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Citation de Alzie


Alzie
21 décembre 2017
Les parenthèses de bonheur ne sont pas si nombreuses dans La Guerre et la paix pour que l'envie d'y regoûter me prenne parfois souvent à l'approche de Noël (Je me réfère ici pour les citations à l'édition de la Pléiade). L’hiver 1806 par exemple tel que raconté dans le roman est un moment de grâce dans l’épopée somptueuse et tourmentée de Tolstoï, oubliées tout d'un coup les pages dévolues aux stratégies militaires des Koutouzov, Bilibine et autre Bagration...

La bataille d'Austerlitz vient de faire rage et bien qu'une nouvelle guerre avec Napoléon soit déjà envisagée l’écriture de Tolstoï déborde d’une légèreté et d’une gaité communicative innondant encore les pages d’aujourd’hui. Chez les Rostov à Moscou où le temps semble s'être suspendu jeunes gens et jeunes filles se sont retrouvés : Nicolas, son ami Denissov, Dolokhov avec qui il est également lié, Vera, Sonia et Natacha.

« L’automne venu, les Rostov regagnèrent Moscou. Au début de l’hiver, Denissov y revint également et descendit chez eux. Cet hiver de 1806, le premier que Nicolas Rostov passât à Moscou, fut l’un des plus gais, l’un des plus heureux que cette famille eût connus. » (p. 422).

Arrivent les fêtes de noël, occasions pendant plusieurs jours, de bals, de rencontres et de festivités. Extraits :

« La maison des Rostov était imprégnée à ce moment de cette atmosphère amoureuse particulière aux maisons où il y a de très jeunes et très jolies filles. » (p. 423)

Un peu plus loin encore :

« Le troisième jour des fêtes de noël […] Jamais encore chez les Rostov l’air n’avait été à ce point saturé d’amour. » (p. 425)

Enfin, point d’orgue de ces fêtes, le bal chez Iogel :

« A peine entrée dans la salle Natacha céda à son penchant amoureux. Sans distinguer personne en particulier, elle s’éprit de tout le monde à la fois… » (p. 428)

... Et vient sa mazurka endiablée avec Denissov (p. 430) :

« Il sortit de la rangée des chaises, saisit vigoureusement la main de sa danseuse, redressa la tête et tendit la jambe, attendant la mesure. En deux occasions seulement – quand il était à cheval et quand il dansait la mazurka – la médiocrité de sa taille passait inaperçue, et Denissov devenait pleinement le rude et beau gaillard qu’il voulait être. Quand son tour fut venu, il coula vers sa danseuse un regard à la fois plaisant et vainqueur, fit un brusque appel du pied et bondit comme une balle élastique, entraînant Natacha dans la danse. Il parcourut ainsi sur un seul pied la moitié du salon, sans faire le moindre bruit, sans paraître voir les chaises placées devant lui ; il allait, croyait-on, s’y heurter quand soudain, jambes écartées, éperons sonnants, il s’arrêta un instant sur ses talons, en multipliant les appels de pied fit une volte rapide, et rejoignit la chaîne des danseurs le pied droit battant sans cesse contre le gauche. Natacha devinait chacune de ses intentions et s’y abandonnait inconsciemment. Tantôt il la faisait pirouetter par la main droite ou par la main gauche ; tantôt se mettant à genoux, il lui faisait décrire un cercle autour de lui, puis, soudain redressé, il reprenait sa course furieuse comme s’il voulait d’un seul élan parcourir toutes les salles ; tantôt il s’arrêtait inopinément pour exécuter une figure imprévue. Quand, après une magistrale virevolte, il immobilisa sa danseuse juste devant sa place et s’inclina dans un dernier tintement d’éperons, Natacha n’eut même pas la présence d’esprit de lui faire la révérence. Elle fixait sur lui ses yeux souriants, étonnés et paraissait ne pas le reconnaître. »

Pour ce noël délicieux de 1806, sa jeunesse, le plaisir d’une danse : Livre 2, 1ère partie, chapitre 10, 11, 12, p. 422 et suivantes.
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