Liz Fenton

Je jette un coup d’œil à mon Iphone. Mon visage se crispe un instant en constatant que Max n’a toujours pas répondu à mon message. Julia, à qui rien n’échappe, remarque ma mine tendue :

— Qu’y a-t-il ?

— Rien, lui mens-je.

— Tu en es sûre ?, insiste-t-elle.

— Tout à fait.

Liam hausse un sourcil et je détourne aussitôt le regard.

— Tu sais, Julia, Kate a sans doute un peu la trouille à cause du mariage. À sa place, je ferais dans mon froc ! (Liam rit tout en se calant dans un transat trop petit pour ses longues jambes.) C’est pourquoi un petit remontant ne lui ferait pas de mal.

Il agite le whisky devant moi et je l’attrape de bon cœur. Tandis que je bois à petites gorgées, il approche son transat du mien, son regard soudain si intense que j’en écarte la flasque de mes lèvres.

— Mais, Kate, tu peux encore tout arrêter si tu n’en as pas envie. Tout le monde comprendra si tu ne te sens pas prête à te marier.

Je le regarde fixement, en clignant rapidement des paupières ; je sens les larmes monter à cause du whisky qui me brûle la gorge et ne sais quoi lui répondre.

Soudain,je comprends ce que doit éprouver Rachel en voyant sa fille désirer la présence de quelqu'un d'autre plus que la sienne.

« Personne n'est jamais tout à fait prêt pour quoi que ce soit. On fait seulement semblant pour que cela sonne juste, et cela finit par le devenir. »

Si elle avait appris quelque chose en perdant son identité, c'était bien qu'elle devait rester fidèle à elle-même.

C'était tellement comique, moi défonçant une voiture à quatre-vingt-dix mille dollars avec mon monospace de huit ans sur l'un des boulevards les plus célèbre du pays, sous les yeux de Kim Kardashian. C'est l'une des composantes qui cimentent notre amitié : nous nous rappelons toujours l'une à l'autre la nécessite de rire de soi-même.

Parfois, nos erreurs s'avèrent être nos plus grandes chances ; on ne peut pas vivre en mettant en doute tous les choix que l'on fait.
Pourquoi ?
Parce qu'alors on ne vit pas du tout.

C’est comme ça que je t’aime, affirme-t-il et nous rions tous les deux d’un air gêné.
Tu sais, je crois que l’homme que tu épouseras doit trouver ta « folie » attachante. La
personne avec qui tu passeras ta vie doit te comprendre, doit savoir qu’il n’y a pas de mode
d’emploi pour y arriver. Pourtant, c’est assez simple de te décrypter une fois qu’on a trouvé
la clé pour pénétrer dans ton esprit. (Il hausse les sourcils.) Il doit accepter que tu puisses
les lui briser menu – et que tu le feras –, surtout quand tu veux que tout autour de toi soit
absolument parfait. Paradoxalement, il devrait aussi se rendre compte que tu as le don
curieux de faire de ses imperfections ses plus grandes qualités.

Le soulagement me submerge.Au moins,je sais où elle est,je sais qu'elle est saine et sauve.Et que j'existe toujours.

En fixant sur l’écran de l’ordinateur mon nouveau statut mielleux, je me demande si ces rabat-joie n’ont pas tout compris en décrivant les choses telles qu’elles sont (excepté bien sûr ceux qui parlent de théories du complot du gouvernement, ces gens sont simplement cinglés). De toute évidence, vouloir sans cesse donner à ma vie l’apparence d’une peinture idyllique ne me mène à rien. Peut-être est-il temps d’être sincère.

J’efface rapidement les mots mensongers que je viens d’écrire, rédige un nouveau statut et clique sur « Publier » avant d’avoir le temps de changer d’avis.

« Merci à tous pour vos messages. Je suis anéantie par cette rupture. J’aimerais pouvoir revivre le mois qui vient de s’écouler. Si vous avez des tuyaux pour remonter le temps, merci de les partager en MP. »