Lavanya Sankaran on the modern Indian society
« Pareil à un courant électrique , Vidya circulait dans le jardin, la véranda , le salon; elle accueillait les invités , les nourrissait , les présentait , riait , étincelait dans sa robe élégante que l’on pouvait voir briller , semblait - il, depuis tous les endroits du rez- de- chaussée en même temps.
Quand elle recevait , elle se mettait à rayonner , affichait une vivacité pétillante tout à fait charmante , balayait les compliments qui pleuvaient sur elle , tournait les yeux et la conversation vers son invité , le baignant dans un halo d’attention chaleureuse » .....
« Certaines rumeurs gênantes circulaient sur monsieur Sankleshwar : chicane judiciaire, pots- de- vin et connivence avec des politiciens corrompus ; on racontait qu’il s’intéressait aussi aux industries du cinéma er de l’alcool, entretenait des liens avec des réseaux de prostitution et avait parfois recours à la violence. Les ragots étaient sûrement exagérés , mais ils suffisaient à inquiéter Anand » ...
"Elle est vraiment charmante, avait dit Ma. Tu devrais la rencontrer. Elle te plaira.. Sa mère dit que c'est un vrai cordon-bleu. Et elle a reçu une bonne éducation traditionnelle. Pas de petits amis, ni rien de toutes ces sottises. Elle ne voudra pas aller travailler... et pourquoi le voudrait-elle? Nous avons certainement assez d'argent pour subvenir au besoin de cent épouses. Elle restera à la maison et ce sera une bonne compagnie pour moi."
C'était le problème. Ma semblait chercher une épouse plus pour elle-même que pour lui.
"- Ma, avait-il dit, si je veux une bonne cuisinière, j'en engagerai une.. Je ne pense pas que j'aie besoin d'en épouser une. Et qu'importe si elle a eu des petits amis ou non? Je veux une épouse, pas une nonne."
Dix ans plus tôt, l'endroit était entouré de champs ; depuis, il avait été englouti sous la banlieue, les usines et le vacarme de l'autoroute en construction. Le hameau rural était devenu un bidonville grouillant de travailleurs au service des particuliers et des usines. La piste étroite se transformait d'un coup en splendide route goudronnée. Le passage de la crasse à la grâce était net et brutal, marqué par un caniveau et rien d'autre. Ici le chaos. Là, le quartier de son employeur : des bungalows gigantesques, des cours pavées protégées par de hauts murs des jardins et des gardiens. Des maisons si vastes qu'elles renversaient les proportions des bidonvilles : ici, une pièce pour quatre habitants, là-bas, quatre pièces par occupant.