Citations de Léonard Anthony (69)
Si le monde peut s’imposer sans arrêt à nous, c’est avant tout parce que nous lui laissons la porte ouverte.
Être son meilleur ami, distinguer l’essentiel et laisser tomber l’accessoire, prendre du recul, saisir le temps, faire taire le bruit du monde et s’évader même sans bouger, vivre sans contraintes inutiles, prendre soin de son corps et l’aimer au fil des années…
Nous avons tendance à nous laisser entraîner sans arrêt dans des micro batailles qui, menées à longueur de temps, nous épuisent sans rien nous apporter.
En inventant l'agriculture, immense progrès pour l'humanité, l'homme s'est aussi enchaîné, puisqu'il a dû cultiver sa terre, semer, récolter, répondre aux impératifs de la nature, bref : produire. Puis la révolution industrielle a vu l'apparition de machines censées faciliter le travail humain. Il suffit de se souvenir des Temps modernes de Charlie Chaplin pour en trouver une parfaite illustration. Résultat ? Des cadences infernales. Et la révolution numérique supposée nous simplifier la vie a ajouté un fer de plus à nos poignets : le smartphone, la smartwatch, etc. En étant joignables tout le temps et n'importe où, nous avons réussi à devenir encore plus esclaves de la productivité, confisquant le temps du repos et de la récupération.
Mais la pathologie du sommeil la plus grave est notre manque de considération pour cette fascinante possibilité de ressources qui est à notre disposition.
Elle ne consomme rien, au contraire nous épargne, permet d'accéder à un monde de sensations et de rêves, génère de l'énergie pour le lendemain, parfois nous aide à solutionner des problèmes. Nous pourrions arrêter de faire de nos forces des maladies !
Accepter de se voir vieillir ouvre à une certaine sérénité… dans une forme de nonchalance apaisante.
Dans le Livre de la Genèse, qui figure dans la Bible, il est écrit : « Le septième jour toute l'œuvre que Dieu avait faite était achevé et il se reposa. » Que nous soyons croyants ou pas, nous serions bien présomptueux de penser que nous, simples mortels, n'avons pas besoin de ce repos que Dieu, l'infatigable, s'accorde pourtant et qu'il nous demande de nous accorder aussi. Si nous voulons faire un geste, pour nous, les autres, pour la planète, alors il y a peut-être un soir, et peut-être un matin où il serait temps... de temps en temps... de prendre le temps, de se donner le temps... de ne rien faire un instant. De là naît la possibilité de se reposer vraiment, et de trouver une alliée, pour soi, pour tous, au cœur de la fatigue.
Et c’est uniquement parce que vous serez confortable, placé au centre de votre existence que vous pourrez vous occuper de vos proches et des autres sans y laisser vos forces.
Vous ne pouvez pas tout affronter. Pas tout le temps, pas tout seul. Vous ne pouvez pas être responsable de tout. Et pourtant, il est édifiant d’étudier l’agenda de certaines personnes ployant sous une charge mentale écrasante. Pour elles, tout est faisable et elles ne voient même plus la possibilité d’une impossibilité physique, d’une limite à leurs responsabilités. Elles sont capables de passer une partie de la nuit à travailler. De se lever avant l’aube pour faire le repassage. De se priver de déjeuner pour faire une course. J’ai remarqué que pour elles, la dimension temps n’existait plus : quand une nouvelle corvée se présente, elles ne se demandent pas si elles ont ou non le temps. Elles sautent cette étape-là, et sans se poser de questions, ajoutent une ligne à leur emploi du temps, qui finit par ressembler à un mille-feuille étouffant.
Le bien-être, c’est peut-être accepter de s’abandonner parfois au repos. Ne rien faire et rester un instant en silence, pendant la journée. C’est accepter d’abandonner le rôle que nous jouons, quand nous faisons semblant d’être en forme et disponible, et affirmer simplement que nous sommes fatigués et que nous avons besoin de vraiment nous reposer.
« La guérison, c'est être bien situé dans son existence en fonction des éléments qui la constituent. » (p. 91)
Le thérapeute ne doit pas avoir un moyen d'arriver à son but, soit il est dans le but, soit il n'y est pas du tout.
L'acceptation de soi-même, dans sa singularité, permet de gagner un immense espace de liberté et le respect de son entourage. les superhéros, comme les humains les plus sensibles, naissent avec un superpouvoir, mais sans le mode d'emploi qui va avec.
Ne négligez pas la position d'observateur dans les débats déchaînés. Elle vous préservera de bien des échanges inutiles, source de discordes, sans la moindre influence sur la réalité, autre que celle de votre fatigue.
Plus on fait de la fatigue une alliée et plus on se met à vivre.
« - Ça me ramène à une chose que vous avez dite dans le livre : "La psychanalyse a été cette canne creuse où un ver à soie fut transporté d'un siècle à l'autre sans que les douaniers sourciers en aient conçu le moindre soupçon."
- Oui. Pour moi la psychanalyse a transporté l'essentiel de l'hypnose. Mais les psychanalystes ne s'en sont pas aperçus. Ils ont tout transporté dans un registre de compréhension plus intellectuelle. Pas tous, mais la majorité. Freud était ambigu sur cette question. Les meilleurs le reconnaissent quand même. Lacan n'avait aucun doute là-dessus. » (p. 70)
« Il y a deux tendances chez Chertok. Premièrement, il voulait prouver les choses comme un savant, avec l'hypnose expérimentale et la brûlure provoquée par une pièce simplement posée sur un bras. Et puis il y avait l'autre face de Chertok, je raconte ça dans le livre en parlant de l'hypnose sèche – c'est-à-dire celle où l'on ne fait rien et où il se passe des choses étonnantes. […] Alors on comprend qu'aujourd'hui, dans notre culture, on tend à réduire l'hypnose à une machine, un effet de métaphore, etc. Je pense qu'on passe sous silence l'essentiel de l'effectivité de l'hypnose. » (p. 67)
« - Ce livre a été publié il y a maintenant vingt-deux ans. Avez-vous l'impression que la définition que vous donnez de l'hypnose aujourd'hui a évolué ?
- Oui, certainement. […] C'est une communication qui n'a pas besoin de se dire, mais qui est très dense. Et qui est antérieure à la relation, c'est ça qui est intéressant : on n'a pas à entrer en relation avec, on est déjà en relation avec. » (p. 58)
Nous nous épuisons, nous épuisons aussi nos proches, tandis que nous écoutons chaque jour la fatigue de ceux qui nous la confient. L’explorer, aller à sa rencontre nous a permis de ne plus en avoir peur et d’en faire une alliée, pour réinventer notre façon de nous reposer.
Notre conscience et notre intelligence ont doté la planète, a priori, d'un potentiel extraordinaire. Mais, malgré tous nos dons, tous nos talents, nous nous sommes epuisés, beaucoup trop, et nous sommes en train d'épuiser la planéte, ce qui parfois m'amène à remettre en question la nature même de cette fameuse intelligence dont nous nous vantons tant.