Louise Brévins

Trois lignes de présentation, deux clics, une photo floue. Maintenant que j'y pense, devenir pute est encore plus facile que de se créer un profil sur Facebook.

Au fond, on se vend tous. On se vend au recruteur pour avoir un travail, on se vend au mec qu'on rencontre sur un site de rencontres pour avoir un couple, on se vend à la fille du bar pour tirer un coup, on se vend au banquier pour obtenir un prêt, on se vend aux inspecteurs, aux clients, aux patrons, on suce à longueur de temps et on se fait baiser parfois. Au premier ou au deuxième degré selon l'attente, les besoins ou la situation.

- Je suis là parce que ma femme me dit non une fois sur quatre.
- C'est commun vous savez, ai-je répondu avec délicatesse.
- Quand même, c'est beaucoup une fois sur quatre.
- Tout dépend. Vous lui demandez souvent ?
- Tous les jours !
- Si mes calculs sont bons, ça fait quand même deux fois par semaine, ce n'est pas si moche, j'ai vu des situations bien plus ... problématiques.
- J'en sais rien. Quand j'étais jeune, j'en avais plus souvent.
- Je vois.
- Pourquoi ne me dit-elle pas oui tout le temps ? L'orgasme aussi est important chez les femmes, il leur fait du bien comme à nous ! Je ne comprends pas pourquoi elles s'empêchent de se faire du bien.
J'allais avoir cette conversation pour la millième fois mais répondis avec douceur :
- Il faut comprendre que les hommes et les femmes n'ont pas les mêmes besoins. Sans vouloir entrer dans les exceptions, la plupart des hommes ont des besoins plus importants que les femmes.
- Ce n'est pas vrai.
- Regardez dans la nature, allez sur les bords de Seine. C'est le canard qui saute sur la cane ou le chien sur la chienne et non l'inverse. Vous voyez où je veux en venir.
- Ce n'est pas vrai, regardez-vous ! Il existe bien des filles comme vous ! Je ne peux que regretter que ma femme ne soit pas comme vous.

Une pute ? [...]

Allez Louise, on respire et on attaque. Il n'est pas forcément con, il est peut-être juste ignorant. [...]
- Vous la tannez pour avoir des rapports, elle vous dit non une fois sur quatre. Vous pensez vraiment qu'elle ne vous dit oui que lorsqu'elle en a réellement envie ? Personnellement, je pense qu'elle le fait pour vous satisfaire au moins 2 fois sur 4.
- N'importe quoi.
- Vous avez des enfants je crois ?
- Oui.
- Est-ce qu'un de vos enfants vous a déjà tanné dans un supermarché pour avoir des bonbons ?
- Oui.
- Vous les lui avez donné ?
- Non.
- Est-ce qu'il a continué à vous les demander ?
- Oui.
- Vous avez fini par craquer ?
- Je vois où vous voulez en venir.
- Alors, vous avez fini par craquer ?
- Oui.
- Et vous, étiez-vous satisfait d'avoir cédé ?
- Je l'ai fait pour qu'il arrête d'insister.
- Exactement.
- Mais parfois je leur dis non !
- Votre femme aussi vous dit non parfois.

Il ne peut y avoir de jugement que là où on le redoute. En assumant ce que je fessais, au claire avec moi-même, je ne laissais, moi non pus, aucune porte ouverte.

On ne peut demander à un seul être humain d'être le réceptacle de toutes les perversions, de toutes les déviances.
Là est la justification du tarif de la pute.
On la paie pour qu'elle se déshumanise, qu'elle se noircisse l'ame, à rester et sourire, à se taire.
Je me suis dit parfois que je pourrais en tuer un. Qu'il prendrait pour tous les autres

La vraie pauvreté a cet avantage qu'elle ne fait pas perdre le sens des réalités. Donnez 10 millions à un pauvre, et son premier réflexe au moment de s'offrir des vacances sera de prendre un vol low-cost

Alors parfois, on accepte. On accepte qu'ils aillent plus loin que ce qu'on tolère pour qu'ils terminent plus vite et ne pas tout avoir à reprendre.
Et lorsque enfin, ils partent, tout satisfaits d'en avoir obtenu davantage, on se sent baisée, même sans pénétration

On a beau s'y efforcer, impossible de distinguer son corps de soi. Notre corps, c'est notre intégrité. En devenant une fille publique, l'intégrité est réduite à peau de chagrin. Toutes ces mains étrangères qui se baladent sur ton corps te donnent la sensation de ne plus t'appartenir, de n'être plus à toi-même. Quand un client ne respecte pas les limites que tu as posées, alors tu ne sais plus s'il paie pour une prestation ou s'il paie pour louer une personne. Mais ce distinguo fait toute la différence

Ce n'est pas la prostitution qui est sordide. Ce n'est pas l'acte de sucer ou de baiser qui est salissant. Ce n'est même pas le fait de payer pour ça. Ce qui est dérangeant, c'est d'utiliser un corps. Une personne dont le consentement est forcé par la nécessité. Personne ne devient pute par plaisir ou vocation. Il n'y a aucun accomplissement de soi, aucune poésie dans la puterie.

Ce n’est pas une question d’éducation, de volonté, de religion, d’âge ou de nationalité. Mes clients sont pères de famille, maris, grands-pères, étudiants, célibataires, ils sont plombiers, avocats, médecins, flics, paroissiens, artistes, informaticiens, cheminots, patrons d’entreprise, athées, juifs, catholiques, musulmans ; s’ils en ont les moyens, ils viennent. J’ai reçu chez moi vos maris, vos fils, vos frères, vos oncles, vos pères, votre curé, vos collègues ou vos potes. J’ai vu plus de queues qu’il n’en faut pour faire un Paris-Marseille en passant par les petites routes.

Être pauvre est un cercle vicieux infernal. La vie n’étant pas un Monopoly, quand on part avec rien on a des chances de continuer le jeu avec moins que rien. On essaie bien quelques trucs mais la vie, cette sale race, tente à répétition de vous achever aussi proprement qu’un toréador dans l’arène.

La vérité est crue. La vérité ne s'embarrasse pas du fardeau de la poésie. La vérité est froide, sans concession, aveugle et sourde à toute tentative désireuse d'embellir ou d'enlaidir son discours. La vérité est humaine, touchante, chaleureuse, crade, sèche, pauvre, misérable parfois. La vérité est le miroir de notre humanité, que Musset décrivait comme "sublime, imparfaite et affreuse." Sois humble car tu es fait de boue, sois fier car tu es fait d'étoile.

- Ce qui est très rare dans une vie, c'est de trouver deux personnes qui vibrent au même moment, de la même intensité, pour la même chose.

Aller chez McDo pour avoir une salade, c'est comme aller chez une pute pour avoir un câlin.
Proverbe populaire.

L'homme a besoin d'éjaculer exactement comme il a besoin de manger, de boire, de dormir et d'uriner. Cela fait partie de ses besoins vitaux et c'est pour ça qu'après avoir créé les grottes, les armes de chasse et les peaux de bison, il a créé la prostituée.

Etre pauvre est un cercle vicieux infernal. La vie n'étant pas un Monopoly, quand on part avec rien, on a des chances de continuer le jeu avec moins que rien. On essaie bien quelques trucs mais la vie, cette sale race, tente à répétition de vous achever aussi proprement qu'un toréador dans l'arène.

La puterie n'est pas un projet d'avenir. Il faut savoir s'arrêter, s'écouter, avant que le retour en arrière ne soit plus possible et que l'on ne devienne indifférente à notre propre corps. Indifférente à notre propre existence en tant qu'être humain, pour laisser naître un jouet, une poupée.

On ne peut demander à un seul être humain d’être le réceptacle de toutes les perversions, de toutes les déviances.Là est la justification du tarif de la pute.

Une pute n’est pas qu’une pute. Elle est aussi confidente, mère, amie, psychologue et thérapeute sexuelles.

J’ai fini par comprendre que le sexe, chez les hommes, est distinct, déconnecté du reste de leur vie. Ils peuvent aimer leur femme de tout leur cœur, si leurs besoins ne sont pas satisfaits ils iront ailleurs chercher ce qu’il leur faut.