Présentation des trois meilleures ventes de la série "Ombres et Mystères" collection de romans policiers à suspense écrits par M.A. Graff : SANG BLEU, INTRA MUROS et HORTENSE
Dans le dressing ultra moderne, Callaghan avait souri devant les goûts complètement aux antipodes de la mère et la fille. Tandis que cette dernière aurait pu prendre un thé guindé avec la famille royale au complet, sa mère n’avait visiblement pas compris que l’excentricité ne seyait guère à un certain âge.
On s'habitue même aux gens qu'on déteste, vous savez. Ils finissent par faire partie du décor. Ils sont là, tout simplement.
L’inspecteur Philippe Morel grimaça devant la cafetière récalcitrante qui crachotait péniblement un liquide boueux. Il allait vraiment falloir en changer… ou se résoudre à la détartrer, alternative qui lui faisait largement préférer la poubelle. Son regard s’attarda devant la pile de vêtements sales et l’ordre très relatif qui régnait dans son deux-pièces. Il avait trente-deux ans, était célibataire et… cela se voyait.
Puis la figure assise se releva, et revint ensuite vers la large porte-fenêtre, qui s’ouvrait sur la grande étendue de pelouse dégagée.
L’air conquérant de Loulou, tandis qu’elle franchissait le seuil, les convainquit qu’un menu consistant de commérages était prévu à l’ordre du jour. La respectable dame blond platine, qui s’obstinait à porter des talons hauts malgré ses soixante-seize ans, s’avança avec l’aisance d’un transatlantique vers les places habituelles du trio au coin café. Riri s’empressa vers son siège attitré avec l’alacrité d’un catamaran en pleine course, tandis que Fifi, embarcation de nature mal définie, claudiqua avec sa canne en direction de la dernière chaise.
Le stylo courait habilement sur le papier et l’esprit qui le guidait envisageait méthodiquement chacune des possibilités, donnant du mou à l’ensemble en cas de circonstances imprévues. Finalement, satisfait, le meurtrier sourit. Si quelqu’un s’était trouvé dans la pièce, il aurait été glacé d’effroi par le contraste entre le plan d’assassinat froidement prémédité, couché sur le papier d'une belle écriture harmonieuse, et le visage serein et bienveillant qui le surplombait.
D’un geste sûr, la silhouette lança son stylo sur la table et relut ses notes plusieurs fois, jusqu’à les mémoriser entièrement. Le beau visage de la jeune femme qui avait naïvement détaillé son idée lui revint en mémoire. Et elle ? Il faudrait aussi s’occuper d’elle… A tout prix, elle ne devrait jamais deviner la vérité… Son regard s’accrocha à ses mains. Non, pas pour l’instant, décida finalement le meurtrier. Pas tout de suite.
- J'ai refait la chambre de Mademoiselle Aileen, celle qui a disparu il y a vingt ans (...) et tout est maintenu pour cet hôte invisible… mais ils commencent à me flanquer la frousse, tous là à se dévisager sans rien dire dans le salon. Même le notaire n’a pas l’air trop à son aise. Tu te rappelles que la famille est réputée avoir une malédiction ? Que tout le monde devrait mourir un jour ou quelque chose comme cela ?
Mais qu’est-ce qui lui prenait de raconter sa vie à ce type ? Ce devait être ces yeux bizarres qui la suivaient, inquisiteurs… et sa voix… Il lui rappelait… Mais qui lui rappelait-il ? Elle n’avait jamais vu un homme pareil.
- Il est parti en vous laissant derrière lui ? Est-il fou ?
- Arrêtez de me dévisager comme si j’avais une verrue sur le nez. On ne vous a jamais parlé de l’impolitesse de fixer ainsi les gens, Monsieur Vilmos ? Et maintenant, puis-je m’en aller, s’il vous plaît ? lui rétorqua Myra, énervée.
Souple et félin, il se redressa galamment pour lui permettre de passer devant lui avec son sac. Myra le remercia d’un mot sec, et se rendit brusquement compte qu’il était beaucoup plus grand qu’elle. Les autres passagers rassemblaient leurs possessions et quittaient la cabine, qui se vidait peu à peu.
- Oui, vous êtes exceptionnelle… à plus d’un titre. Peut-être devrais-je vous enlever, Mademoiselle Ferenczi, ajouta-t-il sur le ton de la plaisanterie.
Mais plaisantait-il vraiment ? Ce type était vraiment aussi étrange qu’importun.
- Ces chers Martins ! Votre famille a été au service de la mienne depuis de nombreuses générations, poursuivit le jeune homme, avec une bienveillance teintée d’un rien de paternalisme inconscient.
- Pas depuis que votre ancêtre Gonzague de Valembert leur a vendu la ferme des Essarts pour une bouchée de pain, à cause de ses dettes de jeu, lui répondit Hortense du tac au tac