper à la misère qui lui colle après comme une seconde peau ?
Mauvais garçon raconte l'histoire d'un endoctrinement, d'une radicalisation, d'une manipulation mentale. Il raconte aussi l'histoire d'une romance urbaine dans laquelle règne la confusion des sentiments, entre un maître et son disciple, entre deux jeunes femmes et un jeune homme. Il raconte surtout l'histoire d'une société qui, en fabriquant de l'injustice, enfante des monstres.
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Dormir, c’est pour les jeunes, pour quand on a toute la vie devant soi et qu’on se croit immortel. Dormir ne pose alors aucun problème. Mais plus l’échéance approche, plus la Faucheuse pointe son nez squelettique et plus on flippe. Di coup, on perd le sommeil.
Pouvait-on faire, deux nuits de suite, le même cauchemar ? Et surtout, les rêves pouvaient-ils laisser à ce point une sensation de réalité ?
Derrière un écran d’ordinateur, me disais-je, protégé par l’anonymat le plus total, aucun danger de m’investir émotionnellement, aucun risque de m’attacher à quiconque. C’était ce que je recherchais, ne plus éprouver de sentiments pour ne plus souffrir.
Je ne comprenais pas comment on pouvait vivre dans le virtuel.
Jekyl&hide m’a répondu que c’était virtuel mais incroyablement proche de la réalité, que c’était à s’y méprendre, totalement bluffant. Dans ce monde virtuel, chacun faisait évoluer son personnage. On le créait soi-même – à son image ou d’une apparence tout autre, au choix. On pouvait créer d’autres personnages, et aussi se faire des amis, des relations, un entourage. Il n’y avait aucun frein à l’imagination. C’était comme un univers infini, en perpétuelle transformation, en perpétuelle évolution, un univers aux possibilités illimitées dans lequel on vivait à travers une reproduction de soi-même.
Un incident précipite les événements. Un incident qu’ordinairement j’aurais considéré comme anodin devient, en ces circonstances, la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
La femme que j’aimais avait assassiné quelqu’un avec préméditation, de sang-froid et en toute inconscience de ses agissements. Elle avait assassiné quelqu’un pour me faire plaisir et considérait ce meurtre comme une offrande. Elle déposait à mes pieds le cadavre de Solange, de la même manière que mon chat, parfois, y déposait une souris ou un oiseau, et elle espérait de ma part, en retour, un témoignage de gratitude.
La grosse faute, ce n’est pas la virgule mal placée, n’est-ce pas, ne devenez pas des « virgulards » ; la grosse faute, ce n’est pas ne pas savoir écrire « occurrence » avec deux « c » et deux « r », vous n’avez pas le temps pour ces conneries quand vous êtes en bouclage et que le rédac. chef vous attend pour le bon à tirer ; la grosse faute, c’est le contresens, l’erreur dans le titre ou dans la légende photo.
On laisse tous des fautes, c’est bien pour ça qu’il y a deux tours de corrections et qu’on fait des corrections croisées.
On ne tue pas les gens simplement parce qu’ils vous gênent ou qu’ils vous pourrissent l’existence.
L’amour en chair et en os m’avait tant démoli que j’avais fini par lui préférer le virtuel. Ces dernières années, j’avais écumé pas mal de sites Internet, sur lesquels je consommais mes relations ou mes conquêtes d’un soir à haut débit sans y perdre de plumes.