Citations de Louise Tremblay D`Essiambre (537)
Ce n’est pas le fait de connaître son mari depuis le berceau, ou peu s’en faut, qui l’autorise à venir se fourrer le nez dans leurs affaires. Elle qui dit si bien la comprendre devrait avoir au moins appris cela.
Une vie remplie, versatile, enlevante. Riche en défis, en satisfactions, en rebondissements de toutes sortes.
La douce femme blonde, pas très grande. Une femme comme les hommes aiment. Fragile, tendre, qui appelle la protection. C’est peut-être pour cela que Robert a été attiré par elle. Pour sa douceur, pour sa mine de fleur à peine éclose, délicate, que l’on se doit d’entourer de mille précautions.
Dans le doute il vaut mieux s’abstenir.
Le silence. C’est la pire des défaites.
Elle a coutume de dire qu’il ne faut jamais repousser le rêve car c’est lui qui risque de se refuser à nous. Et comme il est bon de goûter, à grandes coulées d’air frais, ces quelques minutes de solitude volées à son sommeil!
J’aurais envie de dire que l’air a des senteurs d’apocalypse. Comme si le monde, en se débarrassant de son manteau de noirceur, se jetait tout entier dans un bain de jouvence pour en ressortir vivifié, rafraîchi, purifié des turpitudes de la veille...
À la création du monde, tout l’univers devait avoir cette transparence onirique.
Sans masque, sans faux-fuyant. Aujourd'hui, elle sait que l'on peut aimer deux hommes dans une vie. Avec une égale ferveur. Sans être malhonnête, sans mentir ni tricher.
Maintenant, elle est une femme vieillissante, qui en a plus long derrière elle que devant. Pourtant, en ce moment, le nez écrasé contre la vitre du train, Cécile a de nouveau vingt ans. Toute sa vie avec Charles s'estompe comme un rêve merveilleux qui se devait de finir. C'est son cœur de jeune fille qui bat en elle.
Constater que le quotidien n'est pas seulement un tourbillon fou qu'ils mènent chacun pour soi. Espérer qu'entre eux il y a encore de l'amour. Cette attirance qui fait trembler le cœur... Car Cécile, qui rêvait d'une existence entourée d'amour et d'enfants, souffre terriblement de ce manque de contacts entre elle et Charles. Cette tiédeur qui enveloppe leur vie. Ce vide en elle, de plus en plus profond.
Parfois, Dominique, même si on s'aime très, très fort, on n'arrive pas à faire des enfants. La... la nature est bien difficile à comprendre, tu sais. Bien capricieuse aussi. C'est un peu ce qui est arrivé avec ton père et moi. On s'aimait beaucoup, mais on n'arrivait pas à avoir de bébés. Alors, parce qu'on voulait avoir une famille comme tout le monde, parce que dans notre cœur il y avait plein d'amour à donner à un petit bébé, on a décidé d'aller te chercher.
Quand un homme et une femme s'unissent, il peut y avoir un enfant. Oui, il peut y avoir un bébé. Pas nécessairement à chaque fois, mais...
Comment il arrive que l'on ait envie de faire l'amour avec quelqu'un... Cette attirance entre deux êtres qui exalte la gêne et la pudeur pour en faire du désir... Ce plaisir que l'on ressent de se donner l'un à l'autre...
Elle n'est plus une enfant et sait se montrer raisonnable. Un amour comme celui qu'elle a connu avec Jérôme ne se présente qu'une fois dans une vie. Maintenant, elle est prête à l'accepter. Bientôt, elle va avoir trente ans. Il est donc normal que la sagesse remplace la fougue de ses vingt ans. Il est temps de songer à fonder une famille, elle qui se languit de tenir à nouveau un petit être dans ses bras. Elle en a assez de jouer les tantes gâteau. C'est mère qu'elle veut être. Du plus profond de son âme...
C'est doux, un souvenir qui sent les pommes. Peut-être une femme qui faisait de la tarte aux pommes... Mais, c'est loin tout ça, maintenant. Si loin... Ma... ma femme doit faire des tartes pour quelqu'un d'autre... Mais moi, je ne m'en souviens pas... Que les pommes dans ma tête. Je n'ai besoin de rien d'autre. Je veux seulement garder les pommes. Oui, juste les pommes...
L'odeur des pommes est la seule chose qui éclaire faiblement son esprit tourmenté. Cette senteur sucrée, de la fleur au fruit, ramène en lui un état d'éveil. Comme un retour à quelque chose d'important. Mais, chaque fois qu'il essaie de saisir le souvenir, celui-ci se dérobe, glisse, lisse et froid, comme une truite hors de l'eau et Philippe retombe dans la nuit de ses pensées qui ne débordent jamais du quotidien. Il aime qu'on le guide, qu'on lui dise ce qu'il a à faire et il conçoit une grande fierté quand on le félicite ou quand on le remercie. La vie, pour Philippe, est une suite de petits plaisirs de table, de sommeil confortable, de sourires amicaux. S'il comprenait le sens du mot heureux, il pourrait dire, oui, qu'il est un homme heureux. Placide, satisfait, content.
L'amour qui l'unissait à Jérôme était peut-être plus limpide. Oui, le souvenir de leur amour restera pour elle quelque chose de merveilleux. Jamais rien ne pourra éteindre la flamme qui brille toujours en elle! Ni le temps qui passe, ni même un autre amour. Mais c'est bien peu pour avoir envie de poursuivre son chemin. Surtout que, pour l'instant, c'est en solitaire qu'elle se voit emprunter la route devant elle.
Chacun vit ça à sa manière. Pis y a pas une façon de faire qui soit meilleure qu'une autre... C'est ben sûr! Mais viens pas dire que la vie t'a toute enlevé. Ça, c'est pas vrai. T'as encore ta jeunesse pis d'la santé, Cécile. T'as aussi plein d'monde qui t'aime autour de toi. À commencer par nous autres, icitte.
Il lui faudra faire le vide en elle et autour d'elle pour arriver à s'en sortir. Vivre le deuil de sa vie pour renaître enfin à l'avenir. Savoir reconnaître où est sa place. Et, surtout, l'accepter.