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Citations de Lionel Ray (229)


 
 
Toi qui n'existes pas et qui habites
quel pays quelle parole,
toi qui n'es d'aucun lieu
sinon celui que dit le poème.

Tu écoutes ce léger bruit d'eau
qui circule dans l'air qui nous attend,
dans la transparence du feuillage
qui touche au bleu du soir.

Tes yeux sont dans la buée de couleurs
visités par un rêve qui n'a pas de mur,
tu as la bouche invariable

De l’enfance à Noël
inguérissable à la limite
immobile du grand sommeil.

p.241
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Je ne suis pas qui je suis,
ce masque dans la nuit anonyme
cette voix qui monte comme un fleuve
ni ces pas ne sont miens.

Nous sommes seuls dans ce pays
de sel de pierre de vent
dans ce grand incendie de paroles
dans ce miroir tournant.

Qui es-tu qui que tu sois
ce mort en travers de ma route
cette chose de sang et d'ombre
qui bouge et ne bouge pas.

Tu vis à l'écart de toi-même,
quel est ce visage absent
cet étranger que tu traînes
et qui rame à contre-courant ?

p.9
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TU CHERCHES LA LETTRE PERDUE


(EXTRAIT)
Tu cherches la lettre perdue
parmi les paroles errantes
tu cherches un nom dans un ailleurs
sans lieu.

La forêt dans l’oiseau
la voix dans le silence
le lointain dans le proche.

Mais tu es ta propre mesure :
si peu de jour, si peu de nuit,
Suspendu entre source et brasier,
Noué aux plantes incestueuses.

Tu es cette flamme enterrée
Qui ne se souvient plus       sauf
Un visage comme un grain d’ombre.

p.205
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Une sorte de ciel

APPARITION


Parfois le temps séchait sur les morts
Immobile.

Avec la densité de l'œil aveugle, un effet
De plomb.

On ne savait comment revenir selon l'herbe
Tendre la blancheur. Quel fil, quel accès
Où s'inclure dans l'atroce ellipse
Du corps le noircissement des abysses l'ombre
Obscène.
       Quelquefois un cri brisé
Ingénu : la langue durcit, les mots
Se retirent.

Comme un éclat de rire
              Dans le désordre des ténèbres,
L'autre qui est là
              entre le vide et le réseau des songes.

p.72
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                Une sorte de ciel

                    VŒU


                       Que ton nom ne soit pas
Seulement dans mon cœur une joie ou une blessure
Mais une réponse et ma demeure, mon destin
Annoncé. Ailleurs tout est vent et poudre et ruine.

Ici commence l'être, mon corps et ses larmes.
Lieu sans issue. Sera le lieu sans frontière du chant.
Lié ajointé porté en gorge en écriture
Mentale et incessante réapparition d'être,
Dans la pure oscillation de l'instant à
L'éternité      avec disposition d'accueil,

Les bras charges de roses.

p.70
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Résidence dans les froissements

CONTRE LE VIDE


L'œil s'égare. Un froid soudain par le monde.
Ne plus savoir. Ne rien vouloir. Rien. Non.

L'oubli. Une machine à vide, tournant.
Où suis-je ? Et quand ? Et qui ? Corps absent, étranger,

Au bord du jour, entre terreur et pitié,
Visible en aucun lieu dans l'effondrement

Dans l'informe dans l'effacement corps
Changeant indolore debout jusqu'à cette chambre

Imaginaire, corps dissocié, démenti.
Ce que j'attends ne vient pas, ne viendra pas.

Corps sans atteinte délié nocturne
Qui toujours crie et ne crie pas, dans le fouillis

Obscur des fables la profération des miroirs
L'émergement de l'autre l'abîme le même.

p.50
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Poésie, tu t'éloignes sans apparence de douleur,
Cela fait longtemps déjà.

Mais les arbres et les routes sont toujours là,
Les maisons résistent, les matins ré-apparaissent

Avec la liberté sans déchirure des vents,
La suave pluie, les baisers de rencontre, ...


Ainsi les voix que nous aimions sont à jamais
Glacées, captives de l'ombre et de l'opacité,

Sauf un enfant peut-être qui aura perdu le sommeil
Et qui regarde
l'éblouissante nuit.
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extrait de Un besoin d'azur


C'est ainsi qu'ils s'éloignent
                 les fleuves
toujours plus loin
         et jamais ne reviennent
si proches pourtant
                 avec la vie
qui lentement

            ne s'attarde pas.
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Terre au-devant de nous.
l’accent mobile des toits.
les villages de plein vent. l’écart des routes.
où sommes-nous ?

l’air étal sans retombée
vague après vague les heures les années
le manque et la douleur

lieu imaginaire lieu vrai
il fait un vent de rossignol et de forêt
vers la ville.
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Les objets se sont endormis, tu parles
dans leur sommeil, ils tombent
sans retour dans la parole.

Tu écoutes en eux d’obscures clameurs,
des confidences, des énigmes, des colères.

Avec les mots commence le monde
tu es dans le vertige immobile des choses
fixant l’horizon indécis du Temps.
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Résidence dans les froissements

L'ADIEU


Simple scène : un chemin à l'écart du monde,
La forêt qui devient pluie, taches de temps,

Toutes nos questions à la pointe des branches, nos chaînes,
La vie qui cherche un silence plus habité,

Tandis que, sans excuse, massif, titubant,
Encore noué à tant de vaines paroles, insoucieux

Des boues et des cendres, le siècle s'en va
Pourrir en paix.

p.26
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Une sorte de ciel

UNE VIE


Tu regardes un champ de tournesols :
C'est l'essaim du Septenaire
Avec des oiseaux qui accompagnent la lune.

Sous un préau d'école tu parles d'Eurydice :
Sa vie nocturne en ce poudreux vitrail,
Le bleu abandonné, sombre.

Tu reviens. Est-ce moi ? Celui qui s'étonne
Et qui cherche parmi les robes et les voix
Comme dans un parc de Watteau avec
Des gestes pâles une patrie naissante
Ou         Venise recommencée.

Tu passes d'imperceptibles frontières : où sont
Les châteaux les bagues les noms anciens
Comme des bleuets ô jeunes filles ?

Tu vieilliras parmi les saisons et les morts.
Ta mémoire se tient à distance,
Pensive. Un train que nul ne prendra plus
Disparaît         dans la nuit.

p.69
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LE PONT


Il y a une heure où tout se fait abîme. Une
Heure seule entre sommeil et insomnie entre

Bruit et silence entre gémir et crier, une
Où le temps brûle au ralenti au fond des larmes

Et qui se perd comme l'eau des orages ou ces bribes
D'étoffe aux buissons çà et là, une heure seule

Entre les doigts désespérés de l'âge, entre un
Soleil de soie et les prés profonds de juillet,

Une heure entre brume et fatigue, entre la chair
Affamée et l'innocente aventure d'être.

Une heure où l'on se regarde au reflet du Temps
Disparu comme au geste d'effacer au coin

Des yeux les rides, une heure comme un lieu d'ombre
Entre les mots et la mémoire : je passe je demeure.

p.14
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PROFIL ANXIEUX

Toi ma vie comme un oiseau simple
Qui chasse l'hiver, viens approche regarde

Qui je suis avec mon sourire d'aveugle mes mains
Qui ne saisissent que des ombres, toi rugueuse et âpre,

Œillet artificieux, songe à la neige de mars
Aux dieux que j'ai perdus à ces portraits profonds

Massifs qui interrogent le silence des années
Épaisses avec la grise indifférence de ceux

Qui sont partis. Songe aux traces peintes
Sur les murs les cahiers d'enfance le très vieux cèdre

Aux chiffres à nos effrois ces dépouilles pour musée
Lointain ces rêves blancs et noirs et ce qui reste…

Songe songe ma vie à la nuit qui m'éclaire
Tant de débris de grimaces et de dieux périmés.

p.45
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PROSE AU TABLEAU NOIR


Salut à l'imperceptible jardin du fond de l'œil !
Aux paupières de l'instant bref ! aux cils secrets !

Salut à la haute page où s'inscrit le jour
Successif ! à cette roue d'éclats et de fumées !

Et salut au silence des racines ! aux passions obscures
Terreuses irrémédiables tournées vers le désastre,

Vers des châteaux de longue attente sans personne !
Et nul ne sait ce que les mots en ont appris :

La joie et ses couronnes l'afflux sans voix du sang
Le suspens des voix, l'imprononcé souverain !

Salut au projet de retrait à l'effacement !
À la plume des mots qui nidifient dans la forêt !

Et salut à ceux qui s'érigent dans la parole
Aux lèvres fascinées parmi javelles et vaisseaux !

p.9
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L'ABSENTE


À l'instant d'une pensée ce petit tremblement
Des lèvres, elle se lève s'imagine au miroir

Regarde et sur le point de dire quelque chose qu'elle
Ne dit pas, une pensée déjà brillante et proche

Du soleil, sablier pour la seconde mémoire
Celle des eaux du dessous et l'aventure de vivre

En surgissements en étonnements, pensée qui cherche
En soi les signes une langue sauvage langue des îles

Ou d'enfant aux cheveux défaits avec des voiles
Autour des épaules, grise de poussière, ou cette

Voix dans l'éloignement au téléphone qui vous
Reporte aux jours jacinthe de jadis :

Une musique onduleuse qui pose sur vous
Ses mains transparentes et qu'on entendra plus.

p.49
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LA DÉPOSSESSION


Comme si j'étais sans voix dans le poème qui
S'aggrave avec l'immense approche de la Nuit !

Comme si j'étais ce mort incessant dans les eaux
Du dessous, dans l'œil des pierres et le soleil froid,

Innommable, dans l'escalier tournant jusqu'à
Des chambres imprévisibles, dans la plaie de l'os

Et le regard insulté, ce mort qui dresse partout
Sa tombe ! et qui gémit des violences du soleil.

J'étais comme un qui a perdu le goût de vivre
Avec dans la gorge un bruit de clefs, sanglots d'automne,

Et la mémoire comme une écume autour d'une île !
J'étais sans autre voix que ces blessantes lueurs

De neige sur les chemins de nulle part
Qu'interrogent les pas d'inconnus égarés.

p.48
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L'AUTRE VISAGE


Ce qu'il y a derrière la porte : un soleil
Obscur et qui s'épuise comme un oiseau menacé

Ou ce serait la mort qui flambe dans le brouillard.
Ce qu'il y a : quelqu'un qui s'arrêt un instant,

Tient son souffle suspendu regarde puis repart
Vers un bouquet de roses rouges qu'il a connues

Autrefois et qui font des flammes frêles dans sa mémoire
Derrière la porte. Ainsi tu t'appuies contre le temps

Revenant toujours au même vertige et tu cherches
L'autre visage que balaie un feu grave chargé

D'ombres. Tu l'invoques noué au silence à l'influx
De l'eau presque noire, tendu vers des paroles

D'écart, des attentes, des renoncements, instruit
Par ces lèvres sans mémoire, ce foisonnement de l'invisible.

p.47
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être ou ne pas naître


______________________________________________________
… la violence est illisible. l'agresseur qui dans la rue
Souriait aux mères, c'était cela ( jamais une parole
Ne brille) ainsi naît le vieillissement sans référence
Dans une salle minuscule où le don d'insouciance
N'est pas comparable à une pile électrique. ainsi
Tout se passe en dehors de nous : « ils vont être
Mangés » disait le commissaire irréductible regardant
Une carte d'Europe où la Corse ne diffusait plus
Aucun pollen — tandis que d'autres s'épanchaient. on
S'épuise on éructe on fouille on creuse on s'enfouit.
Le jeu des clans dans la proximité asphyxiante
N'avait rien d'une aventure musicale. voyez-vous ça
Les saisonniers les ardents timoniers les nautoniers !
La route ne traverse pas la colère des aveugles
______________________________________________________

p.18
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Ce tas d'épines compliqué, le cœur,
Le travail du sang: un village
Derrière la colline un soir de septembre,
Des chiens qui courent à travers tout
Et qui cherchent on ne sait quoi. Ici
Quelquefois se défait la distance :
Il semble qu'il ne fera plus jamais froid.
C'est la nuit, rien ne bouge. Nous sommes
Ici et partout. C'est le lieu pur
De la nuit. Rien
Ne bouge. Ne bougera. Ne vieillit. Ne
Vieillira. Rien ne tremble.
A cause de ce qui n'est pas,
La Nuit qu'on voit et ne voit pas.
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