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Critiques de Lucas Belvaux (89)
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Les tourmentés

Deux hommes, une femme, brisés par la vie. Ce sont les tourmentés du titre, de vrais tourmentés.



Skender, vétéran de la guerre de Yougoslavie, puis mercenaire un peu partout sur la planète, clochardisé à son retour à la vie civile, détruit par ce qu'il a vécu et qui l'éloigne de sa femme et ses deux enfants : «  Je suis sans contours. Sans peau ni rien entre le monde et moi qui me protège. Rien qui me tient. » Un homme mort qui ne sait plus s'il est capable d'accepter que l'amour est une force, jamais une faiblesse.



Max, son mentor frère d'armes, lui a retrouvé un sens à sa vie comme majordome auprès de Madame : « J'avais commencé à vider ma tête de ses cimetières, ouvrant tombe après tombe pour exhumer les souvenirs enfouis, cachés comme des cadavres honteux. Je m'en libérais peu à peu. Ma mémoire se remplissait d'absences. » Il doit sa métamorphose à Madame, et est prêt à accepter pour elle la malédiction qui pourrait.



Madame, veuve fortunée et oisive, férue de chasse et de molosses, isolée du monde dans sa riche demeure : « Mes haines passées ne sont pas mortes. Je les sens en moi chaque matin au creux de mes tripes. Elles grouillent. Vivaces. Vitales. Ma haine m'appartient. Elle n'appartient qu'à moi. Je suis seule à y avoir accès. Je lui tiens chaud, je la nourris, elle me le rend bien. Elle n'est pas de celles qui rongent ou qui consument, au contraire, elle me trempe comme l'eau froide durcit le métal chaud. Elle me tient debout. En vie. Libérée de l'amour. Pourquoi la nier, la renier, en avoir honte.»



Trois personnages reliés par un contrat cynique, amoral, monstrueux, passé à l'initiative de Madame prête à tout pour le réaliser, y compris à rejoindre « ceux qui jamais plus ne pourront oublier, condamnés à entendre les pleurs des mères suppliciées et des enfants fantômes, à les voir tourner autour d'eux (…) Elle aura beau se laver, se frotter, s'arracher la peau et les cheveux pour en ôter ce qui y colle, rien n'y fera. Son crime la rongera comme l'acide, la brûlera comme le napalm. Jusqu'aux os, à la moelle. »



A partir de ce terrifiant point de départ, Lucas Belvaux raconte les six mois qui précèdent l'exécution du contrat. Dans des chapitres brefs, il alterne les points de vue du trio, enrichis de quelques chapitres consacrés à l'ex-compagne de Skender et d'un de leur fils, autant de flux de pensée, même contradictoires, qui laissent beaucoup de place à l'imaginaire et à la projection.



L'intensité psychologique est telle qu'elle met le lecteur sous tension permanente. Aucune tranquillité d'esprit pour lui, tout aussi tourmenté que le personnages par les enjeux qui se jouent sous ses yeux, sous leurs yeux, poussé à réfléchir sur les zones d'ombre et la vulnérabilité de la condition humaine, sur les ressorts profonds du sens à donner à une vie. Chaque membre du trio semble avoir besoin d'un affrontement pour s'éprouver et affronter le legs traumatique de leur passé respectif.



Avec une maitrise impressionnante, Lucas Belvaux fait se télescoper les émotions des personnages jusqu'à la moelle de leur être. Et la collision est d'autant plus forte que leur évolution psychologique semble reconfigurer chapitre après chapitre l'intrigue, comme si l'auteur les laissait conduire la trame narrative. Même son écriture évolue pour accompagner les transformations intérieures des personnages. Au départ courtes et nerveuses, les phrases s'allongent, se déploient plus largement, lyriques mais jamais trop. Jusqu'à une fin - inattendue pour un roman si sombre - qui cueille le lecteur et le surprend.



Un premier roman puissant et inspiré.



Lu dans le cadre de la sélection 2023 des 68 Premières fois

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Les tourmentés

« Si t'as pas une Rolex avant 40 ans t'as raté ta vie ! » assénait Jacques Séguéla.



Monsieur a réussi puisqu'il possédait plus de montres que de jours dans une année jusqu'à ce stupide accident de chasse qui brise sa carrière et laisse une épouse éplorée … en apparences.

Madame est veuve, libre, heureuse et riche, pas seulement de montres luxueuses, mais s'ennuie.



Max, son garde du corps, la conduit, prépare les repas et sort les chiens à l'heure de la pisse.

Madame confie à Max le soin d'organiser une chasse à l'homme dans son domaine des Carpates.

Max recrute Skender, clochard depuis sa sortie de prison, et lui fait signer un contrat de travail qui le condamne à une mort probable, moyennant quelques millions.



Max et Skender sont « Des hommes irréguliers », tels que définis par Etienne de Montety, formés par la Légion Etrangère et aguerris sur les théâtres d'opérations du 1° REI. Le sergent Max connait Skender, Yougoslave engagé en 1996.



Madame s'entraine avec Knol et Spartacus, un saint hubert et un berger allemand, deux redoutables chasseurs.

Skander s'équipe, s'entraine, et renoue, durant l'été, avec Manon, son ex, Jordi et Dylan, leurs jeunes enfants.



La rentrée scolaire approche et avec elle l'ouverture de la période de chasse. L'heure tourne. Les tourmentés sont face au destin qui sonne l'hallali …



Extraordinaire roman choral, où tour à tour, Skender, Max, Madame, Manon, Jordi et Dylan racontent leurs tourments, leurs espoirs, leurs rêves et leurs peurs. Puis leurs poursuites. L'auteur a le génie d'incarner chaque protagoniste avec son style propre et sa psychologie particulière, d'où une variété de regards croisés sur des réalités partagées mais affrontées différemment.



Ce premier roman de Lucas Delvaux place la barre très haut par son originalité, son rythme, son style, ses personnages … et surtout par son dénouement : « La vie. L'amour. La même chose ».

Un tourment prometteur qui apaise le lecteur.



PS : Des hommes irréguliers
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Les tourmentés

Un livre qui porte bien son titre : Les tourmentés. Ce sont eux:



Skender, l’homme vétéran qui n’est plus que l’ombre de lui-même à regarder de loin sa femme et ses deux enfants, il vit tel un clochard qui a tout perdu, jusqu’à l’estime de lui-même. Sale, l’âme noire, la faim au ventre, il n’a plus rien à perdre.



Puis il y a Max, un ami de la guerre de Skender accroché comme majordome à une richissime veuve. Il répond aux ordres de sa patronne lui vouant l’affection d’un homme solitaire que personne n’a jamais aimé. Alors il se donne, il obéit. Il assiste et corrobore.



C’est elle, Madame, qui est aux commandes de tout. Avec ses molosses à l’affut du sang. Elle, isolée dans son manoir, sans âme qui vive autour d’elle si ce n’est Max. Elle rumine, elle fulmine, ses tourments tournent à l’obsession. Son seul salut : la chasse.



Ces trois là vont se retrouver pour conclure un marché des plus cyniques. A compter de ce jour, leur vie ne sera plus la même.





Lucas Belvaux taille le portrait de trois tourmentés en fouillant chaque repli de l’âme humaine, il réveille les démons de chacun, leurs peurs ancestrales, leurs regrets. L’abject a ce quelque chose de fascinant que c’est cent pieds sous terre que l’homme retrouve son vrai visage, ses vicissitudes, ses rêveries d’adolescent. Sur une période de six mois, il alterne les monologues tourmentés de chaque protagoniste, Skender, Max, Madame mais aussi Manon (l’épouse) et les enfants. Pris dans la spirale de ce compte à rebours, je me surprend à haleter, à me sentir piégée par cette précision détaillant les tourments de chacun.





Roman noir où chaque émotion est sa place.

Roman psychologique où la tension est palpable.

Roman existentiel où les vérités ne sont jamais acquises.

Roman introspectif de vies incomplètes.

Roman surprenant inaugurant d’un final qui nous cueille dans un dernier soupir.





Premier roman d’un auteur belge que je vous recommande sans hésiter.
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Les tourmentés

Un trio diabolique, une thème et des personnages originaux pour un roman que l’on lit sous tension dans la crainte du pire !



Trois personnages :



Skender, un ancien légionnaire clochardisé et par conséquent mis à l’écart par son ex et ses enfants.



Max, homme à tout faire au service de Madame, qui vit des rentes de son mari défunt.



Ce qu’elle va proposer à Skender, et que je ne dévoilerai pas pour maintenir le suspens, même si on l’apprend assez rapidement dans le roman, est une proposition d’une perversion totale. Elle peut le sortir du marasme de sa vie actuelle et mettre à l’abri de tout besoin matériel sa famille, contre un deal à la fois tentant pour l’ancien mercenaire mais terriblement risqué.



Tous les acteurs de cette histoire se livrent les uns après les autres, confiant leur crainte et leurs angoisses, revenant sur les drames du passé et sur le chemin qui les a menés à ce qu’ils sont aujourd’hui.



J’ai craint, et cela a ajouté à l’angoisse pendant la lecture, un scénario digne de Karine Giebel, gore jusque’à l’insoutenable. Mais il ne s’agit pas de ça. Ce qui est traité, ce sont les aléas d’une vie humaine, ballottée au gré des choix plus ou moins risqués qui se présentent. C’est aussi, à travers le personnage de Skender, le rôle fondamental de l’argent pour s’acheter une dignité.



L’étude psychologique des personnages est remarquable et donne sa densité au récit.



Si je devais mettre un petit bémol, c’est le style uniforme des chapitres, qui fait que l'on identifie le narrateur par la relation qui l’unit aux autres et non par une façon de narrer. Le processus est volontaire, mais les premiers chapitres sont déroutants.



Premier roman très réussi pour son ambiance et ses personnages.

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Les tourmentés

Désolée mais je n’ai pas pu apprécier ce roman bien que je n'aie aucun doute sur la compétence de l'auteur. Si j’ai ressenti un début prometteur, j’ai vite déchanté, moi qui pensais me régaler d’un récit à couper le souffle, sorte de thriller, version téléréalité, ce qui à mon sens donnait le ton dès le départ, il n’en fut rien ! J’ai bien conscience que le problème vient de mon comportement de lectrice : j’ai besoin de serrer les dents, de m’engloutir dans le roman, de me pâmer avec les rebondissements, j'ai également besoin d'une action, même modérée… Et j’ai dû me plonger dans le mental de personnages avec leur personnalité, les connaissances qu’ils ont de la situation de Skender, notre héros, tantôt victime, tantôt battant, me confronter à une femme qui décide de tuer par caprice, par vengeance… contre qui ? Une Manon, ex épouse du héros, qui a bien des difficultés à se rendre compte de la situation du père de ses enfants, et pour cause. Jeu entre les personnages, complicités, règlement de compte, triste psychologie d’un ex légionnaire qui n’a plus rien à perdre…



J’ai trouvé tout cela long, très long, mais comme je n’aime pas abandonner les livres, je suis tout de même parvenue à la fin, une fin sans relief, peut-être apaisante.



Ne passez pas votre chemin pour autant, cela n’est que mon ressenti !
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Les tourmentés

Skender n'est, aujourd'hui, plus que l'ombre de lui-même. Ancien légionnaire puis mercenaire, il a tué, pour son métier, de par le monde. Évidemment, ça laisse des traces. Qu'il a tenté d'effacer à coup d'alcool et de cachets. Son épouse, apeurée, craignant pour elle et leurs enfants, ne supportant plus l'homme qu'il est devenu, le renvoie chez sa mère. Skender s'est alors isolé dans une cabane dans un bois, loin des hommes et de sa famille, après un séjour en prison. Aujourd'hui, il vit comme un clochard... Max, son frère d'arme, lui, s'est inventé une nouvelle vie auprès de Madame. Homme à tout faire, chauffeur, garde du corps, il est à son service H24 et se plie à toutes ses volontés. Même à celle, la plus inattendue et amorale, d'une chasse à l'homme. Et ce gibier, Max l'a tout trouvé en la personne de Skender...



Skender n'a plus rien. Et n'est plus rien. Sa vie ne vaut plus rien non plus... Jusqu'au jour où Madame lui propose, pour 3 millions, d'être sa cible vivante. Et cette chasse à l'homme, inavouable, scandaleuse, cynique, qui se passera sur une réserve dans le nord de la Roumanie, Skender a 6 mois pour s'y préparer. Aussi bien physiquement que mentalement. Mais, avant cela, avec le premier million reçu, il va renouer avec sa femme, Manon, et ses deux garçons, Jordi et Dylan. N'oubliant jamais que Madame se prépare, non pas à l'affronter, mais à le tuer. De cela, il en est presque sûr, de même que Max. Et ce sont ces six mois avant le jour fatidique que Lucas Belvaux déroule gentiment, passant de l'un à l'autre personnage, se mettant dans leur peau, dévoilant leur âme et états d'âme. Chacun avec ses ressentis, ses doutes, ses renoncements, ses interrogations, ses rêves, ses craintes, ses espoirs, ses regrets, ses démons, son passé. Six mois haletants, oppressants au cours desquels la tension monte... jusqu'au dénouement inattendu.

Un premier roman habilement construit, remarquable de par ces personnages singuliers et cette ambiance lourde. Un roman sans ménagement...







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Les tourmentés

Après dix ans, Skender et Max se retrouvent, et Max présente Skender à « Madame », qui propose à celui-ci un contrat très particulier.



Mais reprenons. Parmi les membres de ce trio infernal, nous avons :



- Skender, ancien légionnaire et mercenaire abîmé, traumatisé, incapable de reprendre sa vie de famille tranquille avec Manon et leurs deux enfants, et qui, en conséquence, devient SDF.



- Max, ancien mentor et chef du précédent dans toutes leurs missions, des plus propres au plus dégueulasses. Désormais homme à tout faire (à l'exception notable du plan charnel) de Madame.



- Madame, femme encore jeune, veuve d'un vieux type odieux et richissime, mort dans un accident de chasse. Oui oui, on a bien dit « accident ». Madame est elle-même grande amatrice de chasse, toutes armes et tous gibiers confondus, et avide de sensations fortes.



Evidemment, ce n'est pas par hasard que Max a retrouvé Skender, il savait parfaitement que celui-ci avait le profil idéal qui conviendrait à Madame. le contrat est donc conclu, en toute connaissance de cause par tous les protagonistes, et le compte à rebours est lancé jusqu'à la mise en oeuvre (l'exécution) de celui-ci, prévue six mois plus tard.



Difficile d'en raconter davantage, au risque de déflorer le suspense. On peut cependant dire que ce qui s'annonçait comme un thriller prend peu à peu des allures de roman psychologique, en plus d'être choral, où l'on se retrouve tour à tour dans la tête de chaque personnage, y compris celle de Manon et de Jordi, 11 ans, le fils aîné de Skender.



Chacun a ses doutes et ses questionnements, ses certitudes aussi, dont le lecteur omniscient sait évidemment qu'elles ne sont qu'une facette de la vérité, laquelle est elle-même mouvante au gré des circonstances.



Dans cette atmosphère floue, ambiguë, tendue, pleine de non-dits, l'auteur aborde les thèmes de la morale et de l'engagement, et des multiples liens qui tiennent les humains entre eux (amour, amitié, famille, loyauté, domination...).



Malgré quelques clichés (la vie idyllique à la campagne, les riches dépourvus d'états d'âme) et un style un peu lassant par ses phrases courtes, et monocorde (sauf Jordi) malgré la diversité de personnages qui s'expriment, « Les tourmentés » est un premier roman dense et fouillé psychologiquement, intéressant à découvrir.



En partenariat avec Alma Editeur via lecteurs.com
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Les tourmentés

Partie de chasse à l’homme



Pour écrire son premier roman, Lucas Belvaux a transformé un début de scénario en un suspense haletant. Cette chasse à l’homme très particulière est sans conteste l’une des belles surprises de cette rentrée.



Skender est un ancien légionnaire. Hanté par ses démons, il a été rejeté par sa femme erre dans la rue, proche de la clochardisation. Une situation qui l'empêche aussi de s'approcher de ses fils Jordi et Dylan, rongé par la honte.

Mais quand Max, un ancien frère d'armes, le retrouve et vient à son secours, tout change. En montant dans la limousine de son ami chauffeur, Skender se voit proposer par «Madame», la riche veuve qui emploie Max, une partie de chasse très particulière puisque c’est lui qui sera le gibier. Cette chasse à l'homme qui se déroulera dans un vaste domaine situé en Roumanie, lui permettra d’empocher trois millions. Cette somme lui permettrait d'offrir à sa famille confort et sécurité. Il accepte le marché d'autant que le premier million lui est versé à titre d'acompte.

Max est chargé de suivre Skender et de préparer la chasse, de lui assurer jusqu'au voyage en Roumanie une vie confortable, de l'aider dans sa préparation sportive. Avec un nouveau toit, une voiture de luxe et une garde-robe entièrement renouvelée, Skender peut se rapprocher de Manon et expliquer à son ex-femme qu'il pourra désormais lui verser une pension alimentaire.

Mieux encore, il part dans les Corbières pour trouver une propriété à leur offrir. Et il entend aller vite, car il ne sait s'il reviendra vivant de son périple roumain.

Lucas Belvaux a choisi le roman choral pour détailler ce suspense, offrant tour à tour la parole aux différents protagonistes. Madame, Max et Skender sont les seuls à connaître les clauses du contrat et les enjeux. C'est donc avec davantage de gravité qu'ils commentent leurs préparatifs. Manon quant à elle a du mal à croire au revirement de son ex-mari et à ce qui ressemble à une fortune miraculeuse. Mais au fil des jours sa carapace de méfiance et de douloureux souvenirs va se fissurer. Avec l'insouciance de leurs jeunes années, Dylan et Jordi vivent un conte de fées et s'enthousiasment jour après jour de leurs cadeaux, de la chaude présence de leur père à leurs côtés. Sans se douter une seconde que leur bonheur pourrait être bien éphémère.

Avec un sens certain de l'intrigue, Lucas Belvaux fait monter la tension, chapitre après chapitre. Madame ira-t-elle au bout de son projet? Max restera-t-il toujours son loyal serviteur? Skender va-t-il préférer la fuite au respect de sa part de contrat? Et si oui, réussira-t-il à sauver sa peau face à des chasseurs expérimentés et des chiens bien entraînés?

Des questions existentielles qui permettent au romancier de mettre en scène une large palette d'émotions et d'entraîner avec lui le lecteur, avide de connaître le dénouement de ce drame. Sans conteste, Lucas Belvaux entre en littérature par la grande porte!




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Les tourmentés

Il s’agit du premier roman du réalisateur belge Lucas Belvaux, mais pas le dernier j’espère, car qu’est-ce qu’il m’a plu ! Même s’il n’est pas présenté en tant que tel, ce livre se lit comme un véritable suspens ! Le lecteur est tenu en haleine quant aux choix que feront le trio diabolique constitué de Skender, Max et Madame, risquant de les emmener dans les confins les plus sombres de leurs âmes.



Si vous trouvez que la quatrième de couverture n’en dit pas grand-chose et bien, je n’en rajouterai rien afin de ne pas risquer de vous gâcher le plaisir ! Cette lecture présente tant de qualités, qu’elle mérite d’être mise en lumière et bien plus que ce que je n’ai vu passer pour l’instant !



Tant l’ambiance que la psychologie précise et pertinente des personnages m’ont scotchée au récit. Par leurs failles respectives et au final leur humanité, ces protagonistes sont vraiment attachants et on ressent l’histoire comme s’il s’agissait de proches.



Coup de cœur du mois d’octobre, j’ai eu la chance de rencontrer l’auteur à l’occasion de la soirée d’inauguration du Salon du Livre de Wallonie qui s’est tenu début octobre à Mons. Il est aussi accessible et agréable que son livre, cela a été un très bon moment de partage.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Les tourmentés

Je dois le dire d’emblée : j’apprécie beaucoup le cinéaste Lucas Belvaux.

Ici il s’agit d’un trio de personnages : Skender, ex soldat revenu meurtri de combats aux quatre coins du monde, Max, ancien camarade de légion, aujourd’hui reconverti en majordome de « Madame », richissime héritière, étrange veuve pleine de mystères.



Commençons pas Skender. Il a combattu on ne sait où, mais son retour est loin d’être glorieux. Autrefois en couple avec Manon, deux garçons sont nés mais il les a peu connus. Le retour à la vie civile est difficile, et la chute rapide. Encore un peu et il sera en voie de clochardisation.



Ensuite Max. Noir de peau. Ils se connus il y a longtemps, et le danger affronté en commun a créé des liens. Lui a trouvé un job en or. Servir auprès de « Madame », cette veuve sur qui il veille nuit et jour.



Et puis il y a cette femme, veuve d’un mari richissime, sans enfants, mais avec deux chiens puissants. Et une passion pour la chasse. Et qui, par l’entremise de Max qui va servir d’entremetteur, poursuit un projet complètement fou : organiser une chasse très spéciale, une chasse à l’homme. Un mois de traque avec elle et ses chiens, accompagné de Max, dans les Carpates. Un pacte du diable : s’il accepte, 3 millions pour lui. S’il en réchappe : la somme lui sera acquise. Mais s’il approche du viseur de « Madame », alors tant pis pour lui.

Et Skender accepte ce défi incroyable, prêt à jouer sa vie pour ce qui sera véritablement une chasse à l’homme au sens propre.



Lucas Belvaux conduit l’histoire à marche forcée. Quelques mois de préparation. Donnant la parole tour à tour à chacun des trois personnages, on assiste à la résurrection de Skender qui, rémunéré par « Madame » pendant cette période, reprend goût à la vie et cherche à combler le retard accumulé vis-à-vis de Manon et de ses deux garçons. Une maison dans les Corbières symbolisera ce retour en grâce d’un homme qui n’a plus du tout envie de mourir.



Mais qui des deux monstrueux personnages triomphera ? « Madame » réussira à accrocher le seul trophée à son tableau de chasse impressionnant ? Skender, puisant dans son expérience de combattant hors pair, déjouera-t-il les pièges des Carpates ? Et le fidèle Max, qui les a fait se rencontrer et qui a permis ce pacte du diable, de quel côté penchera-t-il ?On ne va divulgâcher la fin.



Mais le style de Lucas Belvaux ? Beaucoup de phrases courtes, un peu trop à mon goût (surtout après la lecture de « Proust, roman familial » de Lauren Murat).



Je remercie Masse critique pour m'avoir envoyer ce récit.

J’avais beaucoup apprécié la trilogie grenobloise de Lucas Belvaux. Filmer la même histoire, mais racontée selon trois points de vue différents, et selon trois ambiances différentes était une vraie réussite. « Les tourmentés » m’a fait penser au script original d’un film non tourné. Un scénario implacable, mais pas tout à fait un roman. Je suis restée un peu perplexe en le refermant, préférant me replonger dans les films de sa trilogie – sans rancune, Mr Belvaux.

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Les tourmentés

C’est un roman à plusieurs voix, qui fait alterner le point de vue de tous les personnages avec parfois la même scène vue par plusieurs personnages à tel point qu'à chaque chapitre vous devrez vous concentrer pour savoir qui parle : Skender, un ancien mercenaire, qui a sombré et vit dans la rue, Max, homme à tout faire de Madame, Madame, la chasseresse qui vit des rentes de son mari défunt, Marion la femme de Skender dont il est séparé, Jordi et Dylan, les enfants du couple.



Lucas Belvaux installe un ambiance équivoque faite de tensions et d’ambiguïtés.

Skender, Madame et Max sont engagés dans le piège qu’ils ont établi et pour lequel, ils ont pactisé.



Leurs tourments génèrent un climat angoissant et revisitent l’amitié, l’amour, la parentalité.

On suit avec la remise en question des personnages qui évoluent à mesure que l’on s'approche de l’inéluctable dénouement de la chasse.



L’écriture est sans fioriture, sèche, directe et efficace.



Cinéaste, Lucas Belvaux avait peut-être en référence le film “Les chasses du comte Zaroff”. Son livre est pourtant différent de ce que j’ai déjà lu.

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Les tourmentés

Une explosion ! Oui, ce roman a commencé par un fait vraiment hors du commun, qui a fait pétiller mes neurones : Skender et Max, deux anciens légionnaires puis mercenaires, se retrouvent pas du tout par hasard. L’un, marié et père de deux enfants, est devenu clochard, l’autre s’est mis au service de « Madame », une bonne femme complètement allumée au passé incendiaire. Celle-ci adore la chasse, mais voudrait autre chose que l’habituel gibier : l’homme. Skender fera un bon gibier contre un contrat rémunérateur en bonne et due forme. Il lui reste six mois pour s’entrainer.



Donc une première partie explosive. Mais la suite, les six mois en question, m’ont relativement éteinte et paradoxalement énervée.

Eteinte car finalement l’auteur, en voulant décrire le changement psychologique de chaque personnage, y compris de la femme et des enfants de Skender, se répète et se répète. Ah ça oui, il connait les synonymes qui claquent. Mais à la longue…

Et puis j’ai l’impression qu’il aligne des platitudes. Oui, l’amour, les enfants, l’engagement, l’amitié, c’est important. Oui, l’être humain change.

Enervée aussi par son style : rien que des phrases très courtes, au rythme haché, presque pas de paragraphes. Heureusement que les chapitres sont courts et que le narrateur change chaque fois.

Et puis la fin…pfuit



Me voilà à la fin de cette critique d’un roman qui, somme toute, avait allumé la mèche pour un spectacle exceptionnel, et puis qui a fini en pétard mouillé.



3,5 étoiles quand même parce que je crois en l’auteur, c’est son premier roman, mais c’est un cinéaste confirmé ! (« Des hommes », « Pas son genre », « 38 témoins » etc. font partie de son excellent palmarès).

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Les tourmentés

Au plus j’avance dans ma découverte d’auteurs belges, au plus je suis étonnée du nombre de belles trouvailles. Il faudra que je lève un peu le pied car ma PAL en souffre et beaucoup d’autres livres d’autres pays m’attendent.



Le titre est très bien choisi pour chaque protagoniste car chacun s’interroge, analyse sa situation, croit trouver les réponses. Surtout lorsqu’il s’agit d’une chasse à l’homme. J’en entend parmi vous qui disent « Aïe, encore de la violence... », d’autres « Chouette, j’espère qu’elle sera bien sanglante ! ». Et bien si je vous disais que chasse à l’homme, il y a et violence, non. Ou d’une autre sorte que celle que l’on peut imaginer dans ce cas.



Skender est un ancien légionnaire, les guerres, il connaît et les souffrances psychologiques se répercutent dans son foyer. Sa femme, Manon et leurs deux fils, Dylan et Jordi, ont peur à présent. Les cauchemars et les hurlements nocturnes deviennent invivables et la séparation, inéluctable. Devenu l’ombre de lui-même, tombant au plus bas de l’échelle sociale,

Skender est accosté dans la rue par Max, son ex-sergent et ami de guerre. Max, lui, s’en est bien sorti en travaillant pour Madame, une riche veuve. Il est son homme à tout faire et leur relation est liée par le respect et les silences. Madame est une grande chasseresse : buffle, sanglier, éléphant, tout y passe. Que sait-on d’elle ? A t-elle tué son mari pour hériter d’une immense fortune ?



Voilà les protagonistes de ce roman époustouflant. Chacun leur tour (à part le petit Dylan) sera narrateur dans de courts chapitres et nous passons de l’un à l’autre au fur et à mesure des semaines qui passent. Des semaines qui approchent de l’heure fatidique de l’épreuve finale.

Les premiers chapitres dont Skender et Max sont les narrateurs sont composés de phrases courtes. Très courtes. Il faut aller vite. Aller à l’essentiel. Et puis, au moment où j’ai ressenti une certaine lassitude de ces phrases incomplètes, tout commence à s’étoffer en même temps que les autres protagonistes entrent dans l’histoire et là, j’ai goûté à une plume alerte, aux descriptions de sentiments multiples, qu’ils soient aiguisés, ambivalents ou basiques.

Inutile de vous dire que la psychologie des personnages est fouillée, élaborée, sans que l’on ait aucune difficulté à lire. La lecture est toujours aussi rapide et délibérée, car j’étais prise dans l’engrenage et voulais connaître la suite et parfois, je me disais « va moins vite » pour apprécier la plume. En fait, j’ai adoré autant cette histoire que ses personnages.

Bref, suspense et psychologie sont au rendez-vous.



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Les tourmentés

Skender et Max ont autrefois combattu ensemble sur les théâtres d’opérations extérieures et en sont tous deux revenus profondément marqués et abîmés. Skender s’est peu à peu marginalisé, quittant à regret femme et enfants au profit de l’alcool et des cachets. Max de son côté a trouvé refuge comme secrétaire-homme à tout faire de Madame, richissime veuve.



Quand Max retrouve Skender, c’est pour lui proposer un contrat original : la fortune, immédiate et durable contre sa vie, à travers une dernière mission des plus inédites. Mais chut… Une occasion unique pour Skender de se racheter auprès des siens et de leur offrir une vie rêvée.



Ma lecture de Les Tourmentés de Lucas Belvaux avait mal débuté, incapable de m’enlever de la tête les références à Rafael derniers jours, de Mcdonald ou Goat Mountain de Vann. Et puis, petit à petit, le livre a su s’imposer et chasser ces pensées polluantes.



Car ce roman choral à quatre voix (Skender, sa femme, Max et Madame) monte progressivement en puissance, s’appuyant sur la psychologie des protagonistes qui vont tous voir en quelques mois, leur vie basculer et leurs certitudes questionnées.



Lucas Belvaux explore ainsi le thème de la rédemption et de la deuxième chance, questionnant tour à tour les notions de libre arbitre, de sacrifice, de contrat moral et des pouvoirs comparés de l’argent, qui délivre et libère, face à la famille, qui aime et pardonne.



« Tout le monde n’a pas la chance de se voir offrir une nouvelle vie. Je dois leur dire. Qu’ils sachent qu’ils n’ont rien à se reprocher, que je n’ai aucun mérite, juste la chance d’avoir aimé un type étrange capable de revenir pour réparer ce qu’il avait détruit ».



Une bonne découverte donc, toute en tension et en humanité, qui signe l’entrée en littérature d’un grand cinéaste belge que j’espère relire rapidement.
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Les tourmentés

Chronique d’un coup … en plein cœur

♫ C’était sur la terre africaine,

Un régiment dont les soldats, dont les soldats

Sont tous des gars qu'ont pas eu d' veine,

C'est la légion et nous voilà, et nous voilà!

Pour ce qui est d' la discipline,

Faut êtr' passé par Biribi par Biribi!

Avoir goûté de la praline,

Et travaillé du bistouri du bistouri ♫



Deux anciens légionnaires se retrouvent au hasard, et l’un va proposer à l’autre un bien étrange marché que l’autre ne pourra refuser. Impossible d’en dire plus, sans dénaturer l’histoire. Juste vous dire qu’il s’agit d’un conte complétement amoral, dans un monde très violent, où des gens en proie aux doutes tentent de survivre en conservant leur honneur et leur dignité.



C’est une écriture incisive, en uppercuts, pas de côté et esquives. Des phrases très courtes comme des respirations saccadées, une tension qui se déploie de page en page. Pas de longs développements, on est véritablement dans l’action, crochets, directs et coup du droit. Sans oublier le ventre mou, avant le round final, qui met tout le monde KO.



Peut-être aussi une écriture très belge, à placer entre l’improbable « manuel de survie à l’usage des incapables » de Thomas Gunzig et les oppressants «débâcle » de Lize Spit et « la vraie vie » d’Adeline Dieudonné ?

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Les tourmentés

Skender est un ancien légionnaire, devenu mercenaire. Mais, celui qui a vendu ses services aux plus offrants, fait la guerre de part le monde, tué de sang froid, est désormais un homme brisé, qui n'a plus rien. Il vit dans une tente, en périphérie de la ville, hanté par ses fantômes, tentant de les fuir dans l'alcool, observant, de loin, ce qu'il reste de sa famille, honteux de n'être plus que le pâle reflet de ce qu'il a été, à peine un homme, tout juste une ombre.

Alors, quand Max, son mentor et ancien partenaire de missions, vient à sa rencontre pour lui proposer un étrange marché, Skender n'hésite pas une seconde. Madame est richissime. Madame adore la chasse, mais elle a déjà tout traqué... Seul manque à son palmarès un gibier de nature humaine, plus prédateur que proie afin de pimenter la partie... Alors, combien vaut la vie d'un homme qui n'a plus rien, qui a tout perdu et à qui l'on donne la possibilité d'offrir aux siens un avenir meilleur ? Comment résister à une telle proposition? Skender a six mois pour se remettre en conditions et se préparer à cette partie de chasse de haut niveau...







Découvert dans le cadre du Prix des libraires organisé par les éditions Folio, je dois dire que ce premier roman s’est révélé être une vraie belle découverte! Le sujet, qui n’a rien de politiquement correct, est pour le moins intriguant et ferre très vite le lecteur dans un scénario dont l’issue semble jouée d’avance… Et pourtant…



Lucas Belvaux fait preuve d’un véritable talent dans l’art de dépeindre ses personnages, sculptant leurs traits, soulignant leurs failles, dévoilant leur passé pour établir, petit à petit, la complexité de leur psychologie. A tour de rôle, nos trois tourmentés font entendre leur voix dans ce roman choral addictif, révélant leurs pensées, leur vision, parfois terriblement lucide, parfois complètement erronée, sur ce qui les lie et ce qui les pousse à agir. Spectateur muet, le lecteur se prend au jeu de l’introspection de ces êtres hors normes. On s’attache et s’inquiète du sort qui les attend, fébrile à l’idée de découvrir l’issue de la partie. Le texte évolue en même temps que ses personnages, changeant d’orientation au gré des décisions, gagnant en intensité au fil des réflexions et des révélations.



La tension monte rapidement, grâce à des chapitres courts, elliptiques et bien rythmés. L’auteur nous entraîne où il veut, pas toujours où on l’attend, ménageant son effet de surprise à mesure que l’on approche de la fin. Un premier roman qui révèle une grande maîtrise narrative et qui fait la part belle à la psychologie de ses personnages, les rendant terriblement attachants et ce, malgré un sujet de départ qui laissait entendre l’inverse. Un roman prenant et bourré d’humanité, qui ne laisse pas indifférent!
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Les tourmentés

Un excellent moment de lecture.

Belvaux écrit bien, son récit coule.

Le sujet est pourtant éloigné de mes intérêts,

la dramaturgie va enflant et emporte très vite.

Je redoutais le dénouement dès le départ,

mais le scénariste Belvaux sait surprendre

Une histoire de mercenaire qui n'a plus rien

sauf peut-etre ....sa vie à monnayer.

Son ami Max, s'est sorti de ses cauchemars

de combats grâce..... à la culture.

Il devient le majordome d'une jeune veuve

friquée , esseulée et désœuvrée

qui organiserait bien une chasse à l'homme

pour se changer les idees..

Les portraits sont ciselés,

une part de mystère plane toujours

C'est un récit choral très prenant.

La vie, la mort, l'amour maltraités par ces personnages.
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Les tourmentés

Skender a une chance de repartir entièrement à zéro dans sa vie, de quitter la rue, de retrouver la confiance de ses enfants et de sa femme et en plus de les mettre à l’abri du besoin pour toujours. ….mais au prix de sa propre vie.



Thriller psychologique qui tient en haleine du début à la fin et qui osculte l’âme humaine dans tous ses recoins ! Le cinéaste Lucas Belvaux auteur de bons films sociétaux réussit son virage dans la littérature
Lien : http://www.baz-art.org/2024/..
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Les tourmentés

J'étais clochard quand Max m'a retrouvé. Max, mon sergent quand on était mercenaires, Max au service de 'Madame' qui m'a proposé le contrat: trois millions pour une partie de chasse en Roumanie avec Madame et les chiens. Le gibier, ce sera moi.

J'ai six mois pour me préparer, acheter des fringues, tenter de renouer avec mes gosses et ma femme, mais éviter de parler de leur futur héritage.



Au fur et à mesure que Lucas Belvaux donne la parole à chacun, (même au fils Jordi qui retrouve un père bien sapé), le livre prend de la densité jusqu'à un dénouement de dingue.



Un coup de coeur, d'autant plus que les scènes de survie retrouvaient un écho dans mes souvenirs de para.

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Les tourmentés

COUP DE COEUR



Skender a été légionnaire puis mercenaire. Depuis, il est hanté par ceux qu'il a tués "nos nuits durent plus longtemps que leur agonie." Après des années de galère et de prison il a fini par se retrouver seul, quitté par sa femme Manon qui élève leurs deux fils, Dylan et Jordi. A la dérive, tombé dans la marginalité, il vit maintenant dans la rue.



Un jour il se retrouve face à Max, son sergent devenu son ami, " nous n'étions qu'un, jadis", qu'il n'avait pas revu depuis dix ans.



Max va lui faire rencontrer Madame, une étrange femme passionnée par l'art et par la chasse. Max travaille pour cette femme qui lui a fait découvrir les livres, la musique et la beauté. " Je vois le monde avec mes nouveaux yeux, ceux qui ont appris à regarder plutôt qu'à voir, appris à comprendre, à chercher ce qu'il y a derrière les choses et les gens., qui ont vu le monde en couleurs plutôt que toujours gris". Madame va alors proposer à Skender un marché. En effet la rencontre entre Skender et Max n'était pas le fait du hasard, Max a cherché l'homme assez désespéré pour accepter l'idée folle de Madame. Impossible d'en dire plus si ce n'est que Skender va accepter ce marché, ce duel...



Histoire incroyable d'une partie de chasse très spéciale "entre adultes libres, consentants et exceptionnels", ce roman est constitué de courts chapitres. Sous une forme chorale les voix de chacun s'enchaînent sans aucune fausse note. Nous suivons les pensées de Skender, Max, Madame, Manon, Dylan et Jordi pendant les six mois qui suivent l'accord entre Skender et Madame, nous suivons l'évolution des sentiments de chacun, leurs états d'âme, comprenons les regrets de Skender et son amour pour Manon et ses fils pour qui il n'a été qu'un père disparu, un père absent. "Comment ai-je pu vivre loin d'eux si longtemps? Vivre sans eux ?" L'histoire de chacun nous est révélée au fil des pages, celle de Madame, dévoilée au détour d'un chapitre, nous prend par surprise. Max, Skender et Madame ont chacun un lourd passé et vivent accompagnés d'une cohorte de spectres.

Jusqu'où un homme peut aller pour le bonheur de ses enfants, jusqu'où peut aller le sacrifice? Comment réparer ce qu'on a détruit ? Comment devient-on un père ? J'ai beaucoup aimé cette histoire très originale qui offre de multiples sujets de réflexions. Elle est très bien menée et portée par une écriture percutante. Les personnages ne sont pratiquement pas décrits dans leur aspect physique, ce sont leurs sentiments et leurs réactions, analysés très finement, qui les caractérisent. Le suspense est magnifiquement bien entretenu et j'ai tourné les pages intriguée de connaitre l'issue de ce duel cruel.

Cet implacable huis clos entre un nombre restreint de personnages est source de multiples émotions, je suis passée de la colère à l'empathie, de la tristesse à la pitié, j'ai éprouvé de l'empathie pour des personnages détestés quelques chapitres plus tôt. Aucun des personnages ne laisse indifférent mais j'ai eu une tendresse particulière pour Manon et Jordi.

Ce roman est à la fois une histoire d'amour entre un homme et une femme, une histoire d'amour entre un homme et ses enfants, une histoire d'amitié entre deux hommes et l'histoire d'une relation étrange mais finalement émouvante entre Max et Madame. Un roman à la fois sombre et lumineux plein d'humanité.

Cinéaste Lucas Belvaux signe un premier roman très cinématographique qui laisse une trace durable.

A noter le titre parfaitement adapté tellement chaque personnage doit se débattre avec ses tourments.



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