Citations de Léa Frédeval (47)
Comment garder l'espoir que notre vie sera un jour plus simple au vu de son commencement?
Je suis censée être neuve. Je suis pourtant usée, laminée, abîmée avant l'heure. Vieille avant l'âge.
Ta vie, c'est ta vie. Les autres, les gens, ne pensent qu'à eux. Même s'ils t'aiment, le choix final ils le feront pour eux, et toi, ma petite, tu passeras après. Tu dois être ton premier choix, tout le temps. Ca ne veut pas dire être égoïste, ça veut dire que tu as compris que la vie est courte et que tu n'en auras pas d'autre. Souviens-toi : il n'y a que toi qui compte.
Il existe deux manières d'être seule. Celle que j'ai connue n'est pas celle que j'aurais souhaitée. Élever ses enfants jour après jour aux côtés d'un homme qui n'est pas vraiment là, ça grignote et fait disparaître les contours. On devient la femme de, la mère de. Je l'ai accepté. Cette solitude s'impose comme seul horizon possible. C'est une fidèle compagne que je traînais derrière moi sans y prêter vraiment attention.
Vous, les « vrais adultes ». Je suis indignée de voir comment la jeunesse d’aujourd’hui est considérée, jugée, cataloguée. Je suis en colère contre ceux qui nous utilisent. Je veux interpeller ceux qui étaient là avant nous. Ceux qui ont oublié à quel point il est complexe et fastidieux de savoir qui l’on est, où l’on va et surtout pourquoi l’on s’y rend. J’écris aussi pour ceux qui aiment à penser que nos coups de gueule sont faits pour nous donner un genre. Je veux expliquer pourquoi nous sommes fatigués aux prémices de notre vie. Rendre compte de l’épuisement d’une génération qui vient à peine de naître.
Parce qu’on est jeune, on doit accepter toutes les douilles que la vie nous balance ? Parce qu’on est jeune, on doit être reconnaissant d’être embauché comme stagiaire pour remplacer un poste réel ? Parce qu’on est jeune, on vit mieux que d’autres dans neuf mètres carrés ? Parce qu’on est jeune, on a davantage les capacités de travailler 75 heures par semaine cumulant vie étudiante, boulot et stage ? C’est une blague ou juste un complot entre individus de plus de 30 ans pour se dédouaner de ne plus vivre ainsi ?
Bref, quand j’étudie, je me sens inutile, quand je travaille, je me sens une moins-que-rien et quand je suis en stage, je me sens usée.
Peut-être savez-vous de quoi je parle…
Léa 22 ans étudiante parisienne nous fait partager sa vie entre petits boulots, études, amis, amours... Constat d'une jeunesse différente de celle vécue par leurs parents liée au contexte économique actuel, aux réseaux sociaux, au rôle d'internet... l'incompréhension des parents, la crainte de les decevoir et cet énorme décalage entre études, stages obligatoires et la vie, un statut un peu flou, une période de la vie finalement complexe et pleines de questionnements.
Un témoignage plein d'humour qui fait réfléchir.
Livre qui a inspiré le film éponyme avec Louane.
Pense aux derniers mots de Mufasa: "N'oublie pas qui tu es. " Sauve toi sans écraser les autres. Sois confiant parce que tu n'as que ça. Autorise toi à rêver, profite de la moindre des épiphanies, du moindre des instants heureux que tu te donnes à vivre. Agis pour toi et personne d'autre parce que n'oublie jamais une chose : la seule personne avec qui tu vivras toute ta vie, c'est toi.
Nous sommes des élèves différents de ceux qu"étaient nos parents. Quand eux passaient des heures (voire des jours) la tête dans les bouquins à la bibliothèque à faire une recherche, nous obtenons aujourd'hui nos réponses en quelques clics, en une impression.
Ne surtout pas "finir" comme mes parents. Ce terme, finir, n'est pas méprisant. Il est juste le symbole d'un refus catégorique. L'idée de reproduire un schéma m'était insupportable.
Nous cherchons à protéger nos parents. Nous leur cachons la souffrance dans laquelle nous sommes. Nous dissimulons notre vie pour les rassurer, pour leur montrer que leur rôle a été rempli. Que nous sommes des gens biens. Qu'ils ne se sont pas tant loupés que ça.
Notre jeune génération est plus que celle de nos parents et impitoyablement plus que celle de nos grands-parents, une génération de mélange.
De cultures, de styles, d'envies, de capacités et de langages.
Pourquoi ? Parce qu'Internet est là désormais.
Le monde dans nos ordinateurs, l'univers dans notre téléphone.
Le Net nous habite. Mon père ne comprend pas (...) ma mère est effrayée (...) Mais nous, on vend, on achète, on tombe amoureux, on se quitte, on se déchire, se rabiboche, on trouve du boulot, sur la Toile.
Le réflexe Web change la vie.
Ce qui est enviable chez nous, c'est cette capacité à toujours paraître dix fois plus riches que nous le sommes.
C'est bien après, que la vie est censée être complexe ?
A partir du moment où l'on a un vrai patron, des impôts à payer, un crédit sur le dos et des marmots à élever en plein divorce. C'est cette partie-là de l'existence qui est supposée nous en faire baver, non ?
Un sésame de vieux cons à mon sens : "C'est normal, t'es jeune."
Quand ces mots arrivent à mes oreilles, mon sang ne fait qu'un tour.
J'ai envie de me lever, de crier (...) Comment ça, "c'est normal" ?
Parce qu'on est jeune, on doit accepter toutes les douilles que la vie nous balance ? Parce qu'on est jeune, on doit être reconnaissant d'être embauché comme stagiaire pour remplacer un poste réel ? Parce qu'on est jeune, on vit mieux que d'autres dans neuf mètres carrés ? Parce qu'on est jeune, on a davantage les capacités de travailler 75 heures par semaine cumulant vie étudiante, boulot et stage ?
C'est une blague ou juste un complot (...) ?
J'ai toujours eu plein de choses à dire. J'ai toujours réfléchi sur moi, sur nous, sur eux et accessoirement sur le reste. (...)
J'ai envie de raconter, de tout dire, de rendre compte de ce monde qui tourne mais qui ne tourne pas toujours rond. (...)
Comprendre et expliquer où l'on se positionne face à l'inévitable communication actuelle, aux institutions coercitives et à l'avenir tout simplement.
Tout ce qui constitue notre quotidien,
nos joies illuminées comme nos pensées les plus noires.
Ma colère est un moteur. Un moteur alimenté régulièrement, qui tourne depuis toujours et ne demande qu'à s'emballer. C'est grâce à elle que j'ai tenu toute une vie. Elle me protège. Elle attaque pour prouver que je suis capable de me défendre. Je sais bien que ce n'est pas facile pour ceux qui m'entourent, que c'est même injuste, mais je n'ai jamais réussi à faire autrement. Si je la fait taire, je m'abîme. Et pour ce qui est de m’abimer, les autres s'en chargent déjà assez.
Je suis comme ça et si ça ne convient pas, à dégager.
Quand ils se séparent, les parents disent tous la même chose : rien ne changera. Ils jurent qu'ils aimeront les enfants de la même manière et que la famille demeurera intacte. Mais aucun ne sait vraiment comment cela va se passer. La tendresse dans son regard a peu à peu disparu. Le père refuse de reconnaître dans la jeune femme l'enfant qu'il aimait autrefois. Certain de ne plus devoir s'occuper de moi, que je sais et doit le faire seule désormais, il se cache derrière l'idée qu'il me serait inutile. Comme un poids. Mais c'est moi qui lui pèse. Je fais partie du passé, je suis la preuve tangible d'un autre vie, d'une autre histoire avec une autre femme. Son présent à lui, c'est cette famille toute neuve. Moi, je suis périmée dans son cœur. J'ai longtemps attendu que mon papa revienne, qu'il ressente le manque de moi. Je suis passée par toutes les émotions. D'abord la colère d'être mise de côté. Puis la tristesse de disparaître sans remous. Je suis en train d'accepter que plus rien ne sera comme avant. Je fais le deuil de quelqu'un qui vit.
-Mmm, mmm.
J'ai toujours entendu ce son. Mmm, mmm. Un fa puis un sol dièse. J'ai vérifié. Ni une réponse ni un acquiescement. Ni chaud ni froid. Chantant, mais pas jugeant. A la fois surpris et perplexe. Elle fait ça aussi quand elle n'a pas bien entendu mais qu'elle tient à donner le change. Le reste du temps, c'est a trop bien entendu et qu'il vaut mieux qu'elle ne réponde pas.
La sobriété est sincère, sinon c'est que l'on cache quelque chose.