Citations de Ludovic Lancien (87)
Cet homme gisait sur la moquette depuis plusieurs jours, et l'environnement humide avait accéléré la putréfaction.
Il y avait forcément quelqu'un qui avait essayé de le joindre, de lui envoyer un message sur son portable.
Gabriel posa un regard navré sur cet homme, assassiné dans la plus totale indifférence.
Vous vous souvenez que j'avais contesté le diagnostic des médecins au sujet de la maladie de l'enfant de la Lune ?
Ce qui s'est passé ensuite n'a fait que renforcer mes doutes.
Pourquoi ? s'enquit-il .
- Six mois après la biopsie, un homme s'est présenté à la fondation. Il travaillait pour une sorte...d'institution, dont l'objectif était de soigner les malades atteints de pathologies lourdes, parfois même très lourdes.
- Disons que si vous êtes amateur de dark, précisa celui ci d'une voix grave, la Lettonie est clairement le pays qui cartonne le plus. J'ai jamais été déçu, c'est pas pour rien que j'y reviens régulièrement.
Le catcheur leva sa cuisse et tout le public retient son souffle. Dorosevs se tenait déjà la tête entre les mains.
La jambe vint s'écraser sur le crâne du vaincu qui éclata sous l'onde de choc.
Une fois, deux fois, trois fois.
Le bruit ignoble, spongieux, des os brisés s'éleva dans les airs et parcourut l'assemblée.
Quelques personnes s'évanouirent. D'autres hurlèrent à la mort.
Les pentacles qui avaient envahi le vestibule, la cave.
Comme l'institut quelques mois auparavant. Le feu qui avait dévoré les poutres, dissous les tapisseries, éventré le plafond de la cuisine.
Un cadeau d'adieu, nourri par une haine qui , elle, ne s'éteindrait jamais.
Des rangées de croix blanches.
Piquées dans le sol, alignées au cordeau et espacées tous les mètres sur une immense superficie vierge.
Un cimetière à l'abri des regards.
Pas n'importe lequel : celui du Minotaure.
Taurus...
Ils sont là...marmonna le Bélier. Fernand Lopez, et tous ceux qui sont décédés au centre. Ils sont tous là.
La panacée résidait dans ce paradoxe. Appréhender la mort sous toutes ses coutures de manière à la dompter.
Le tourisme noir.
Le journaliste avait interviewé des adeptes de ce phénomène en plein essor. Fascination morbide, voyeurisme, quête de l’authentique, l’auteur exposait les faits avant de laisser le lecteur se forger une opinion. Gabriel avait refermé le magazine, chamboulé.
Parcourir le globe et fouler ces terres gorgées du sang des innocents.
Des sites comme les nôtres servent à désengorger la capitale, qui croule sous les demandes d’aide sociale. Nous accueillons des orphelins, mais également des enfants déracinés du socle familial suite à des violences subies, placés d’urgence dans un centre sur décision judiciaire. Tous ces gamins restent sous notre responsabilité tant qu’ils ne trouvent pas de famille d’accueil. Ils bénéficient d’une prise en charge jusqu’à leur majorité. Après, advienne que pourra. Près d’un tiers finira sans-abri. C’est un constat d’échec terrible.
Il est de coutume de dire que Turin possède deux âmes : l’une blanche, l’autre noire. En effet, la ville se situe sur le 45e parallèle, qui se trouve à mi-chemin entre les pôles et l’équateur. Turin renferme des trésors d’une richesse incommensurable, tel le fameux Saint Suaire, dans lequel Joseph d’Arimathie aurait enveloppé Jésus après l’avoir décroché de la croix. On dit aussi que les catacombes de l’église Gran Madre di Dio abriteraient le Saint-Graal. C’est pour cela que la capitale du Piémont formerait avec Lyon et Prague l’un des trois sommets de ce que l’on nomme le « triangle de la magie blanche ».
Leur histoire d’amour avait pris fin dans une douleur incompréhensible.
La voix désincarnée du GPS l’avertit que son point d’arrivée n’était plus qu’à quelques kilomètres. Il ralentit à l’approche du panneau lui indiquant qu’il entrait dans Saclas, alors que la gamme de gris des nuages virait au noir. L’orage semblait imminent. Plus rien ne bougeait. Le chant des oiseaux, le bruissement des branches dans les arbres, tout se pétrifiait avec cet appel venu des profondeurs de la terre.
Un éclair déchira le manteau de ténèbres, suivi de près de son écho pharaonique.
Quelle importance, rétorqua-t-elle, il est parfois bon de rétablir l'ordre de ses priorités.
Mais quand une femme a une idée en tête, la lui retirer est aussi facile que si c'était l'épée d’Excalibur sur son rocher.
« Se rendre là où la désolation avait semé ses graines putrides »
- J'aurais besoin de votre aide pour identifier un escargot.
- La police poursuit les animaux à présent?
Les bizarreries de ce monde, tout ce qui reste inexplicable, l'attiraient. Il se passionnait pour l'étude des cryptides, passait des heures à éplucher des articles sur le net pour comprendre l'origine de ces légendes. Selon lui, les mythologies ne sont pas des histoires farfelues, des contes tout juste bons à effrayer les enfants. Il explorait leur part d'authenticité.
le voyeurisme morbide enivrait toutes les classes sociales, réveillant d’un battement de cils nos plus bas instincts. L’homme n’était alors plus qu’un animal attisé par la vue du sang, excité par la mort sous toutes ses coutures. Tous ces pathétiques efforts pour se fondre dans un moule, pour contenir cette sève noire et toxique qui coule dans nos veines, lui filaient la nausée.
Trente-huit ans que le toubib se soûlait au goulot des erreurs génétiques…
Trente-huit ans qu’il rassemblait dans le plus grand secret les flétrissures de l’âme humaine, se repaissait de ces mutilations.
Les larmes ravagèrent ses joues, inondant sa bouche dans un cri qui jamais ne viendrait.
Il avait senti les doigts fouillés à l’intérieur et arracher les organes. Son cerveau commençait déjà à manquer d’oxygène, sa vision se brouillait. Sa bouche régurgitait le sang mais il ne ressentait plus qu’un froid intense, indolore.