Ce livre sur l'emprise qu'un homme, un vrai, peut avoir sur une femme a ceci de particulier que, tandis que l'on descend une à une les marches de l'enfer, la narratrice préserve une distance ironique, grinçante, et parfois drôle, sur la déchéance morale qui la conduit à accepter l'inacceptable. La femme est une trentenaire suédoise sans passé précis mais on la sait littéraire, elle est polyglotte et interprète de métier. Elle rencontre un homme et s'installe avec lui, à Florence. Il est originaire de Bari, viril, cadre moyen dans l'industrie, costaud, plus âgé et laid. Elle croit qu'il s'agit d'un "petit gros inoffensif", elle le méprise vaguement, mais il n'y a pas de petit gros inoffensif, comme le prouvera la suite. Ils tombent amoureux, ou plutôt tombent en relation. Tandis qu'il s'autorise à voir d'autres femmes, elle tente de le garder en le manipulant mais à ce jeu, il s'avère beaucoup plus fort. De provocations mutuelles en disputes spectaculaires, il finit par la battre et elle voit dans sa possessivité une preuve d'amour... Elle rejette comme celui d'une vieille conne le conseil d'une psy qui lui dit que s'il la frappe, elle doit le quitter immédiatement, point. On se demande comment tout cela finira : mal, mais comment ?
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Quel roman époustouflant, magistral, captivant et dérangeant sur l’emprise et ses mécanismes !
Une jeune femme suédoise et polyglotte a pris un aller simple pour Florence. Elle a récemment démissionné d’un emploi de bureau, laissant tout derrière elle pour se réinventer dans la chaleur estivale de la belle ville ocre. Elle s’est installée chez son amant originaire des Pouilles, un homme moins instruit et qu’elle juge inoffensif et qu’elle transforme physiquement en une version plus attrayante, plus proche de l’image de l’homme qu’elle recherche, ce qui le rend également plus séduisant aux yeux des autres femmes. Et lui donne ainsi assurance et pouvoir, libérant le potentiel obscur et qui l’habite. Elle ne se sent pas supérieure bien longtemps, peu à peu, le pouvoir change de mains. Cet homme narcissique prend l’ascendant sur elle.
Leur relation toxique devient de plus en plus malsaine et destructrice. Mais alors qu’on pense savoir comment l’histoire va se terminer, le roman prend une tournure inattendue…
Lina Wolff nous plonge avec brio au cœur d’une relation toxique où manipulation, soumission et violence sont des armes de pouvoir. Elle nous entraîne dans une spirale de violence sans issue. Observant cette relation au microscope, elle réussit à décrire parfaitement l'ambivalence des sentiments et émotions de la jeune femme, à nous faire ressentir son isolement, sa solitude et le malaise grandissant.
« La prise du diable » est un récit ensorcelant impossible à lâcher sur une tragédie qui concerne de trop nombreuses femmes. Une lecture qui vous hante longtemps après l’avoir terminée.
Je n’ai pas lu ses deux romans précédents traduits en français et celui-ci me le fait regretter. Je vais évidemment me les procurer (j’ai été étonnée de constater qu’ils n’étaient pas disponibles en Poche…).
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