Alors que la seule recette [du bikini body] est la suivante : on prend un bikini, on prend un body (petit, grand, maigre, gros, musclé, gras, blanc, non blanc, avec ou sans poils) ; on a un bikini body. Pas besoin de tuer 20 arbres pour l'imprimer en couleur sur 6 pages d'édition spéciale. Ne me remerciez pas, c'est pour vous donner envie de lire la suite.
On enferme donc les femmes chez elles en leur expliquant scientifiquement, en complément ou en remplacement des axiomes religieux, que c'est là qu'elles s'épanouiront et qu'elles seront utiles à la société. Mais les femmes, en étant au foyer, peuvent toujours écrire, et l'écriture est une arme puissante d'émancipation. Il fallait donc que nos phallocrates y remédient. Il leur a suffi de reconvoquer la science : en plus de les affirmer moins intelligentes (parce que tout est concentré dans l'utérus, on se souvient), les femmes sont considérées comme plus sujettes à l'hystérie (l'utérus, encore et toujours). Et qu'est-ce qui provoque les crises d'hystérie selon ces messieurs ? Non pas l'enfermement social, non pas les injustices, non pas les violences ; non, l'hystérie est présentée comme provoquée par les activités de réflexion et de concentration dont la lecture et l'écriture. Comprenez bien, les femmes procréent, elles ne créent pas.
Quand Elle.fr fait peau neuve en 2015, est-ce pour s'adapter aux nouveaux usages et nouveaux formats d'information ? Pour repenser sa ligné éditoriale numérique ? Non, du tout. Selon les mots de Lagardère, son propriétaire, il s'agit d'améliorer l'efficacité publicitaires et de répondre aux objectifs de visibilité des annonceurs. Les lecteurs.ices sont un public moins important à satisfaire.