Ta main tient la mienne. Tu disais que j’étais le soleil de ta vie, l’étoile qui brillait dans ta nuit, que j’étais ton chemin. Si je levais les yeux au ciel devant tant de niaiseries, tu pointais la tache de naissance sur mon omoplate. Les sciences n’étaient pas mes matières de prédilection mais j’en sais suffisamment pour me rappeler que le soleil, comme toutes les étoiles, a une durée de vie limitée. Un jour, il s’éteindra. Il faut croire que le nôtre a brûlé trop vite.
Je reste en retrait. Je prends le temps de les observer, d'imprimer les détails de leurs visages. Des infimes parties d'eux comme ces milliers de fils indestructibles qui forment ma nouvelle vie.
Je suis en colère parce qu'il est plus facile de laisser ce sentiment exploser que d'accepter les émotions contradictoires qui se bousculent au fond de moi. Elle sert à ça, la colère. A camoufler ce que l'on n'est pas prêt à accepter, à recouvrir la mélancolie sous un parterre de mauvaise foi.
Elles se sont éloignés comme on s'éloigne en grandissant. Parce qu'elles ont fait leurs études dans des villes différentes. Parce que Valentine a choisi de partir. Parce que pour Élisa, il était plus facile d'accepter ce départ que d'affronter la colère de son amie.
Elles se sont éloignés parce qu'à l'adolescence, les coups ne sont pas forcément physiques, mais blessent tout autant. Ils fissurent la confiance en soi, griffent l'âme et égratignent l'ego.